Vers 7000 av. J.-C.

Préhistoire

C’est à la période mésolithique, vers 7000 av. J.-C., que l’homme aurait fait son apparition en Irlande. C’est au cours de la période néolithique (de 4000 à 2000 av. J.-C.) que de nouvelles populations provenant de Grande-Bretagne et de Méditerranée se mêlent aux premiers occupants. De la même période datent les tombes mégalithiques (Browne’s Hill, Carrowmore, Newgrange).

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IVe - Ier siècles av. J.-C.

L’Irlande celtique

La datation de l’arrivée des Gaëls, peuple celtique, n’est pas encore vraiment établie. Des textes celtiques préservés par les moines irlandais nous apprennent qu’à cette époque (entre les IVe et Ier siècles av. J.-C.), la société s’organisait autour de trois fonctions : sacerdotale, productrice et guerrière.

140 av. J.-C.

Grâce aux travaux de Ptolémée, on aurait entendu parler de Dublin dès l'an 140 av. J.-C., sous le nom latin d'Eblana ou Deblana. Cette petite agglomération se trouvait approximativement dans la région de Dublin.

432

L’évangélisation de l’Irlande

Saint Patrick aurait débarqué sur l’île en 432 et lui donna ainsi, en une trentaine d’années, son identité chrétienne. Capturé par des « pirates » aux environs de 430, saint Patrick garda des moutons pendant plusieurs années dans le comté d’Antrim. Après son évasion, une « vision » le poussa à aller évangéliser les habitants. Il réussit, dit-on, à convertir plusieurs rois. Saint Patrick serait en fait parvenu à convertir une petite partie du nord de l’île. Dès les VIe et VIIe siècles, de nombreux monastères s’implantent dans le pays (Clonmacnoise, Kells…).

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841

La fondation de Dublin

Au départ simple camp fortifié baptisé Baile Atha Cliath, « la ville du gué aux claies », la petite colonie gaélique est rejointe en 841 par les Vikings, venus de Norvège, qui fondent alors le fort de Dubh Linn, « l'étang noir », en référence à un bassin formé à l’intersection des rivières Liffey et Poddle. De par sa situation géographique, cet endroit devint un important carrefour commercial pour les Vikings (cela fut prouvé grâce à des fouilles réalisées vers Wood Quay et Kilmainham) et surtout un foyer attirant les attaques des Irlandais et des Vikings danois.

902 - 1014

Les IXe et Xe siècles sont marqués par des combats incessants contre l’envahisseur viking, qui pillait les richesses des sites monastiques. Les Gaëls parviennent à les chasser en l’an 902, avant leur retour en 917. Les habitants commencent à construire des bâtiments en bois au niveau de Wood Quay et de l’actuelle Christchurch Cathedral. En 988, la naissance de la ville est proclamée officiellement avec le premier impôt. Finalement, Brian Boru, le haut roi d'Irlande défait les Vikings lors de la bataille de Clontarf, en 1014. Cette nouvelle situation engendre une conversion de toute la population de Dubh Linn au christianisme celte. L’'influence des Vikings se fait alors beaucoup plus discrète.

1014 – 1169

L’Irlande reste cependant toujours très désunie et sujette à des conflits internes. Pendant plus de 150 ans après la bataille de Clontarf, le pays est ravagé, tandis que trois familles rivales se dispute la haute royauté d’Irlande : les O’Brien de Munster (qui descendaient de Brian Boru), les O’Neill d’Ulster et les O’Connor de Connaught (Connacht).

1169 - 1171

Fort de ce désordre, le roi d’Angleterre Henri II, avec l’appui du pape Adrien IV, se décide à « coloniser » le pays avec l’aide des barons normands. Parmi eux se trouve le fameux Richard Fitz Gilbert, comte de Pembroke (mieux connu sous le nom de Strongbow), qui s’empare de Dublin en 1170 et devient comte de Leinster. Cette invasion est source de civilisation : administration, châteaux, abbayes... À Dublin, les Normands commencent la fortification de la ville. C’est à cette époque que sont construites les cathédrales Christchurch et Saint Patrick, et l’église Saint Audoen’s. Dublin se développe et devient un haut lieu de pèlerinage, surtout grâce au Bacall Losa (Bâton de Jésus) offert à saint Patrick par un ange. L'influence des Vikings est définitivement étouffée en 1171, lorsque le roi de Leinster Dermot MacMurroug tue le roi nordique Hasculf Thorgillsson. La même année, Henri II, inquiet du pouvoir grandissant des comtes normands, se rend en Irlande avec une importante armée.

