Palafitos à Castro, île de Chiloé © Jose L. Stephens - shutterstock.com.jpg
Eglise San Francisco de Castro © Jose L. Stephens - shutterstock.com.jpg
Phare des Éclaireurs © Ignacio Leonardi  - iStockphoto.com.jpg
Style d'architecture traditionnelle © Sintia Weber - Shutterstock.com.jpg
Cueva de las Manos © Buenaventuramariano - iStockphoto.com.jpg

Les palafitos et églises de Chiloé

La toiture en paille des maisons chilotes, excellente isolation thermique et imperméable, est héritée de la construction mapuche. Cette architecture est une caractéristique régionale, on retrouve souvent une certaine tendance à rompre le volume des bâtiments (avec des balcons qui se détachent de la façade par exemple). Mais Chiloé est surtout célèbre pour ses églises en bois, uniques en leur genre et dont seize ont été inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO. Lors de l'arrivée des jésuites au XVIe siècle, le bois était alors abondant et c'est tout naturellement que les premiers habitants ont choisi ce matériau noble pour construire leurs églises. Le bois que l'on retrouve le plus souvent est l'alerce, même si d'autres bois plus rares sont aussi utilisés. Ces constructions se sont poursuivies aux XVIIIe et XIXe siècles par les franciscains. L’architecture est une parfaite fusion entre des influences européennes et indigènes. Le plan des églises peut varier d’un monument à un autre, mais on note que la profondeur a toujours été privilégiée à la largeur. Le plan basilical est à trois nefs, qui sont séparées les unes des autres par des colonnes en bois d’une grande solidité et qui reposent sur des blocs de pierre. Ce qui fascine, c’est la façon dont les constructeurs ont fait preuve de grande ingéniosité pour bâtir les monuments, tout comme les couleurs parfois « flashy », tel le jaune de l'iglesia San Francisco de Castro et les nuances bleutées de la iglesia de Tenaún, qui possède de son côté trois tours contrairement aux autres églises de la région. Malgré tout, elles sont nombreuses à arborer un bois brut de toute beauté, citons la iglesia de Quinchao, la plus imposante de l’archipel, la iglesia de Aldachildo ou bien encore la iglesia Santa Maria de de Loreto de Achao, qui est au passage la plus ancienne église en bois du Chili.

Autre icône de l'architecture en bois de l'île : les fameux palafitos ou maisons sur pilotis que l'on retrouve du côté de Castro. Les premiers palafitos étaient des résidences et des magasins construits au cours du boom de l’exportation de bois depuis les ports de Chiloé à la fin du XIXe siècle. Mais suite à un exode rural lié à une épidémie, des paysans se sont approprié ces petits lopins de terre pour continuer à cultiver et à pêcher en toute tranquillité. Aujourd’hui, dans un Chili qui ne cesse de se développer, les quartiers traditionnels des palafitos ne sont plus de simples quartiers d’habitation. Et dans le fjord de Castro, une balade dans le quartier de Gamboa est l’occasion non seulement de pouvoir contempler ces surprenantes maisons qui dominent les eaux, mais également de s’arrêter dans des boutiques d’artisanat, des restaurants et des cafés. On peut même poser ses valises à l’Hôtel Palafito 1326 pour profiter des charmes du coin et d’un dépaysement total.

L'architecture européenne de San Carlos de Bariloche et des villages de montagne

Surnommée « la Suisse argentine », la ville de San Carlos de Bariloche mérite bien cette comparaison. La cité se trouve sur la côte du lac Nahuel Huapi, et on y retrouve des paysages semblables de montagnes, forêts verdoyantes et lacs grandioses. La ressemblance va même jusque dans les constructions citadines, où le bois est délicatement associé aux grosses pierres. Si la ville ressemble à une station de ski d’Europe centrale, ce n’est pas un hasard. Construite officiellement en 1903 par Carlos Wiederhold, un ressortissant suisse, la ville a tout d’abord accueilli des immigrants italiens, autrichiens et allemands. Ces derniers ont donc laissé leurs marques notamment dans les constructions de la ville semblables à des chalets typiques de ceux que l’on voit en Suisse. Parmi les architectes notables, nous retiendrons Alejandro Bustillo. Peintre doué et architecte très sollicité, il est à l’origine de l’Hôtel Llao Llao (aujourd’hui un important centre touristique) et dessina les plans de l’église, devenue par la suite la belle cathédrale de Bariloche. L’activité dans la ville prend place autour du Centro Cívico, qui n’est autre que le cœur administratif, historique et touristique de la cité. Au cours d’une flânerie, il faut prendre le temps d’admirer l’ensemble de pierre et de bois qui date des années 1930, tout comme la vue dégagée sur le lac Nahuel Huapi. Les différents éléments qui composent le Centro Cívico ont été déclarés monuments historiques nationaux en 1987.

Si San Carlos de Bariloche est la ville de montagne la plus fréquentée, il ne faut pas oublier que de part et d’autre de la montagne se trouvent d’autres villages typiques montagnards. Ainsi, il est aussi possible pour profiter de la beauté des parcs nationaux et des activités en lien avec la haute montagne de poser ses valises dans des communes telles que Villa la Angostura et San Martin de los Andes. Et puis, difficile de passer à côté d’El Bolsón, ville qui fut un lieu de refuge pour les hippies dans les années 1960, avant de se déclarer quelques années plus tard ville écologique et zone non nucléaire. Dans ses fermes à l’architecture là aussi montagnarde, on y produit le houblon pour faire des bières artisanales vendues sur les marchés.

