Histoire du Cher

De par sa position centrale, le Berry a joué un rôle clé dans l'histoire du pays. Si la Préhistoire a laissé peu de traces, le Néolithique a marqué la région, notamment avec des dolmens, nombreux dans l'Indre. Occupé par les Gaulois Bituriges puis les Romains, le Berry passe sous contrôle royal et devient un duché stratégique. La Renaissance sera marquée par Jacques Cœur, les nombreux châteaux et l'université de Bourges qui feront rayonner le territoire malgré les guerres de Religion. Attaché à la couronne, le Berry s'enthousiasme pour les idéaux révolutionnaires. Au XIXᵉ siècle, l'industrialisation progresse avec la porcelaine et la verrerie, soutenue par les canaux et le chemin de fer, avant d'atteindre son apogée au XXᵉ siècle. Freiné par l'exode rural et la désindustrialisation, le Berry a préservé ses savoir-faire industriels et agricoles et s'est tourné vers une industrie militaire clé dans son économie actuelle.

Paléolithique (âge de la pierre taillée)

Les premiers habitants, présents dès le Paléolithique, ont laissé des traces fascinantes de leur passage. On retrouve des silex taillés, outils rudimentaires mais ingénieux, le long de la Loire près de Sancerre, dans le Cher. Ces vestiges, découverts sur des sites comme les vallées alluviales, datent de dizaines de milliers d'années, certains remontant potentiellement à plus d'un million d'années, témoignant d'une occupation humaine précoce.

(-8 000 à -3 300 av. J.-C.)

Néolithique (âge de la pierre polie)

Le Berry voit émerger la poterie, l'agriculture et les premiers habitats construits, marquant un tournant dans la vie des populations locales. Les hommes abandonnent peu à peu le nomadisme pour cultiver des céréales et élever du bétail, tandis que des villages de maisons s'élèvent. Parallèlement, les dolmens, imposants monuments de pierre servant de sépultures collectives, comme ceux près de Châteauroux, témoignent d'un héritage celte riche en rites funéraires et spirituels.

(-3 300 à -1 200 av. J.-C.)

Âge du Bronze

Avec l'arrivée des Celtes, la métallurgie révolutionne la société. Forgerons habiles, ils fabriquent des armes et des outils en bronze puis en fer, facilitant la guerre et l'agriculture. Parallèlement, ils érigent les premiers tumulus funéraires, tertres de terre et de pierre recouvrant des tombes, comme ceux près de Bourges. Ces monuments, souvent riches en offrandes, révèlent une culture complexe, mêlant savoir-faire technique et rites spirituels.

Âge du Fer

Les Bituriges Cubi, un des peuples celtiques les plus importants de la Gaule, s'installent au cours du IVe siècle avant notre ère à Avaricum, l'actuelle Bourges, qui devient un centre politique et économique clé en Gaule centrale. Ce vaste oppidum, protégé par des remparts et des marais, prospère grâce au commerce du fer, du blé et de l'artisanat. Considérés comme les « rois du monde » selon leur nom, les Bituriges dominent la région, laissant un héritage durable avant la conquête romaine, visible dans les vestiges archéologiques d'Avaricum.

(52 av. J.-C. à 476 apr. J.-C.)

Fin de l'Antiquité

Conquête romaine : Avaricum devient la capitale du territoire et prospère sous la paix romaine avec ses arènes, aqueducs et thermes. Les Bituriges Cubi se développent économiquement, avec le site d'Argentomagus (Argenton-sur-Creuse) comme centre névralgique. Vers le milieu du IVᵉ siècle, les habitants de Bourges érigent des remparts gallo-romains pour se protéger des invasions barbares, marquant ainsi la fin de cette ère.

476 à 1000

Haut Moyen Âge

Durant près de 500 ans, le Berry subit les invasions successives des Alains, Alamans, Huns, Burgondes, Wisigoths, Ostrogoths, Goths, Francs, Sarrasins, Vikings et Hongrois. Les Francs parviennent à tirer leur épingle du jeu en se convertissant au christianisme, marquant une étape clé de leur domination. L'essor du christianisme se reflète notamment dans le développement des abbayes, dont l'abbaye de Noirlac reste l'un des symboles les plus remarquables.

