Le steps strié, visible dans les prairies humides de la région © Miguel Prs - Shutterstock.com  .jpg
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Pelouses sèches et prairies humides

L'association Nature en Occitanie a identifié quatre zones d'intérêt majeur : l'est de Montauban (d'Albias à Verlhac-Tescou) et les vallées du Tescou et du Tescounet ; la vallée de la Vère (entre Castelnau-de-Montmiral et Taïx) ; les coteaux du Lauragais (de Caraman à Puylaurens en passant par Le Faget et Cuq-Toulza) et les coteaux de sud-albigeois (d'Aussac à Denat).

Sur les coteaux, lavande, Aphyllante de Montpellier et de nombreuses orchidées sauvages (dont l'Ophrys jaune) colorent joliment les pelouses sèches. Difficilement cultivables, ces terrains en pente étaient autrefois utilisés comme pâturage, pour les ovins notamment. La végétation rase est constituée majoritairement de plantes herbacées vivaces, on n'y rencontre que très peu d'arbres ou arbustes. De nos jours, ces espaces sont devenus tellement restreints que le pâturage y est très occasionnel, ce qui engendre une évolution naturelle de la végétation et un retour vers la lande (dont les plantes typiques sont la bruyère, les ajoncs ou encore le genévrier) ou la forêt (chênaie pubescente) au détriment de ces pelouses sèches plus riches en biodiversité. Parmi les espèces animales, de nombreux rapaces et passereaux nichent ou chassent dans ces régions.

Les prairies humides sont le plus souvent situées à proximité d'un cours d'eau ou sont alimentées par une nappe toute proche. Ces parcelles inondées une petite partie de l'année jouent un rôle non négligeable pour l'amélioration de la qualité de l'eau : elles filtrent les pollutions diffuses ou capturent les sédiments fins en période de crue. Elles font office d'éponge, diminuant ainsi les risques d'inondations. Par ailleurs, les haies qui les bordent - tout comme les arbres isolés - limitent l'érosion des sols. Non drainées, elles sont impropres à la culture, ce qui a permis leur maintien jusqu'à aujourd'hui. Entretenues par la fauche et/ou le pâturage, elles accueillent des espèces végétales dites « prairiales » comme la fritillaire pintade qui s'accommode plutôt bien du piétinement des bovins, ce qui favoriserait la multiplication de ses bulbes, l'ophioglosse commune, l'orchis à fleurs lâches ou le colchique d'automne.

On recense plus de 550 espèces végétales dont 44 d'intérêt patrimonial, 81 espèces de papillons dont 7 d'intérêt patrimonial, 25 espèces de libellules dont 4 d'intérêt patrimonial, 38 espèces de criquets et sauterelles ; 5 espèces de reptiles ; des sauriens dont le Steps strié, un lézard aux allures de serpent.

Là-haut sur la montagne !

Univers à la fois enchanteur et rude, l’étage alpin est un monde à part, une sorte de continent boréal entre l’Espagne et la France qui héberge une faune et une flore spécifiques. Durant la période glaciaire est arrivée au pied des Pyrénées l’actuelle faune Nord-européenne qui, au moment de la déglaciation, a dû opter entre deux choix : retrouver le froid en altitude ou partir vers le nord. Ceci explique la présence d’espèces semblables en Écosse ou en Scandinavie. Le hêtre commun est l'arbre le plus caractéristique des forêts de l’étage montagnard, un géant qui peut atteindre jusqu’à 40 mètres de haut. Généralement accompagné par le sapin pectiné, et occasionnellement par l’épicéa commun, il est vite remplacé par les bouleaux et le sorbier des oiseleurs lorsqu’on grimpe en altitude. 

