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La musique classique

L’histoire de la musique et celle de Toronto ont un grand homme en commun : Glenn Gould. Pianiste prodige, il entre à 14 ans au sein de l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) puis devient célèbre avec ses Variations Goldberg, deux enregistrements de Bach (1955 et 1981). Virtuose à l’aura presque géniale, Glenn Gould se retire pourtant brusquement de la scène (et de la vie publique) en 1964 pour se consacrer aux studios d’enregistrement. Il se concentre dès lors sur la composition ainsi que la création d’émissions radiophoniques et télévisées. Son style unique aux tempi élastiques et intenses a divisé la communauté musicale autant qu’il a fasciné le public. Véritable emblème de sa ville, l’âme de Gould est partout dans Toronto, notamment au 250 Front Street West devant les locaux de la CBC (diffuseur public), où vous pouvez vous asseoir à côté de sa statue en bronze. Si aucun autre musicien classique de Toronto n’a surpassé le succès de Glenn Gould, la ville est associée à un autre prodige actuel du piano : Tony Yike Yang. Plus jeune lauréat du Concours international Frédéric-Chopin (en 2015) à l'âge de 16 ans, il a déjà joué avec quelques-uns des plus grands orchestres du monde et apparaît très régulièrement à la télévision canadienne.

Aussi, les amateurs d’art lyrique sont chez eux à Toronto. L’opéra jouit d’ailleurs d’une histoire riche dans le pays. Alors qu’au tournant du XXe siècle la plupart des salles du Canada sont inadéquates à la réception d’opéras, Toronto inaugure le Massey Hall. Construite en 1894, cette superbe salle de concert est la plus ancienne du pays. On y voit des spectacles musicaux de grande qualité, l’endroit accueillant par exemple régulièrement le Chœur Mendelssohn, célèbre dans le pays pour ses interprétations des œuvres pour chœur et orchestre a cappella. En 2006, Toronto a inauguré une nouvelle salle à l’architecture moderniste dotée d’un auditorium magnifique de plus de 2 000 places, le Four Seasons Centre for the Performing Arts. Résidence du National Ballet of Canada, c’est aussi ici que se produit la Canadian Opera Company, l’un des ensembles d’opéra les plus renommés d’Amérique du Nord. Autrement, plus modeste, le Tapestry Opera est une compagnie intéressante pour son travail sur le répertoire contemporain.

Toronto jouit aussi d'un grand ensemble, l’Orchestre symphonique de Toronto. Mené aujourd’hui par l'Espagnol Gustavo Gimeno, l’ensemble a pris une nouvelle dimension lorsque des sommités telles que le Japonais Seiji Ozawa et le Finlandais Jukka-Pekka Saraste officièrent à sa direction. Conviant régulièrement de grands solistes - Martha Argerich, Maxim Vengerov, Yo-Yo Ma, Ievgueni Kissine, Glenn Gould – ou de grandes voix - les sopranos américaines Jessye Norman et Kathleen Battle –, il est en résidence au Roy Thomson Hall depuis 1982.

Le rock et le folk

Ici le folk est un incontournable. Présente depuis l’arrivée des colons français et britanniques, cette musique traditionnelle aux origines françaises, anglaises, irlandaises et écossaises a été popularisée dans le pays par des artistes comme Gordon Lightfoot et les chanteurs Ian and Sylvia dans les années 1960-70. Comme ces derniers, la plupart des artistes folk de l’époque ont fait leurs premiers pas dans les cafés et bars avant-gardistes du quartier Yorkville. Mais si Toronto est une ville folk devant l’Éternel, c’est surtout parce qu’elle a vu naître (en 1945) un de ses maîtres : Neil Young. Monstre sacré, son album Harvest enregistré en 1972 (le plus vendu et celui que l’artiste considère comme le plus réussi) est un chef-d’œuvre intemporel qui sert d’inspiration aux jeunes groupes de toutes les générations.

Vivant au rythme des États-Unis, Toronto jouit d’une très belle scène indie folk et indie rock, la ville pouvant s’enorgueillir d’avoir vu naître nombre d’artistes et groupes qui ont fait les belles heures du magazine Pitchfork : les Cowboy Junkies – des pionniers, grand succès dans les années 1980 –, Timber Timbre et son folk rock sombre, la chanteuse Feist et sa pop badine, Metric, les descendants des Pixies, Fucked Up et son punk cérébral, Austra et son post-punk glacé, Death from Above 1979, du dance-punk qui a eu beaucoup de succès en son temps, Peaches, la reine de l’electroclash, ou enfin Broken Social Scene, super-groupe de rock composé entre autres de Leslie Feist ou Emily Haines de Metric.

Bien entendu, le dynamisme créatif de Toronto fait écho à la densité de scènes que propose la ville. Parmi elles, The Velvet Undergroud est un club mythique de Queen Street West qui fait honneur à son nom (très rock), The Danforth Music Hall est un très beau théâtre pour voir des têtes d’affiche, le Phoenix Concert Theatre est une salle géante avec une programmation plutôt indie et pointue, l’Opera House – ne vous fiez pas à son nom – est une salle rock dans le très beau cadre d’un ancien théâtre de Vaudeville, et enfin The Garrison propose rock, pop et rap. À noter que la ville est le théâtre d’un très bon festival, North By Northeast - réponse canadienne au South By Southwest texan –, très réputé pour sa riche programmation de spectacles.

