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L'église Notre-Dame des Victoires © Ronnie Chua - Shutterstock.com.jpg
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Maison Krieghoff © EQRoy - Shutterstok.Com.jpg

Héritage autochtone

Il ne reste guère de traces de l’architecture originelle amérindienne, les peuples autochtones étant essentiellement nomades. Cependant, si vous souhaitez en savoir plus sur leur histoire et découvrir les trésors d’ingéniosité développés dans l’édification de leurs habitations, n’hésitez pas à vous rendre à Wendake, à seulement quelques kilomètres de Québec. Cette communauté huronne-wendate qui, à première vue, ressemble à n’importe quelle municipalité moderne, présente un site étonnant où l’habitat traditionnel huron est reconstitué autour de la maison ronde, l’habitation phare de ce peuple amérindien: le Site Traditionnel Huron Onhoüa Chetek8e. Une visite riche en découvertes et en émotions pour ne pas oublier l’importance des peuples amérindiens… les premiers véritables Américains !

Classicisme à la française

L’histoire architecturale de Québec commence véritablement avec l’arrivée des premiers colons français. Le quartier Petit Champlain conserve d’ailleurs aujourd’hui encore un style malouin, rappelant que la plupart des premiers colons venaient de l’ouest de la France et de Saint-Malo notamment. La rue du Petit-Champlain est ainsi l’une des plus anciennes rues d’Amérique du Nord. Parmi les superbes maisons à ne pas manquer : la Maison Louis-Jolliet, initialement construite en 1673, puis reconstruite en 1683 après un terrible incendie qui détruisit 55 des 85 maisons de la Basse-Ville. Dans la rue Saint-Louis, vous pourrez également admirer la Maison Maillou (commencée en 1736), la Maison Jacquet (1675) et l’une des plus anciennes demeures de la ville, la Maison Kent, bâtie en 1650 et maintes fois transformée depuis. À côté de ces trésors d’architecture civile, vous pourrez également découvrir les ingénieuses constructions militaires mises en place par les colons français. Ce sont eux qui commencèrent à bâtir les premiers remparts autour de la ville, et qui dotèrent la ville de sa batterie royale, édifiée en 1691. En 1620, Champlain fit construire le fort Saint-Louis, qui deviendra par la suite un château et la résidence officielle des gouverneurs de la province. Plusieurs fois agrandi, il fut ensuite reconstruit par le comte de Frontenac dans un style classique à la française avec composition symétrique, haute toiture et tourelles coiffées d’impériales. Malheureusement, le château sera entièrement détruit en 1834, et seuls quelques vestiges sont encore visibles aujourd’hui. Un dallage en granit délimite l’emplacement originel du fort sur l’actuelle place Royale, considérée comme le berceau de la présence française en Amérique du Nord et entourée de superbes édifices des XVIIe et XVIIIe siècles. Les Français ont également laissé des témoins religieux d’importance, à commencer par l’église Notre-Dame-des-Victoires, plus ancienne église en pierre du continent bâtie en 1688. On apprécie notamment la sobriété et l’élégance de son décor intérieur où le blanc dominant souligne la brillance des ors. Fondé en 1663, le Séminaire de Québec conserve une aile originelle, l’aile de la Procure, belle représentante de la sobriété et de la symétrie du style classique français.

Influence anglaise

Les colons anglais amènent, eux, rigueur et monumentalité. En matière militaire, c’est à eux que l’on doit l’étonnante citadelle qui reprend l’organisation polygonale inventée par… Vauban. Voilà qui ne manque pas d’ironie ! En matière religieuse, les colons britanniques ont doté la ville de la cathédrale Holy Trinity, première cathédrale érigée hors des îles britanniques en 1804. Ses architectes se sont inspirés du style très en vogue à l’époque en Grande-Bretagne : le style palladien, un style empruntant aux canons de l’Antiquité et que l’on retrouve dans les pilastres, le fronton triangulaire et les triples arcades des fenêtres. Holy Trinity n’est ainsi pas sans rappeler l’église St Martin-in-the-Fields à Londres. Mais les Anglais ont surtout transformé l’urbanisme de la ville. Ce sont eux qui introduisent les portes cochères, car à la différence des Français, ils souhaitaient avoir les écuries dans leurs cours. Ce sont eux également qui font évoluer l’habitat privé. Là où les Français préféraient un habitat à la méditerranéenne abritant plusieurs familles, les Anglais prônent l’habitat individuel. Vous pourrez admirer de superbes exemples de row houses ou maisons mitoyennes aux parements uniformes et à la décoration épurée dans les rues Sainte-Ursule et Sainte-Famille notamment. Enfin, c’est aux Anglais que l’on doit la spécialisation de l’architecture. Sous le Régime français, maisons et commerces possédaient le même style, tandis qu’avec les Anglais, des rues vont être destinées aux commerces, d’autres aux habitations, impliquant une architecture spécifique à chaque fonction. C’est ainsi qu’ils créent le centre institutionnel de Québec en édifiant, autour de la place d’Armes, l’Hôtel Union, la cathédrale anglicane et le palais de justice. La ville de Québec est francophone… mais son architecture, elle, porte résolument l’empreinte des Anglais !

