La musique classique

Au début du XXe siècle, le pays a été la terre d’accueil de nombreux musiciens fuyant l'Europe pour des raisons politiques : Schoenberg, Prokofiev, Hindemith, Rachmaninov, Stravinsky, Bartók, Schoenberg, Martinu composeront durant leur exil des œuvres influencées par la vitalité de leur pays d’accueil. Les États-Unis ont enfanté peu de grands compositeurs de musique classique avant l’avènement de Gershwin et sa Rhapsody in Blue en 1924. George Gershwin propose, lui, un agencement musical parmi les plus originaux, entre le jazz et le ragtime des années 1920 et la composition classique. Dans le domaine des musiques savantes, les États-Unis brillent en tant qu’avant-gardistes (John Cage) ou minimalistes (Philip Glass).

L’autre domaine dans lequel excelle le pays, ce sont les orchestres symphoniques. Les États-Unis en comptent cinq exceptionnels, le fameux « Big Five », tous dirigés par des maestros reconnus : le Cleveland Orchestra (Franz Welser-Möst), le New York Philharmonic (Jaap van Zweden), le Boston Symphony Orchestra (Andris Nelsons), le Philadelphia Orchestra (Yannick Nézet-Séguin) et enfin, le Chicago Symphony Orchestra (CSO) et son maestro Riccardo Muti. Dirigé par les plus grands, dont Daniel Barenboim ou Bernard Haitink, demeure de magnifiques solistes, la réputation du  « CSO » n’est plus à faire. Créé en 1891, l’ensemble se produit au Chicago Symphony Center, superbe salle de concert faisant face à Grant Park. Y entendre Riccardo Muti officier est un enchantement. À noter aussi que la ville possède un opéra d’envergure, le Lyric Opera of Chicago dirigé par le chef franco-italien Enrique Mazzola, anciennement à la tête de l’Orchestre national d’Île-de-France. Les représentations ont lieu au Civic Opera House, magnifique bâtiment de style Art déco datant de 1929 aux qualités acoustiques exceptionnelles.

Il n’est pas membre du big five mais l’Orchestre symphonique du Minnesota demeure néanmoins d’excellente tenue depuis que le Finlandais Osmo Vänskä y tient la baguette. C’est à lui que l’on doit les meilleures interprétations récentes des symphonies de Sibelius. Aussi, la salle, plutôt petite pour un orchestre de cette ampleur (deux mille quatre cents sièges), possède l’une des meilleures acoustiques du pays. Autre bonne surprise du côté de Detroit où l’Orchestre symphonique interprète des standards du classique comme du jazz sous la direction de l’illustre chef d’orchestre Jader Bignamini. La salle, nichée dans le somptueux Max M. and Marjorie S. Fisher Music Center, est inscrite au registre national du patrimoine historique depuis 1971 et vaut à elle seule le déplacement.

Le jazz

Issu des chants de travail (les « worksongs ») des esclaves noirs des États-Unis, le jazz va prendre forme au début du XXe siècle avec l’exode des Noirs américains du Sud vers La Nouvelle-Orléans et Chicago. Le jazz s’officialise en 1917 lorsque le groupe Original Dixieland Jazz Band – composé de musiciens blancs, ironie du sort – enregistre le premier titre du genre Livery Stable Blues à Chicago. Ce ne sont que quelques années plus tard, en 1922, que les musiciens noirs arrivent à s’imposer sur le devant de la scène et à se faire accepter par un public blanc. Le groupe King Oliver’s Creole Jazz Band, originaire de La Nouvelle-Orléans (mais basé à Chicago) et dans lequel Louis Armstrong fait ses débuts en tant que trompettiste, rencontre un succès important. Un véritable tremplin pour la carrière d’Armstrong. Ses enregistrements des années 1925 à 1928 avec ses groupes de Chicago, les Hot Five et les Hot Seven, emmènent le jazz original de La Nouvelle-Orléans vers un format plus sophistiqué et plus improvisé, comprenant des solos et des tempos rapides, qui va poser le socle du style de jazz de Chicago.

