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Un peu d’histoire

Certains spécialistes proposent de découper les périodes littéraires de Toronto ainsi : les origines françaises (1610-1760) ; les origines franco-ontariennes (1760-1865) ; la littérature des fonctionnaires (1865-1910) ; l’affirmation de l’identité collective (1910-1927) ; les tenants de la langue et de la culture (1928-1959) ; la littérature des universitaires (1960-1972) ; la littérature contemporaine (depuis 1973).

L’un des premiers écrivains à parler de Toronto est Joseph-Charles Taché (1820-1894) dans Esquisse sur le Canada considéré sous le point de vue économiste (1855). Quelques décennies plus tard, en 1922, Lionel Groulx publie L’Appel de la race, livre dans lequel il relate la lutte des Franco-Ontariens qui se sont battus contre un règlement qui voulait limiter l’usage du français dans les écoles. Né à Kingston, William Kirby (1817-1906) est connu pour son livre The Golden Dog (Le Chien d'or), édité les deux premières fois en anglais et en français sans sa permission. Ce n'est qu'en 1896 qu'il publie enfin son livre, cette fois-là en s'assurant de conserver ses droits d'auteur. La plupart de ses œuvres sont à saveur historique. Journaliste au Toronto Star, Morley Callaghan (1903-1990) rencontre et fréquente de grands auteurs dont Ernest Hemingway, James Joyce et Francis Scott Fitzgerald. Ces grands écrivains ont vécu de nombreuses années à Paris à l'époque du Jazz Age, et Callaghan écrit un beau roman d'amitié sur ces belles années passées là-bas. Ses nouvelles relatent les différents aspects de la vie canadienne en lien avec les grands thèmes de l'époque (la grande crise économique des années 1930, la religion, les clivages sociaux de l'après-guerre, etc.). Quant à Pierre Berton (1920-2004), écrivain, journaliste et animateur de télévision canadien, il a rédigé une quarantaine d'ouvrages. Reconnu comme un spécialiste de l'histoire du Canada, il a aussi reçu trois fois le prix littéraire du Gouverneur général.

Pour ce qui est des auteurs encore en activité, il y a Alice Munro (1931) qui est une écrivaine canadienne de langue anglaise née à Wingham, à l'ouest de Toronto. Ses nouvelles, parfois liées entre elles et centrées autour de personnages féminins, se déroulent principalement en Ontario ou en Colombie-Britannique, des années 1940 à aujourd'hui. Récompensée à maintes reprises, dont trois prix du Gouverneur général et le Prix international Man Booker, elle a reçu le plus grand honneur possible, soit le prix Nobel de littérature en 2013, faisant d'elle la « souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine ». Pour finir, parlons de Margaret Atwood (1939), romancière, poétesse et critique littéraire canadienne née à Ottawa. Elle fait partie des écrivains canadiens les plus célèbres. Elle a remporté plusieurs prix et distinctions dont le prix Arthur C. Clark en 1987 pour son roman La Servante écarlate et le Booker Prize en 2000 pour son œuvre Le Tueur aveugle, sans oublier sa décoration de l'Ordre du Canada en 1981. Son style, toutes œuvres confondues, est la romance, mais surtout la fiction dans toutes ses déclinaisons (historique, scientifique, contre-utopique, etc.).

Des auteurs plus contemporains

Arrêtons-nous un instant sur les auteurs actuels. Ils sont plusieurs à écrire sur Toronto, à y être nés ou à y vivre. En quelques décennies, Toronto a lâché son image de ville monotone pour enfiler un vêtement multiculturel aux multiples facettes. Mentionnons Mireille Messier (née en 1971 et vivant à Toronto depuis 1995) qui a publié en 2004 un roman pour enfants aux Éditions du Vermillon : Déclic à Toronto. Les héros, des détectives en herbe, passent leurs vacances à Toronto et sont plongés dans une enquête trépidante. Des lieux de la ville peu connus sont décrits et peuvent donner envie aux lecteurs de les visiter. Aurélie Resch, quant à elle, est une écrivaine torontoise née en 1971. Elle donne pour trame à ses écrits la quête identitaire et le voyage. Elle a publié son roman Pars, Ntangu  ! en 2011 et est aussi l’auteure de plusieurs recueils de nouvelles : Les Yeux de l’exil (2002), Obsession (2005), Le Bonheur est une couleur (2008), La Dernière allumette (2011). En 2018, elle a reçu le Prix Trillium pour son recueil Sous le soleil de midi. Elle a aussi écrit quelques recueils de poésie (Cendres de lune, 2010 ; Haïti, je t’aime, 2010). En 2001, l’écrivain Didier Leclair (né à Montréal en 1967) a remporté le Prix Trillium pour son roman Toronto, je t’aime. Le lecteur découvre Raymond, un immigré arrivant à Toronto et découvrant la vie et les mœurs de la ville. C’est une jolie plongée dans toutes les facettes de la ville. L’auteur a depuis écrit de nombreux romans dont Ce pays qui est le mien (2003), Un passage vers l’Occident (2007), Le Bonheur est un parfum sans nom (2017) et Le Vieil homme sans voix (2019).

La littérature jeunesse

Parlons un peu des ouvrages parus ces dernières années en littérature jeunesse. Offrons-nous un peu de magie avec Le Père Noël s'est arrêté à Toronto, un recueil de douze contes de Noël écrit en 2013 par Paul-François Sylvestre qui a beaucoup publié sur l’Ontario français (L’Ontario français au jour le jour, 2005 ; Toronto s’écrit : la Ville Reine dans notre littérature, 2007 ; Cent ans de leadership franco-ontarien, 2010…). En 2009, Jean-François Somain (1943-2011), qui a vécu quelques années en Ontario, publie Le Béret vert, un roman pour les 6-8 ans qui relate l’histoire de Didier, un élève pas comme les autres. Une histoire touchante et pleine d’humanité. Citons également Daniel Marchildon (1961), vivant au nord de Toronto, et qui a écrit quelques ouvrages pour la jeunesse : Otages de la nature (2018), Zazette, la chatte des Ouendats (2015), Les Guerriers de l’eau (2012), La Première guerre de Toronto (2010) et bien d’autres encore. Pour finir, évoquons une nouvelle fois Aurélie Resch qui a publié à ce jour trois albums jeunesse : Contes de la rivière Severn (2005), Les Jardins de Carmella, Histoires d’amitiés (2009) et Les Voleurs de couleurs (2010).

Collaboration avec Paul McCartney

Saviez-vous que Paul McCartney a fait appel à Kathryn Durst, une illustratrice torontoise, pour illustrer un album qu’il a écrit, intitulé Hey Grandude! ? Une très belle complicité et une collaboration qui a donc donné naissance à un très bel album !