La moyenne montagne et la haute montagne se situent au-dessus de 1500 m. Ces étages subalpin et alpin connaissent des conditions climatiques très rigoureuses : enneigés 7 mois sur 12 environ, la période de vie des organismes y est extrêmement brève, limitée aux mois d’été. En revanche le taux d’endémisme y est remarquablement élevé. De nombreuses plantes et animaux ne se rencontrent nulle part ailleurs qu’ici. C’est le cas des trois espèces de Lézards des Pyrénées (seuls reptiles d’Europe strictement montagnards). De plus, ce massif resté très sauvage héberge une faune souvent disparue : ours brun, gypaète barbu… Côte flore, les espèces orophiles - résistant aux températures extrêmes, à des vents puissants, à un manque crucial d’eau et de nutriments - se développent sur les rochers et les éboulis de haute montagne. La forme en coussinet des Androsaces des Pyrénées leur fournit un humus qui retient chaleur et humidité. Chez les orpins, joubarbes et autres saxifrages (dites perce-pierre), leurs feuilles charnues souvent regroupées en rosette sont une adaptation à la sécheresse. Côté arbre, les saules de très petite taille adoptent un port prostré et se plaquent aux rochers pour profiter de leur chaleur. Pour contrer la très courte période de végétation, la renoncule des glaciers va former son bouton floral un an à l’avance tandis que d’autres espèces adoptent des couleurs très vives pour attirer les quelques insectes pollinisateurs qui vivent à ces altitudes.

Plus bas, les pelouses montagnardes se couvrent d’un tapis floral : aster des Pyrénées, Pied-de-chat dioïque reconnaissable à ses tiges cotonneuses, arnica des montagnes, trèfle des Alpes, iris des Pyrénées - par milliers dans le Parc National des Pyrénées (Gavarnie et Barèges – Tourmalet).

Fourrés et haies champêtres

Dans ces zones de basse altitude, sillonnées par l’arc de la Garonne et ses affluents, on voit la vie sauvage se concentrer dans quelques grands massifs forestiers (Bouconne, Buzet, Giroussens…), dans les quelques surfaces ouvertes non cultivées qui subsistent ici ou là… et bien sûr, dans les ripisylves luxuriantes des cours d’eau : triton marbré, jacinthe de Rome, héron bihoreau, engoulevent d’Europe - qui niche à terre dans un petit creux. Les fourrés fort nombreux sont denses et enchevêtrés. Constitués d’arbustes de tailles variables (sureaux noir et à grappes, saule marsault, tremble : de 0,5 à 7 mètres de haut), ils sont difficilement pénétrables et souvent réduits au titre de « buissons » ou de « broussailles ». Sous forme linéaire, ils constituent de bucoliques haies champêtres. Un peu partout en plaine, on trouvera : prunellier, aubépine, cornouiller, troène, rosiers, ronciers… ou des lianes telles que la clématite, la bryone ou le tamier. Sur les terrains plus acides, le manteau arbustif est dominé par les Fabacées mêlées au genêt à balais, à l’ajonc d’Europe souvent accompagné de fougère aigle. En milieu plus frais et humide, bourdaine et bruyère à balais complètent cet herbier.

Entre roches mères…

Sur roche mère sédimentaire calcaire, l'eau de pluie s'infiltre rapidement dans les profondeurs, le sol présente donc une tendance à la sécheresse. Sur les nombreux petits causses du Tarn, traditionnellement voués au pâturage ovin et à quelques cultures (vigne, truffe...), les terres arides revêtent un aspect steppique ou méditerranéen, où chêne pubescent et chêne vert sont les rois. On peut rencontrer d'importantes populations de lézard ocellé, d'oedicnème criard (un petit oiseau haut sur pattes avec de drôles d'yeux écarquillés !), et des orchidées très diversifiées. De curieux insectes s'y observent également : particulièrement la Magicienne dentelée, une mystérieuse sauterelle géante à l'allure de phasme, sans doute le plus grand insecte de France avec une longueur du corps de 9 à 11 cm sans aile !
Sur roche mère non sédimentaire et faiblement perméable - granite ou gneiss par exemple, l'eau séjourne plus durablement en surface. Les Monts de Lacaune et la Montagne Noire (Tarn) sont des terres fraîches, pluvieuses et verdoyantes, largement vouées à l'élevage bovin. En se rapprochant du Massif Central, elles hébergent diverses espèces nordiques en limite méridionale de répartition, rares ou absentes plus au sud : Ligulaire de Sibérie, Vipère péliade, Pie-Grièche grise...

Des espaces protégés

La région du Midi-Toulousain comprend actuellement : 1 Parc National, 2 Parcs Naturels Régionaux plus 1 en cours de création et sept Réserves naturelles.

