Histoire de la Province de Girona

Précocement peuplée dès le Paléolithique supérieur, la future Catalogne a été occupée par des groupes de chasseurs, identiques à ceux qui ont été localisés au nord des Pyrénées. Deux gisements viennent notamment attester de cette présence humaine lors du Paléolithique : les grottes de Mollet à Serinyà (Pla de l’Estany) et le Cau del Duc dans le massif du Montgrí.

Les peuples ibères se succèdent sur ce territoire catalan. Comme en témoigne le village d'Ullastret, situé dans le Baix Empordà.

Des Marseillais fondent la colonie grecque de Rhode durant le second quart du IV^e siècle. Située au nord-ouest de la ville actuelle de Roses, elle fut d’abord un établissement destiné à commercer avec les ibères de l'Empordà.

Le débarquement de Cornelius Scipio Calvus (oncle de Scipion l’africain) à Emporio (l’actuelle Empúries) marque le début de la colonisation romaine de la péninsule ibérique.

La colonisation romaine achevée, la Catalogne fait partie de l’Hispanie Citérieure. Une époque marquée par l’adoption du droit romain, la généralisation d’un système agricole fondé sur les céréales, les vignobles et les oliviers et le développement d’un réseau urbain et routier.  Elle est traversée par la Via Augusta, qui relie la Gaule narbonnaise à Gadès (l’actuelle Cadix), en traversant le Perthus et en longeant la côte méditerranéenne.

Les Wisigoths envahissent l’Espagne par le nord. Leur roi Arthaulf fonde en 415 un royaume dont la capitale est Barcelone, avant de s’établir à Tolède au début du XI^e siècle. Les Wisigoths domineront ce territoire jusqu’au début du VIII^e siècle.

La Catalogne est conquise par les Arabes ce qui provoque une immigration d’une partie de la population qui se réfugie dans les Pyrénées et dans le royaume des Francs. Un gouverneur régional est nommé pour administrer la province qui est devenue une partie d’Al-Andalus, sous le califat omeyyade.  Et elle doit aussi faire face à l’armée de Charlemagne.

A la fin du IX^e siècle, Charles II le chauve, monarque carolingien, investit Guilfred le Velu comte de Barcelone et de Gérone, ce qui va impliquer qu’il réunit désormais sous sa gouverne une bonne partie des territoires de la marche hispanique.

Profitant du déclin de l’Empire franc, Guilfred le Velu, comte de Barcelone, conquiert la plupart des bastions voisins et organise la Catalogne en un espace politique. Ses successeurs établissent la séparation définitive à l’égard de la France.

Il est considéré comme le fondateur de la Catalogne au IX^e siècle. Comte de Barcelone, d’Osona, de Gérone, d’Urgell et de Cerdagne, il obtient de Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, l’indépendance de son comté et le droit de le transmettre à ses descendants. Ses enfants poursuivent les dynasties nouvellement créées, forgeant ainsi l’identité et le territoire catalans.

Le Mariage de Raimond Bérenger IV, comte de Barcelone, avec Pétronille, héritière du trône d’Aragon, donne naissance à la couronne d’Aragon. La Catalogne entreprend son expansion territoriale face aux musulmans, avec la reconquête des régions de Tortosa et de Lleida. Raymond-Bérenger IV promulgue les Usatges, compilation des us et coutumes qui forment la base du droit catalan.

Durant cette période, la Catalogne et l’Aragon ne constituent qu’un seul royaume, mais gardent leurs institutions propres. Cette puissance catalano-aragonaise s’étend en Méditerranée, avec la conquête des îles Baléares (1235) et du pays valencien (1238). La Catalogne entre dans une période de prospérité via le développement de ses activités manufacturières, commerciales et bancaires et connaît aussi un essor démographique et une augmentation de sa production agricole.

Cette année de peste noire amorce le déclin de la Catalogne, car elle va toucher ses principales cités, dont Barcelone. Un déclin aussi favorisé par le décès du roi Martin I^er d’Aragon, dernier souverain de la maison de Barcelone et mort sans héritier en 1410. Mauvaises récoltes, famines et troubles sociaux vont rythmer une crise qui atteindra son paroxysme lors de la guerre civile entre la Generalitat et Jean II d’Aragon.

Une autre étape s’ouvre. En 1469, la Catalogne est incorporée au nouveau royaume créé par le mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui réunit les deux plus puissants royaumes de l’Espagne. Mais la découverte du Nouveau Monde en 1492 déplace les échanges commerciaux vers l’Atlantique.

En 1640, les Catalans, appuyés par la France, se soulèvent contre la monarchie espagnole lors de la Guerra dels Segadors (guerre des faucheurs) qui durera jusqu’en 1659. Comme la guerre de Trente Ans, elle prendra fin via le traité des Pyrénées, signé entre l’Espagne et la France. Le Roussillon et la moitié du comté de Cerdagne passeront alors sous le giron de la France.

