Des châteaux remarquables
Entre les XIIe et XVe siècles, pour faire face aux luttes entre Plantagenêts et Capétiens, puis aux assauts de la guerre de Cent Ans, des forteresses et tours de guet sont bâties, puis agrandies au fil du temps. On pense alors inévitablement à Foulques Nerra, comte d'Anjou, l'une des grandes figures des Xe et XIe siècles qui entreprend la construction d'édifices mythiques pour la défense de son territoire, dont il subsiste aujourd'hui de nombreux exemples, notamment en Indre-et-Loire. Citons Montrésor, Montlouis, Loches et Langeais. Saumur et la forteresse royale de Chinon sont d'autres très beaux exemples de cette architecture médiévale imposante et prenant place à des endroits stratégiques, en hauteur. Aux XVe et XVIe siècles, de somptueuses demeures royales commencent à fleurir dans le Val de Loire, dans une région au climat doux, loin des frontières et des guerres. C'est l'époque où les souverains prennent conscience de l'intérêt d'un territoire situé à mi-chemin du nord et du sud du pays pour achever la centralisation. Les châteaux perdent alors leur caractère défensif. Au retour des guerres d'Italie, celui de Charles VIII en 1496 est l'occasion d'introduire le raffinement de l'architecture italienne. À partir de 1515 commence l'âge d'or des châteaux de la Loire. D'un point de vue architectural, il s'agit d'une combinaison parfaite et harmonieuse entre les apports italiens que sont notamment la recherche de symétrie et de façades bien ordonnées, et les touches françaises telles que la présence de tours d'angle et d'une galerie sur un côté de la cour. Des façades sont également richement décorées, mélange de thèmes de l'Antiquité romaine et de traditions locales. Les artistes ne manquent alors pas d'imagination pour que le résultat soit éblouissant, comme en atteste la façade incroyable du château de Chambord. Les escaliers sont un autre élément important de l'âge d'or de l'architecture des châteaux de la Loire. On retrouve ainsi un superbe escalier à vis à Blois, un escalier à vis à double révolution à Chambord et un escalier à volées droites à l'italienne à Azay-le-Rideau. Une escapade vers les châteaux de la Loire offre un doux voyage au temps de la Renaissance italienne, agrémenté de ses détails plus locaux, et qui font la différence. On ne peut évidemment parler de châteaux Renaissance sans évoquer les châteaux de Chaumont-sur-Loire, de Chenonceau, si particulier sur le Cher, ou bien encore d'Amboise, dont la façade domine fièrement la Loire. François Ier, qui fut l'un des grands bâtisseurs des châteaux Renaissance et grand amoureux du raffinement italien, décide en 1528 de résider à Paris, signant au passage la fin de l'âge d'or des châteaux de la Loire. Les grands chantiers ralentissent alors, mais cela n'empêche pas de très beaux édifices de sortir de terre, comme les châteaux de Villandry, Villesavin ou bien encore Beauregard. On assiste en parallèle à l'ajout de nouveaux éléments Renaissance sur des constructions existantes, comme le pont galerie du château de Chenonceau, par Diane de Poitiers puis Catherine de Médicis. Néanmoins de nombreuses constructions sont interrompues à l'occasion des guerres de religion.
Le roman et le gothique pour les lieux de culte
Si les châteaux de la Loire sont souvent pris d'assaut par les visiteurs, il ne faut pas non plus passer à côté des édifices religieux. De grandes abbayes ont très tôt été bâties le long du Val de Loire. Elles ont permis à certaines zones rurales de se peupler et ont servi de lieux de repère pour la transmission des savoirs. On peut parler de l'art roman, agrémenté de diverses influences, qui concerne les abbayes, avec des éléments venus du Poitou, du Berry, de l'Aquitaine ou bien encore de Bourgogne. C'est ainsi que l'architecture de l'abbatiale de Cunault évoque l'architecture du Poitou, tandis que l'abbatiale de Fontevraud évoque celle de l'Aquitaine et que la basilique bénédictine de Saint-Benoît-sur-Loire est d'influence bourguignonne. S'intéresser aux monuments religieux dans la vallée de la Loire conduit aussi vers des cathédrales aux sublimes façades gothiques. Ce style, que l'on aperçoit déjà en Île-de-France à partir du XIIe siècle, atteint peu à peu la Loire et donne naissance à de remarquables édifices tels que les cathédrales de Bourges, Orléans, Tours ou bien encore la Trinité de Vendôme. Notons aussi le gothique angevin, ou gothique Plantagenêt, est une variante aux voûtes bombées. À l'architecture s'ajoutent à la fin de la guerre de Cent Ans de très belles peintures murales qui se présentent comme un écho aux souffrances endurées et côtoient les scènes de la vie courante. Citons par exemple le Dit des Trois Morts et des Trois Vifs qui prend place au sein de l'église de Villiers-sur-Loir.
