Corniche

Avant même la découverte du pétrole, la Corniche était une plage naturelle de sable battue par les tempêtes et où les pêcheurs déchargeaient des boutres le fruit de leurs pêches. Depuis, la Corniche a subi plusieurs grandes modifications. C’est par ce quartier et sur les instructions du souverain aidé dans un premier temps par l’urbaniste japonais Takahashi puis par l’égyptien Makhlouf, que le plan urbanistique de la ville commence selon un plan quadrillé orthogonal favorisant de larges avenues, des espaces verts sans aucun gratte-ciel et qui, partant de la Corniche, se développe en plusieurs phases pour se terminer par le quartier autour des ponts à la fin du XXe. Ce n’est qu’à la mort du père de la nation à la fin 2004 que le gouvernement de la capitale autorisa la construction de gratte-ciel qui s’érigent depuis sur le périmètre de l’île.  En 1988, une digue de 4,2 km² appelée Lulu Island est construite puis en 1998, 800 000 m² sont gagnés sur la mer pour l’agrandir. En 2008, une plage de 2 km est créée le long de celle- ci pour offrir à tous les habitants une aire de baignade puis en 2018, les bords de mer sur la corniche ouest sont aménagés à nouveau pour accueillir de nouvelles infrastructures plus loin de la route. Elle est restée au fil du temps un lieu de rassemblement lors de la fête nationale, mais aussi un lieu de communion pour tous les habitants de cette île et qui affectionnent les longues balades à pied ou à vélo lors de la belle saison. Les beaux quartiers sont à l’ouest, Ras Al Akhdar, Breakwater, Khubeirah, l’est de Khalidiya, Mushrif et surtout Al Bateen, chez les princes. Une richesse toponymique avec plusieurs points d’intérêt retiendra votre attention : l’Emirates Palace face aux Etihad Towers (hôtel et mall de luxe) et proche du gigantesque palais présidentiel et du monument à Zayed, les malls de Marina et de Khalidiya, la plage publique aménagée. Cette partie occidentale urbaine, baignée par les eaux lagunaires du Khor Al Bateen et celles plus marines du Breakwater, demeure presque entièrement ce qu’elle fut à la fondation de la ville : un secteur résidentiel planté de quelques rares tours et traversé d’axes majestueux. Lesquels conduisent à des palais, des villas, des parcs fleuris et à la mer.

Le Centre

Le Centre n’est plus au centre, tel est le destin cruel des anciens quartiers du Nouveau Monde. Si la ville court maintenant vers l’aéroport et l’île de Yas, par-delà les ponts, ce n’est pas une raison pour oublier ce qui fut le cœur battant de l’Abu Dhabi du boom pétrolier, près du poumon portuaire naturel. Mina, Markaziyah, Madinat Zayed, Tourist Club, Dhafrah, Wahda, Nahyan, Muroor, l’est de Khalidiyah : autant de rues, de jardins et de bâtiments connus de tous les Emiriens. Il n’y avait alors pas de Corniche goudronnée ; on arrêtait la voiture sur le sable du front de mer. Boostés par le développement exponentiel, les architectes ont donc bâti un « centre-ville » à l’américaine, planté d’immeubles puis de tours. On fit même un premier centre commercial géant, l’Abu Dhabi Mall. Dix mille voitures plus tard, tout s’est bloqué, les axes à deux voies des années 1980 ne suffisant pas. Petit à petit, les commerçants ont plié boutique pour des zones plus aérées et pourvues de stationnement, et c’est ainsi que le centre a cessé de l’être. Mais un grand lifting est en cours et c’est donc un Abu Dhabi des hommes d’affaires (banques, import-export), mais aussi et surtout celui des boutiquiers, des bouis-bouis à brochettes et des familles du sous-continent indien. La nuit comme le jour, on s’y déplace en toute sécurité, en appréciant la saveur de ce joyeux désordre (très relatif), d’autant plus que l’on sait sa rareté au royaume des avenues fleuries et des malls géants. Dans ce quartier d’Abu Dubai,  non loin des tours de Foster+Partners, vous découvrirez le fort historique Qasr el Hosn et la fondation culturelle, tous deux récemment rénovés ainsi que le très respectueux centre d’artisanat.

Autour des ponts

S’il y a beaucoup de ponts dans la capitale, seuls les trois ouvrages du quartier relient l’île d’Abu Dhabi au continent, enjambant le bras de mer Khor al-Maqta large de 250 m : déclinés du nord au sud, voici le pont Zayed en forme de dune, de la prestigieuse architecte irako-britannique Zaha Hadid, le bétonné pont Mussafah et l’historique pont métallique Maqta : « La chaussée de Maqta, construite en 1952, fut la seule route qui reliait la ville à la côte jusqu’en 1961 », explique Mohamed al-Fahim (De la pauvreté à la richesse, éd. Gulf Book Centre). « Faite de pierre et de boue, elle était surélevée de deux pieds au-dessus du niveau de l’eau permettant ainsi aux voitures et aux chameaux de l’emprunter facilement pour traverser le canal. » Pris au sens large dans ce guide, le quartier englobe les hôtels, restaurants et boutiques de l’élégant waterfront Qaryat al-Beri, la majestueuse mosquée Sheikh Zayed juste en face, mais aussi à 5 km dans l’île, le parc des expositions Adnec et la ville du sport construite à la fin des années 70 Zayed Sports City. Cette capitale paisible, aérée et entourée de lagunes a été élue ville la plus sûre du monde en 2021.

