Le Sansad Bhavan où siège le parlement indien © Amit kg - Shutterstock.Com.jpg

Structure étatique

L’Inde est devenue une république parlementaire fédérale en 1950, lors de l’entrée en vigueur de la constitution trois ans après l’indépendance du pays. Les institutions politiques créées sont inspirées du modèle parlementaire britannique, le système de Westminster. Le gouvernement fédéral est scindé en deux pouvoirs : le gouvernement central d’un côté, et les gouvernement des États et des Territoires de l’Union de l’autre. Ce système fédéral permet à ce pays, qui possède une vaste diversité ethnique, linguistique, religieuse et culturelle, de maintenir une certaine cohésion nationale grâce à une autonomie politique suffisante accordée aux États.

Gouvernement central. Le président de la République, élu pour un mandat de 5 ans, est le chef de l’État. La fonction est principalement symbolique et le président détient en réalité peu de pouvoir. L’actuelle présidente est Droupadi Murmu, membre du parti du BJP, en poste depuis le 22 juillet 2022. Le gouvernement central est dirigé par le Premier ministre, qui possède l’autorité sur le pouvoir exécutif. C’est lui qui choisit les ministres du gouvernement avec l’aval du président. Depuis 2014, le poste de Premier ministre est occupé par l’inamovible Narendra Modi du BJP. Le gouvernement central possède les pleins pouvoirs en ce qui concerne la politique étrangère, la défense du pays, la monnaie nationale, la citoyenneté, les impôts sur les revenus non agricoles, les infrastructures routières et le réseau ferroviaire.

Gouvernement des États et des Territoires de l’Union. L’Inde est constituée actuellement de 29 États et de 8 Territoires de l’Union, assemblés en fonction de similarités linguistiques depuis l’indépendance du pays. Cette politique est encore en mouvement, l’État du Telangana a ainsi été créé en 2014 et le Ladakh est devenu un Territoire de l’Union en 2019. Chaque État possède un gouverneur choisi par le président. Le gouvernement d’État détient l’autorité sur l’ordre public, la santé, l’administration, l’impôt agricole, ainsi que sur les taxes sur l’alcool et les divertissements. Les Territoires de l’Union possèdent une autorité plus limitée que les États mais ont le pouvoir de créer ou de modifier les frontières des États inclus dans l’Union.

Pouvoir législatif. Le Parlement indien, établi par la constitution en 1950, siège au Sansad Bhavan, à New Delhi. C’est un parlement bicaméral constitué d’une chambre haute, la Rajya Sabha (Conseil des États) et d’une chambre basse, la Lok Sabha (Chambre du Peuple). La Rajya Sabha compte 245 membres qui sont élus indirectement par les assemblées législatives des États et des Territoires, à l’exception de douze membres nommés directement par le président pour leur expertise dans des domaines spécifiques (sciences, arts, sports, etc.). La Lok Sabha est constitué de 543 membres élus par les citoyens des États et des Territoires, et 2 membres choisis par le président pour représenter la communauté anglo-indienne (métis indiens et britanniques chrétiens restés après l’Indépendance), qui de nos jours compte 150 000 individus environ. Depuis peu, des sièges sont réservés aux membres des minorités des tribus répertoriées dans un souci d’équité. Tout citoyen de plus de 18 ans bénéficie du droit de vote mais il faut avoir plus de 25 ans pour pouvoir être élu à la Lok Sabha. Les États et Territoires fonctionnent de la même manière, avec pour chacun une assemblée législative (Vidhan Sabha), et un gouverneur nommé par le président de la nation.

Pouvoir exécutif. Le président est le chef constitutionnel du pouvoir exécutif et le commandant des Forces armées du pays. En réalité, l’exécutif est dirigé par le Cabinet, ou Conseil des ministres, avec à sa tête le Premier ministre.

Pouvoir judiciaire. La Cour suprême est l’autorité juridique la plus élevée du pays. Elle est notamment chargée de régler les différents et les litiges entre le gouvernement central et les gouvernements des États et des Territoires.

Partis politiques

Dans sa grande diversité, le pays abrite plus de 200 partis politiques. Les deux partis majeurs sur le plan national sont le Congrès national indien et le BJP.

Le Congrès national indien (Indian National Congress ou INC). Fondé en 1885, à l’époque du Raj britannique, il devient par la suite le parti le plus actif dans le mouvement de l’Indépendance de l’Inde, sous l’égide notamment de Jawaharlal Nerhu et du Mahatma Gandhi. Le Congrès est l’acteur politique majeur du pays de 1947 à 1970. Après avoir pris un virage socialiste, le parti s’oriente à la fin des années 1980 vers des tendances plus libérales. Aujourd’hui, il est un parti laïc de centre-gauche. Sa popularité dans le pays a été ébranlée par des affaires de corruption et il a connu une défaite cinglante lors des élections législatives de 2014.

