ROUTE DES FORTS ET DES TOURS ANCIENNES

En attendant le jour rêvé où les historiens et les gens de marketing feront cause commune pour faciliter la visibilité du patrimoine bâti, nous vous proposons la route qui va suivre. Ce préambule s’impose pour que le voyageur soit compréhensif et tolérant devant d’éventuelles imprécisions : la dizaine de sites historiques de Liwa ressemble à un jeu de piste parfois sans piste, en tout cas généralement sans panneau indicateur.

Nous avons donc « reconstitué » un parcours sur la base de multiples cartes et documents académiques, cohérent géographiquement puisqu’il se déroule d’est en ouest (donc avec le soleil dans le dos) à défaut de l’être historiquement. Cette route a ensuite été reconnue de bout en bout, les kilométrages étant relevés au GPS. Le résultat final constitue une première, tous livres et guides confondus, ce qui est un handicap plus qu’un motif de fierté. Ces forts, souvent d’allure modeste, sont plutôt en bon état, car restaurés récemment par l’Abu Dhabi Tourism & Culture Authority, qui a mis les moyens pour que le résultat soit à la hauteur des attentes. Cette route des forts et des tours anciennes témoigne du génie des populations anciennes de l’oasis toujours soucieuses de se protéger des attaques éventuelles et de surveiller leurs richesses agricoles. Vous pourrez bien sûr vous contenter d’une ou deux étapes sur la route, tous les bâtiments ayant quand même une fâcheuse tendance à se ressembler les uns les autres. Cette vacuité est entretenue par un tropisme post-moderne de nouveau pays riche consistant à créer, dans des décors féeriques de style traditionnel, des hôtels ou des malls à des endroits inattendus. Si beaux soient-ils, comme est magnifique le Qasr Al Sarab, ils ne peuvent pas remplacer un lieu d’histoire, une tour où les hommes se sont battus. La difficulté d’accès des sites qui suivent témoigne de la tentation du parc à thème comme réponse immédiate aux aspirations plus exotiques. Nous vous recommandons de partir en fin de matinée et de combiner ce circuit avec Tel Moreb en milieu d’après-midi. Possibilité de déjeuner au Liwa Hotel. Assurez-vous d’avoir bien fait le plein d’essence, de prendre un chargeur de portable supplémentaire, beaucoup d’eau et de monnaie.

Point de départ, compteur à zéro : station-essence Adnoc de Hamim. Nous indiquerons également le kilométrage depuis Mezaira'a pour ceux qui feraient la route dans le sens ouest-est. Nous avons ajouté aussi tous les points GPS pour vous aider.

Fort Jabbanah. GPS : 23.062543, 54.071549. Au km 28, dans le secteur de Jarrah, une rangée de bouibouis sur la droite. Juste avant d’y arriver, empruntez une courte piste qui se glisse derrière pour atteindre cette belle forteresse à trois tours cylindriques surmontées de créneaux, à proximité d’une dune. Visible depuis le goudron. Entrée libre. A 36 km de Mezaira'a.

Fort Attab. GPS : 23.141189, 53.896512. Au km 54, soit 26 km plus avant en direction de Mezaira'a, une structure identique, mais plus petite, sûrement plus ancienne. Certaines sources font remonter la construction au temps de Sheikh Mohamed Bin Shakhbout Bin Dhiab entre 1816 et 1818. Attab, que l’on appelle aussi Al Meel, est en retrait du goudron sur la droite, visible depuis la route. Vous allez l’apercevoir avant le panneau qui indique Mahdhar Attab. Tournez à droite en suivant le panneau Mahdhar Attab et garez-vous sur le parking. A 17,7 km de Mezaira'a.

Deuxième point de départ, compteur à zéro : rond-point central de Mezaira'a, devant la mosquée.

Restez alors sur la E90

Fort Mezaira'a. GPS : 23.139048, 53.780449. Au km 1,2, décrochez du goudron principal sur la droite et rejoignez en quelques centaines de mètres le parking devant ce vaste fort surmonté des trois tours rituelles. En arrière-décor, la dune végétalisée au sommet de laquelle se trouve le palais présidentiel du secteur. Comme dans les bâtiments précédents, observez les portes en bois sculpté.