Reem Island et Maryah Island

Ces deux îles sont toujours en plein développement et font partie du plan urbanistique Abu Dhabi 2030 conçu par le conseil de planification urbanistique créé en 2007 afin d’épauler la diversification de l’économie de l’émirat loin des hydrocarbures. Situés entre l’île d’Abu Dhabi et de Saadiyat, ces archipels de sable, remodelés à coup de pelles mécaniques, ne s’élèvent que de quelques mètres au-dessus de la mer et sont une extension du centre d’Abu Dhabi, qui se trouve à quelques centaines de mètres, et reliés par 4 ponts. L’île de Maryah abrite le centre financier et commercial de la capitale avec des zones franches, un hôpital prestigieux, des galeries marchandes, des hôtels luxueux et une zone résidentielle connectés les uns aux autres par une promenade sur plus de 5 km, mais aussi une antenne de l’école privée de management de Fontainebleau : l’INSEAD. A terme, ce sont 30 000 résidents et près de 75 000 salariés qui sont attendus. Au nord-est, près des mangroves et à quelques encablures, voici Reem Island, 650 hectares près des mangroves qui accueille La Sorbonne, des écoles et d’immenses tours résidentielles imaginées par des architectes renommés et dont le plan directeur doit laisser 50 % de l’île à des espaces verts, des promenades et des aires de jeux. Lorsque la dernière phase sera terminée, ce sont 200 000 résidents qui devraient habiter cette île. Ces archipels sont ouverts aux expatriés qui peuvent acquérir ainsi des biens mobiliers, ce qui leur avait été refusé sur l’île historique d’Abu Dhabi.

Île de Saadiyat

A 12 km de l’Emirates Palace, à 5 km des premières rues du centre-ville de l’autre côté du pont Sheikh Zayed, au-dessus d’un espace lagunaire immense, l’île de Saadiyat offre une vue rapprochée des deux îles Maryah et Al Reem. Pour parcourir la trentaine de kilomètres qui la séparent de l’aéroport international, on préférera emprunter l’autoroute E12 de Sheikh Khalifa bin Zayed, à plusieurs voies et qui file vers Yas, plutôt que d’affronter les tracas du centre-ville. L’île de Saadiyat, littéralement l’île du bonheur n’était jusqu’en 2006 qu’une plage désertique où les résidents s’aventuraient le week-end pour y pique-niquer. Depuis, c’est un des pôles du « nouvel » Abu Dhabi où la culture est reine et dont le développement sur ses 27 km² prendra une quinzaine d’années. On y trouve 4 grands pôles : un quartier culturel où le Louvre Abu Dhabi attend l’arrivée de deux autres musées à savoir le Zayed Museum des architectes Fosters+Partners qui sera dédié à l’histoire et au patrimoine des Emirats et le Guggenheim de l’architecte Franck Gerry. Annoncée à la suite des accords de paix signés entre autres entre Israël et les Emirats arabes unis, la maison d’Abraham est un projet architectural qui symbolisera le dialogue inter-religieux avec la construction d’une église, d’une mosquée et d’une synagogue et qui devrait ouvrir fin 2022. Quant au quartier touristique, il accueille depuis déjà plusieurs années de magnifiques hôtels situés le long de la plage de sable blanc et aussi un golf de 18 trous. Enfin,  le quartier résidentiel luxueux est déjà très prisé et hébergera à terme près de 160 000 résidents. On y trouve aussi plusieurs institutions pour l’éducation comme New York University, et des écoles, dont l’école laïque française Théodore Monod.

Île de Yas

Habitée depuis des millénaires, le master plan de l’île de 2 500 hectares fut présenté en 2006 et développé par Aldar, premier investisseur d’Abu Dhabi avec l’idée directrice de consacrer cet archipel aux loisirs avec à terme une zone résidentielle pouvant accueillir 55 000 habitants. Située à 10 minutes de l’aéroport, sur la route entre Abu Dhabi et Dubaï, à 30 minutes du centre et à quelques kilomètres de Saadiyat, l’île fut ouverte pour le Grand Prix de Formule 1 dès novembre 2009. Depuis, 3 parcs d’attractions et des dizaines de propositions de loisirs et de divertissements ont ouvert aux nombreux touristes et résidents avec l’aide d’architectes reconnus.

Khalifa et Masdar City

Cette banlieue d’Abu Dhabi est située entre l’aéroport, l’île de Yas et l’entrée de l’île d’Abu Dhabi sur l’axe routier qui relie la capitale à Dubaï. Elle comprend la ville de Khalifa City A avec près de 80 000 résidents et Khalifa B en construction qui devrait pouvoir abriter près de 70 000 habitants. Aucun gratte-ciel n’est visible et cet immense ensemble comprend des villas et des immeubles de petite taille où cohabitent familles émiraties et expatriées autour de 8 écoles. C’est là aussi que se trouve le projet de ville écoresponsable baptisé Masdar City qui se veut un modèle de durabilité économique, sociale et environnementale.