Sur la trace des contrebandiers

De Portbou à Blanes, les chemins de ronde sont des sentiers côtiers qui parcourent la totalité du littoral escarpé de la Costa Brava. Si l’on suppose que leur existence remonte aux temps les plus reculés puisqu’ils servaient alors de moyens de communication entre les villes, les plages et les criques de cette côte, c’est aux XIXe et XXe siècles qu’ils ont connu une très grande popularité. En étant utilisés par les contrebandiers et les gardes qui surveillaient le littoral. Au rayon des produits qui y ont le plus circulé, on trouve le tabac blond mais aussi le café, le sucre, le poivre, le chocolat et la pénicilline, sans oublier les bijoux et les vêtements en soie. Et c’est dans l’espace côtier se situant entre Palamós et Begur que s’effectuaient les plus grands échanges de marchandises et que se trouvaient les meilleures cachettes, avec des endroits emblématiques comme la crique du Port d’Esclanyà, le chalet de Sa Perica à Tamariu, la crique del Frares, au pied de la falaise du Cap de Sant Sebastià ou la plage du Golfet. Aujourd’hui, ces trafics n’existent plus et ces chemins ont été aménagés en itinéraires de randonnées. Sur plus de 250 kilomètres, ils longent les criques de la Costa Brava et traversent les lieux les plus emblématiques de la Côte de Gérone. Ils vous feront bien sûr croiser les charmants petits villages qui émaillent cette côte : Cadaqués, Begur, Calella de Palafrugell ou Tossa de Mar mais seront aussi l’occasion de découvrir, à seulement quelques kilomètres de la côte, des petits bijoux médiévaux comme Pals, Peratallada ou Peralada. Tout en appréciant la variété des espaces naturels qui iront de la mer à la montagne, en passant par des forêts plus humides à la végétation luxuriante du littoral méditerranéen.

Un circuit en 10 étapes

Au total, ces chemins peuvent être parcourus en dix étapes, d’une durée moyenne de cinq à neuf heures pour une vingtaine de kilomètres. Chacune étant divisée en tronçons, de 3 à 4 kilomètres selon les étapes, chacun d’une durée de 1 à 2 heures. Attention, si certaines parties de ces chemins ressemblent à des promenades digestives, d’autres sont nettement plus ardues. Pensez à vous munir de bonnes chaussures et fournissez-vous en cartes auprès des offices du tourisme afin de bien identifier les codes de signalétique. Si vous optez pour la partie sud du circuit, celle qui va de Blanes à Pals, vous serez de plain-pied dans la Costa Brava telle que nommée pour la première fois en 1908 par le journaliste Ferran Agulló, au vu des criques escarpées de la côte, observées depuis l’ermitage de Sant Elm, à Sant Feliu de Guíxols. Ici, ce sont les massifs montagneux d’Ardenya, de Gavarres et de Begur qui ont donné sa silhouette aux paysages et pour rallier l’infinité de petites criques de galets ou de sable, chemins et sentiers traverseront pinèdes, et chênaies de chênes verts ou de chênes-lièges. Dans la partie nord, de la frontière française à la communauté de Torroella de Montgrí, le paysage sera plus sauvage, puisqu’il enregistre les plissements des Pyrénées. Mais c’est aussi là que vous pourrez débarquer sur la baie de Roses, comme le firent les Grecs et les Romains, à la conquête de la péninsule ibérique. On peut bien sûr suivre ce chemin depuis la France ou en partant de la côte de Barcelone, voici quelques exemples des découvertes qui vous attendent lors des étapes. A parcourir en 6 à 8 heures, le premier tronçon menant de Blanes à Tossa de Mar correspond à la partie la plus urbanisée, mais présente l’avantage d’être très bien connectée aux aéroports de Gérone et de Barcelone. Et ce sera l’occasion de découvrir les jardins botaniques de Blanes, celui de Marimurta, créé par le naturaliste Karl Faust, en 1921 ou celui de la Pinya de Rosa (7 000 espèces venues du monde entier). La deuxième étape vous conduira à San Feliu de Guíxols, une ville entourée de falaises aux couleurs rose intense qui accueille chaque année depuis 1958, un festival de musique, de théâtre et de danse, le plus ancien de Catalogne. Une succession de criques de sable et de falaises où sont suspendues les pinèdes vous conduira ensuite à Palamós, principal port commercial de la province de Gérone, où vous aurez à cœur d’aller tester la crevette rose, la grande spécialité locale.

L’essence de la Costa Brava

L'étape conduisant ensuite jusqu'à Begur concentre sûrement la plus grande essence de la Costa Brava du centre et du sud, puisque ses paysages bien conservés ressemblent le plus à ce qu'était la méditerranée sauvage. Avec des passages appréciables par les petites enclaves idylliques de Calella de Palafrugell, Llafranc et Tamariu et de beaux points de vue depuis le Mirador du phare de Sant Sebastia, l'un des plus puissants d'Espagne. À contempler de jour comme de nuit, notamment lorsque la pleine lune illumine la baie. Pour aller de Begur à l'Estartit, on choisira entre un circuit de côte, passant par la platja de Pals ou celui de l'intérieur, un peu plus long qui permet de rallier Pals et sa partie historique, Pedró, l'un des ensembles artistico-historiques les plus importants de Catalogne avec aussi de belles vues sur les rizières de la région. Vient ensuite l'étape qui conduit jusqu'à l'Escala Empúries, au sud de la baie de Roses, où l'on ne manquera pas de visiter le musée archéologique qui abrite deux sites grecs ni de goûter à la spécialité locale, l'anchois. Quasi complètement plate, l'étape suivante sera l'espace rêvé pour ceux qui souhaitent observer les migrations d'oiseaux puisque l'on traverse le parc naturel de l'Aiguamolls de l'Empordà, avec une dizaine de points d'observation environ. Le circuit Roses Cadaqués sera marqué par un fort contraste entre de grandes urbanisations, mais aussi de majestueuses falaises, pour arriver à la lumière et la silhouette si particulière de Cadaqués. Vers Port de Selva, avec la neuvième étape, viendra le temps du Cap de Creus, au paysage époustouflant et sauvage au point d'avoir servi de lieu de tournage au film La lumière de la fin du monde, tourné en 1971 par Kevin Billington, non sans avoir visité au préalable la maison Salvador Dalí à Portlligat. À la fin du voyage, en arrivant à Portbou, vous aurez aussi traversé la côte de la Balmeta, une demi-lune pleine de criques et de baies dans lesquelles débouchent les Pyrénées. Plus d'informations sur www.camideronda.com