Sur la route des estancias patagonnes

En parcourant la Patagonie du nord au sud, on peut faire le choix de s’arrêter pour dormir dans des établissements incontournables : les estancias. Les estancias sont de grandes exploitations agricoles en Amérique du Sud, des fermes qui semblent isolées au milieu d’une nature qui se compose de vastes prairies où l’on élève des bovins et des ovins et en arrière-plan, les sommets enneigés des montagnes. L’architecture des estancias varie d’un domaine à un autre. On peut ainsi noter à certains endroits des constructions qui utilisent la tôle, alors que d’autres ont fait le choix du bois et de la pierre. Les estancias portent souvent des prénoms féminins, on peut ainsi s’arrêter à la estancia Alicia ou bien à la estancia Cristina. Aujourd’hui, ces résidences de bergers ont pour certaines d’entre elles été converties en gîte afin d’accueillir les visiteurs qui souhaitent profiter d’un cadre authentique, en plein cœur d’une nature puissante et omniprésente, tout comme s’adonner à diverses activités, randonnées à pied dans les parcs nationaux, équitation et compréhension de l’élevage. L’architecture des estancias n’est pas toujours remarquable, mais c’est le sentiment d’être perdu au milieu de nulle part qui rend cette expérience incontournable en Patagonie.

L'architecture patagonne et ses toits en tôle

Ce modèle de maison, importé directement par les colons européens en période de révolution industrielle, est typique du sud du Chili et de l'Argentine. Cette architecture s'inspire des maisons des pionniers britanniques des îles Malouines. Il s'agit d'une maison en bois à la toiture en tôle ondulée (chapa). Malgré l'arrivée ultérieure de colons aux origines européennes diverses, ce système s'est vite répandu, au Chili et en Argentine bien sûr, mais aussi aux États-Unis et dans d'autres pays d'Amérique du Sud. Il s'agit en effet d'une architecture fonctionnaliste utilisant des matériaux bruts. Ces caractéristiques, faites de bois, de tôle et de couleurs, sont devenues même à la mode à Buenos Aires ces dernières années.

Pour s’imprégner de cette architecture caractéristique de Patagonie, il faut se rendre dans la ville la plus australe du monde, Ushuaïa. C’est là, en se rendant sur le port, que l’on bénéficie d’un superbe point de vue sur les maisons colorées et les montages qui derrière semblent plus que jamais accessibles. L’impression que l’on ressent lorsque l’on arpente les différents quartiers de la ville peut-être mitigée. Certains seront déçus quand d’autres tombent sous le charme. La cité est en effet très hétérogène d’un point de vue architectural. Les maisons de bois colorées aux toits de tôle sont toujours bien présentes, pour le plus grand bonheur des visiteurs qui y repèrent immédiatement les influences scandinaves, mais plus on s’éloigne du centre de la ville, plus l’architecture des bâtisses est hétéroclite, symbole d’un développement hâtif de l’aire urbaine.

Quelques monuments et sites à ne pas manquer

On a de cesse de l’entendre, la Patagonie attire les visiteurs du monde entier pour ses splendeurs environnementales et ses paysages grandioses, mais on a pu noter que la région présente aussi une architecture inspirée de son histoire, de la colonisation et d’influences qui mélangent des éléments d’origines européennes et autochtones. Il y a aussi certains monuments et sites à ne pas manquer pour faire le tour des principales curiosités architecturales de ce territoire hors du commun. Lors d’une escapade à Ushuaïa, il ne faut pas manquer d’embarquer à bord d’un bateau pour aller voir le phare des Éclaireurs, construit en 1920 par des Français. Il prend place dans le canal de Beagle et se reconnaît aisément par ses couleurs rouge et blanche.

À Puerto Madryn, le monumento al indio Tehuelche n’est pas une construction qui surprend par sa beauté, mais cette statue représentant un Indien Tehuelche en haut d’un amont de pierres est une occasion de plonger dans une partie de l’histoire et de se rappeler que la région a été habitée en premier lieu par des communautés indiennes.

Enfin, et même s’il n’y a pas de monument à proprement parlé sur ce site, la Cueva de las Manos est un lieu où se rendre absolument. Il renferme un ensemble exceptionnel d’art rupestre, où de nombreuses mains ont été dessinées au pochoir. On peut aussi y distinguer des animaux. Ils auraient été réalisés il y a de cela 13 000 ans ! Le site peut être vu comme la volonté des premiers hommes sur le territoire de dresser en ces lieux une sorte de musée, au sein même de la roche.

Quelle architecture pour l’avenir ?

En se rendant en Patagonie, on peut être en mesure de se poser la question de comment les autorités envisagent l’architecture du futur. Dans une région où la protection de l’environnement est un enjeu majeur, difficile d’y voir posés ici et là de grands ensembles qui viendraient dénaturer les paysages fantastiques. Pourtant, l’essor du tourisme a nécessité la construction d’établissements hôteliers pour répondre à un accueil croissant. Il est agréable de constater que certains cabinets d’architecture ont conçu des hôtels qui se fondent merveilleusement dans le paysage. C’est le cas de l’Hôtel Tierra Patagonia & Spa, situé sur les rives du lac Sarmiento. La façade de ce long monolithe long de 200 m a été fabriquée à base d’un bois traditionnel local, le lenga. La structure, discrète, se fond parfaitement dans le paysage boisé. De son côté, l’Hôtel Awasi à Tercera Barranica s’inspire des refuges, avec une architecture qui se compose de matériaux traditionnels. Pour ces deux établissements, les inspirations contemporaines ont parfaitement su intégrer des formes et des matériaux qui ne dénaturent pas les lieux, et on s’en réjouit.