Peinture

La peinture est l’un des premiers arts pratiqués au Japon. L’art du Kaiga a adopté au fil des siècles une large palette de styles. Il convient de distinguer la peinture avant et après 1868, le début de l’ère Meiji.

Avant, l’influence de la peinture chinoise se ressent dans l’introduction de nuages pour fragmenter un paysage, de fleurs et d’oiseaux. La peinture de l’époque de Heian (794-1185) et à partir du XVIIe siècle, de l’école Rinpa sont préservés de toutes caractéristiques chinoises.

Durant la période Kamakura (1185-1333), les peintres illustrent la vie des religieux et des grands personnages, et les romans de la cour impériale. Un nouveau type de peinture monochrome réalisée au lavis voit le jour. Sous le régime des Ashikaga, le portrait prend de l'importance.

Le moine-peintre bouddhiste Sesshū, maître du lavis monochrome à l’encre de Chine, réinterprète le mouvement lyrique des artistes chinois Song. La composition, souvent de droite à gauche et de bas en haut, met en valeur les masses noires et la dilution progressive des noirs. Cette époque voit également la prédominance de l'école Kanō. Le plus influent, Motonobu, mêle des lavis légers et transparents à de larges lavis d'encre.

A l'époque Momoyama (1573-1600), le pouvoir en place est particulièrement puissant. L'école Kanō continue à décorer les résidences et les palais. Les Ming chinois sont très influents. C'est à cette époque que les Japonais découvrent la peinture à l'huile, avec une Vierge apportée par François-Xavier.

A l'époque Edo (1600-1868), les Kanō sont assurés de la protection officielle shōgunale. Le peintre Kōetsu Honami tire parti de l'influence des Kanō et des Tosa pour la peinture de paravents aux fleurs, simples, stylisés et hauts en couleur. On utilise maintenant les lavis de couleur. C'est également pendant la période Edo que se développe l'estampe. Une école de peintres se forme autour de l'ukiyo-e, peinture du monde éphémère et peinture à la mode. Ces peintres deviennent peu à peu graveurs. Ces gravures sur bois permettaient de produire à petits prix pour une nouvelle classe sociale. On peint et grave les courtisanes, les scènes de la vie quotidienne, les acteurs de kabuki. Peu à peu, les sujets se multiplient et on voit des paysages, des animaux, des fleurs, etc. A partir de 1765 apparaît l'estampe polychrome avec ses grands maîtres : Harunobu Suzuki et Kiyonaga Torii, puis Utamaro Kitagawa, et enfin Hokusaï Katsushika et Hiroshige Andō, ces deux derniers étant des maîtres paysagistes.

Premiers apports occidentaux

La naissance de la peinture dite contemporaine au Japon remonte au XVIIIe siècle. Elle fait appel, aux influences étrangères,  particulièrement chinoise. Les Hollandais, à Nagasaki, introduisent les lois de la perspective. La peinture est partagée entre deux tendances : l'une réaliste et l'autre plus idéaliste.

Le courant réaliste, souvent désigné comme l'école Maruyama-Shijō, applique aux paysages des procédés venus de l'Occident. Il oscille entre un style très méticuleux et un style décoratif. Quant à Goshun (Gekkei Matsumura, 1752-1811), fondateur de l'école Shijō, il subit l'influence de Buson Yusa pour l'art des haïkus. Sa première période est directement issue de la domination du style de Buson Yusa, la seconde marquée par un retour vers Ōkyo Maruyama. Dans le Héron bleu avec hibiscus, se laissent admirer les caractéristiques de Buson, et dans ses dernières œuvres, comme les Pruniers en fleurs, un retour vers la technique monochrome chère à Ōkyo. La tendance plus réaliste se développe dans l'école des bunjin (lettrés), intellectuels qui subirent l'influence confucianiste. La peinture imite l'art chinois avec une touche spécifiquement Zen. Cette école, plus connue sous le nom d'école Nanga, affirme la noblesse des sentiments, les états d'âme et la position sociale. Les artistes emploient une calligraphie précieuse et essaient d'imposer une poésie délicate et silencieuse.

Epoque Meiji

L'ouverture sur l'Occident à partir de 1868 provoque un engouement pour la peinture à l'huile. Se dessine une nouvelle peinture, dite nihonga ou peinture japonaise. Elle recourt aux techniques traditionnelles, et introduit diverses influences, notamment celle des Kanō, Tosa, Kōrin, etc. C'est Ernest Fenellosa (1853-1908) ou Fenerōsa, sociologue américain, élève des Beaux-Arts à Boston, qui créée l'Université des Beaux-Arts de Tōkyō. L'huile devient la technique dominante. Certains reviennent au yamato-e (images du Yamato = Japon), d'autres aux sources chinoises, d'autres au style du suiboku-ga. La peinture reste, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, attachée aux courants littéraires.

Eres Taishō (1912-1926) et Shōwa (1926-1989)

Les artistes japonais rapportent de leurs séjours en Europe les héritages de l’impressionnisme. Parmi les avant-gardes des années 1920, le Manifeste Mavo s’inscrit dans la mouvance du futurisme et du constructivisme : Yanase Masamu pratique le photomontage. En réaction, le mouvement Inten regroupe les artistes qui se détachent des courants occidentaux.

