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Les Sâmes

Les Sâmes sont un peuple indigène du nord de la péninsule scandinave. Ces semi-nomades du nord sont un petit groupe ethnique et qui pourtant constituent l’un des plus grands groupes indigènes d’Europe. Parfois appelés Lapons, expression que l'on considère aujourd’hui comme péjorative. Son étymologie renvoie au mot « lapp » qui signifie « idiot » en haut allemand et « porteur de haillons » en suédois. On parle donc bien du peuple sâme, d’autant que c’est ainsi qu’ils se désignent eux-mêmes. Les Sâmes des 4 pays sont réunis et organisés politiquement avec leur propre Parlement et font partie du Conseil sâme créé en 1956 en Norvège. Ils ont également leur propre drapeau, hymne (« Sámi soga lávlla », littéralement « la chanson du peuple sâme ») et fête nationale (le 6 février).

Le territoire des Sâmes

Les Sâmes se sont établis dans la région la plus septentrionale de la Scandinavie. Géographiquement, ils sont aujourd'hui répartis sur l'ensemble de la Laponie, territoire d’environ 400 000 km² à cheval sur quatre pays : la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Ces vastes étendues aux frontières en pointillés sont leurs terres ancestrales, qu’ils appellent Sápmi. Aujourd’hui, environ la moitié du peuple sâme vit en Norvège, éparpillé en petits groupes.

Population sâme et répartition

On distingue trois groupes de Sâmes: les Sâmes des montagnes, les Sâmes des forêts, les Sâmes du littoral. On compte environs 100 000 individus (environ 60 000 en Norvège, 30 000 en Suède, 10 000 en Finlande et 2 000 en Russie)

Les Sâmes des montagnes occupent un vaste territoire s’étirant de la péninsule de Varanger (au large de la mer de Barents) au lac de Femund (près de Røros, déjà dans le Sud). Ils sont souvent nomades et éleveurs de rennes, et pratiquent donc la transhumance à l’intérieur des deux Laponie scandinaves ainsi que dans les régions les plus désertiques de la Laponie finlandaise ! Ce sont eux qui perpétuent avec le plus de fidélité la culture et le mode de vie traditionnels.

Les Sâmes des forêts. On les rencontre en Laponie suédoise, dans la province de Finnmark, immense plateau dans le Nord traversé par nombreux cours d’eau, et sur la presqu’île de Kola. Traditionnellement, la pêche constitue leur ressource principale, mais aujourd’hui, le développement de l’agriculture et l’élevage pousse à l’abandon des activités traditionnelles et du mode de vie nomade au profit de la sédentarisation.

Les Sâmes du littoral arctique, localisés dans les fjords du Nord entre la péninsule de Varanger et le Tysfjord, sont entièrement sédentaires. Ils sont, pour la plupart, les descendants d’anciens éleveurs de rennes – pauvres, venus tenter leur chance parmi les populations norvégienne et finlandaise. Ils pratiquent la pêche et l’élevage. Ils constituent le plus grand groupe et ont adopté un mode de vie très semblable à celui des autres Norvégiens du nord du pays.

Les Sâmes russes : les Skolts. Les dimensions impressionnantes de la commune d’Inari, à la superficie la plus étendue de Finlande, induisent une très faible densité. Deux mille Sâmes vivent sur place dont 500 Skolts. De religion orthodoxe, ces derniers ont fui l’annexion soviétique de la région de Petsamo en 1944. La plupart se sont réfugié à Nellim, à 45 km au nord-est d’Ivalo, où ils se distinguent encore par leurs costumes et leur dialecte.

La langue sâme

Le sâme appartient au rameau finno-ougrien des langues ouraliennes. La langue se décline en plusieurs variétés dont la plus parlée est le sâme du nord avec 30 000 locuteurs, suivie du sâme de Lulea avec 2 000 locuteurs. Quelque 35 000 personnes au total pratiquent encore divers dialectes. Le vocabulaire sâme contient un vocabulaire impressionnant pour décrire les éléments de la nature, avec par exemple plus de 180 expressions différentes pour le mot neige en fonction de sa texture, de la saison, etc. !