Avec Philippe V, petit-fils de Louis XIV et vainqueur de la guerre de succession, les Bourbons accèdent au trône d’Espagne. Philippe V abolit tous les privilèges de la Catalogne qui n’est plus alors qu’une province espagnole. Il abolit aussi la Generalitat et interdit l’usage du catalan.

A partir du milieu du XVIII^e siècle, la Catalogne connaît un renouveau économique marqué par la création d’une industrie textile, présente à Barcelone et à Gérone. Tout en poursuivant son développement industriel au XIX^e siècle, la Catalogne vit aussi au rythme des révoltes ouvrières, notamment à Barcelone. Ce développement industriel va également entraîner un renouveau culturel et un retour des revendications linguistiques (la Renaixença) et nationalistes.

La Catalogne devient l’un des pôles de développement de l’Art nouveau. Un mouvement dénommé modernisme catalan et marqué par le nom d’architectes comme Antoni Gaudí, Lluís Domènech i Montaner, Josep Puig i Cadafalch et de peintres comme Ramon Casas et Santiago Rusiñol.  Une effervescence culturelle qui culminera lors des expositions universelles de Barcelone en 1888 et 1929. On trouvera aussi de nombreux exemples de ce style moderniste à Figueres, à Olot, et dans de nombreux villages de la Costa Brava (Cadaqués, Begur, Lloret de Mar...) où les Indianos, enfants du pays enrichis lors de leur immigration dans le Nouveau Monde, ont fait construire de belles demeures à leur retour.

En Espagne, les républicains gagnent les élections municipales et proclament la II^e république ce qui entraîne l’exil sans abdication du roi Alphonse XIII. En Catalogne, c’est un nouveau parti, la Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), qui a remporté les élections municipales. Un gouvernement régional autonome, la Generalitat, est constitué. Avec pour mission d’élaborer un statut d’autonomie, le premier, qui sera adopté en 1932. Ce gouvernement est de nouveau suspendu après l’échec de la proclamation d’un État catalan par le président Lluís Companys, le 6 avril 1934.

Figure fondamentale du nationalisme catalan, Lluís Companys a été président de la Generalitat de Catalunya de 1934 jusqu’à sa mort. Le 6 octobre 1934, depuis le balcon du palais de la Généralité, il proclame « l’Etat catalan » au sein de la République fédérale espagnole. Jugé et condamné à 30 ans de réclusion pour rébellion, il est libéré en 1936 après la victoire du Front populaire. A partir de 1939, après l’occupation de la Catalogne par les troupes franquistes, Lluís Companys est obligé de s’exiler en France. Livré à la dictature militaire franquiste par la police secrète de l’Allemagne nazie, il est rapatrié, torturé puis fusillé au château de Montjuïc, le 15 octobre 1940. Au moment de son exécution, il refuse qu’on lui bande les yeux et meurt face au peloton en criant « Per Catalunya ! », Pour la Catalogne !

Dès la courte victoire du Front populaire lors des élections générales de 1936, de multiples complots impliquent notamment les généraux Mola et Franco. Et c’est le 17 juillet 1936 à Melilla (Maroc) que la première garnison militaire se soulève préparant l’offensive du mouvement national et le début de la guerre civile opposant nationalistes et républicains, jusqu’en 1939. Après la bataille de l’Ebre qui durera quatre mois, les franquistes entrent à Barcelone en janvier 1939.

Du début 1939 à novembre 1975, la dictature mise en place par le général Franco après la victoire des nationalistes va durer trente-six ans. En Catalogne, cela se traduit par la suppression du statut d’autonomie et l’interdiction de l’usage du catalan à l’école et dans les administrations. L’époque voit aussi l’exil d’un grand nombre d’écrivains comme Mercè Rodoreda ou Carles Riba.

La mort du général Franco marque le début de la transition démocratique. Avec comme date clé, l’adoption de la constitution espagnole en 1978 (toujours en vigueur) qui accorde notamment à la Catalogne une autonomie politique, qui la fait devenir communauté autonome au sein de l’Espagne, et rétablit le Parlement catalan.

Jordi Pujol devient président de la Generalitat de Catalogne, donc chef du gouvernement autonome de la région. Porté par la fédération de centre droit CIU (Convergència i Unió), il exercera le pouvoir jusqu’en 2003. Date à laquelle il sera remplacé par le socialiste Pasquall Maragall, à la tête d’une coalition tripartite de gauche : PSC (Parti socialiste catalan) Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et Iniciativa per Catalunya Verds-Esquerra Unida i Alternativa (ICV-EUiA).

