L'art et les châteaux

Les châteaux de la Loire sont de véritables œuvres d'art architecturales. Difficile de ne pas s'émerveiller devant tant de grandeur, de splendeur et devant les détails qui ornent chaque façade. Les visiteurs ont aussi l'occasion d'entrer à l'intérieur de la plupart d'entre eux. Ils y flânent de pièce en pièce et découvrent ainsi les espaces de vie des personnages historiques qui les ont fréquentés. À Chambord, le château n'a jamais été meublé durant toute la durée de son existence car il n'a pas été conçu pour être habité de façon permanente. Une fois passé le célèbre escalier à double révolution construit en plein centre du donjon, les visiteurs découvrent que l'édifice abrite tout de même une riche collection de peintures, de tapisseries, d'objets d'art ainsi que du mobilier. On y dénombre même plus de 4 500 objets de grande valeur. À Chenonceau, dont la construction du château semble être elle aussi une véritable prouesse artistique en raison de sa situation inédite au-dessus du Cher, les œuvres d'art sont aussi en nombre. Au premier étage du monument, la galerie Médicis rassemble une splendide collection de peintures, d'objets d'art, de mobilier et de tapisseries. On retrouve parmi les œuvres les plus célèbres, Le Château de Chenonceau, une huile de l'artiste Pierre-Justin Ouvrié (1806-1879), la sculpture la Vénus des Médicis ou bien encore Le Cher, une tapisserie de Neuilly (1883). À Saumur, le château abrite depuis 1912 les collections du musée municipal ainsi que les dons des collections du musée du Cheval. Les collections sont en réalité d'une grande diversité, avec des beaux-arts, de l'art décoratif, des pièces d'ethnologie et d'archéologie, mais aussi des sciences naturelles. Parmi les œuvres les plus importantes, on trouve une des plus belles collections de faïence de France, des tapisseries classées monuments historiques et datant de la période s'étalant du XVe au XVIIIe siècle, et donc des œuvres d'art en lien avec l'univers du cheval, Saumur oblige. Concernant les tapisseries, il faut s'arrêter sur deux œuvres importantes qui interpelleront forcément les adeptes de cet art ancestral. À Cheverny, une tapisserie illustre les exploits d'Ulysse dans la Chambre du Roi, symbolisant l'intérêt de l'époque de la Renaissance pour les grands mythes gréco-romains, mais aussi le désir des souverains de s'identifier aux grands héros pour faire étalage de leur puissance. Mais celle qui reste la plus impressionnante est l'immanquable tapisserie de l'Apocalypse située au château d'Angers. Représentation de l'Apocalypse de Jean, elle a été réalisée au XIVe siècle sur commande du duc Louis Ier d'Anjou. Cette œuvre est tout simplement le plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde. Il se compose de six pièces découpées chacune en quatorze tableaux. Après avoir été négligée et dégradée par le temps, cette tapisserie hors norme fut partiellement recomposée à partir du XIXe siècle, puis exposée à partir de 1954 dans une longue galerie construite spécialement pour elle.

Des musées dédiés aux beaux-arts

Dans le Val de Loire, beaucoup de grandes métropoles disposent de leur musée dédié aux beaux-arts. C'est le cas d'Orléans, dont le musée figure parmi les plus riches et les plus anciens musées français. La collection permanente couvre une période allant du XVe au XXe siècle et réunit un ensemble impressionnant de peintures hollandaises, flamandes et italiennes, le deuxième plus important cabinet de pastels après le Louvre ainsi que des œuvres françaises des XVIIe et XVIIIe siècles. À ces 2 000 peintures s'ajoutent des centaines de sculptures ainsi que des milliers d'estampes et de dessins. À Blois, le musée des Beaux-Arts a été créé en 1850 et prend place dans l'aile Louis XII de l'incontournable château de la ville. On y trouve des collections de peintures, sculptures mais aussi des arts décoratifs allant du XVIe au XIXe siècle. Parmi les grands noms que l'on retrouve lors du parcours, citons Boucher, Rubens et Ingres. Le musée des Beaux-Arts se distingue des autres musées puisque son parcours n'est pas chronologique. Chaque salle est en revanche consacrée à un thème précis de l'art occidental. Le musée des Beaux-Arts de Tours, en plus de prendre place dans l'élégant ancien palais des Archevêques et de disposer d'un agréable jardin où se balader, possède lui aussi d'incroyables collections. Les plus anciennes proviennent des grandes abbayes de Marmoutier, de Bourgueil et de La Riche. On trouve également certains tableaux ainsi que du mobilier issus des châteaux de Richelieu et de Chanteloup. Les primitifs italiens sont bien représentés, puisque le musée a fait l'objet d'un don du peintre et collectionneur Octave Linet. Dans les salons de réception, où l'on trouve de très belles sculptures et du mobilier d'époque, des œuvres d'artistes célèbres des XVIIe et XVIIIe siècles tels que Rembrandt, Rubens, Lemoyne, Nattier, Rolin et Van Loo ornent les murs. Le parcours chronologique se poursuit avec les œuvres des XIXe et XXe siècles situées au deuxième étage. Des œuvres néoclassiques, orientalistes, romantiques, réalistes, impressionnistes et symbolistes se partagent les murs, avec des noms tels que Delacroix, Gervex, Monet et Sidaner. Des sculptures de Rodin sont également présentes. On n'oublie pas non plus la partie réservée à l'art moderne et contemporain. Olivier Debré, Alexandre Calder, Max Ernst et Serge Poliakoff sont notamment représentés. À Angers dans le Maine-et-Loire, le musée des Beaux-Arts est installé depuis 1796 dans l'hôtel particulier du logis Barrault datant du XVe siècle. Sa façade ainsi que sa place pavée sont d'une grande élégance. À l'intérieur, 3 000 m2 sont dédiés à deux parcours permanents. Le premier, "Beaux-Arts", réunit 350 peintures et sculptures du XIVe siècle à nos jours. Le second, "Histoire d'Angers", présente quelque 555 pièces archéologiques et objets d'art couvrant la très longue période allant du Néolithique à nos jours.

