Céline Dion © JStone-Shutterstock.com.jpg
shutterstock_1478746775.jpg

La musique classique

Étant donné une histoire nationale relativement jeune, on ne peut pas parler de « tradition de la musique classique » au Québec. Cela dit, le genre est très populaire dans le pays depuis l’orée du XXe siècle où il a connu quelques grandes figures (majoritairement dans le contemporain). Entre les années 1950 et 1970, des noms comme Pierre Mercure, Serge Garant, Gilles Tremblay ou encore le Montréalais Claude Vivier, génie sombre, et Jacques Hétu, compositeur canadien le plus joué à l’étranger, ont élaboré une musique contemporaine singulièrement québécoise. Quelques décennies plus tard, le classique est loin d’avoir quitté le pays et de grands artistes locaux lui font honneur. C’est le cas d’Alain Lefèvre, star du piano, de la violoniste Angèle Dubeau, particulièrement populaire, et de bon nombre de Montréalais dont Louis Lortie, grand interprète de Chopin, Alain Trudel, compositeur très joué et directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Laval, Alexandre Da Costa, violoniste récipiendaire d’un prix Juno en 2012, Marc-André Hamelin, pianiste réputé pour son immense répertoire et sa passion pour les compositeurs considérés injouables, ainsi que deux grandes voix du pays, la basse Joseph Rouleau et la soprano Karina Gauvin. Côté direction, Montréal brille encore en ayant vu naître les deux monuments nationaux du domaine : Walter Boudreau, icône et iconoclaste, à la tête de la Société de musique contemporaine du Québec, et Yannick Nézet-Séguin, immense chef de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam.

Ce dernier est aussi le directeur à vie (oui, oui) de l’Orchestre Métropolitain, réputé pour ses très bons enregistrements et officiant la plupart du temps à la Maison symphonique de la Place des Arts. C’est dans cette même salle que l’on trouve la grande entité philharmonique canadienne : l’Orchestre symphonique de Montréal. Dirigé par Rafael Payare depuis 2021, l'OSM est considéré comme le plus prestigieux orchestre symphonique du Canada et l’un des meilleurs d’Amérique, voire du monde. N’oublions pas non plus de mentionner I Musici, l’orchestre de Chambre de Montréal, composé de quinze musiciens s’illustrant dans un large répertoire allant du baroque au contemporain. L'ensemble tourne régulièrement dans le monde entier et se voit couvert de prix et de diverses distinctions.

Et pour les mélomanes de passage entre début juillet et début août, le Festival de Lanaudière est un incontournable. En conviant des solistes de renom de la scène nationale et internationale, cet évènement est considéré comme l'un des plus prestigieux d’Amérique du Nord dans le domaine.

La chanson française

Le sujet de la langue passionne les Québécois. Rien de plus naturel dans une nation officiellement bilingue. Pour la partie francophone du pays, le français est un pilier de l’identité culturelle nationale que l’on se doit de valoriser et préserver via de nombreuses initiatives. Dans la musique, cela passe notamment par un quota de 65 % de chansons en langue française pour les radios francophones. En outre, chanter en français, c’est aussi l’opportunité de séduire le marché hexagonal. Et pour certains artistes, c’est même un choix militant. Au final, la chanson française est une grosse entreprise qui ne connaît pas la crise. Des premiers chansonniers du Québec comme Robert Charlebois (d’ailleurs montréalais), Félix Leclerc, Gilles Vigneault - des monuments équivalents de Brassens en France - jusqu’aux stars internationales, Céline Dion ou Garou, en passant par les fameux Beau Dommage et les Cowboys Fringants (deux grandes fiertés locales), chaque génération apporte sa pierre à l’édifice. Des artistes tels que Cœur de Pirate, Pierre Lapointe, Bernard Adamus ou Catherine Major ont marqué profondément la chanson de la province depuis les années 2010, souvent même hors de leurs frontières. Ils sont aujourd'hui suivis par une nouvelle génération comme Charlotte Cardin, Fouki, Hubert Lenoir ou Les Louanges, pour ne citer qu'eux, qui portent le renouveau de cette chanson francophone québécoise.

 

S’il n’y a pas une scène de chanson française à Montréal - plutôt une constellation de grands noms -, la ville compte quand même quelques bonnes adresses spécialisées dans le genre, les fameuses « boîtes à chansons ». Tant mieux, car écouter des chansonniers en live est une des expériences les plus québécoises possibles. Côté festivals, Les FrancoFolies de Montréal (en juin) sont le grand rendez-vous de la francophonie et de la musique au Québec, tout comme Coup de Cœur Francophone et sa programmation axée autour des artistes émergents de la chanson. N’oublions pas de mentionner Francophonies, très bon disquaire du Carrefour Cartier ayant pour vocation la promotion de la chanson francophone sur tout support (vinyles, cassettes, CD, DVD, magazines, livres, etc.).