Éclectisme québécois

Au XIXe siècle, le Québec n’échappe pas à l’avènement des styles « néo » utilisés par les nations du monde entier pour réinventer leur passé et redessiner leur identité. Le plus célèbre représentant de cette tendance architecturale est évidemment le Château Frontenac, perché sur le cap Diamant, et dont la silhouette crénelée découpe le ciel. Imaginé sur le modèle des châteaux de la Loire, le Château Frontenac impose un style Renaissance teinté d’une forme de romantisme à l’anglaise que l’on qualifiera par la suite de « style château », style grandiose utilisé pour souligner l’importance du commanditaire de l’édifice : la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique. À cette époque, un homme va jouer un rôle capital : c’est Lord Dufferin, amoureux inconditionnel de la ville et ardent défenseur de ses remparts qu’il va défendre bec et ongles contre les urbanistes qui avaient commencé à les détruire pour agrandir la ville. Si vous pouvez aujourd’hui déambuler le long du chemin de ronde, c’est grâce à lui ! Il fit également reconstruire la porte Saint-Louis dans un superbe style néogothique. La porte Saint-Jean sera, elle, reconstruite en 1936 dans un style néo-médiéval. Mais c’est surtout à lui que l’on doit la Terrasse Dufferin dont les longues passerelles en bois et les kiosques à musique symbolisent les splendeurs de la Belle Époque. L’autre superbe réalisation de l’époque est bien sûr la colline parlementaire dominée par l’impressionnant Parlement, construit en 1877, dans un style Second Empire s’inspirant du Louvre de Napoléon III. Sa façade est ornée de 24 statues de bronze représentant les personnages marquants de l’histoire du Québec. Cette réappropriation du patrimoine par la nation s’exprime également dans la monumentale église Saint-Jean-Baptiste, inspirée du modèle de la Trinité à Paris, et longtemps considérée comme le monument national des Canadiens français. Parmi les autres témoins de cet éclectisme architectural, notons le bâtiment de l’administration des douanes, sur le Vieux-Port, de style néoclassique italien ou bien encore la Maison Krieghoff construite en 1840 dans le plus pur style des demeures coloniales anglaises du Sud avec son toit en courbe se prolongeant pour couvrir une longue galerie.

Modernisme et post-modernisme

Au début du XXe siècle, l’urbanisme de la ville se transforme à nouveau sous l’impulsion de cette nouvelle ère industrielle. Certaines artères sont élargies, on abaisse les murs d’enceinte pour créer de nouvelles perspectives et l’on aménage de nouveaux espaces verts. L’objectif est d’embellir la ville tout en améliorant les conditions de vie. Dans les années 1930, la ville se dote de son tout premier gratte-ciel, l’édifice Price, joyau de l’Art déco dont on admire les lignes pures accentuant la verticalité et l’ornementation stylisée aux motifs géométriques. Dans les années 1950, les banlieues se développent massivement, notamment avec la création de nouveaux axes routiers. À cette époque, le type d’habitation privilégié est le bungalow, petite maison de tradition californienne inspirée du modèle des Prairie Houses de Frank Lloyd Wright. La création du campus de l’Université Laval et d’un premier centre commercial à Sainte-Foy contribue également au développement des banlieues. En parallèle de ces constructions uniformes, la ville voit fleurir des villas atypiques, témoins étonnants du modernisme prôné par le style international. La Maison Kerhulu, sur le chemin Saint-Louis, en est un très bel exemple, avec la simplicité de ses lignes, son toit plat, sa façade en stuc lisse et son assemblage de volumes distincts exprimant les fonctions intérieures des pièces. Autre bel exemple, la résidence Robitaille dont l’architecture a été entièrement pensée en adéquation avec le site et les besoins des résidents. Par la suite, les architectes de la ville, qui possède son école d’architecture depuis 1960, vont tenter de préserver son patrimoine, mais cela ne se fit pas sans controverse, comme ce fut le cas pour la restauration de la place Royale qui n’est, pour beaucoup, qu’une reconstitution historique utilisée dans le cadre d’une campagne de refrancisation du Québec. Ce que l’on voit de la place Royale est en fait une réinvention de ce qu’elle fut avant 1759 et ce style revival « Régime français » n’a pas plu à tout le monde ! L’histoire du Québec est complexe… et son architecture tout autant. Récemment, c’était un autre projet pharaonique qui faisait beaucoup parler. « Le Phare de Québec », sorti de l’imagination d’un promoteur immobilier, était un projet de densification, c’est-à-dire un quartier vertical permettant d’accueillir des dizaines de milliers de personnes. Il se composait de 4 tours, dont une haute de 250 mètres. Toutefois, le projet fut abandonné et fera place à HUMANITI du promoteur montréalais COGIR Immobilier.