Le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien ou BJP). Fondé en 1980, c’est un parti de droite orienté vers le nationalisme hindou, avec des tendances conservatrices et libérales. Jagat Prakash Nadda est le président du parti depuis janvier 2020. Le BJP possède une force politique considérable dans le pays, notamment grâce à sa domination dans la région appelée « Hindi Belt », qui regroupe tous les États parlant hindi au nord et à l’ouest du pays. Ce parti exacerbe les sentiments religieux des hindous afin d’accroître le nombre de ses électeurs dans le sud du pays. En 2014, le BJP est le grand vainqueur des élections législatives en raflant 31 % des suffrages et Narendra Modi est nommé Premier ministre du pays. Après avoir fait campagne en surfant sur une idéologie populiste nationaliste et en misant sur les sentiments identitaires et sécuritaires, et ce malgré un bilan économique décevant, le BJP a été conforté au pouvoir lors des élections législatives de 2019 en obtenant 37,5 % des suffrages.

Défense

Le commandant suprême des Forces armées indiennes est le président de la République. En 2019, la puissance militaire regroupe plus de 1 350 000 soldats et 2 845 000 réservistes. La défense du pays revêt un intérêt capital pour l’Inde, qui a été impliquée dans trois guerres différentes depuis 1947. Afin de pouvoir rivaliser avec les pays voisins et ennemis, le Pakistan et la Chine, l’Inde s’est elle aussi dotée de l’arme nucléaire en 1974. Aujourd’hui, l‘Inde possède une impressionnante puissance militaire, avec des missiles balistiques moyenne et longue portée, des centaines d’avions de combat, des tanks, des véhicules blindés, ainsi qu’une flotte navale d’envergure.

Politique étrangère

La politique extérieure de l’Inde se résumait jusqu’au début des années 1990 à une politique de non-alignement avec les grandes puissances du monde. C’est d’ailleurs à l’initiative de Jawaharlal Nerhu et d’autres leaders mondiaux qu’est créé le Mouvement des Non-Alignés en 1961. Cette organisation regroupe des États qui ne souhaitent ne prendre parti ni pour le bloc de l’est, ni pour le bloc de l’ouest durant la guerre froide. Son but est de lutter contre toute forme de colonialisme, de ségrégation et de racisme. Depuis son indépendance, l’Inde a conservé son adhésion au Commonwealth et le pays est membre de l’Association asiatique du Sud pour la coopération régionale (SAARC), mais pas de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Depuis le début des années 1990, l’Inde essaie d’apaiser les relations tendues avec ses puissants voisins (Pakistan et Chine) et forme de nouvelles ententes avec les grandes puissances. Considérée comme une puissance économique et politique émergente, l’Inde s’ouvre davantage vers l’extérieur. Le pays entretient et développe ses rapports diplomatiques avec les autres pays. En 2004, l’Union européenne et l’Inde établissent un partenariat stratégique de coopération. En 2006, un accord de coopération nucléaire avec les États-Unis lui permet d’acheter de l’uranium et l’Inde devient alors la 6e puissance nucléaire mondiale. En décembre 2022, l’Inde préside le sommet du G20. Dans le domaine de la conquête spatiale, le pays peut compter sur les progrès technologiques réalisés par l’Indian Space Research Organisation (ISRO), l’agence spatiale nationale, qui  conçoit et lance des satellites et des sondes. L’Inde projette même d’envoyer une mission habitée dans l’espace dans un futur très proche.

Politique intérieure

En poste depuis 2014, Narendra Modi continue de moderniser le pays et de tenter de combler le fossé économique entre les pauvres et la classe moyenne. En 2016, il lance une grande campagne de démonétisation des billets de 500 Rs et de 1 000 Rs afin de lutter contre la corruption, un véritable fléau en Inde. La démonétisation crée une véritable onde de choc dans un pays où la majorité des transactions s’effectuent en liquide. Le défi majeur auquel doit faire face le Premier ministre est l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, qui représentent près de la moitié de la population du pays. Les fermiers sont surendettés, leurs revenus baissent et ils éprouvent de plus en plus de difficultés à survivre. Les paysans du pays ont organisé des manifestations de grande ampleur à Delhi pour manifester contre les lois sur l’agriculture en 2020, que le gouvernement a finalement supprimées.

Enjeux actuels

Les élections législatives nationales de 2024 vont pouvoir mettre en lumière la capacité du BJP à conserver son aura, après une mauvaise gestion de la crise sanitaire en 2021-2022 et la récession économique qui en a découlé. Fort de son leader charismatique Narendra Modi, le BJP souhaite étendre davantage son influence sur la politique du pays. Pour le Congrès national indien, les enjeux sont différents : le parti doit freiner sa chute dans les sondages depuis 2014, redorer son image ternie par les affaires de corruption et moderniser ses campagnes électorales basée sur des stratégies obsolètes. Le Congrès doit également s’ouvrir davantage à des alliances avec les partis politiques régionaux pour saisir l’opportunité de constituer une opposition politique de poids.