Des origines celtiques, antiques ou tardives

L’engouement pour les thermes auvergnats ne date pas d’aujourd’hui. L’exploitation de ces différentes sources a bien souvent commencé dans l’Antiquité. Du côté de Vichy, par exemple, vers 50 av. J.-C., les Celtes, puis les Romains, apprécient l’eau de cette source pour les bienfaits qu’elle apporte à la peau. En 1677, la marquise de Sévigné, convaincue par le bienfait des cures thermales, fait leurs louanges : une nouvelle tendance naît. En 1861, Napoléon III contribue au rayonnement du thermalisme et plus particulièrement de Vichy. Le développement des thermes est différent pour chaque station thermale. Bourbon-l’Archambault était doté de thermes gallo-romains dès le Ier siècle de notre ère. L’essor de Néris-les-Bains est lié aux sources jaillissantes et à leurs vertus. Les Romains avaient déjà installé deux établissements thermaux dans la cité. Temples, aqueducs, villas et un amphithéâtre les accompagneront.
Si l’établissement thermal de Chaudes-Aigues a mis du temps à voir le jour, les sources quant à elles étaient connues depuis l’Antiquité. Elles ont même servi à chauffer les rez-de-chaussée des habitations et à dégraisser la laine. Certains hôtels se sont équipés de baignoires en pierre pour faire profiter à leurs hôtes des vertus des eaux. C’est à la fin du XVIIIe siècle que la commune souhaite la construction d’un établissement thermal : celui-ci arrivera finalement avec la construction de l’établissement Abrial ou Moulin du Ban, en 1837. À Royat, la découverte des sources est beaucoup plus tardive : 1844. Napoléon III viendra en visite 18 ans plus tard. La ville devient un véritable lieu de cure, de villégiature. À son image, Châtel-Guyon ne s’est pas développée autour des sources à la période gallo-romaine, mais sous la protection de la colline du Calvaire. Les eaux minérales de Châtel-Guyon sont mentionnées pour la première fois en 1671. La première source est découverte en 1760, elle est la propriété du marquis de Chazeron. Deux autres sources seront découvertes une dizaine d’années plus tard. C’est au début du XIXe siècle que la ville se dotera de ses premiers établissements thermaux.
Dans le Sancy, La Bourboule et Le Mont-Dore ont également deux histoires différentes. Les sources thermales de la première cité seraient connues depuis l’Antiquité, mais les premières traces de l’activité thermale remonteraient au XVe siècle. En 1463, il existait un établissement de bains équipé de baignoires en bois. Du côté du Mont-Dore, les Romains fondent la première station thermale au Ier siècle. Mais les vestiges d’un bassin mis au jour lors de fouilles archéologiques montrent que les Celtes exploitaient déjà ces sources.

Les mystérieuses sources d’eau chaude

Les eaux les plus chaudes d’Europe se trouvent à Chaudes-Aigues : la source du Par atteint les 82 °C. Le massif du Sancy compte aussi une source d’eau chaude : la source Croizat qui jaillit à 40 °C. Elles attirent de nombreux curieux souhaitant d’abord les voir de leurs propres yeux et ensuite les comprendre. Il s’agit d’un phénomène géologique. L’eau s’infiltre dans le plateau granitique, elle descend à plus de 2,5 km en s’infiltrant dans les failles, les fractures. À chaque kilomètre parcouru, elle gagne environ 30 degrés ! Une fois chauffée, l’eau remonte. Pour que ce phénomène fonctionne, il faut bien évidemment une différence d’altitude importante entre le haut du plateau et le fond de la vallée.
À Chaudes-Aigues, la source jaillit en centre-ville. Si vous la cherchez, les nuages de vapeur vous guideront. En plus de servir pour les thermes, la chaleur de l’eau est exploitée dans toute la ville. Au XIVe siècle, la fontaine était utilisée pour cuisiner. Aujourd’hui, en été, elle sert à chauffer la piscine municipale, en hiver elle permet de chauffer l’église par exemple. Pour en savoir plus, rendez-vous au musée de la géothermie.
Les sources d’eau chaude alimentent l’Auvergne depuis des milliers d’années et le feront encore pour un long moment !