Avec à la tête de la mairie, Pasquall Maragall, la ville de Barcelone organise les XXV^e Jeux olympiques d’été qui vont transformer le littoral de la ville et entraîneront aussi des aménagements sur le littoral de la Costa Brava comme à l’Escala.

Après d’âpres discussions, un nouveau statut d’autonomie, le troisième, est approuvé par le Parlement catalan le 30 septembre 2005. Il sera ensuite substantiellement modifié avant d’être approuvé par le Parlement espagnol au printemps 2006, puis adopté en Catalogne par le référendum du 18 juin 2006.

La crise économique mondiale frappe durement l’Espagne, entraînant notamment l’implosion de sa bulle immobilière (chute de plus de 25 % des constructions en un an) et la fait entrer officiellement en récession. S’ajoutant aux scandales financiers à répétition, elle va contribuer à alimenter la cause catalaniste. Une cause qui sera également renforcée en 2010 par l’annulation de divers articles du statut d’autonomie, par le tribunal constitutionnel qui réfute aussi toute valeur juridique au terme de « nation » contenu dans le préambule du statut d’autonomie.

Le 9 novembre 2014, la Catalogne se prononce à 80 % pour l’indépendance lors d’une consultation symbolique (participation de 35 %) portant sur l’autodétermination et déclarée anticonstitutionnelle par la Cour constitutionnelle. Un vote promis par Artur Mas, nouveau président de la Catalogne depuis 2010, après la tenue de nombreuses manifestations, dont celle de la Diada (fête de la Catalogne) du 11 septembre 2012 qui a réuni plus d’un million de personnes, à Barcelone.

Le 27 septembre 2015, les partis indépendantistes obtiennent la majorité des sièges au Parlement catalan. Et adoptent le 9 novembre une résolution sur un processus devant aboutir à un « Etat Catalan indépendant prenant la forme d’une république », au plus tard en 2017. Cette résolution sera annulée par la Cour constitutionnelle. Mais reprendra vie le 10 janvier 2016 quand Carles Puigdemont, deviendra président de la Catalogne, en remplacement d’Artur Mas, grâce à une nouvelle alliance menée avec la CUP (Candidatura d’Unitat Popular), d’extrême gauche.

C’est le 1^er octobre 2017 que se tient le référendum d’autodétermination de la Catalogne, jugé inconstitutionnel par le Tribunal constitutionnel. Qui donnera plus de 90 % de votes en faveur de l’indépendance. Après quelques hésitations, le Parlement de Catalogne votera la déclaration unilatérale d’indépendance (DIU), le 28 octobre 2017. Ce qui entraînera la mise en œuvre de l’article 155 de la Constitution espagnole, suspendant la DIU et convoquant des élections en Catalogne en décembre. Ces dernières donneront la majorité absolue aux listes indépendantistes. Le procès de 12 dirigeants catalans s’ouvre en février 2019 et aboutit, en octobre 2019, à la condamnation de 9 dirigeants à des peines allant de 9 à 13 ans.

Après 8 mois de paralysie politique, Pedro Sanchez peut former un gouvernement de coalition après avoir été investi de justesse le 7 janvier 2020. Un vote d’investiture notamment obtenu grâce à l’abstention de l’ERC (gauche républicaine de Catalogne). En échange de cette abstention, les socialistes avaient promis la tenue d’une négociation entre le gouvernement central et l’exécutif régional catalan en vue de résoudre le conflit politique sur l’avenir de la Catalogne. La première réunion de dialogue s’est tenue le 26 février 2020.

Suite à des divergences croissantes entre Junts Per Catalunya (mouvement de Carles Puigdemont) et l’ERC, dirigée par Oriol Junqueras, des élections régionales anticipées se sont tenues le 14 février 2021 pour élire le nouveau parlement de Catalogne. Malgré une forte percée du PSC, le résultat donne la majorité absolue aux partis pro indépendance.

Rupture du pacte de gouvernement entre Junts et ERC entraînant un remaniement au niveau du gouvernement de la generalitat.

Signature à Barcelone d'un pacte d'amitié entre la France et l'Espagne.

Pedro Sánchez est investi comme président du gouvernement. Avec 179 voix, PSOE et Sumar (regroupant divers partis d’extrême gauche) mais aussi l’appui de partis régionalistes dont celui de Bildu (basque) et des partis indépendantistes catalans (ERC et Junts). Avec en perspective une amnistie pour les organisateurs du référendum illégal de 2017 sur la Catalogne, sujet ayant entraîné de nombreuses manifestations d’opposants.

Le parlement espagnol adopte la loi d'amnistie concernant les indépendantistes catalans (177 pour, 172 contre). Entre 300 et 400 personnes concernées dont Carles Puigdemont.

La DANA (dépression isolée en altitude) dite goutte froide frappe l'Espagne et notamment la communauté valencienne, avec un bilan porté à 224 morts.