L’ère Shōwa (1926-1989) est marquée par le talent de Sōtarō Yasui et Ryūzaburō Umehara, proches de Matisse pour le premier, Renoir pour le second. Umehara fonde le groupe Kokuga-kai, et est le premier à accepter des photographes dans son collectif.

A partir des années 1930, le surréalisme devient un phénomène. Le club surréaliste ACC (1930-1942) s’illustre dans la photographie créative, le collage hérité du cubisme et du surréalisme.

Saburō Hasegawa, rentré d’un voyage en Europe en 1929, apporte l’art abstrait au Japon. L’abstraction profite du raffinement et de la sobriété japonaise. Le renouveau de l’art japonais est apporté par Yoshihara Jirō, à la tête du mouvement avant-gardiste Gutai. Il se réclame de Jackson Pollock, prône le matériau brut, et ouvre la voie au happening.

La Seconde Guerre mondiale, synonyme de censure et de propagande, limite l’art aux thèmes patriotiques.

Estampes

Ces œuvres, qui intègrent images et textes, sont en vérité des xylographies, car gravées sur un bloc de bois. Les plus connues se développent à l'époque Edo et sont des ukiyo-e, ou images du monde flottant.

Les amateurs européens d'estampes japonaises font souvent référence aux estampes érotiques. Cet art appelé shunga suit la littérature sensuelle. Les shunga illustrent les romans un peu lestes. Les origines des shunga restent empreintes de la volonté d'exprimer le naturel de la relation physique selon les croyances shintō, dégagées de toute pudeur de type judéo-chrétien. Les shunga participent d'une certaine façon à l'éducation sexuelle des amants et des futurs mariés.

Photographie japonaise

La pratique de la photographie n’entre véritablement dans la culture nippone que dans les années 1950.

Le contestataire Ken Domon (1909-1990) est rapidement placé sous surveillance policière en raison de son regard empli d’humanité. Il documente le chômage, la misère, la tristesse d’un peuple. Sa série Hiroshima montre au monde entier les survivants de la bombe atomique. En parallèle, il photographie la société traditionnelle, notamment les temples bouddhistes.

Araki Nobuyoshi, né en 1940, fait entrer la notion d’intimité dans la photographie. Sa démarche, qu’il qualifie de « Erotos », s’ancre à la fois dans le désir de sexe et de vie, et dans l’attrait pour la mort.

Daido Moriyama et Shomei Tomatsu sont animés par une passion commune pour Tokyo.

Sculpture

La plupart des productions sont tout d’abord liées à la tradition bouddhique. L’école Unkei, à la fin du XIIe siècle, contribue à l'élévation de cet art au Japon.

Dans le Japon moderne, particulièrement à Tōkyō, statues et monuments participent au paysage urbain. Le bois et les matériaux naturels ont la faveur des sculpteurs contemporains.

Takashi Murakami et foisonnement contemporain

Takashi Murakami (né en 1962) aime mettre en scène une figure à grosse tête, Dob, devenu son autoportrait. Son art est fortement imprégné de l’univers des mangas et des otakus. Ce digne héritier de Warhol se forme tout d’abord au nihonga. Ses œuvres colorées font appel à la sculpture, à la peinture, aux installations et à la vidéo. En 2001, il prend la tête du mouvement néo-pop Superflat, qui affirme l’autonomie nippone face aux références occidentales. Murakami expose dans le monde entier.

Murakami a par ailleurs réalisé les clips It Girl de Pharrell Williams et You Should see me in a crown de Billie Eilish.

Depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, une nouvelle génération d'artistes émerge dans le Tōhoku et ses environs. À l'opposé du superflat, qui renvoie une image parfois superficielle du Japon, leurs œuvres se montrent plus réalistes et engagées. Cette vague post-Fukushima exprime les doutes et les déceptions d'un peuple confronté aux enjeux de la nucléarisation et de la reconstruction. Dans le Tōhoku, plusieurs institutions jouent un rôle majeur pour valoriser cet art contemporain. Le Musée d'Art d'Aomori (Aomori Museum of Art) se distingue par ses expositions innovantes qui mêlent art moderne et culture locale, accueillant aussi bien des artistes japonais qu'internationaux. Non loin de là, le Musée d'Art de Hirosaki offre un espace pour découvrir des œuvres contemporaines dans un cadre qui allie l'histoire et la modernité, valorisant les talents régionaux. À Niigata, ville à la croisée des influences culturelles, le Niigata City Art Museum propose une collection riche d'œuvres modernes et contemporaines, avec un accent sur les artistes liés à la région du Hokuriku et du Tōhoku. Ce musée s'investit dans la promotion d'un art ancré dans les réalités sociales et environnementales locales, en écho aux préoccupations post-2011. Ainsi, dans ces territoires marqués par l'histoire et les défis contemporains, l'art contemporain se fait miroir des transformations sociales. Ces musées et centres d'art jouent un rôle clé dans la reconnaissance d'une scène artistique vibrante, loin des grandes métropoles, et pourtant profondément connectée au Japon d'aujourd'hui.