Des villes et villages de caractère
Depuis l'Antiquité en Anjou et en Touraine, les hommes ont extrait le tuffeau, une roche calcaire de couleur blanche tirant un peu vers le blond. Alors que les paysans ont pu se servir des galeries creusées pour y installer leur famille, la pierre a servi à la construction de grands châteaux tel que Chambord. L’ardoise bleutée d'Anjou a elle été utilisée pour la toiture. On retrouve le tuffeau, ainsi que les enduits au sable dans une multitude de villes et villages du Val de Loire. D'ailleurs, plusieurs villages sont labellisés Plus Beaux Villages de France, à l'image de Montrésor ou bien encore de Crissay-sur-Manse. Ici, les belles demeures en pierre révèlent cette atmosphère si unique des villages anciens dans lesquels il fait bon flâner au fil de ruelles. Du Loir-et-Cher au Loiret, on note aussi la présence de vieilles maisons à colombages, comme dans les villages de Chaumont-sur-Tharonne, Souvigny-en-Sologne et Saint-Viâtre dans le Loir-et-Cher. Dans les villages solognots, la brique et les grands toits en tuiles plates ont été utilisés à partir du XIXe siècle, formant d'autres villages de caractère, une diversité architecturale sur le territoire. Ce qui est d'ailleurs fascinant lors d'une balade dans les grandes préfectures du Val de Loire, à Orléans, à Tours, à Blois ou à Angers, c'est que l'on retrouve dans certains quartiers et dans certaines rues les éléments phares que sont le tuffeau et les façades à pans de bois. Pour ces dernières, mentionnons la sublime Maison d'Adam à Angers ou bien encore les magnifiques façades des demeures de la place Plumereau à Tours.
Au cœur des troglodytes
Il suffit de se promener le long de certains tronçons de la Loire en Touraine, ou bien encore à Saumur et Montsoreau, pour observer des falaises agrémentées d'habitations troglodytiques. Ce sont des galeries qui ont été creusées pour extraire le tuffeau, et qui ont aussi servi d'habitations rurales pour les marins et autres vignerons, au temps où la Loire était un axe commercial important. La pierre était extraite puis chargée sur les gabares en direction des grands chantiers. Les habitants, eux, bénéficiaient des troglodytes comme habitations permettant de se protéger des variations de température, avec notamment des pièces très fraîches en été. Il ne faut pas croire que l'habitat troglodytique était dénué de tout confort et de toute décoration, puisqu'on peut observer de très élégantes façades avec fenêtres à meneaux, et même de somptueux édifices comme le château de Marconnay et celui de la Grande Vignolle. Les troglodytes de coteau ne sont pas les seuls à être présents dans le Val de Loire. Constituant un patrimoine très rare dans le monde, les troglodytes de plaine sont bien présents, et même nombreux en Anjou, notamment dans la région de Doué. Au fil du temps, après avoir constitué un habitat important dans la région à une certaine époque, les troglodytes ont peu à peu été abandonnés à partir des XIXe et XXe siècles pour des maisons de ville, devenant alors des lieux d'accueil pour les marginaux. Mais depuis les années 1990, la donne a bien changé, et ils ont été réinvestis à de nombreuses fins, la population locale prenant conscience de la richesse de ce patrimoine rare. En plus de servir de lieu de stockage pour le vin ou bien encore pour la culture de champignons, des artisans et des artistes ont redonné vie aux troglodytes pour y vivre, en faire des lieux d'expérimentations artistiques, de découverte d'un habitat traditionnel passé ou bien encore des espaces de loisirs. Lors d'une balade dans le Val de Loire, il faut alors se rendre au bioparc de Doué-la-Fontaine, aux ateliers de vanniers de Villaines-les-Rochers mais aussi à la vallée des Goupillères pour découvrir des lieux singuliers et uniques en leur genre.
Quelques lieux d'architecture moderne
Bien entendu, le Val de Loire évoque en premier lieu des monuments ancestraux qui attirent par milliers les amoureux d'histoire et d'architecture ancienne. Mais le territoire évolue aussi avec son temps et a pu voir fleurir ici et là quelques monuments à l'aspect contemporain. C'est ainsi qu'à Amilly dans le Loiret, les locaux d'une ancienne tannerie ont été réaménagés en centre d'art contemporain. Les Tanneries sont un lieu d'exposition d'envergure où l'on découvre un superbe espace doté d'un toit-verrière pour laisser entrer un maximum de lumière. Toujours dans le Loiret, Orléans a été choisie pour accueillir le Fonds Régional d'Art Contemporain du Centre (FRAC), qui se démarque par la présence d'un lieu à l'architecture futuriste, « Turbulences », structure créée par les deux architectes Jacob et MacFarlane, et servant d'espace d'accueil. À Tours, le palais des congrès le Vinci est également un lieu unique. Un espace original et avant-gardiste signé Jean Nouvel. Il se distingue par ses surfaces latérales vitrées et par sa devanture en forme de casquette. Toujours dans la préfecture d'Indre-et-Loire, un autre monument est venu s'ajouter au paysage urbain. Le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré (CCCOD) prend place en haut de la rue nationale et se veut un centre d'art contemporain d'envergure en France, et notamment en région. À la partie restante de l'ancienne école des Beaux-Arts est venue s'ajouter une bâtisse audacieuse en forme de cube et qui conserve la blancheur du tuffeau, fruit du travail de l'agence portugaise Aires Mateus.