L’arrivée du swing dans les années 1930 transforme le jazz en une musique plus rythmée. Des orchestres d’une dizaine de personnes se développent, appelés « big bands » et jouant du saxophone, de la clarinette, du piano, de la guitare. New York succède à Chicago et Duke Ellington jouant pour le Cotton Club conquiert le public. Cette période du swing est remplacée au milieu des années 1940 par le be-bop. Désormais les musiciens jouent en petits groupes et s’offrent une plus grande liberté rythmique et d’improvisation. Charlie Parker, « Bird », devient la référence de ce nouveau mouvement. Miles Davis, originaire de l’Illinois, qui a collaboré avec Charlie Parker, revient avec Birth of the cool à un jazz plus calme et surtout plus accessible. Ce mouvement prend alors le nom de « cool jazz ». C’est également lui qui sera le précurseur de l’évolution vers le jazz-rock, notamment via ses albums In a Silent Way et Bitches Brew. Du milieu des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, Chicago cultive une scène jazz dynamique et innovante, couvant génération après génération des prodiges tels qu’Herbie Hancock, Jack DeJohnette, les avant-gardistes Art Ensemble of Chicago, Rob Mazurek et Anthony Braxton ou le nouveau surdoué Makaya McCraven.

Pour un concert de jazz à Chicago, on n’a que l’embarras du choix. Première adresse plus que recommandable, le Andy’s Jazz Club est un des bars les plus courus de la ville. Depuis son ouverture en 1951, son nom est synonyme de scène de qualité où artistes confirmés côtoient nouveaux talents. Beaucoup plus récent (ouvert en 2016), le Winter’s Jazz Club est le nouveau club de Chicago à faire parler de lui. Du jazz tous les soirs de la semaine (ou presque), sous toutes ses coutures et dans un espace de poche. Pour les amateurs de free jazz et de jazz aux frontières de la musique contemporaine et de l’avant-garde, une partie de l’équipe du magazine Pitchfork a ouvert le très chic et branché Constellation. Et puis, lorsque l’on est de passage à Chicago à la fin de l’été, il est impensable de ne pas faire un saut au Chicago Jazz Festival. C’est un des plus grands rendez-vous mondiaux, du genre, on y voit des cadors – Miles Davis, Sonny Rollins, Ornette Coleman, Benny Carter ou Ella Fitzgerald y ont joué – et… c’est gratuit.

Le blues

Étant donné l’importance de Chicago dans l’Histoire du blues (voire notre dossier sur le sujet), la ville compte sans surprise parmi les meilleurs clubs du genre aux États-Unis. À commencer par le House of Blues. Si ces dernières années la programmation est devenue un brin plus éclectique, le blues est toujours roi entre ses murs. Institution toujours, Buddy Guy’s Legend est tenu par la légende vivante du blues mentionnée sur l’enseigne : Buddy Guy. À 80 printemps passés, on le croise toujours régulièrement sur place, accompagné sur scène de musiciens de renommée internationale. C’est évidemment très fréquenté, mais l’endroit en vaut la peine. Moins célèbre, mais tout aussi réputé le Rosa’s Lounge est très agréable et fait la part belle aux bluesmen locaux. Autrement, plus intimiste et tranquille, mais tout aussi pointu le Chicago B.L.U.E.S. Bar est une très bonne alternative aux lieux précédemment mentionnés. Évidemment, si le plus grand festival de blues gratuit au monde doit avoir lieu quelque part, c’est à Chicago. Il s’appelle le Chicago Blues Festival et donne rendez-vous chaque année en juin à la crème du genre dans Grant.

Le rock

Si la ville a porté le blues, Chicago n’a pas vu naître son descendant direct : le rock. Le genre a pris forme dans le Tennessee entre les mains d’artistes blancs comme Elvis Presley ou Carl Perkins donnant une nouvelle lecture au rhythm 'n’ blues noir américain. Cela dit, génération après génération, Chicago demeure définitivement une ruche bourdonnante d’où s’échappent de grands groupes. Depuis les années 1980 avec les stars du rock alternatif Smashing Pumpkins jusqu’à nos jours avec des groupes comme Wilco, Tortoise ou Andrew Bird et des labels tels que Thrill Jockey ou Drag City, Chicago nourrit une des scènes de musiques indépendantes les plus actives des États-Unis. Ville de naissance de l’hyper influent magazine musical Pitchfork, Chicago abrite tous les ans le Pitchfork music Festival, dans le fameux Union Park. C’est branché, parfois trop, mais la programmation est une des plus pointues au monde. Chicago est également la ville de Lollapalooza, un des festivals de rock (et bien plus) les plus connus au monde, qui propose plus de 170 concerts répartis sur huit scènes. Enfin, Windy City offre plus d’un bar dans ses rues à l’amateur de rock. Comme le fameux Martyr’s, très rock dans la programmation et dans l’esprit ou encore Empty Bottle, une des scènes les plus aimées de la ville pour le rock indé. Et lorsque l’on est chineur, on n’omet jamais un passage chez Dave’s Records, caverne remplie d’une dizaine de milliers de vinyles tous genres confondus et à bons prix.