Maison fortifiée Al Hamily. GPS : 23.126567, 53.754558. Au km 4,5, donc 3,3 km plus loin à partir du retour au goudron principal, arrêt sur le bas-côté de la route pour découvrir la seule demeure fortifiée encore debout dans l’oasis. Egalement appelé Dhafeer Fort, ce fortin compte deux étages à l’arrière d’une cour ceinte de murs crénelés. On peut entrer et grimper dans les étages, admirer au passage le travail de restauration qui reflète des plafonds soutenus par les stipes de dattier aux ouvertures ouvragées, le cadre de vie d’une famille fortunée.

Sur la route, admirez toutes les collines végétalisées qui succèdent aux dunes ocre ! Un spectacle surréaliste. Au loin des palaces, demeures des cheikhs qui retournent sur les dunes des pères de la nation, car Liwa est bien le berceau de la famille Bani Yas, ancêtres des Al Nahyan.

Fort et Mosquée Qutuf. GPS : 23.110811, 53.730127. Au km 8,2, soit 3,7 km plus loin, une légère montée avant d’atteindre le panneau Mahdhar/Qutuf. Prenez le décrochement à droite sur la présélection de droite, une voie étroite qui descend puis se courbe vers la droite en direction des dunes. Tout au fond, le fort est là, modeste de taille avec son unique tour, à côté d’une petite mosquée enfouie dans les palmes. Des lieux qui virent passer, en mars 1948, l’explorateur britannique Wilfred Thesiger, affamé par trois jours sans vivres. « Nous traversâmes les villages de Qutuf et de Dhaufir. On avait planté des palmiers le long des plaines de sel, au pied de hautes dunes aux versants abrupts et dans des dépressions au milieu des sables. Les plantations étaient entourées de barrières ; on en avait dressé d’autres au sommet des dunes pour essayer de contenir les mouvements des sables qui, en différents endroits, avaient partiellement enseveli les arbres. Ceux-ci étaient soigneusement espacés et, de toute évidence, bien entretenus. Il n’y avait pas d’autres cultures, probablement à cause de la pellicule de sel qui recouvrait le sol. On trouvait de l’eau à profusion entre deux et six mètres de profondeur. »

Fort Mariah Al Gharbiya. C’est le fort le plus difficile à trouver, alors suivez bien les indications. GPS : 23.103694, 53.584068. Au km 22 soit 16,4 km plus avant, prenez à droite, toujours sur le goudron, en direction de Khanoor, continuez tout droit jusqu’au premier rond-point (environ 1,7 km), prenez la deuxième sortie, c’est-à-dire à gauche. Au deuxième rond-point, continuez tout droit et à quelques centaines de mètres au panneau Al Mariah, prenez à gauche la route goudronnée. Vous apercevrez le fort en contrebas.

Tour Al Hayla. GPS : 23.109984, 53.615328. Sans indications initiales, il nous a fallu une heure pour la trouver ! Depuis le fort Mariah, revenez sur vos pas au premier rond-point et prenez la route en face, passant devant des échoppes où vous pourrez acheter de l’eau et quelques provisions. Comptez 1 000 mètres et tirez à gauche sur la piste dans la palmeraie. Au bout de 500 m, elle est à droite, cachée par la végétation. Al Haya est le témoignage modeste des besoins de défense du XIX^e siècle, quand les cousins de Dubaï faisaient des rezzous (de gazwa, raid). Haute de 8 mètres, ses murs sont de sarouj, mélange local d’argile, de gypse et de sable. Au GPS, nous sommes là à 29,6 km du départ de Mezaira'a.

Umm Hosn. GPS : 23.007625, 53.423917. Retour sur l’axe principal de l’oasis, 0 km au compteur. Au km 27,9 en direction de l’ouest, soit à 50,5 km de Mezaira'a, au rond-point prenez la première à droite sur la E15, juste après vous devriez apercevoir les ruines sur la droite. Notre dernière étape est la moins impressionnante puisqu’il s’agit d’un simple tas de pierres. Egalement appelé fort Arrada, nom de la localité proche, ce site vieux de plus de 200 ans fut le théâtre d’une attaque qatarie en 1880, le dernier assaut massif connu à Liwa. Afin de protéger ce qui reste, après que les riverains aient pillé les pierres pour solidifier leurs maisons, une clôture vous tient à distance de ce qui fut un fortin à tour unique. Le patrimoine bâti le plus ancien de l’époque bédouine est devant vous. Accès à 400 m en 4x4 uniquement, en quittant le goudron à droite à travers la palmeraie, puis en traversant une cuvette de sable assez fluide. Demi-tour pour rentrer en sens inverse.