Le bilinguisme est courant parmi les Sâmes et, en Laponie, certains sont même trilingues (ils parlent le sâme, le suédois et le finnois). Le vocabulaire sâme est très riche en termes se rapportant aux phénomènes naturels ; c’est ainsi qu’il n’existe pas moins de dix mots pour décrire la neige… Cependant, en raison du nombre de dialectes, souvent éloignés, la langue divise les Sâmes autant qu’elle les unit.

Les muées sâmes

Le mieux pour découvrir la culture est encore de se rendre dans l’un des nombreux musées de Laponie, éparpillés aux quatre coins du territoire. Voici quelques adresses qui étancheront votre soif de connaissances.

En Finlande, installé sur les berges au cœur de Rovaniemi, l’imposant musée Arktikum avec son immense verrière propose plusieurs expositions sur le peuple et la culture sâmes. Plus au nord, à Levi, le musée Samiland et son musée de plein air vous fait découvrir l’architecture typique de ce peuple du Nord et le métier d’éleveur de rennes. À Inari, près de la frontière avec la Norvège, le SIIDA - Musée Sami et Centre de la Nature est lui aussi dédié à tous les aspects de l’histoire et de la culture sâme. Le musée a également une antenne à Sevettijärvi qui est se focalise sur les Skolt, les Sâmes russes qui forment l’un des nombreux groupes qui forment le peuple sâme. Toujours à Inari se trouve le Parlement same de Finlande, dit Sámediggi.

Côté Norvège, les expositions permanentes et le musée de plein air du Sámiid Vuorká-Dávvirat à Karasjok sont un bon complément à la visite du Parlement sâme de Norvège, situé juste à côté. À l’ouest, le Musée universitaire de Tromsø présente deux expositions permanentes très complètes sur la culture sâme et sur la place qu’occupe ce peuple dans la société actuelle.

En Suède, Nutti Sámi Siida à Jukkasjärvi est un musée de plein air qui met en avant le métier d’éleveur de rennes. Sur place, un café et une boutique pour découvrir les spécialités sâmes, et la possibilité de donner à manger aux rennes. À Jokkmok, Ájtte est le principal centre d’information sur la culture sâme. Plusieurs expositions présentent leur histoire, leur savoir-faire et leur environnement.

Les Kven

Les Kven sont une minorité ethnique du Finnmark en Norvège, statut qu’ils ont obtenu en 1996. Ils sont les descendants de paysans et de marins ayant migré depuis le nord de la Finlande ou de la Suède au XVIIIe et au XIXe siècle. Depuis 2005 le kvensk est reconnu comme l’une des langues minoritaires de Norvège. Essentiellement concentrés autour de Lakselv dans la région du Finnmark, ils sont aussi présents dans la région de Troms. Il est difficile d’estimer la population Kven, car il n’existe aucune définition officielle du Kven. Certains se considèrent norvégiens, sâmes, ou un mélange des deux. Bien que le kvensk soit un dialecte du finnois, il a évolué de manière isolée et donc très différente. Le kvensk comporte beaucoup de mots qui ne sont aujourd’hui plus utilisés en finnois, tout comme de nombreux emprunts à la langue norvégienne. Il existe depuis 2013 un drapeau du Kvenland. Rendez-vous au Ruija Kvenmuseum à Vadsø pour en apprendre plus sur ce peuple du Nord !

La langue meänkieli

Les locuteurs du meänkeli peuplent la vallée de la rivère Torne, à la fois du côté suédois et du côté finlandais. Reconnu comme l’une des langues minoritaires de Suède, ce dialecte du finnois ressemble beaucoup au kvensk et il a comme lui évolué différemment du finnois standard dû au manque de contact avec les finnophones de Finlande, après que les terres à l’est de la rivière Torne furent cédées à la Russie en 1809. Il comprend entre autres des emprunts au suédois et à la langue sâme. Tout comme les Sâmes et les Kvens, les locuteurs du meänkieli se virent forcés d’apprendre le suédois et interdire d’utiliser leur langue maternelle. Rares sont les personnes aujourd’hui qui parlent le meänkieli seulement. Encore une fois il est difficile d’estimer le nombre exact de locuteurs, puisque beaucoup ne le parlent que rarement et pas couramment, mais la majorité est concentrée dans la région de Norrbotten en Suède. Des émissions de radio, de télé, des performances artistiques et des livres sont aujourd’hui édités en meänkieli.