Le rock n’est pas né à Detroit, mais… presque. C’est un groupe local, les fameux Bill Haley & The Comets, qui en 1955 lance le rock 'n' roll avec un premier tube Rock Around The Clock. Depuis, à chaque génération, des stars du rock naissent à Detroit et sa région, portant en eux quelque chose de singulier. À la fin des années 1960, les MC5 et surtout The Stooges (le groupe d’Iggy Pop) vont dessiner un rock brut et sauvage, précurseur du punk à venir. À la même époque et dans la même ville émerge aussi une des icônes du hard rock : Alice Cooper. Plus récemment, c’est encore à Detroit que naissait un des derniers grands du rock, Jack White, ancien membre et fondateur du défunt groupe The White Stripes (responsable, entre autres, du tube planétaire Seven Nation Army). Detroit est donc une ville rock devant l’éternel et propose pas mal de scènes dédiées. Une des meilleures est sans doute le Saint Andrew's Hall, haut lieu du rock qui en son temps vit passer Iggy Pop, Bob Dylan, Nirvana, R.E.M., Red Hot Chili Peppers, Pearl Jam ou Soundgarden, pour ne citer qu’eux. Plus intimiste, mais aussi plus axé autour des jeunes talents, El Club à Mexicantown est une valeur sûre. La programmation la déco, l’ambiance, la clientèle… ici, tout est réussi. Pour quiconque serait de passage à Minneapolis aux alentours de juin, le festival Rock The Garden se tenant sur la pelouse extérieure du Walker Art Center programme de très bons artistes et pas mal de rock.

La folk music

Peut-être est-ce dû à cette rencontre entre grands espaces boisés et ensembles urbains gigantesques où les inégalités foisonnent, mais la région des Grands Lacs a été (et demeure) particulièrement fertile pour la folk music. Elle a vu pousser parmi les plus grands noms du genre, à commencer par son astre le plus brillant : Bob Dylan. Chanteur de légende, Robert Allen Zimmerman, alias Bob Dylan, est né en mai 1941 à Duluth, dans le nord de l’État du Minnesota, et grandit à Hibbing, ville minière dans le centre de l’État. Il a porté la folk à son apogée, dès ses débuts dans les années 1960, avec des tubes comme Like a Rolling Stone. Enchaînant les classiques instantanés, il définit presque à lui seul le genre, utilisant avec poésie ce « blues blanc » qu’est la folk pour véhiculer la fièvre contestataire des années 1960. C’est dans ce contexte, pendant les mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam et les mouvements étudiants, qu’il perce en lançant son tube planétaire Blowin’ in the Wind et en produisant ses meilleurs albums : The Freewheelin’, Bob Dylan, Highway 61 Revisited. La pression populaire est pourtant trop forte, son image de rebelle militant ne lui convient pas. Il est constamment assailli par des hordes de fans qui campent devant sa maison. En 1966, il prend prétexte d’une chute de moto pour se retirer de la vie publique. Il rejette peu à peu l’image qu’il s’est créée, essayant de surprendre et même de décevoir ses fans les plus inconditionnels en variant les styles et les influences. Ce n’est qu’en 1975 qu’il revient réellement sur le devant de la scène avec son excellent album Blood on the Tracks. Aujourd’hui, il continue de tourner et si les avis sont partagés, ses chansons passionnent toujours les foules qui lui pardonnent aisément ses concerts un peu distants. Le 13 octobre 2016, Bob Dylan entre une nouvelle fois dans la légende en devenant le premier musicien-interprète à se voir attribuer le prix Nobel de littérature depuis la création du prix en 1901, pour sa contribution à la grande tradition de la chanson américaine.

Si le militantisme du genre va s’estomper avec l’âge, la folk music s’articule toujours peu ou prou autour du même schéma et beaucoup de ses stars actuelles viennent de la région des Grands Lacs : Bon Iver, Wilco, Andrew Bird, Sufjan Stevens ou encore Frontier Ruckus.