Le Parc national des Pyrénées, créé en 1967, protège 50 000 hectares. Le siège est à Tarbes. Il abrite 4 000 espèces animales dont 250 vertébrés : 1 000 espèces de coléoptères, 300 espèces de papillons, 200 espèces d'oiseaux dont de nombreux rapaces menacés de disparition tels que les gypaètes, les vautours percnoptères ou les aigles royaux (32 couples). Parmi les animaux symboles de ce parc : l'isard, chassé dans les années 50, avait presque disparu (aujourd'hui, 4000 individus) ; la marmotte, disparue depuis la dernière glaciation et réintroduite des Alpes en 1948 ; l'ours brun (ces mâles évoluent dans les vallées d'Aspe et d'Ossau). On y trouve aussi des lynx, des genettes et le bouquetin ibérique, sous-espèce semblable au bouquetin des Pyrénées (éteinte officiellement en 2000). En 2020, 250 bouquetins furent recensés.

Le parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises, créé en 2009, occupe environ 40 % de la superficie du département de l'Ariège, soit 2 468 km2 limités par les frontières de l'Espagne et de l'Andorre. Situé à la confluence des influences climatiques océanique, méditerranéenne et montagnarde, il en résulte des microclimats très localisés qui dépendent plus ou moins de ces influences, selon l'altitude, l'exposition ou la situation. L'eau est très présente : plusieurs cours d'eau (Salat, Lez, Vicdessos...), 69 lacs et étangs d'altitude, 33 tourbières et 133 mares. Il est également inventorié zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique - ZNIEFF, en raison de son caractère remarquable pour 85 % de son territoire.

Le Parc naturel régional du haut-Languedoc s'étend sur 306 000 ha. Créé en 1973, c'est un territoire rural habité dont les « villes portes » qui l'entourent sont Castres, Revel, Saint-Chinian et Lodève. Il abrite une importante faune (250 espèces d'oiseaux, 26 espèces de chauve-souris sur les 33 en France) et flore endémiques (env. 2500 espèces), rares et protégées au niveau national, voire européen. Certaines d'entre elles sont particulièrement emblématiques du Haut-Languedoc : la pie-grièche à tête rousse, la moule perlière, l'aigle de Bonelli, la chouette chevêche, la truite fario, l'écrevisse à pattes blanches, la loutre d'Europe, la genette commune, le Murin de Capaccini... Originalité du parc, la présence d'une population d'un millier de mouflons (dans la réserve nationale de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse) originellement importée de Corse et réintroduite en 1956 ! Et 3000 espèces de champignons...

Des réserves naturelles

La Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège, située au sud de l'agglomération toulousaine, s'étend sur près de 600 hectares sur un linéaire d'une quinzaine de kilomètres, depuis Venerque sur l'Ariège et Pinsaguel sur la Garonne, jusqu'à la chaussée de la Cavaletade à Toulouse. On y trouve : silène de France, alose et anguille pour les poissons ; coronelle girondine et cistude d'Europe pour les reptiles ; loutre et murin à oreilles échancrées pour les mammifères ; grand-duc et guêpier d'Europe pour les oiseaux.

La réserve naturelle régionale de Cambounet sur le Sor s'inscrit dans la plaine alluviale du Sor et de l'Agout, à l'ouest de Castres. Cette zone humide se compose de plusieurs bassins d'anciennes gravières colonisés par les jonçaies, typhaies, saulaies, peupleraies et autres prairies. C'est un lieu de vie idéal pour les oiseaux. Migrateurs (cigognes, balbuzards pêcheurs, sternes, bécasseaux...), ils s'y arrêtent le temps d'une pause. Hivernants (Colverts, sarcelle, bécassines...), ils y nichent dans l'attente du retour des beaux jours. A noter, l'importante colonie de hérons qui y a élu domicile.

La réserve naturelle est fermée au grand public mais disposent de quatre observatoires accessibles.

