Histoire d'Indre-et-Loire

Très tôt, le Val de Loire est occupé par les humains. En atteste la découverte de bifaces sur les plateaux de Gien, de Briare et des châtelliers à Amboise, au niveau de l'actuel château qui surplombe la Loire.

Les découvertes au niveau du château d'Amboise permettent d'affirmer que les populations se sont sédentarisées à partir du Néolithique. Lors d'un séjour dans le Val de Loire, un tour par le site de taille de silex du Grand-Pressigny en Indre-et-Loire est d'ailleurs l'occasion de constater que les populations se sont non seulement installées de manière permanente dans le coin, mais qu'elles ont également exporté leur production de lames dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Plus à l'ouest dans le Saumurois, c'est la présence de menhirs et de dolmens qui témoigne là aussi d'une présence humaine très ancienne dans la région.

Quatre tribus peuplent la Gaule à cette époque : les Carnutes, les Bituriges, les Andes et les Turones. Il s'agit principalement de commerçants et d'agriculteurs qui prospèrent jusqu'en 52 av. J.-C et la chute d'Alésia. C'est alors que commence l'époque gallo-romaine, où les Romains construisent des villes, des aqueducs et travaillent à l'amélioration du réseau routier. C'est aussi à cette époque que plusieurs grandes villes du Val de Loire, comme Chartres, Bourges, Orléans et Tours, deviennent de grandes cités marchandes. On trouve aujourd'hui de superbes vestiges gallo-romains à divers endroits de la région, comme dans la commune de Chambourg-sur-Indre en Touraine, ainsi qu'à Bourges, avec de très beaux remparts.

Les premières invasions barbares commencent dans la région, alors que les Romains connaissent une crise à tous les niveaux. C'est aussi dans ce contexte de peur que le christianisme commence à se répandre. Les Vandales, les Huns, les Sarrasins, les Normands et les cavaliers hongrois se succèdent pour envahir les terres, malgré les assauts pour les repousser. C'est à cette époque que le modèle féodal s'installe.

Légionnaire romain, Martin est né en Hongrie vers l'an 316. Il arrive en Gaule en 334, en passant d'abord par Amiens, où il donne la moitié d'un manteau appartenant à l'armée impériale à un pauvre. En 360, il fonde la première communauté monastique de Gaule avant d'être enlevé par les habitants de Tours qui viennent de perdre leur évêque. C'est à cette occasion qu'il fonde le monastère de Marmoutier, un centre de formation visant à évangéliser les campagnes environnantes. Le lieu occupe alors une place majeure dans la diffusion du christianisme en Gaule. Il meurt à Cannes en 397 et son corps aurait alors été ramené en gabare jusqu'à Tours par les moines tourangeaux. Sa sépulture se trouve à la basilique Saint-Martin, qui fut érigée pour son repos. Saint Martin a été un personnage influent dans le Val de Loire, en Gaule, en Europe, ainsi que dans d'autres contrées du monde.

En 1154, Henri II Plantagenêt, héritier de l'Anjou, du Maine et de la Normandie, est reconnu roi d'Angleterre et contrôle une large partie de l'ouest de la France, du nord au sud. Son domaine est même plus important que celui du roi de France, Louis VII. Cette situation, qui ne satisfait ni l'un ni l'autre, entraîne des conflits entre Plantagenêts et Capétiens, notamment dans le Val de Loire. Chinon étant le centre administratif des Plantagenêts, c'est à cette époque que la forteresse est renforcée. Différentes stratégies entre les fils d'Henri II et de Louis VII vont conduire l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Berry à rejoindre le domaine de France. Les Anglais ne possèdent alors plus que l'Aquitaine. Malgré les tentatives de rois d'Angleterre pour récupérer les terres françaises des Plantagenêts, la paix finit par s'installer en 1299. Elle est même assurée par le mariage d'Isabelle de France et d'Édouard II d'Angleterre.

En 1337, alors que Philippe le Valois, neveu de Philippe le Bel, occupe le pouvoir en France, cette nomination fait des étincelles du côté d'Édouard III d'Angleterre, alors unique petit-fils de Philippe le Bel. Alors que Philippe VI tente d'annexer la Guyenne, territoire entre les mains des Anglais, Édouard III fait valoir ses droits sur la Couronne de France, c'est le début de la guerre de Cent Ans, qui durera en réalité 116 ans. La région se retrouve au cœur des conflits, car située aux frontières des territoires contrôlés par les Anglais. Rien ne va pour le royaume de France, Charles IV est pris de crises de démence, la peste se répand en Europe. En 1422, Charles VII se proclame roi de France. Si le roi contrôle l'Anjou, la Touraine, le Maine, le Berry et l'Orléanais, les Anglais, eux, envahissent progressivement le Val de Loire jusqu'à assiéger Orléans, en 1428. La suite, c'est l'épopée de Jeanne d'Arc, qui décide après un passage par Blois de libérer Orléans. Elle y parvient, et Charles VII est sacré à Reims, alors que cette dernière sera brûlée sur le bûcher à Rouen. En 1453, c'est officiellement la fin de la guerre de Cent Ans.