La soul

Si l’histoire de la soul a été plutôt timide du côté de Chicago – excepté une poignée de grands noms : Curtis Mayfield, The Impressions, Sam Cooke –, elle est magistrale à Detroit. En 1959, Berry Gordy Jr fonde le label Motown (Motor Town) et fait de Detroit la capitale de la soul music. Foyer d’une quantité pharaonique de tubes planétaires, Motown a offert au monde des artistes tels que les Jackson Five, Marvin Gaye, Diana Ross, The Supremes, Stevie Wonder ou encore les Temptations. D’ailleurs il serait dommage de passer par Detroit sans s’offrir une visite au Motown Museum. Logé dans l’ancienne demeure du mythique Berry Gordy, c’est ici qu’ont été enregistré les premières heures – déjà très glorieuses – du label.

La pop

Des poids lourds de la pop music viennent de la région, et pas des moindres, une véritable famille royale ! Madonna alias The queen of pop est née à Bay City, dans le Michigan. Michael Jackson, sacré lui aussi aussi The king of pop, est originaire de la petite ville industrielle de Gary en Indiana, dans les environs de Chicago. Et n’oublions pas His Purple Majesty, Prince, surnommé également le Kid de Minneapolis.

Louise Ciccone alias Madonna débute très tôt des études de danse et de théâtre avant de venir en France où elle rencontre le chanteur disco français Patrick Hernandez. Ensemble, ils forment le groupe Breakfast Club, où Madonna joue de la batterie et chante. De retour dans les Grands Lacs, à Detroit, en 1980, elle sort son premier hit Everybody, qui fera un carton dans les boîtes de nuit américaines. Holiday, sorti en 1983, sera son premier tube international : le phénomène Madonna est lancé. Par la suite, elle enregistre Like a Virgin, single qui sera numéro un des ventes pendant onze semaines consécutives aux États-Unis. En 1989, sa nouvelle vidéo Like a prayer, qui mélange les thèmes érotique et religieux, fait scandale. Un tapage médiatique qui ne fait qu'accroître la popularité de Madonna, devenue une femme d’affaires redoutable. Elle continue aujourd’hui de sortir des albums, entourée de producteurs à succès et ses tournées sont de véritables shows.

Le père de Michael Jackson découvre tôt que son fils ainsi que plusieurs de ses enfants (ils sont neuf à la maison) possèdent un talent certain pour la musique. Lorsque Michael a 5 ans, et ses frères presque dix, il commence à les faire répéter. Les Jackson 5 sont nés. Ils se produisent dans les bars de Gary et deviennent rapidement célèbres. Très vite, Joe Jackson déménage sa petite famille à Detroit pour se concentrer sur leur carrière, arrêtant ainsi de travailler à l'usine pour devenir leur agent. En 1970, les Jackson 5 deviennent connus nationalement avec leur album Diana Ross Presents : The Jackson 5, avec la chanson I want you back. Dès 1971, Michael se lance en solo, mais reste membre du groupe. En 1979, il sort Off the wall qui arrive en tête des charts, notamment avec la chanson Rock with you. Il enchaîne ensuite les albums à succès, Thriller (1982) avec Billie Jean, Beat it et Thriller, dont les vidéoclips marquent l'histoire de la musique. Dans Billie Jean, l'artiste effectue pour la première fois son célèbre moonwalk, qui deviendra sa marque de fabrique. En 2009, il prépare une tournée, This is it, qui ne verra finalement pas le jour, car l'artiste mourra le 25 juin de la même année. Considéré comme la plus grande star de pop des années 1980-2000, il sera honoré dans le monde entier par des millions de fans.

Autre mort prématurée, celle de Prince en 2016, retrouvé mort à Paisley Park, sa résidence de Minneapolis. Chanteur et musicien propulsé au rang de star planétaire dans les années 1980, il compose et joue de la funky pop et a le génie excentrique : talons hauts, parures, maquillage... Ses plus grands tubes incluent 1999, When Doves Cry, Kiss ou encore Purple Rain. Musicien exceptionnel, il joue de tous les instruments dans certains de ses morceaux.

Le hip-hop

Le rap de Chicago est plus une constellation hétérogène de talents fabuleux qu’une scène partageant un socle commun. Pêle-mêle, on y trouve parmi les noms les plus importants du genre, comme le loufoque Kanye West, les rappeurs à texte Common, Chance The Rapper ou Open Mike Eagle, les records de vitesse de Twista ou le R'n’B sexy de Jeremih. Cela dit, outre une kyrielle d’artistes talentueux, il y a un son de Chicago, et même un style : le drill. C’est la facette plus sombre de la ville. Originaire de South Side, la partie déshéritée et particulièrement dangereuse de Chicago, ce style est lent, lourd, répétitif et très anxiogène, à l’image du quartier qui lui a donné naissance. Les grands noms de la scène s’appellent Chief Keef, King Louis ou Lil Durk.