Sur le versant nord du massif du Tabe, entre 1280 m et 2368 m, la réserve naturelle du massif de Saint-Barthélemy comprend majoritairement des milieux ouverts servant de zone d'estive au-dessus des limites du hêtre et du sapin. On y répertorie 32 habitats différents : des milieux humides et tourbeux, des landes et des pelouses montagnardes. La flore très présente compte une cinquantaine d'espèces parmi lesquelles la drosera à feuilles rondes, l'androsace de Vandelli (protégées nationalement) et la linaigrette engainée. Parmi les 64 espèces d'oiseaux : perdrix grise des Pyrénées, lagopède alpin dit « perdrix des neiges » (changeant de plumage au fil des saisons). Pour les invertébrés, on peut mentionner quelques hurluberlus comme l'agrion hasté, la leste dryade, la leucorrhine douteuse, le grand apollon ou le moiré pyrénéen.

Située dans les Hautes-Pyrénées, dans la vallée du Louron, la réserve naturelle régionale du Massif du Montious est constituée de 739 hectares de vieilles forêts, de landes et de zones humides d'altitude. Le site s'étage de 1 590 à 2 171 m d'altitude. Nous sommes sur les terres du Ggrand tétras - aussi connu sous le nom de Coq de Bruyère - de la chouette de Tengmalm, du gypaète barbu (charognard reconnaissable à ses 3 mètres d'envergure, ses yeux cerclés de carmin, sa barbiche noire), du desman des Pyrénées (un insectivore doté d'une trompe, de pattes palmées, d'un corps de taupe) ! Sans compter les 312 espèces de flore inventoriées.

A Néouvielle, ce sont les glaciers du quaternaire qui ont modelé le paysage actuel. La glace a sculpté le granite en cirques à fond plat séparés par des arêtes en "chenille", creusé des lacs et déposé des moraines. La réserve bénéficie d'un micro-climat plus chaud et plus sec, à l'origine du relèvement des limites de la vie. Cette réserve fut créée en 1936. L'arbre typique est le pin à crochets qui atteint ici ses records d'altitude (2600 m), le massif se couvre aussi de rhododendrons, refuges d'une multitude de passereaux : rouge-queue, venturon, pipit et bec-croisé (doté de mandibules croisées lui permettant d'extraire les graines des cônes de pin en écartant les écailles). Que dire du crapaud accoucheur qui vit jusqu'à 2400 m où il reste têtard pendant près de 10 ans ! Parmi les 1 250 plantes vasculaires (disposant de vaisseaux pour faire circuler l'eau !), une vingtaine d'entre elles sont très rares, notamment certaines espèces témoignant des glaciations passées. Quant aux milieux aquatiques, ils ont fait la célébrité de la réserve pour les quelque 571 espèces d'algues et les 2/3 des espèces françaises de sphaignes (sorte de mousses typiques des tourbières).

Au pied de l'Arbizon et toute proche de Néouvielle, se trouve la réserve naturelle régionale d'Aulon. Un ensemble de 1237 ha étagé entre 1350 m - au confluent des torrents du Lavedan et du Rabat - et 2738 m au Pic d'Aulon. On y trouve des torrents, des zones humides (les gourgues) souvent asséchées en été ainsi que le lac de Portarras. Domaine privilégié de la loutre, du lagopède, du merle de roche et des grands ongulés. Un beau florilège composé de lycopode des Alpes, d'androsace des Pyrénées, de géranium cendré, de pavot parfumé, de pâturin glauque, etc. reçoit chaque estive, une quarantaine d'éleveurs et leurs troupeaux (env. 400 bovins et 3500 ovins).

Le Massif du Pibeste-Aoulhet présente des falaises escarpées et de vastes forêts où vivent un grand nombre d'espèces prestigieuses et rares en plus d'une exceptionnelle diversité de végétation : 850 espèces végétales y sont recensées. Le versant sud se donne des airs méditerranéens avec ses landes à genêt, bruyère, ajonc, et sa garrigue recouverte de thym et de bois de chênes pubescent... Sur le versant nord, l'ambiance est plutôt océanique.

On y recense 27 espèces de mammifères dont l'isard et le mouflons de Corse ; 5 espèces de chauves-souris) ; 112 espèces d'oiseaux dont 90 protégées au niveau national parmi lesquelles les rapaces ( 22 espèces dont 18 sont nicheuses et 7 menacées d'extinction) : Percnoptère d'Égypte surnommé « Marie Blanque » ; vautour fauve reconnaissable à son vol très caractéristique : larges cercles au-dessus des sommets, profitant des courants ascendants pour s'élever et plongeant brutalement) ; circaète Jean Le Blanc ou milan royal.