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Premiers témoignages

Parmi les premières manifestations artistiques ligures, les gravures rupestres et les statuettes féminines des grottes de Balzi Rossi remontant au Paléolithique présentent un témoignage de sculpture primitive particulièrement réussi. L'âge du bronze est également une période très florissante, comme en témoignent les stèles anthropomorphes retrouvées dans la région de La Spezia.

Héritage byzantin

La tradition picturale ligure fait l’objet tout au long de l'histoire de fortes influences étrangères. Tout d’abord, Gênes fait partie de l’Italie byzantine, cela jusqu’au Xe siècle. Un des premiers témoignages picturaux de la région se trouve dans la Chiesa di Santa Maria Assunta de Sarzana, à la frontière toscane. Le Crucifix du Mastro Guglielmo ou Crucifix de Sarzana est daté de 1138. Peint à la tempera or sur bois, il est clairement influencé par les primitifs. Les tons dorés, les aplats, la rigidité des personnages montrés de face caractérisent la rencontre de l’art primitif et l'art byzantin.

Les influences étrangères se succèdent durant les huit siècles de la domination génoise. En tant que république maritime, Gênes se situe au cœur des échanges entre le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord ou encore la Grèce. Son rayonnement lui vaut dès 1358 le surnom de la Superba. Ce titre la pose en grande rivale de Venise.

Le premier âge d'or de la sculpture ligure se situe au XIVe siècle. Gênes fait alors appel à des artistes étrangers pour édifier, décorer et meubler ses cités. Les sculpteurs Giovanni Pisano, Barnaba da Modena et Andrea Sansovino exercent leur talent dans la cité. Le Monument funèbre à Marguerite de Brabant par Giovanni Pisano (1313), conservé au Museo di Sant'Agostino à Gênes, est un chef-d’œuvre d'une grande modernité qui compte parmi les plus fascinantes réalisations de l'artiste.

L’Ecole génoise

Il faut attendre les XVe et XVIe siècles, l’époque dorée, pour que s’affirme un style homogène.

Au XVe siècle, les fresques et les stucs se déploient dans les intérieurs mais aussi sur les façades des édifices. Une explosion de couleurs, de personnages et d'images en trompe-l'œil transforme le paysage urbain en une scène fantastique. Parmi les auteurs de ce spectacle, les peintres de l’Ecole génoise : Luca Cambiaso, Lazzaro Tavarone et Bernardo Castello. Leurs nombreuses œuvres sont conservées aujourd'hui dans les plus grands musées et les édifices religieux.

Luca Cambiaso (1527-1585) dit Lucchetto da Genova s’initie à la peinture aux côtés de son père Giovanni et en copiant les maîtres de la Renaissance italienne. Influencé par le maniérisme et Le Caravage, il adapte ces caractéristiques exaltées à son propre style. On peut admirer sa Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean et La Vierge à L'Enfant et la Madeleine (1548) au Palazzo Bianco à Gênes et sa Résurrection (1563) à l’église San Giovanni Battista de Montalto Ligure. Il a pour élève Lazzaro Tavarone (1556-1641), autre peintre maniériste de l’Ecole génoise. Tous deux répondent à une commande en Espagne : la décoration de l’Escurial dans la région de Madrid. De retour à Gênes en 1594, il poursuit une carrière acclamée en qualité de peintre historique et portraitiste. A la Cattedrale San Lorenzo de Gênes, ne manquez pas son Martyre de saint Laurent.

Bernardo Castello (1557-1629) est également apprenti de Luca Cambiaso. Il est issu d’une famille d’artistes parmi lesquels le célèbre peintre miniaturiste Giovanni Battista Castello dit Il Genovese (1547-1637).

Gloire baroque

Durant l’apogée génoise, plusieurs peintres flamands sont appelés à exercer leurs talents auprès de puissantes familles locales. Parmi eux, Pier Paul Rubens et Antoine Van Dyck, auteurs de retables, de natures mortes et portraitistes de l'aristocratie. D'incroyables collections de toiles sont ainsi conservées dans les musées génois (en particulier les musées de Strada Nuova) et dans les églises. La Circoncision de Rubens exposée dans la Chiesa del Gesù (1605) est considérée par les critiques d'art comme la première toile baroque de l'histoire. Inspirée par les exemples des siècles précédents, la peinture du XVIIe siècle se caractérise par une touche variée et originale dans des représentations de sujets sacrés et profanes. Citons les peintres Bernardo Strozzi (voir Le Paradis à l'église Santi Domenico), Domenico Fiasella (voir ses fresques à la basilique Santa Annunziata del Vastato) et Valerio Castello dont  la fresque La Fama dei Balbi est exposée parmi un riche florilège de l’art génois au Museo di Palazzo Reale. Ce splendide palais abrite 200 peintures de maîtres, du mobilier et des sculptures dont celles du baroque Filippo Parodi. Ses réalisations montrent une forte influence du Bernin et de la sculpture romaine classique

Au XVIIe siècle, la sculpture baroque connaît une période faste. Le Français Pierre Puget, actif à Gênes entre 1661 et 1668, favorise la diffusion de la sculpture baroque à Gênes. Il laisse des sculptures majeures, comme le Saint Sébastien dans la basilique Santa Maria Assunta. Dans le domaine religieux, des sculptures sur bois façonnées aux XVIIe et XVIIIe siècles sont encore aujourd'hui portées en procession.

Moderne et contemporain

Fondé en 1905 dans un parc du XIXe siècle qui donne sur la majestueuse Piazza Corvetto, le Muséo d’arte orientale est le premier lieu consacré à l’art japonais à avoir été ouvert en Europe. La collection constituée au XIXe siècle par l’enfant du pays Eduardo Chiossone rassemble des statues bouddhistes, des masques et des trouvailles archéologiques. Une parenthèse exotique à découvrir !

L’art contemporain italien de 1930 à nos jours est réuni dans une demeure du XIXe siècle, le Musée d’art contemporain Villa Croce. On retrouve ici l’un des pionniers de l’Arte Povera, Piero Manzoni.

Un vent de renouveau souffle dans les Cinque Terre comme en atteste le CAMEC, Centre d’art moderne et contemporain de La Spezia. Etabli dans un bâtiment historique, le centre propose des expositions temporaires innovantes. Ses collections permanentes rassemblent la Collection Cozzani et la Collection Battolini, léguées par des familles locales. La troisième partie, la Collection Civile, met à l’honneur plusieurs décennies d’œuvres primées lors des concours d’art pictural du Golfo della Spezia. Parfait pour se familiariser avec les talents de la région !