Des vertus ciblées

Les différentes sources thermales auvergnates ont chacune des vertus bien différentes, c’est ce qui fait la richesse des thermes. Ces eaux sont soit tièdes soit chaudes, elles s’enrichissent lorsqu’elles entrent en contact avec les roches. Soufre, sélénium, bicarbonate vont leur apporter leurs vertus. À Bourbon-l’Archambault, les eaux thermales associent oligoéléments, sels minéraux, micro-organismes et gaz rares. Elles ont des propriétés myorelaxantes et sédatives. Avec leur effet anti-inflammatoire, les thermes proposent des cures thermales axées sur la rhumatologie et la gynécologie. Les eaux thermales de Vichy sont naturellement gazeuses, elles sont riches en sels minéraux et en oligoéléments. Elles sont réputées pour agir sur les rhumatismes, ainsi que sur les affections digestives.
Dans le Puy-de-Dôme, les eaux thermales de Châtel-Guyon sont chargées en calcium et en magnésium. Elles sont utilisées pour traiter les rhumatismes et les affections urinaires, digestives et métaboliques. Aux thermes de Royat, il est possible de traiter les rhumatismes ainsi que les maladies cardio-artérielles. Au Mont-Dore, les eaux sont utilisées pour traiter les voies respiratoires et la rhumatologie. La Bourboule a longtemps était spécialisée pour traiter les voies respiratoires des enfants. Aujourd’hui, les thermes sont également ouverts aux adultes. Les eaux sont reconnues pour le traitement de la rhumatologie. Ces trois dernières eaux ont un point commun, ce sont des eaux chloro-bicarbonatées sodiques, ce qui signifie qu’elles sont riches en gaz et extrêmement minéralisées. À Chaudes-Aigues, ce sont des eaux chlorurées sodiques et riches en oligo-éléments. Les cures thermales sont axées autour du traitement des rhumatismes, des séquelles traumatiques et post-opératoires.

Du bien-être et de la détente

Inutile de voyager jusque dans les pays scandinaves pour faire une pause bien-être et profiter des bains et saunas spécifiques ! Parce qu’en Auvergne on aime prendre soin de soi, on prend le temps de se détendre, de faire une pause dans l’un des thermes, seul, entre amis, en couple. En résumé, le thermalisme est un art de vivre. On profite des différentes vertus des eaux dans les bains bouillonnants, on se prélasse dans les bains à remous, on profite d’un moment de détox dans un sauna, un hammam. Le corps entier est chouchouté avec des séances d’enveloppement, de massages… En Auvergne, les prestations des thermes sont adaptées à vos besoins, à vos envies. Que vous veniez en hiver ou en été, n’oubliez pas de glisser votre maillot de bain dans votre valise ! L’eau rejoint également la composition de produits cosmétiques. La quinzaine de minéraux et de nutriments qu’elle contient est bénéfique pour la peau du visage, comme du corps. Profitez-en.

Un cadre exceptionnel

Les stations thermales auvergnates ne laissent pas indifférent. Elles ont su garder leur côté authentique. Votre séjour thermal n’est pas qu’un simple moment de détente, il est aussi un moment de découverte dans un cadre unique.
Les thermes de Bourbon-l’Archambault datent des années 1880, ils ont été construits à côté des anciens thermes romains. C’est toujours dans ce décor exceptionnel que les curistes sont accueillis. Faïences, plafonds à caissons de bois ouvragé, fresques… attirent l’œil et nous transportent dans un autre monde. Du côté de Vichy et de La Bourboule, l’architecture des deux villes nous replonge à la Belle Epoque. C’est au début du XXe siècle que le casino est agrandi et que la salle d’opéra est construite dans le style Art nouveau. Ils accueillent alors les plus grands artistes internationaux. La magnifique galerie couverte qui mène au parc des sources est enrichie d’une frise de chardons. En 1903 est inauguré le grand établissement thermal. Les peintures du grand hall, la coupole style byzantin… L’ensemble est complété par des hôtels, des villas… Cette architecture d’apparat était destinée à accueillir l’aristocratie et la bourgeoisie. C’est dans ce beau décor que vous vous promènerez, que vous vous détendrez et que vous permettrez à votre esprit de déconnecter totalement. La Bourboule a connu la même destinée. À la Belle Époque, les villas, les palaces, le casino se sont implantés. Les Grands thermes et ses coupoles néo-byzantines, l’hôtel de ville et ses cariatides nous font voyager dans le temps. La ville est entourée par les montagnes, on respire le grand air.
Du côté de Châtel-Guyon, on retrouve un casino, un théâtre construit en 1901. Arrêtez-vous devant l’hôtel Splendid, un véritable palace situé sur les hauteurs du parc thermal. En 1886, Guy de Maupassant y aurait séjourné. Son roman Mont Oriol se déroule d’ailleurs à Châtel-Guyon. Le Mont-Dore est une ville à double facette : village médiéval typique des montagnes, véritable station de ski, et aussi cité thermale. Les premières constructions étaient gallo-romaines, mais la construction des thermes actuels remonte à 1817. Sa façade sombre est en pierre d’andésite d’origine volcanique. De style néoclassique, l’extérieur est assez simple, avec une colonnade d’arcs en plein cintre et des frontons pignons. L’intérieur est riche de mosaïques et de peintures. Autre élément de la ville qui vous plongera au début du XIXe siècle : le funiculaire du Capucin.
Chaudes-Aigues est également marquée par la période médiévale. L’église Saint-Martin de style gothique édifiée au XVe siècle, la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, les oratoires de quartiers accrochés aux façades, le jardin d’agrément… offrent un décor digne d’un film.
À Royat, des thermes romains avaient été découverts lors de la construction du viaduc du chemin de fer. Les bâtiments des thermes actuels ont ouvert leurs portes pour la première fois en 1856. Arcs monumentaux, colonnes ioniques, statues font référence au passé gallo-romain de la station. Une extension est construite en 1913-1914 dans un style faisant référence à l’architecture italienne. Les verrières du pavillon central sont décorées par un vitrail figuratif magnifique.