Les jardins, une autre forme d'art

Si les jardins Renaissance et les jardins à la française ont peu à peu été délaissés dans le Val de Loire au profit des jardins à l'anglaise, l'intérêt pour ces espaces a de nouveau été à l'ordre du jour à partir du XXe siècle. Pour parfaire l'architecture flamboyante des châteaux de la Loire, bon nombre d'entre eux disposent d'espaces végétaux finement travaillés, constituant des lieux de promenade incontournables lors des visites. Si les jardins à la française du château de Chambord existaient déjà au XVIIIe siècle, c'est finalement en 2017 qu'ils ont été recréés d'une manière époustouflante. Ils se composent de 600 arbres, 800 arbustes, 200 rosiers, 15 250 plantes ainsi que de 18 874 m2 de pelouses : en les observant depuis les hauteurs une fois à l'intérieur de l'édifice, ils apparaissent tels une toile verdoyante, et saisissante. Au château de Châteaudun, en plus de découvrir de superbes tapisseries à l'intérieur, les jardins qui y prennent place à l'extérieur constituent le premier jardin suspendu de France ! Une autre belle œuvre végétale qui s'étend sur 1 800 m2 et qui s'inspire des jardins de villas de la Renaissance italienne. Mais ceux qui restent certainement les plus époustouflants sont les jardins à la française du château de Villandry, non loin de la ville de Tours. Les six jardins sont d'une symétrie parfaite, ils semblent taillés au millimètre près et affichent des couleurs étincelantes. À Villandry, on peut très clairement parler d'art floral et d'un travail de minutie. Jardin d'eau, jardin du soleil, jardin d'ornement, potager décoratif, jardin des simples et labyrinthe forment une œuvre incomparable. D'ailleurs, pour mettre en lien les univers du végétal et de l'art, le festival international des Jardins de Chaumont est un événement incontournable. Il permet d'observer et de comprendre comment la conception d'un jardin peut faire l'objet d'un véritable travail créatif et artistique.

Une place pour l'art contemporain

Les œuvres classiques ne sont pas les seules à susciter toutes les curiosités dans le Val de Loire, et un certain nombre de lieux font désormais la part belle à l'art contemporain. Ils prennent place dans de petites communes, comme à Amilly dans le Loiret et son Centre d'Art Contemporain installé dans une ancienne tannerie. Un lieu qui est notamment ouvert à de nombreux artistes en résidence, pour un espace d'exposition de 3 000 m2. Non loin, à Orléans, le FRAC (Fonds Régional d'Art Contemporain) dispose de l'une des plus riches collections au monde en matière d'architecture. De quoi le mettre directement en concurrence avec des espaces tels que le Centre Pompidou à Paris et le MoMA à New York. Lors d'un passage par Blois, il ne faut pas manquer la Fondation du Doute, centre d'exposition d'art contemporain qui contient près de 400 œuvres de l'artiste Ben Vautier. On y trouve également d'autres œuvres consacrées au mouvement Fluxus. 50 artistes y sont exposés de manière permanente. À Tours, après avoir occupé divers lieux à travers la ville, le Centre de Création Contemporaine a fait l'objet d'un projet d'envergure à partir de 2012, avec l'objectif de créer l'un des plus importants centres dédiés à la création contemporaine en région. C'est le site du Jardin François Ier qui fut retenu, à proximité de la Loire. La construction du lieu fut confiée à une grande agence d'architecture portugaise. Il en résulta un lieu de toute beauté doté d'une Nef, de la salle Blanche et de la salle Noire. Il porte le nom de Centre de Création Contemporaine Olivier Debré et est inauguré en 2017 par le président de la République François Hollande. À l'occasion, les toiles d'Olivier Debré réalisées en Norvège y sont exposées. Depuis, les expositions se succèdent, pour un lieu qui se veut d'expérimentation et non de conservation. Depuis sa première création en 1984, le CCC devenu CCCOD a exposé des artistes de renom tels que Daniel Buren, Per Berclay, Kader Attia, Tania Mouraud et Lee Ufan.