Si le thème de ce musée - la céramique et le verre, peut laisser certains de glace, revoyez votre a priori ! Il vaut vraiment le détour - après une visite guidée à l’ONU, par exemple, puisqu’il jouxte ce lieu. Le site est un bijou méritant largement votre visite pour la richesse de ses collections, la beauté et le raffinement de ses œuvres, la qualité et la créativité de ses expositions jonglant avec l’art contemporain ou classique. Très lumineux, installé dans un beau bâtiment, le musée se dédie à l’histoire et aux arts de la céramique, du verre et du vitrail. Ses collections, originaires de Suisse, d’Europe et d’Extrême-Orient, rassemblent des pièces d’une beauté unique datées d’une période s’étirant du IX^e siècle à nos jours. On apprend beaucoup, on suit pas à pas, autour du monde, l’histoire de la porcelaine, importée de Chine en Europe par les bateaux de la Compagnie des Indes Orientales. Comme l’affirme la conservatrice du musée, la céramique, le verre et le vitrail, « arts du feu », sont nés des quatre éléments, terre et sable, nourris par l’eau, puis façonnés par le feu et entretenus par l’air. Une vraie « connexion avec la nature ». Vient ensuite l’extraordinaire inventivité de l’artiste au fil du temps. C’est un voyage autour du monde, au fil de l’histoire, au fil des cultures. Ces pièces sont le reflet, au cours de l’histoire, de la créativité et du raffinement presque infini des artistes aux cultures très diverses, et de la richesse des échanges et des influences entre ces mêmes cultures. Est-ce parce que ce musée est installé dans un vaste édifice lumineux, doté d’une atmosphère reflétant l’ouverture sur le monde de son fondateur ? On s’y sent bien, tout simplement. À proximité de l’ONU, cet imposant bâtiment doté d’une coupole imposante, daté de la fin du XIX^e siècle, est cerné d’un beau parc, derniers restes du vaste domaine de son fondateur, Gustave Revilliod (1817-1890). L’homme de lettres, très fortuné, était exceptionnel : grand voyageur, collectionneur d’art, archéologue, érudit, humaniste, polyglotte, parcourut l’Europe, l’Orient puis le reste du monde pour rapporter des chefs-d’œuvre. Tous les domaines le passionnaient : peinture, sculpture, estampe, textile, mobilier, céramique, verre… Mécène, il voyagea et rassembla plus de 30 000 pièces, notamment d’Extrême-Orient. De nos jours, le site rassemble plus de 28 000 pièces. Le musée est très bien agencé dans de larges salles très lumineuses où les œuvres sont particulièrement bien mises en valeur. On évoque l’odyssée de la porcelaine, originaire de Chine, apparue au Moyen-Orient puis en Europe. Elle arrivait par bateau de l’empire du Milieu, et le trajet aller-retour demandait dix-huit mois de traversée. La porcelaine connut un succès phénoménal, mais on ignorait les secrets de sa fabrication – jalousement conservés par les céramistes chinois – jusqu’au début du XVIII^e siècle. On y relate l’histoire passionnante de la céramique, au fil des siècles jusqu’à la période contemporaine. Vous pourrez admirer de somptueuses pièces originaires de Chine, la célèbre céramique bleue et blanche, aux trois couleurs, ou encore adaptée aux commandes des Occidentaux. La représentation des Occidentaux vus par les Chinois sur les céramiques ne manque pas de sel. Où que l’on se place dans le monde, le regard diffère selon le pays dont on est originaire. Les céramiques perses sont le reflet de cette civilisation d’une richesse et d’un raffinement uniques. Lorsqu’on entre sur le site, on est impressionné par l’imposant hall d’entrée, les salles très lumineuses et l’imposante voûte. Le bâtiment était dédié à la mère de Gustave Revilliod – nommée Ariana. Son architecture s’inspire d’influences baroques et italiennes. Son allure est pour le moins imposante.

Les œuvres sont exposées dans de larges salles très claires, disposées le long de galeries circulaires s’articulant autour ou surplombant l’imposant hall d’entrée – on avait prévu lors de la conception du bâtiment l’ajout d’un escalier magistral, mais l’idée fut finalement abandonnée.

Faites une pause dans le petit salon, au rez-de-chaussée, où vous entendrez quelques témoignages de voyages racontés par Gustave Revilliod en personne. Mémoires fascinants où cet homme très ouvert d’esprit et curieux du monde, raconte non seulement quelques-unes de ses expériences de voyages, mais aussi son exaspération face à une société sclérosée bien trop conventionnelle et à ses contemporains. Comme il l’affirme, cette dernière le poussait à repartir à l’autre bout du monde.

De véritables chefs-d’œuvre donc ; Le parc, dont la majeure partie appartient désormais à l’ONU - conserve quelques souvenirs de voyage dont une réplique d’une cloche du temple japonais Shinagawa,

Les expositions temporaires méritent le coup d’œil, la mise en valeur des pièces est vraiment bien pensée et très originale. Il faut mettre à l’honneur le dynamisme de l’équipe du musée qui mêle toujours l’aspect interculturel, social et historique.

Tous les premiers dimanches du mois ainsi que certains jeudis, le musée organise d’excellentes visites gratuites commentées sur les expositions en cours, à ne pas manquer si vous êtes en visite à Genève à cette période. Pour en savoir plus sur les événements et divers ateliers organisés par le musée, consultez l’agenda disponible directement sur le site (www.musee-ariana.ch/fr/agenda).