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Terre de jazz

« Quand le jazz, quand le jazz est là. La samba s’en, la samba s’en va ! » Ces paroles chantées par Claude Nougaro - né à Toulouse et élevé dans le quartier des Minimes évoqué dans sa chanson « ô Toulouse » - attestent de l’importance des formations musicales constituées autour du jazz. Son histoire remonte au début des années 30, quand les terrasses du café des Américains et de l’Albrighi, (deux grands établissements concurrents situés au carrefour de Jean-Jaurès) accueillaient un nouveau public conquis par cette musique venue d’Outre-Atlantique. En décembre 36, Michel Tapié de Céleyran et Paul Ollé fondaient le premier Hot-Club de Toulouse visant à défendre cette musique, donnant une place importante à l’improvisation et aux accents rythmiques syncopés. De nos jours, une salle passionnée vous accueille : Le Taquin (rue des Amidonniers) ainsi que plusieurs festivals tels que Jazz sur son 31 (Haute-Garonne) ou JIM-Jazz In Marciac (Gers) attirant des artistes internationaux sur leurs scènes champêtres ou plus intimistes mais tout aussi exigeantes et passionnées. Le jazz étant bien ancré en Gascogne, le collège Aretha Franklin de Marciac propose dans ses programmes scolaires des heures d’initiation ! En conséquence, pour écouter du jazz toute l’année, passez par le Midi-Toulousain.

Les musiques actuelles

Dès la fin des années 80, la scène musicale toulousaine fait parler d’elle. Le groupe Image enflamme les soirées estivales avec sa chanson Les démons de Minuit tandis que le groupe de rock tarnais, Gold, nous emmène Un peu plus près des étoiles, nous faisant verser une larme sur Capitaine abandonné ! La vague électropop ou New Wave révèle l’auteur-compositeur-interprète, Jean-Pierre Mader, qui enchaine les succès. Comme de nombreux artistes de sa génération, derrière des musiques entrainantes se cachent des sujets de sociétés aux thématiques graves comme dans sa chanson Macumba. Très engagé et militant, le groupe Zebda connaît un vif succès auprès du public et des critiques avec les albums Le Bruit et l'Odeur (1995) et surtout Essence ordinaire (1998) pour lequel ils reçoivent de nombreuses distinctions. Magyd Cherfi rédige les textes du groupe. Désormais, il est un romancier reconnu, notamment pour Ma part de Gaulois (2016) et La part de sarrazin (2020) tous deux publiés chez Actes Sud. Aujourd’hui encore, Tomber la chemise ambiance les dancefloors. Et qui n’est pas Motivé ?

La nouvelle génération au sein de la région a également ses artistes phares : Cats on trees, groupe pop rock originaire de Toulouse, révélé en 2010 au Printemps de Bourges ; Jain – auteure-interprète reconnaissable à sa robe noir au col Claudine et à ses looks affirmés - dont le style musical mélange la pop avec de nombreux autres genres musicaux : électronique, reggae et diverses musiques du monde inspirées par ses nombreux séjours à l'étranger. Les frères rappeurs BigFlo et Oli écrivent des textes incisifs appuyés par des actions sur les réseaux sociaux et les plateformes de téléchargement. Leur titre Sacré bordel (2022) s’accompagne d'un clip tourné place du Capitole à Toulouse, les deux artistes sont installés dans un cube en plexiglas ensuite transporté en différents endroits de France. Le morceau est plus politique que les précédents : la France avec ses défauts et ses qualités en est le thème central. Jeune artiste nommé Album révélation de l’année, en 2019 lors de la 34e cérémonie des Victoires de la musique pour Îl, Foé démarre une carrière. Où le conduira-t-elle ?

Des salles de concerts iconiques : le Bijou et le Bikini.

Certainement dans l’une des salles de concert incontournables de la région. A Toulouse, Bijou et Bikini font salle comble depuis près de quarante ans ! Salles indépendantes, chacune avec un parti pris affirmé. Le Bijou était un bistrot de quartier, situé Croix-de-Pierre, avant de devenir une salle de concerts en 1987. Le resto est toujours actif, on peut s’y restaurer midi et soir, dans un esprit à la fois cantine et bistro ! Au fil des années, il est devenu un lieu de référence en matière de découverte de nouveaux artistes, un réel “dénicheur de talents”. Nombreux sont ceux qui ont défilé sur cette petite scène (Zebda, les Têtes Raides, Bénabar ou Cali) bien avant leur reconnaissance par le grand public. Le Bikini organise 200 concerts par an. La salle de spectacle a une capacité modulable sur deux niveaux, allant de 400 à 1 500 places. Des concerts immersifs proches des artistes, c’est son ADN. Depuis 10 ans, début juin, y est organisé le Week-end des Curiosités : au bord de la piscine, deux jours de concerts non-stop avec artistes confirmés ou émergents, français ou internationaux.

Autres salles : le Chorus ouvert en juin 2020, au 144 avenue de Muret. Le mardi, c’est scène ouverte à tous les talents de la scène artistique, le mercredi c’est soirée karaoké à partir de 20h30 avec pas moins de 36 000 chansons référencées. Chacun peut alors pousser la chansonnette. Sinon, le vendredi c'est Jam session, les musiciens de jazz (et pas que) peuvent faire un bœuf sur scène ; et le Métronum, situé dans le quartier de Borderouge, en bout de ligne du métro. Acoustique impeccable, salle de 600 places, programmation aux petits oignons : Terre Noire, Dick Annegarn, Kid Wise, Berywam… et un Festival pour valoriser la musique au féminin : la Women Metronum Academy. Près de 300 artistes féminines proposent leurs projets musicaux qui, une fois sélectionnés, bénéficient d’un accompagnement professionnel comprenant séances de coaching et formations personnalisées. A l’issue de quoi, les artistes et leurs mentores, Flavia Coelho et Sônge, se produisent sur scène.

Place au lyrique et à la danse

Victor Capoul (1839-1924) ou Mady Mesplé (1931-2020) ont fait résonner leurs voix aux timbres brillants dans les plus grands opéras du monde mais c’est à Toulouse qu’ils se sont exprimés au début de leurs carrières respectives. Le théâtre du Capitole est renommé pour la qualité des opéras qui y sont joués. Installé depuis 1671 dans les murs de l’hôtel de ville, il héberge l’Orchestre National. Complété par la Halle aux grains (3000 places), inaugurée en 1974 sous l’initiative de l’iconique chef d’orchestre Michel Plasson, à l'acoustique exceptionnelle, ils coproduisirent des spectacles lyriques et des concerts de grande envergure et renouvelèrent considérablement le répertoire toulousain. Citons Fidelio en 1977, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg en 1979, Aida en 1981, La Vestale en 1982, Faust (Grand Prix de la mise en scène) en 1983, Montségur (Grand Prix de la critique) en 1985, Otello en 1986 et Nabucco en 1988. Fort de cent vingt-cinq musiciens, l’Orchestre national du Capitole interprète certains morceaux du grand répertoire à l’occasion du Festival des Nuits Musicales en Armagnac à Lectoure (Gers). Côté danse, depuis 2012, le danseur étoile et chorégraphe Kader Belarbi dirige le Ballet national du Capitole, une troupe de 35 danseurs de 14 nationalités différentes, qui ouvre la danse à la génération actuelle en l’inscrivant dans la modernité du style à l’exemple de Toulouse-Lautrec, une création mondiale présentée pour la première fois en octobre 2021. Les danseurs hommes portent des tutus, les danseuses… la moustache.