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1175

La supériorité militaire des Anglo-Normands contraint le roi irlandais Rory O’Connor à accepter la paix aux conditions posées par Henri II : en 1175, le traité de Windsor consacre la suzeraineté d’Henri II sur toute l’île, qui devient alors une colonie anglaise. Le roi établit le siège du gouvernement à Dublin. En fait, leur contrôle réel est limité à une zone située autour de Dublin surnommée « The Pale » (la clôture). En dehors, des familles irlandaises luttent contre la puissance anglo-normande.

1199

C’est à cette date que Jean sans Terre, fils d’Henri II, devient roi d’Angleterre et seigneur d’Irlande. Ignorant tout de la situation complexe du monde celtique, il se conduit de façon méprisante et réussit l’exploit d’unir contre lui les trois rois locaux pourtant ennemis.

1204

Jean sans Terre commence la construction du célèbre château de Dublin (Dublin Castle). L’édifice est achevé en 1230.

1209 – 1316

Dublin est constamment pillé, au grand désespoir du roi anglais Edward II, qui cherche par tous les moyens à intensifier le contrôle britannique. Malgré ce climat, le commerce se développe à cette époque à Dublin. À la fin du XIIe siècle, la ville compte 5 000 habitants. Mais, alors que Dublin s’étend, la misère règne et la nourriture manque.

1317 – 1348

En 1317, la Grande Famine en Europe occidentale touche Dublin et tue des milliers de personnes. On dit même que la faim aurait poussé certains au cannibalisme. Après cet épisode tragique, la population dublinoise se met à augmenter de nouveau de manière fulgurante, jusqu’à atteindre environ 35 000 habitants en 1348. Mais c’est cette même année que la peste noire ravage la ville, tuant plus d’un tiers de ses habitants.

Début du XVe siècle

Les Anglais commencent à vouloir étendre leur pouvoir autour du Pale en soutenant notamment les grandes familles irlandaises, comme les Fitzgerald ou les Butler.

1509 – 1541

Mais l’arrivée d’Henri VIII au pouvoir en 1509 modifie la politique de développement, au détriment des grands noms irlandais. En 1536, Henri VIII devient chef de l’Église d’Angleterre et, en 1541, il ajoute à son titre de « roi d’Angleterre » celui de « roi d’Irlande ». Il proclame alors Dublin « ville anglicane ». Les monastères du pays sont détruits ainsi que les icônes et reliques telles que le Bacall Losa. Les catholiques sont persécutés.

1558 – 1601

La bataille de Kinsale et l’Acte de suprématie

Ces tentatives d’éradication de la culture irlandaise provoquent de nombreux mécontentements. À l’arrivée de la reine Elizabeth Ire sur le trône d’Angleterre, les conflits s’intensifient. Considérant que la suprématie en Irlande est vitale pour l’Angleterre, la reine développe de larges ressources pour contrer la rébellion et parvient enfin à vaincre les Irlandais à la bataille de Kinsale, en 1601 : l’Acte de suprématie est ainsi proclamé.

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1605

Une ère de cruelle domination anglaise s’ouvre. Les chefs de la rébellion quittent alors l’Irlande pour le continent : c’est la « fuite des comtes ». Dès lors, colons écossais et anglais s’installent dans tout le nord du pays (Derry devint Londonderry…) et transforment cette terre en une colonie anglo-saxonne de confession anglicane ou presbytérienne.

1641 - 1650

Insurrection et reconquête sanglante

Les catholiques, spoliés, expulsés de leur terre, s’unissent et se retournent contre les colons protestants : c’est l’insurrection de 1641. Dix mille colons sont massacrés. En Angleterre, Charles Ier, après avoir perdu la guerre civile, est décapité par Oliver Cromwell en 1649. Cromwell, dans un esprit de vengeance, débarque en Irlande avec 12 000 hommes. À Drogheda, les soldats tuent 3 000 personnes et éliminent, peu à peu, le tiers de la population catholique d’Irlande. En 1650, cette nouvelle « reconquête » s’achève.

1685 – 1692

Le successeur de Charles II, le roi catholique Jacques II, proclame, en 1685, une loi « anti-protestante » en Irlande. Pour le contrer, les nobles anglais incitent Guillaume d’Orange à prendre le trône. Ce dernier parvient à vaincre Jacques II à la bataille de la Boyne, non loin de Dublin, en 1692. Les Irlandais se voient interdits de porter des armes et d’instruire leurs enfants et les prêtres sont bannis.

