ÉGLISE SAINT-GEORGES DE STARO NAGORIČANE
Cette église orthodoxe (Црква Свети Ѓорѓи/Crkva Sveti Gjorgji) est un chef-d’œuvre de l’art serbo-byzantin. Elle a été fondée à l’emplacement d’un monastère byzantin du XIe siècle par le roi serbe Milutin en 1313. Celui-ci la dédia à « saint Georges le Victorieux » après sa victoire contre les Ottomans à Gallipoli, près de Constantinople. L’intérieur est orné de remarquables fresques réalisées entre 1313 et 1318 par les deux grands peintres grecs Michaïl Astrapas et Eutychios, à qui l’on doit le décor de plusieurs églises inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, notamment à Ohrid. Si le bâtiment a perdu son exonarthex (porche), il est bien conservé. Sa forme très ramassée provient de la précédente église de style byzantino-arménien, qui fut bâtie par des artisans arméniens réfugiés à Kratovo. Dans le narthex (vestibule), au-dessus de la porte, la scène de la dormition de la Mère de Dieu apparaît sous la forme d’une procession. Cet effet dynamique est très rare, puisque la dormition est le plus souvent une déploration statique. Toujours dans le narthex, la partie basse du mur nord abrite le portrait endommagé de Milutin qui, symboliquement, offre l’église à saint Georges. À gauche se tient Simone Paléologue, quatrième épouse du roi, réputée fort belle. Derrière cette présentation quasi unique du couple royal se cache une sordide histoire. La princesse byzantine fut mariée à Milutin à l’âge de 5 ans. L’union fut rapidement « consommée » et ce viol empêcha plus tard Simone d’avoir des enfants.
Dragon apprivoisé. À la suite du narthex, le naos est couvert de fresques sur sept registres. Le troisième est consacré à saint Georges : son martyre devant les murs de Nicomédie, ses miracles (notamment la chute des statues « païennes »), ou encore, l’épisode du dragon, très particulier. Ici, le monstre n’a pas été terrassé mais apprivoisé et se retrouve tenu en laisse par la princesse qui vient d’être sauvée. Au quatrième registre, le cycle de la Passion du Christ intéresse les musicologues : au-dessus de la destruction des idoles par saint Georges apparaît la plus ancienne représentation connue d’une flûte à bec moderne. Enfin, au niveau du sanctuaire, l’iconostase conserve sa structure en marbre d’origine et deux icônes inamovibles de saint Georges et de la Mère de Dieu, dite Pelagonitissa. Cette dernière, avec l’Enfant se contorsionnant contre sa Mère aimante, est la plus célèbre d’un genre surtout répandu en Pélagonie, autour de Bitola.