Représentation au Royal Ballet Theatre, Luang Ptabang © Kobby Dagan - Shutterstock.com.jpg

La musique classique et traditionnelle

La musique classique au Laos, désignée par le terme « peng Lao deum » (« chansons traditionnelles laotiennes ») décrit la musique de la cour royale. Mais interdite sous l’ère communiste car considérée comme élitiste et bourgeoise, cette musique de cour – certainement influencée par les anciennes traditions khmères – a pratiquement disparu. Demeure aujourd’hui une musique traditionnelle, jouée par deux types d’orchestres : les Sep Nyai et Sep Noi (également appelé « Mahori »). Le premier a des faux airs de piphat thaïlandais et pratique une musique cérémoniale et formelle riche en instruments traditionnels : kong vong (gongs), ranat (xylophone), pi (hautbois), grosses caisses et ensembles de sing (cymbales similaires au ching thaïlandais). Le second, le Sep Noi, joue des airs populaires, notamment lors de noces et comprend un ensemble d’instruments iconiques du pays : le sô u, vielle dont le résonateur est fait d’une noix de coco fermée par une plaque de bois et qui se joue avec un archet de crin, le sô i très similaire au précédent mais légèrement plus petit et recouvert d’une peau de python au niveau du résonateur, et enfin le khene, l’instrument national, formé de deux rangées de flûtes en bambou portant des anches libres en métal.

À ranger parmi les traditions musicales laotiennes, citons le lam luang, forme théâtrale chantée s’approchant de l’opéra mais offrant une large place à l’improvisation, l’action et la danse. Orchestré avec des instruments traditionnels et/ou occidentaux, le lam luang continue d’être très pratiqué, souvent par de larges troupes, traitant de sujets aussi bien traditionnels que de société comme le SIDA ou la drogue.

À Luang Prabang, le Nava Meekong propose de belles balades sur le Mékong ainsi que des croisières-dîners où l’on peut non seulement admirer le coucher de soleil sur le fleuve mais aussi profiter d’un spectacle de musique et de danses traditionnelles. Un inratable. On entend aussi beaucoup de musiques traditionnelles lors des diverses fêtes, comme le Nouvel An, la Fête des Fusées (manifestation se tenant aux alentours de mai-juin pour invoquer le retour de la pluie avant la reprise de la culture du riz) ou encore le Festival de Vat Phou. Les soirs de pleine lune, Vat Phou scintille de mille feux. Des bougies sont réparties tout autour du site et des concerts de musique traditionnelle sont aussi organisés à cette occasion.

Les musiques folkloriques et populaires

Très populaire, la musique folklorique laotienne semble inoxydable et continue inlassablement de rythmer les festivités locales. L’expression musicale la plus populaire est sans aucun doute le mo lam (ou mor lam ou maw lam). Considéré comme plus traditionnel que son homonyme thaïlandais, le mo lam laotien fait s’affronter des paires de chanteurs lors de joutes improvisées pleines de gouaille et d’humour. Si les formes varient selon les régions, les types les plus courants de mo lam voient soit des couples homme/femme mimer le flirt et/ou la romance, soit deux membres du même sexe batailler dans un duel de questions-réponses, le tout parfois costumé. Selon les régions, le mo lam peut aussi être le véhicule de rituels d’exorcisme, de contes de célébration ou encore de transmission des légendes locales. Souvent orchestrées, ces joutes sont rythmées aux sons de l’incontournable khene, du, du phin (luth), du sing et de tambours.

Le mo lam et ses acrobaties poétiques sont un art particulièrement prisé des Laotiens. On ne devient pas artiste de mo lam du jour au lendemain, la formation est aussi difficile que longue, ce qui confère aux meilleurs du genre un véritable statut de stars.

La musique actuelle

C’est la présence coloniale française qui, au début du XXe siècle, introduit des styles de musique occidentaux au Laos. Dès les années 1920, Ventiane regorge de clubs et salles de concert jouant de la musique moderne. On voit d’ailleurs à l’époque apparaître un mouvement de métissage entre musiques française et laotienne, de grands standards des années 1920, 1930 ou 1940 étant adaptés pour l’audience locale. Un phénomène qui prendra fin sous l’ère communiste, la musique occidentale devenant dès lors considérée à la fois contre-révolutionnaire et décadente.

Aujourd’hui, la jeunesse laotienne est de plus en plus adepte de la musique internationale et des variétés thaïlandaises diffusées à la télévision et dans les émissions de divertissement. La pop thaïe et l’inévitable K-pop (la pop coréenne) sont très écoutées par les jeunes Laotiens et, par la même occasion, très copiées par l’industrie du disque locale. D’ailleurs, la pop music locale se porte plutôt bien et regorge d’artistes joués massivement sur les ondes du pays. Parmi eux, Alexandra Bounxouei est une des vedettes les plus populaires. Dans son sillage, Sam Intharaphithak, chanteur R&B de Vientiane et de CELLs, le plus grand groupe de rock laotien, connaissent un beau succès.

Dans la capitale, il est courant de trouver un concert de pop laotienne dans des adresses comme Paris Cocktail, bar concert tenu par un jeune Franco-Lao ainsi qu’au Galaxy, boîte de nuit typiquement lao, avec une programmation de musique live. À Luang Prabang, le Muang Swa propose pas mal de groupes locaux dans une ambiance traditionnelle bon enfant.

La danse

Au Laos, on distingue la danse populaire, Lam Vong, pratiquée dans les fêtes familiales, et la danse classique, interprétée au théâtre.
 Le Lam Vong est traditionnellement pratiqué dans l’ensemble du pays. Dansé en couple, au son du khene, du khong et du sô, il consiste en une ronde où les protagonistes tournoient doucement et bougent les mains avec grâce pour exprimer des sentiments. Chaque geste est codifié. A l’inverse des danses européennes, ce ne sont pas les pieds mais les mains qui jouent le rôle le plus important. Ces dernières se meuvent toujours en opposition l’une par rapport à l’autre, c’est-à-dire que pendant que la main gauche est ouverte, paume vers le bas, la main droite, elle, dont le pouce et l’index se touchent, remonte vers le haut, avec flexion du poignet. Les mains des partenaires ne doivent jamais se toucher. Aujourd’hui cette danse populaire est pratiquée dans les fêtes comme dans les discothèques. Un nom à retenir dans le domaine est Kong Seng Pongphimkham, l’une des plus grandes danseuses laotiennes. Elle qui a commencé la danse à l’âge de 8 ans a donné au cours de sa carrière de nombreuses représentations aussi bien au Laos - notamment pour le président Kaysone – que sur les scènes du monde, du Japon à la Russie en passant par la France.

La danse classique, elle, résulte d’un lent enchaînement de postures corporelles (68 au total) exécutées au son d’un orchestre traditionnel, et faisant référence aux épisodes du Phra Lak Phra Lam : Ramayana Lao. De nombreuses années d’apprentissage sont nécessaires pour acquérir une parfaite maîtrise.

Pour voir de la danse sur scène, la capitale offre de nombreuses options. Une des plus appréciées est le Yensabai Show à Vientiane, spectacle réputé (et approuvé par le ministère de la Culture) où l’on peut assister à une dizaine de danses lao traditionnelles exécutées par des danseurs professionnels. On peut aussi en voir en dînant au Kualao Restaurant ou en se rendant au National Cultural Hall, gigantesque bâtiment orné de dorures, construit par le gouvernement chinois à la fin des années 1990 et proposant aussi de la danse classique.