Le coton, principale ressource du pays © Fabian Plock - Shutterstock.com.jpg
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L’agriculture, entre coton et noix de cajou

Aujourd’hui, l’agriculture représente encore quelque 25 % du PIB. Les cultures vivrières (igname, manioc, patate, maïs, mil, sorgho, niébé, arachide) assurent une autosuffisance alimentaire relative, mais dégagent de très faibles revenus monétaires, du fait de la petite taille des exploitations. En revanche, la culture du coton, pratiquée essentiellement dans le Nord et l’Est, et dans une moindre mesure dans le centre, est plus rémunératrice et assure plus de 75 % des recettes à l’exportation. Autre culture industrielle, la noix de cajou, qui est exportée vers l’Inde et le Pakistan. Quant au palmier à huile qui a été la base de l’économie de traite à l’époque coloniale, il ne présente aujourd’hui une importance que dans les exploitations familiales du Sud, où les femmes utilisent les noix de palme pour faire de l’huile rouge. Enfin, la pêche de type artisanal alimente un petit flux d’exportation de crevettes.

Une industrie dominée par… le coton

L’industrie est un secteur qui se développe lentement au Bénin et qui se limite encore à quelques cimenteries, aux usines d’égrenage du coton et à des petites entreprises produisant des biens de consommation, comme l’eau de Possotomé. Elle contribue pour 23 % environ du PIB en 2021, grâce notamment à une production record de coton. Un chiffre en forte hausse, mais qui reste faible par rapport au secteur tertiaire. Si le calcaire d’Onigbolo (qui entre dans la fabrication du ciment) est exploité, d’autres gisements sont encore trop peu valorisés, comme le fer de Lombou-Lombou, l’or de Perma, les phosphates de Mékrou…
Vive l’or blanc ! Au Bénin, le coton est donc la principale ressource. Environ la moitié de la population vit de sa culture. Une culture qui génère près de 40 % des emplois en milieu rural et qui représente 45 % des recettes fiscales du pays en 2021. Une année qui a vu le Bénin devenir le premier producteur africain, alors qu’il n’était encore que 4e en 2016. Et le secteur revient même de plus loin. De tradition très ancienne dans le pays, la production a connu une chute considérable entre 1995 (600 000 tonnes de coton graine produites) et 2010 (195 000 tonnes) son niveau historiquement le plus bas.
Puis, avec la création de la Sodeco (Société de développement du coton), l’Etat a en partie privatisé l’outil industriel de la Sonapra (Société nationale de production agricole). La Sodeco est non seulement chargée de l’achat du coton graine, de l’égrenage et de la vente des dérivés, mais elle a aussi pour mission d’améliorer les rendements et, en aval, d’intervenir dans la transformation des produits finis. Ces changements ont entraîné une reprise sensible de la production qui s'est élevée à 230 000 tonnes en 2013. Depuis l'élection de Patrice Talon en 2016, qui a fait fortune dans le coton, l’Association interprofessionnelle du coton (AIC) a fait son retour et les usines sont retournées dans le secteur privé. Après les 450 000 tonnes de 2017, la production a atteint… 728 000 tonnes en 2021 !

Un secteur tertiaire très dynamique

Au Bénin, le secteur tertiaire représente 52 % du PIB (en 2021) grâce, surtout, au Port Autonome de Cotonou qui concentre une grande part de l’activité économique du pays. C’est en effet une véritable plaque tournante et une porte d’entrée (et de sortie) maritime pour les pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger ou le Nigeria. Ces flux commerciaux sont considérables. Les échanges avec le Nigeria, pour la plupart non comptabilisés car informels, représentent une grande part du PIB. Contrairement à ce que laissent supposer les statistiques du commerce extérieur, le Nigeria exporte aussi au Bénin, le plus souvent clandestinement, des produits pétroliers, du matériel électrique ou électronique, des tissus… Il faut dire que l’économie informelle est très développée au Bénin. Très courant en Afrique de l’Ouest, ce phénomène est, au Bénin, presque palpable. A tous les coins de rue ou presque, on voit de grosses bouteilles en verre remplies d’essence importée du Nigeria en contrebande, par la lagune ou par la route. Même si le gouvernement, en allégeant les formalités, a poussé les stations-service à se multiplier sur les routes. Mais les prix restent plus élevés et le choix est donc vite fait pour la plupart des automobilistes.