On a tendance à assimiler l'âge d'or des châteaux de la Loire au règne de François I^er, mais celui-ci durera en réalité bien plus longtemps. A cette époque, les rois de France font du Val de Loire leur territoire de prédilection pour séjourner, favorisant l'émergence de la bourgeoisie, en lien avec la Couronne ou ayant bâti des industries. Le commerce et les artisans sont aussi nombreux à s'installer dans la région. Cependant, c'est bien François I^er qui introduira les modes venues d'Italie, et c'est alors que les constructions les plus folles et les plus impressionnantes peuvent démarrer, celles que le monde entier prend plaisir à visiter et à admirer, surtout les Anglais à notre époque contemporaine.

Louis XI est né à Bourges et a passé une partie de son enfance à Loches et à Amboise. Bien qu'exilé aux Pays-Bas parce qu'en conflit avec son père, il se fait sacrer à la mort de ce dernier, puis gagne la Loire après un passage à Paris. C'est à cette occasion qu'il fait bâtir le château de Langeais, puis réaménage Plessis-lez-Tours pour en faire la résidence royale. Les règnes de Charles VIII et de Louis XII seront eux marqués par les guerres d'Italie. Via diverses alliances, les troupes françaises vont successivement envahir l'Italie puis en être chassées. C'est aussi à cette époque que les Français découvrent l'art de vivre à l'italienne : la Renaissance. Les Italiens se passionnent pour l'Antiquité grecque et romaine et en intègrent les éléments dans leurs arts. Ils se détachent aussi de la toute puissance de Dieu, et replacent l'homme au centre de tout : c'est la naissance de l'humanisme. Les tours austères et les maisons fortes ont aussi laissé place à des palais bordés de galeries et de somptueuses villas envahissent les campagnes. Totalement séduit, Charles VIII souhaite introduire ce style en France, en commençant par restaurer le château d'Amboise et en intégrant des jardins. On connaît la suite, plusieurs châteaux du Val de Loire adoptent un style Renaissance. Si les guerres d'Italie ont eu de graves conséquences sur la vie du royaume, elles ont aussi permis de lui donner un nouveau visage, dans les domaines de l'architecture, des arts et de la culture.

François I^er, personnage phare de l'histoire des châteaux de la Loire, est né à Cognac en 1494. Duc d'Angoulême, il passe son enfance à Amboise et est pressenti pour reprendre la Couronne, Louis XII n'ayant pas d'héritier homme. Sa mère et sa sœur lui transmettent le goût pour la culture italienne et les lettres. Son règne débute en 1515 mais en Italie le roi se heurte à la puissance de son rival Charles Quint. Les défaites s'enchaînent alors jusqu’à la bataille de Pavie en 1525 où il est emprisonné. Mais on retient surtout de François I^er son goût pour les grands chantiers et pour la beauté du style Renaissance. Il n'hésite pas à faire venir des artistes d'Italie, dont le plus célèbre est Léonard de Vinci, qui finira sa vie dans la charmante demeure du Clos-Lucé. François I^er est à l'origine de la fin des travaux entamés par Louis XII à Amboise, et fait construire une aile au château de Blois avant de s'attaquer à son projet le plus ambitieux : le château de Chambord. En parallèle, les nobles installés dans le Val de Loire remanient d'anciens édifices et en bâtissent de nouveaux. Chaumont-sur-Loire, Azay-le-Rideau et Villandry sont le fruit de cette époque.

En France, la Réforme est diffusée par les écrits de Jean Calvin. En 1534, l'affaire des Placards éclate : des écrits anticatholiques se retrouvent placardés jusqu'à la porte de la chambre de François I^er. Des protestants se font alors arrêter et brûler. Les tensions se poursuivent avec la conjuration d'Amboise, l'assassinat du duc de Guise en 1588, mais aussi celui d'Henri III en 1589. Il faudra attendre qu'Henri IV promulgue l'édit de Nantes en 1598, rédigé au couvent des Jacobins d'Angers, pour que la paix s'installe à nouveau.

Lors de la Révolution française, un grand nombre de châteaux ont été vandalisés dans le Val de Loire. Certains ont été laissés en ruine, comme à Chinon. L'Anjou a, de son côté, été fortement touché par les guerres de Vendée à partir de 1793. Le Premier Empire voit le retour d'un certain calme. Une classe aisée émerge, composée d'émigrés de retour en France et de la noblesse d'Empire. En 1804, le code civil est promulgué et instaure le droit de propriété. C'est alors que beaucoup de châteaux sont rachetés dans le but d'être rénovés et habités, dans le cadre d'un habitat de luxe.

Première liste des monuments historiques où figurent notamment Chenonceau, Chambord, Blois et Cheverny.

Si la Sologne a longtemps été délaissée en raison de ses terres infertiles, le territoire revient sur le devant de la scène lors du règne de Napoléon III, qui en est originaire. De nombreux riches bourgeois y font alors construire des folies dans les domaines boisés, pour chasser.

Certains châteaux sont endommagés par les bombardements allemands, dont Chenonceau. En parallèle, les édifices servent de refuge pour des œuvres d'art, dont celles du Louvre qui rejoignent Chambord dès 1939.

Chambord est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

L'ensemble du Val de Loire, de Sully-sur-Loire à Chalonnes-sur-Loire, est classé à l'Unesco, de par ses paysages et ses châteaux.