À Detroit, ville éternellement marquée par son glorieux passé industriel, on dit souvent que l’on entend dans sa musique le son de la classe ouvrière. Et c’est particulièrement vrai pour son rap, à la signature sonore si singulière. Outre Eminem, la méga-star emblème du hip-hop local, on trouve Big Sean, devenue une vedette, l’excentrique Danny Brown souvent incroyable, mais aussi un artiste culte, le défunt J Dilla. Compositeur et producteur génial, il a apporté beaucoup d’éléments de jazz et de techno dans le hip-hop, pour en faire un objet hybride curieux et envoûtant. Son groupe Slum Village est à découvrir. Et pourquoi ne pas repartir avec un vinyle de lui chiné chez Paramita Sound dans le quartier du centre-ville. Un endroit très agréable pour écouter du rap en ville est The Old Miami avec ses live réputés où passent (et sont passés) tous les artistes de Detroit. Beaucoup plus gros, les têtes d’affiche jouent systématiquement dans le complexe géant qu’est le Majestic Theatre, niché dans un imposant bâtiment Art déco de 1915.

Les musiques électroniques

Il est bon de savoir qu’avec Berlin (dans une moindre mesure), Chicago et Detroit sont les villes les plus importantes et respectées de l’histoire de la musique électronique. Pourquoi ? Parce que la house music est née dans la première et la techno dans la seconde. Oui, c’est à Chicago qu’est née la house music, dans un club nommé The Warehouse, qui lui a donné son nom. Fille du disco – qui connaît son apogée à la fin des années 1970 et installe la culture des DJ – la house music adapte au début des années 1980 le gospel et la soul aux pistes de danse en accélérant leur rythme, les rendant plus mécaniques et en y ajoutant des boîtes à rythmes et synthétiseurs. Entre les mains de pionniers comme Frankie Knuckles – le premier des premiers – et Marshall Jefferson, Larry Heard ou Mr. Fingers prend forme une musique fiévreuse qui va rapidement envahir New York puis l’Europe. Les Français Daft Punk, immenses stars de l’électronique, sont directement influencés par la Chicago house. Capitale du genre, Chicago abrite toujours d’excellentes adresses pour danser sur de la house. Une des plus courues – à en juger par la file d’attente – est le Smartbar. Presque aussi vieux que la house (ouvert en 1982), il a accueilli tous les cadors de l’époque et convie aujourd’hui les stars du genre qui, échaudées par le prestige des lieux, donnent toujours le meilleur d’elles-mêmes. Moins iconique, mais tout aussi populaire, le Berlin est un des meilleurs clubs LGBT de la ville et propose souvent une très bonne programmation. Autrement, pour écouter de la bonne house (et beaucoup plus) dans un endroit un peu chic, The Whistler est tout indiqué. Les gens sont beaux, les serveurs agréables, les DJ talentueux et les cocktails diaboliques !

Tandis que Chicago donne vie à la house, Detroit réplique dès le milieu des années 1980 avec un son propre : la techno. Plus froide, robotique et futuriste, elle est initiée par un trio d’amis qui va devenir légendaire : Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May. Fans de house, ils créent un style parent inspiré par l’environnement industriel de leur ville. Rapidement suivie par une deuxième vague de pionniers, cette nouvelle musique s’exporte en quelques années. Des figures de proue émergent telles que Jeff Mills et Carl Craig, aujourd’hui admirés comme des légendes vivantes. Complètement transformée – en version appelée « minimale » – par la scène berlinoise dans les années 1990, la techno a progressivement conquis l’Europe jusqu’à y devenir la musique de fête de prédilection. Fière de son héritage, Detroit célèbre le genre régulièrement avec des événements tels que Movement. Créé en 2000, c’est un des rassemblements internationaux les plus importants de la scène musicale électronique. Il se tient chaque année, durant le week-end du Memorial Day, et de nombreuses pré et after-partys sont également organisées en ville. Autrement, le Marble Bar en programme beaucoup, l’occasion de voir les jeunes talents techno de Detroit ainsi que les pontes du genre qui adorent l’endroit et passent y jouer régulièrement. Et bien sûr, les amateurs du genre ne partiront pas de la ville sans avoir chiné quelques perles chez Detroit Threads, super disquaire où l’on trouve toujours des pépites.