1704

Des lois encore plus sévères ôtent le droit de vote, l’accès à la fonction publique et l’achat de terres aux Irlandais.

XVIIIe siècle

Dublin connait son âge d’or, alors que le reste du pays souffre. Les rues médiévales étroites sont reconstruites dans le style néoclassique. Le quartier de Temple Bar se développe et on construit la bibliothèque de Trinity College (1712). C’est à cette époque que sont construits des bâtiments comme The Four Courts, The Custom House ou Leinster House. La bourgeoisie protestante s’installe au nord de la Liffey ou dans les maisons georgiennes autour de Merrion Square et Fitzwilliam Square. Dublin devient la 2e ville de l’Empire britannique et la 5e ville d’Europe.

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1775 - 1778

Dès 1775, un parti patriote protestant voit le jour sous l’égide de Henry Grattan. Intimidé par l’importance de ce parti, le gouvernement britannique vote le Gardiner’s Act en 1778, qui supprime les restrictions sur la propriété foncière, le droit à l’instruction et le statut d’électeur. La vie quotidienne des catholiques s’améliore. En 1782, fort d’une armée de 80 000 « volontaires irlandais », Grattan obtient de Londres la création d’un Parlement à Dublin ; un Parlement protestant dans un pays aux trois quarts catholique. Peu suivi par ses pairs, Grattan est prêt à des conciliations avec les catholiques. Le Parlement de Grattan représente un espoir d’indépendance pour les catholiques, malgré l’omniprésence du gouvernement britannique à tous les postes clés. En effet, le pouvoir exécutif dépend toujours de la Couronne et les députés britanniques conservent leur droit de veto sur les décisions des députés irlandais.

1790 - 1801

L’Union Act

En 1790, Theobald Wolfe Tone, pourtant protestant, réclame la liberté pour les catholiques et dénonce l’Angleterre comme ennemie de l’Irlande. Il forme un club politique : la Société des Irlandais unis. Sous les coups de la répression, ce club se transforme en société secrète et militaire et réclame l’établissement d’un gouvernement républicain. Leur révolte de 1798 échoue et provoque l’Union Act de 1801 qui abolit le Parlement irlandais : le pouvoir est transféré à Londres. Dublin connut alors une période de déclin pendant laquelle toute la bourgeoisie protestante choisit de fuir vers Londres. Les monuments récemment construits subirent une dégradation importante.

1803

Cette « association » avec l’Angleterre ne satisfaisait pas grand monde, et certainement pas Robert Emmet qui, en 1803, tente d’organiser un soulèvement. Il veut s’emparer du château de Dublin mais il est emprisonné à Kilmainham Goal, puis condamné à mort. C’est Daniel O’Connell qui reprend le flambeau.  Issu d’une famille aisée du comté de Kerry, O’Connell pense que l’union des Irlandais passe par un catholicisme émancipé de l’asservissement anglais sans pour autant se détacher de la Couronne.

1828 - 1843

O’Connell est élu député du comté de Clare. Il obtient l’émancipation des catholiques en 1829. « Roi sans couronne », il n’arrête pas là son combat puisqu’il exige du Parlement l’abrogation de la loi de l’Union et l’abolition de la dîme. En 1843, 250 000 personnes viennent l’écouter sur la colline de Tara… Il annonce un meeting sur le site de Clontarf, à l’endroit même où Brian Boru l’avait autrefois emporté sur les Vikings. On y attend un million d’auditeurs ! Mais l’autorité britannique interdit ce rassemblement.

1845 – 1867

La « Grande Famine »

En 1845, l’Irlande compte 8 millions d’habitants. En cinquante ans, la population a presque doublé. Or les paysans ne profitent pas de leurs récoltes de céréales alors destinées à l’exportation. En 1845, le mildiou, un champignon, détruit une première récolte de pommes de terre. En 1846, toutes les récoltes sont touchées. C’est la « Grande Famine » : 250 000 personnes vont mourir de faim et, pas un instant, le gouvernement anglais ne songe à modifier le système. Près d’un million d’Irlandais vont périr alors qu’un autre million tente d’émigrer aux États-Unis.
La misère étant trop grande, le mouvement Jeune Irlande (fondé en 1848), adepte des thèses de O’Connell (mort en 1847), mais moins enclin au pacifisme, ne parvient pas à galvaniser les foules. Cependant, aux États-Unis, les Irlandais émigrés fondent, en 1853, une société baptisée « Irish Republican Brotherhood », plus connue sous le nom de « mouvement Fénian ». Seule une succession de contretemps empêche le mouvement de mener à terme l’insurrection et, en 1867, les autorités anglaises démantèlent le réseau. Mais l’essence du terrorisme est née.