1360 - 1408

Pendant cette période sombre du Moyen Âge, le Berry, lui, va se développer. Il devient un duché stratégique et est confié à Jean de France, troisième fils de Jean II le Bon, qui prendra le nom de Jean Ier de Berry. Il réside alors entre Bourges et Mehun-sur-Yèvre, dans son château que vous pouvez encore observer en partie. Il était considéré comme l'un des plus beaux châteaux gothiques de cette époque, que vous retrouvez dans le fameux livre d'enluminure Les Grandes Heures du duc de Berry.

Guerre de Cent ans

Le Berry, stratégiquement situé, se retrouve au cœur des affrontements entre Français et Anglais, subissant pillages et sièges. Au contact des ennemis du royaume, la région renforce ses défenses, comme à Saint-Benoît-du-Sault, où l'on érige de puissantes enceintes de pierre. Ces fortifications, encore visibles aujourd'hui, protègent les populations et les seigneurs, tandis que Bourges, siège du roi Charles VII, devient un bastion clé face aux assauts.

1423

Charles VII offre les terres d'Aubigny à Jean Stuart de Darnley en récompense de son aide précieuse dans la lutte contre les Anglais. Pendant près de 250 ans, la cité d'Aubigny-sur-Nère vit à l'heure écossaise, laissant un héritage culturel et architectural encore bien visible aujourd'hui. Cette même année, le fils de Charles VII, Louis XI, naît à Bourges. Jeanne d'Arc, quant à elle, sera anoblie six années plus tard à Mehun-sur-Yèvre.

Début de la Renaissance

C'est au début de cette période que Jacques Cœur, fils de marchand berruyer, entreprend et fait fortune. Anobli par Charles VII, il devient l'un de ses plus proches conseillers en accédant au poste d'Argentier du Roi. Jacques Cœur finance les campagnes militaires permettant de mettre fin à la guerre de Cent Ans et joue un rôle clé dans le redressement du royaume, notamment en relançant le commerce en Méditerranée. C'est ainsi que les idées de la Renaissance, venues d'Italie, atteignent le Berry. Le Palais Jacques Cœur, à Bourges, reste un témoignage remarquable de cette période en s'inspirant des codes des palais italiens.

XVIᵉ siècle

Après la guerre, Charles VII ne retourne pas à Paris et choisit de rester sur les bords de la Loire. Pendant 150 ans, jusqu'à François Iᵉʳ, les rives de la Loire et du Cher deviennent des lieux prisés pour la construction de châteaux de style Renaissance. Le château de Valençay en est un exemple emblématique et accueillera Talleyrand au début du XIXᵉ siècle.

XVIIIᵉ siècle

Révolution française

Les impôts et la misère provoquent des révoltes, mais la région s'enthousiasme pour les idéaux révolutionnaires. C'est à cette époque que le Berry est divisé en deux départements : l'Indre et le Cher, avec pour préfectures respectives Châteauroux et Bourges. À cette période, le Berry reste marqué par un faible développement industriel et une agriculture encore archaïque.

XIXᵉ siècle

C'est à cette période que les routes et les chemins de fer se développent pour soutenir la croissance des industries locales. À Châteauroux, les industries de la famille Balsan contribuent à l'essor de l'industrie textile, avec notamment la fabrication des uniformes des Poilus pendant la Première Guerre mondiale. Du côté de Vierzon, l'industrie se développe également, portée par l'usine La Française, spécialisée dans la fabrication de tracteurs.

XXIe siècle

Le Berry aujourd'hui, c'est un territoire riche de sa rusticité, comme le disait si bien George Sand. Ce territoire met en valeur son histoire à travers son patrimoine, ses festivals et ses initiatives culturelles, comme en témoigne la candidature de Bourges au titre de Capitale européenne de la Culture. Cette région n'est pas seulement un musée, mais un territoire dynamique, y compris dans ses petites villes, comme en témoignent Sancerre ou encore La Borne.

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