Transformations et perspectives d’avenir

L’élection de Patrice Talon a marqué une rupture politique. Dans tout le pays, les chantiers se multiplient, des routes sont créées ou rénovées et le visage du Bénin change radicalement. Seulement, le paysage politique aussi a tendance à changer. Alors que les partis politiques étaient plus de 200 au moment de l’élection de Talon, le président a changé le code électoral pour les réduire, ce qui a eu pour conséquence d’éteindre peu à peu l’opposition. Lors des élections législatives de 2019, seules deux listes, toutes deux favorables au président béninois, sont sur la ligne de départ. Talon a donc acquis le soutien parlementaire à l’issue d’une élection qui a attiré aux urnes à peine 23 % des Béninois (contre 75 % en 2015). Le taux de participation le plus faible de l’histoire du pays. En 2021, il a été réélu avec 86,30 % des voix dès le premier tour. Il faut dire que, suite à une révision constitutionnelle, il fallait les parrainages d’au moins 10 % des députés et maires pour pouvoir se présenter. Des élus quasiment tous acquis à la cause présidentielle.
Si les soubresauts politiques ébranlent régulièrement l’opinion publique, le gouvernement continue de réformer et de lancer des chantiers.
L’un des enjeux dans les prochaines années sera de développer l’agriculture. Il faut dire que le Bénin a un immense potentiel qui reste à exploiter, car aujourd’hui à peine 25 % des terres arables sont exploitées. Une nécessité renforcée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, puisque le Bénin achetait avant le conflit 100 % de son blé à la Russie.
Du côté de l’industrie aussi des projets sont en cours. Par exemple, à 45 km de Cotonou, un partenariat public-privé a permis la future ouverture de la zone industrielle de Glo Djigbé (GDIZ), prévue pour entrer en service fin 2022. « Cette zone économique spéciale est conçue pour être un parc industriel moderne respectant les normes environnementales et sociales les plus élevées. Elle est destinée à fournir des services à différentes industries, ce qui en fait une zone multisectorielle intégrée axée sur l'industrie agroalimentaire autour de la transformation locale de la noix de cajou, de l'ananas, de la noix de karité et du soja, ainsi que du coton local en textile », a expliqué Laurent Gangbes, directeur général de l'Agence de promotion des investissements et des exportations (APIEx) du Bénin.

Le tourisme, un véritable axe de développement

Bien que la croissance ait été assez forte ces dernières années, le niveau de vie de la population ne s’est pas véritablement amélioré. Car la croissance démographique reste élevée. Il faut noter que le salaire mensuel minimum béninois est de 40 000 FCFA (soit à peine 60 €) et que très souvent il n'est même pas respecté… Le Bénin appartient d’ailleurs au groupe des « pays les moins avancés » (PMA, 46 pays dont 33 en Afrique). Pour y remédier, le tourisme et la mise en valeur de l’histoire et de la culture béninoise fait partie des axes de travail du gouvernement de Patrice Talon depuis les premiers mois de son premier mandat.
Car il y avait du pain sur la planche. Après une longue période d’isolement, le Bénin s’était en effet déjà quelque peu ouvert au tourisme. Mais les infrastructures hôtelières et touristiques (agences de voyages, transports intérieurs) étaient limitées et inégalement réparties dans le pays.
Le gouvernement Talon a donc pris les choses en main pour redynamiser ce secteur en lançant de grands projets. L'ONG sud-africaine African Parks a repris la gestion du Parc de la Pendjari (et de ses infrastructures) en 2017, avant de récupérer celle du parc du W en 2020.
Dans le sud du pays, un grand chantier pour assainir la lagune à Ganvié a débuté en 2018 et le Club Med va ouvrir un Eco-Resort sur la route des Pêches, vers Avlékété. La construction devrait démarrer à la fin de l’année 2022. Une ouverture qui devrait être accompagnée par la création d'une digue sous-marine pour limiter l'érosion et rendre le littoral baignable à cet endroit-là. Avec 330 chambres prévues et un golf posé sur 25 hectares entre mer et lagune, cela promet de changer le visage touristique de la Route des Pêches. Une Route des Pêches qui a déjà pour moitié été goudronnée et devrait l’être entièrement, de Cotonou à Ouidah sous peu. Ce qui a eu pour conséquence de voir les plages, bars et restaurants se multiplier dans le quartier en pleine expansion de Fidjrossè. Ouidah ne sera donc plus qu’à quelques dizaines de minutes de Cotonou. Et la cité historique promet d’avoir bien changé d’ici là. L’incontournable Fort Portugais, fermé et en pleine restructuration à l’heure où nous écrivons ces lignes, va accueillir fin 2022 ou début 2023, le Musée international de la mémoire et de l’esclavage (Mime). Un musée de 662 m² flambant neuf qui aura pour ambition de penser la traite négrière « du point de vue africain ». A Ouidah toujours, la Maison du gouverneur, tout juste rénovée, accueillera les 26 trésors royaux d’Abomey restitués par la France fin 2021, 129 ans après leur vol, et exposés dans un premier temps en grande pompe au palais présidentiel. Ils avaient été pillés par les troupes coloniales françaises du général Alfred Dodds. Et c’est la première importante restitution de ce genre à un pays africain. Côté tourisme, les étapes de la Route des esclaves seront mieux mises en valeur. Sinon, dans la capitale administrative Porto-Novo, il est prévu la construction d'un Musée des Arts et Civilisations Vodoun. On a aussi parlé d’un musée à Abomey, alors qu'au Nord, la reconstruction à l’identique du palais royal de Nikki ou la construction d'une arène pour la Fête de la Ganni ont été envisagées. Bref de grands projets, amenés à bouleverser durablement et positivement le secteur.