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1869 – 1870

Un homme en Angleterre saisit l’étendue et la gravité du problème irlandais : le Premier ministre William Gladstone. Ce dernier réussit à imposer quelques réformes : séparation de l’Église protestante et de l’État en 1869, réforme agraire en 1870. De son côté, Charles Parnell, député protestant d’Irlande, entrave le travail parlementaire par d’interminables discours destinés à attirer l’attention des députés.

1880 – 1892

Parnell devient le leader incontesté du mouvement nationaliste irlandais. Il est appelé le « roi sans couronne d’Irlande ». En 1881, Gladstone soumet au Parlement une loi visant à garantir certains droits aux propriétaires terriens. Mais l’agitation autour de la question monte et Parnell et d’autres chefs de la ligue sont arrêtés en octobre 1881. Un accord est finalement trouvé avec le Premier ministre William Ewart Gladstone, et le traité de Kilmainham, du nom de la prison où Parnell est détenu, est signé. Les prisonniers sont libérés et la politique de réforme des terres se poursuit.
Gladstone présente au Parlement un projet de Home Rule (autonomie de l’Irlande dans l’Empire britannique). Mais il est rejeté par la Chambre des lords. Gladstone annonce alors des élections générales immédiates pour juillet et la campagne se fait sur le thème du Home Rule. Mais il échoue à nouveau, si bien que le cabinet passe entre les mains des conservateurs ; lord Salisbury devient Premier ministre. Charles Parnell connaît lui aussi la chute : en 1889, le scandale de sa liaison avec une femme mariée, Kiffy O’Shea, le discrédite. Il meurt deux ans plus tard d’une pneumonie. Gladstone continue jusqu’à sa mort (en 1892) à défendre son projet de Home Rule. Réélu en 1892, il le propose à nouveau. Pour la troisième fois, il est rejeté.

1893 – 1904

La Ligue gaélique prend naissance en 1893 et l’Abbey Theater de Dublin ouvre ses portes en 1904. Vers 1900 est créé le mouvement Sinn Féin (Nous Seuls), qui revendique l’indépendance. La lutte reprend de plus belle jusqu’à s’enflammer dangereusement.

1911 – 1914

Un projet déposé au Parlement propose l’autonomie partielle de l’Irlande. Il est accepté par la Chambre des communes et doit prendre effet à partir de 1914. Mais les protestants de l’Ulster ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se groupent, s’arment (via l’Allemagne) en un seul corps de 100 000 Ulster Volunteers prêts à l’attaque. En 1913, les Irish Volunteers républicains donnent la réponse : le pays est en situation de guerre civile… Une grande grève de plusieurs mois est organisée en 1913, ce qui n’arrange guère les affaires des Dublinois et, au contraire, intensifie la misère et le découragement. Mais alors que le Home Rule est ratifié, la Première Guerre mondiale éclate, ce qui en reporte l’application.

1916

L’Insurrection de Pâques

Le 24 avril 1916, 1 200 membres des Irish Volunteers conduit par Patrick Pearse et l’Irish Citizen Army de James Connolly s’emparent de la poste centrale de Dublin (G.P.O.) et d’autres bâtiments officiels anglais, et proclament la République irlandaise. La population de la ville leur est, en majorité, défavorable. Les insurgés résistent désespérément pendant une semaine, tandis que la ville est en état de siège et savamment bombardée par les Anglais. Plus de 200 civils sont victimes de cette répression éclair. Quatre mille sympathisants sont arrêtés et beaucoup sont envoyés dans des camps en Grande-Bretagne. Plus de 70 d’entre eux sont condamnés à mort, mais, après d’interminables négociations, seuls 15 sont exécutés dans la cour de Kilmainham Goal. Parmi eux Patrick Pearse, le jeune William Pearse, ainsi que James Connolly qui, gravement blessé et incapable de se tenir debout, fut exécuté sur une chaise. Éamon de Valera, futur chef du Sinn Féin, est quant à lui gracié en 1924 car il avait la nationalité américaine. Alors que la population en voulait d’abord aux révolutionnaires pour les dégâts causés dans la ville, ces exécutions modifient l’opinion publique et les condamnés entrent dans la légende.