Le hip-hop

Impossible de parler de Toronto sans aborder un de ses représentants les plus sonores et emblématiques : le rappeur Drake. Poulain de Lil Wayne au début des années 2000, il est devenu en deux décennies l'une des figures incontournables du rap mondial, éclairant dans son succès toute la scène de sa ville natale. Le réputé magazine Billboard l'a d'ailleurs consacré artiste hip-hop de la dernière décennie (2010-2019), rien de moins.
Si aujourd'hui Toronto est, au même titre que New York, Los Angeles ou Atlanta, une grande ville du rap américain, c'est grâce à ses excellents artistes qui ont su faire leur marque au fil des décennies, tels que Choclair, Dream Warriors, K'Naan, K-os, Jazz Cartier, Haviah Mighty, Kardinal Offishall, Maestro Fresh Wes, Main Source, Saukrates, Tory Lanez ou encore Thrust. il faut également mentionner The Weeknd, artiste maintes fois récompensé et qui touche au R&B, au hip-hop ou encore à la pop.
Vu son dynamisme dans le domaine, Toronto ne manque pas d'adresses pour apprécier le rap en live, notamment dans les boîtes de nuit comme EFS Social Club, Luxy et Rebel. Plusieurs salles accueillent également des spectacles de hip-hop, dont le Drake Hotel et sa scène en sous-sol qui programme énormément de rap dans une ambiance très chaleureuse. Et lors de la belle saison, tout amateur qui se respecte doit assister au fameux Bastid's BBQ. Événement incontournable de la scène hip-hop et organisé par le DJ local Skratch Bastid, il accueille des légendes comme DJ Jazzy Jeff, DJ Premier, Kid Capri, Masta Ace, Marco Polo et Pete Rock, sans oublier la relève et les artistes locaux.

Le théâtre et l'humour

On l’oublie souvent (ou on l’ignore), mais Toronto est l’une des trois capitales mondiales du théâtre de langue anglaise – Londres et New York étant les deux autres. Sans surprise, c’est donc à Toronto que l’on trouve la scène théâtrale anglophone la plus dynamique du Canada. Plusieurs succès de Broadway sont même nés à Toronto avant de s’exporter, comme Show Boat et Ragtime.

Parmi les théâtres les plus célèbres de Toronto, le plus ancien est le Royal Alexandra Theatre. Inauguré en 1907, il est même le plus vieux d’Amérique du Nord et a fonctionné sans interruption depuis son ouverture. Il fait partie, avec notamment le Princess of Wales Theatre, des lieux sauvés de la destruction par Ed Mirvish, un homme d’affaires et mécène très important à Toronto. Autre lieu historique, The Elgin and Winter Garden Theatre, datant de 1913, est le dernier théâtre à salles superposées encore en exploitation au monde. Son intérieur est absolument somptueux, un véritable écrin pour une belle pièce. Citons aussi le Soulpepper Theatre, plus grande compagnie de théâtre à but non lucratif de la ville et résident du Young Centre for the Performing Arts qui met régulièrement en scène des œuvres classiques d'Ibsen, de Tchekhov, de Shakespeare ou d'Harold Pinter. Pour une pièce dans la langue de Molière, on se dirigera vers le Théâtre français de Toronto, théâtre professionnel mettant en scène des comédies ou des créations contemporaines, sans oublier le répertoire classique et moderne. Pour découvrir la fine fleur des talents canadiens de demain, c’est au Factory Theatre qu’il faut se rendre. Fondé en 1975, l’endroit s’est donné comme mission de promouvoir avant tout les artistes canadiens et valoriser des voies (et voix) émergentes et différentes. Un peu excentré au nord de Toronto, on trouve le Meridian Arts Centre, un théâtre présentant des spectacles musicaux (jazz, musique du monde, etc.), mais aussi des concerts symphoniques, des pièces de théâtre variées, des prestations de danse, etc.

Toutes ces scènes sont l’occasion de découvrir (ou revoir) le travail d’hommes de lettres et dramaturges emblématiques de la ville tels que Timothy Findley (1930-2002), bien connu en France (et d’ailleurs Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres), George F. Walker, un des auteurs les plus prolifiques du pays, ou Robertson Davies, qui a bénéficié d’un petit succès en France autour des années 1990.

Quelques festivals sont à noter : Rhubarb Festival, véritable incubateur des arts de la scène de la culture queer canadienne, Luminato, promoteur de diversité et créativité des arts de la scène (théâtre, danse, musique, arts visuels), et Toronto Fringe Festival, branche canadienne du « Fringe movement », un réseau international de théâtres indépendants ayant pour mission de soutenir les voix marginales et peu représentées. 

L'humour a aussi sa place dans les Comedy Clubs de Toronto, dont le fameux Yuk Yuk's Toronto, lieu où Jim Carrey a fait ses armes dans les années 1970. De plus, la métropole accueille annuellement un grand festival d'humour, le Just for Laughs, édition anglophone du célèbre festival fondé au Québec, Juste pour rire.