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Entre ciel et terre, le génie créatif de l'homme

Au fil de l'histoire, les habitats troglodytes occupaient des fonctions défensives, culturelles, funéraires, économiques, et servaient même de refuges. Dès l'ère préhistorique, on s'installait ainsi, temporairement ou définitivement, en aménageant un habitat souterrain ou en le creusant dans la roche. On creusait aussi pour pallier la dureté de l'environnement, temporiser le milieu aride environnant, quand le paysage était – ou est – dépourvu d'arbres. Ces cités troglodytes tirent parti de sites improbables, comme de falaises. Initialement, ce sont des grottes naturelles. À la base très rudimentaire, leur architecture est devenue de plus en plus sophistiquée. Ces simples excavations creusées dans la roche se transforment, au fil du temps, en véritables cités souterraines, dotées de kilomètres de galeries et de dizaines d'étage, comme sur le site de Vardzia. L'homme s'adapte à son milieu : il sculpte à mains nues les falaises, les escarpements ou encore les versants des vallées pour les rendre vivables. Ces trois sites incarnent la richesse culturelle de la Géorgie à chaque période de l'histoire.

Le site d’Uplistsikhe

On l’appelle la « cité de Dieu ». Son histoire commence entre le Ier et le IIe millénaire. Elle constitua un important centre économique, religieux et culturel pendant la période hellénistique entre le IVe siècle av. J.-C. et le IVe siècles de notre ère. Son apogée se situe entre les IXe et XIe siècles. Elle constituait une étape importante sur la route de la soie, mais elle connut un lent déclin dès que le roi David le Reconstructeur choisit Tbilissi comme capitale. Les armées mongoles la réduisirent en cendres au XIIIe siècle. À l'origine, il existait 700 grottes, dont 150 subsistent encore de nos jours.

Le site de David Gareja

Rendons hommage à ces moines qui installèrent des monastères sur les sites naturels les plus improbables, les plus inaccessibles, mais aussi les plus beaux. Ainsi, au VIe siècle, David Gareja et ses disciples auraient fondé le monastère le plus ancien. Le complexe comprend 19 monastères dont 5 000 cellules pour les moines. Au Moyen Âge, ces monastères constituaient des centres monastiques et des lieux de pèlerinage très importants. Ceux-ci étaient placés sous la protection des souverains qui étaient chargés de leur entretien. Afin de répondre aux nécessités du quotidien, des grottes faisaient fonction de boulangeries, d’entrepôts, de forges, s'ajoutant aux églises, chapelles et cellules monastiques. On construisait des terrasses à des fins agricoles. Le site est spectaculaire également pour ses peintures murales, des chefs-d’œuvre de l'art médiéval, les plus anciennes datées du VIIIe siècle – l’âge d'or du monastère s'étendant de la fin du Xe siècle au XIIIe siècle. Mais au début du XIIIe siècle, les invasions mongoles donnèrent un coup d’arrêt à la vie monastique. Celle-ci reprit, à plus petite échelle, à partir du XVIIe siècle. Classé au patrimoine de l'Unesco, David Gareja reste un site sacré et un des témoins clés de l’héritage culturel de la Géorgie.

Le site de Vardzia

Classé au patrimoine de l'Unesco, c'est l’un des trésors de la Géorgie. Vardzia est en parfaite harmonie avec son environnement. On peut rendre hommage à sa beauté et surtout à l’ingéniosité de son aménagement. C'est un chef-d'œuvre, unique en son genre : l'ensemble reflète l'alliance du génie architectural humain qui a su tirer le meilleur d'un site naturel sans le détruire. De nos jours, on pourrait en prendre exemple… Le règne de la reine Tamar, de 1184 à 1213, symbolise l’âge d'or de l'histoire de la Géorgie. C'est en cette période que le site, qui occupait une fonction stratégique, fut le plus développé.

L'histoire raconte qu'à l'origine, seul un accès secret y conduisait. Creusé à flanc de falaise, cet ensemble monastique, surplombant un canyon, est spectaculaire.  Plus tard on édifia des forteresses, en réseau, pour le protéger. Au départ un simple monastère, il fallut quarante-huit ans pour transformer le site en véritable ville souterraine, conçue pour accueillir 50 000 personnes. Elle comprenait des bibliothèques, des habitations, des boutiques, un réseau de canalisations acheminant l'eau… Vardzia avait une fonction défensive, contre une éventuelle invasion venue du sud : les Turcs. Au fil du temps, le site devint progressivement une véritable cité. À son apogée, l'ensemble comptait 3 000 grottes, organisées sur 13 étages, dont 360 pièces d'une capacité d’accueil de 5 000 personnes. Celles-ci étaient reliées entre elles par des tunnels.

L'aménagement des lieux a permis l'apparition de nouveaux chefs-d’œuvre : les peintures murales, ornant les parois des grottes et datées du Xe au XVIe siècles, sont remarquables dans l'art pictural médiéval. Ces vestiges racontent le quotidien des habitants, où aucun détail n'a été oublié. Des terrasses avaient été aménagées dans les pentes aux alentours, destinées à l'agriculture. Un site somptueux que l'on peut encore admirer à travers l'agencement des cellules des moines et des structures publiques. Essayez d'imaginer ces lieux : à leur apogée, ils étaient bien plus imposants. Malheureusement, un tremblement de terre, survenu en 1283, détruisit un tiers du site.

Naissance d'une légende… et d'un nom

Une légende raconte que la petite Tamar, future grande reine de Géorgie, partit un jour accompagner son père, le roi Georges III, et sa cour. Alors qu'ils étaient en pleine chasse, la petite princesse partit explorer les grottes. Inquiets de ne plus la voir parmi eux, le roi et les nobles partirent à sa recherche. « Sad Khar, Tamar ? » (Où es-tu, Tamar ? criaient-ils). « Ar var Dzia ! » (Je suis là, mon oncle, répondit-elle, selon la façon respectueuse de s'adresser à une personne plus âgée.) Vardzia était née.