1918

Le Sinn Féin obtient la majorité et les députés du parti refusent de siéger à Londres. En 1919, ils convoquent un Parlement irlandais à Dublin, la Dáil Eireann, qui ratifie l’instauration de la République irlandaise et élit de Valera à sa tête. Les Irish Volunteers, menés par Michael Collins, deviennent l’IRA (Irish Republican Army) qui engage une politique de guérilla contre la police anglaise, tandis que le gouvernement britannique envoie des troupes, les Blacks and Tans. Cette guerre civile va durer plus de deux ans.

1920 - 1921

Le 21 novembre 1920, Michael Collins apprend l’arrivée à Dublin de 14 informateurs britanniques et les fait tous assassiner pendant leur sommeil. En représailles, les forces britanniques ouvrent le feu sur la foule pendant un match de football gaélique disputé à Croke Park et font 12 victimes. En 1921, l’Angleterre propose une loi divisant l’Irlande en deux parties : d’un côté l’Irlande du Nord (l’Ulster moins 3 comtés à majorité catholique) ; de l’autre, l’Irlande du Sud et ses 26 comtés. Un armistice est signé et conduit à des négociations. Le 5 décembre 1921 le traité de Londres est signé et l’Irlande devient l’Irish Free State (l’État libre d’Irlande), à condition de ne pas intervenir en Irlande du Nord. La situation contemporaine est scellée… Scellée mais non acceptée. De Valera et l’IRA refusent le traité car ils veulent une Irlande unie.

1922 - 1937

Une nouvelle guerre civile éclate dès 1922, les Anglais armant les forces de l’Irish Free State qui avaient ratifié le traité. En 1923, de Valera accepte de déposer les armes. En 1925, il fonde un nouveau parti, le Fianna Fáil (Soldats du destin) et siège au Dáil (le Parlement). La minorité qui refuse de le suivre devient clandestine, préfigurant l’actuelle IRA. En 1932, de Valera accède au pouvoir et renonce au serment d’allégeance à la couronne. Le Fianna Fáil reste au pouvoir pendant 16 ans. En 1937, de Valera fait voter une nouvelle Constitution dans laquelle l’Irlande, sous son nouveau patronyme d’Eire, se reconnaît souveraine, indépendante et démocratique.

1939 – 1949

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Eire reste neutre. En 1948, Fianna Fáil perd les élections au profit du parti Fine Gael. Un gouvernement de coalition dirige le pays. En 1949, l’Eire devint la « Republic of Ireland » et quitte le Commonwealth, tandis que l’Irlande du Nord est rattachée au Royaume-Uni. Après la Seconde Guerre mondiale, Dublin était une capitale vieillotte ; le renouvellement de la ville fut lent jusqu’aux années 1960, qui ont vu le début du changement.

1966

Lors du 50e anniversaire de la révolution de 1916, l’IRA fait sauter la colonne Nelson sur O’Connell Street.

1974

Après le massacre du dimanche 30 janvier 1972, le Bloody Sunday à Derry, Dublin est peu touché par les violences de l’IRA en Irlande du Nord. Même si, en 1974, trois voitures piégées explosent dans la ville, faisant 25 morts.

1990 – 1992

En 1990, l’élection de Mary Robinson à la présidence de l’Irlande est encourageante aussi bien pour les relations avec l’Ulster que pour l’identité de la république. N’appartenant à aucun des deux grands partis nationalistes issus de la guerre d’indépendance (Fine Gael et Fianna Fáil) et mariée à un protestant, la nouvelle présidente donne une image plus libérable, offrant plus de probabilités à la réunification. Dublin est élu capitale culturelle européenne en 1992 et, depuis, toute une politique de restructuration de la ville est en cours.

1998-2005

Fin des années 1990, début des années 2000, Dublin se réveille en développant massivement le secteur tertiaire. L’économie, qui reposait alors essentiellement sur les activités portuaires et la production alimentaire, se diversifie vers les technologies de pointe notamment (matériels électronique et informatique).

2005 - Aujourd’hui

La croissance ralentit, en dépit du passage à l'euro en 2002, avant de s’effondrer début 2008 avec la crise des subprimes. D'un autre côté, cette période voit le processus de paix entre l'Eire et l'Irlande du Nord se concrétiser sur le plan politique.
Suite à sa cure d'austérité budgétaire et au Brexit en 2019 (finalement effectif en 2021), la capitale irlandaise attire les banques britanniques de la City car Dublin a des atouts et a déjà attiré les multinationales de la pharmacie et de la high-tech, comme Google. À la fois cosmopolite et profondément irlandaise, cette capitale chaleureuse convainc de nombreux jeunes Européens de venir s'y installer, malgré le coût élevé de la vie et une météo quelque peu capricieuse.