La musique autochtone

En 2021, 2,6 % de la population québécoise était d’origine autochtone, ce chiffre a augmenté de 14,3 % dans la période entre 2016 et 2021. Plus unis qu’auparavant et entendus par un gouvernement Trudeau soucieux de ses minorités, les Autochtones deviennent plus visibles. Naturellement, le mouvement suit dans le champ culturel. Les artistes autochtones sont de plus en plus présents sur la scène musicale québécoise grâce, notamment, à des festivals d'ampleur comme Innu Nikamu ou Présence Autochtone, leur procurant une vraie visibilité. Parmi les artistes autochtones québécois à suivre, les plus traditionnels sont à trouver au sein du groupe de chanteurs et joueurs de tambour Black Bear. Épatants. Étoile montante de la scène canadienne, Élisapie chante en français, anglais et inuktitut - sa langue maternelle - la culture et le peuple inuits d’aujourd’hui. Le militant et rappeur Samian est aussi une figure célèbre et révérée, très emblématique de la scène autochtone.

La pop, le rock, l’électro

Faite peu ou prou du même bois que sa fausse jumelle étasunienne, la scène montréalaise est réputée pour son dynamisme en matière de musique indépendante. On y trouve des monstres sacrés comme Godspeed You ! Black Emperor, Rufus Wainwright, Arcade Fire ou Suuns, des champions de l’électro comme A-Trak, Kaytranada, Men I Trust et Chromeo, des expérimentateurs tels que Dirty Beaches, Planet Giza et Kara-Lis Coverdale ou encore des icônes excentriques comme Grimes ou le superbe pianiste Chilly Gonzales. Et côté francophone ? La jeune création est loin de s’endormir, au contraire on assisterait plutôt à un réveil. On y trouve quelques pépites comme Marie Davidson du duo Essaie Pas et sa new wave très mécanique et sensuelle, Koriass, fer de lance du nouveau rap québécois, ou la pop épique de Lydia Képinski.

La vie nocturne trépidante montréalaise est loin d’être une légende tant on a l’embarras du choix pour un concert. Une des scènes les plus prisées des amateurs de musiques actuelles est le MTELUS. Située en plein cœur de la ville, cette salle mythique longtemps connue sous le nom de Métropolis peut accueillir 2 300 personnes. Tous les grands noms de la pop y sont passés de David Bowie aux Rita Mitsouko en passant par Björk. Non loin d’ici, on trouve un autre incontournable montréalais : l’Astral. Intimiste et possédant une acoustique soignée, il se distingue aussi par sa programmation pointue. Et enfin, pour trouver les pépites locales ou les futurs vedettes, aucune adresse n’est plus indiquée que les Foufounes Electriques. Véritable temple de l’underground, l’endroit est autant le repaire des marginaux montréalais que de la faune branchée. On y écoute de tout et c’est souvent très bien. Côté festival, les amoureux de musique foncent tous à l’unisson à Pop Montréal, le rendez-vous de la scène indépendante internationale, ou, durant l’hiver, à l’Igloofest, époustouflant festival de musique électronique les pieds dans la neige. Autrement, quiconque cherche des bons disquaires montréalais sera servi. Le chasseur avisé se rend d’abord chez Cheap Thrills, spécialiste depuis 1971 de jazz, de rock alternatif, d’avant-garde et de musique expérimentale de tout poil, puis chez Atom Heart, une des meilleures adresses pour un vinyle de rock indé, de pop ou d'électronique.

Le théâtre, l’humour et le cirque

Le Québec est un pays de théâtre. Et en tant que français, nous ne pouvons pas l’ignorer tant nous avons mis en scène, adapté, joué, édité, lu des dramaturges phares comme Wajdi Mouawad, Michel Tremblay, Larry Tremblay, Évelyne de la Chenelière, Marie Laberge ou Carole Fréchette. Naturellement la capitale culturelle d’une région aussi mordue de théâtre propose pléthore de scènes dédiées au genre. Une des plus populaires est sans aucun doute le Théâtre du Nouveau Monde avec sa belle salle à l’italienne et ses superbes productions d’œuvres majeures des répertoires nationaux et internationaux, de Molière à Koltès, en passant par Shakespeare et Michel Tremblay. Autre pilier de la ville, le Théâtre du Rideau Vert a vu en 70 ans la crème de la dramaturgie locale passer sur ses planches : Antonine Maillet, Michel Tremblay, Gratien Gélinas ou Marie-Claire Blais pour ne citer qu’eux. Pour être certain de trouver la nouvelle création québécoise, direction le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui qui depuis 1968 valorise et diffuse la dramaturgie locale et canadienne d’expression française via des créations ou reprises du répertoire. Autrement, la scène la plus contemporaine en ville est certainement le Théâtre Espace Go, spécialisé dans la découverte de nouvelles écritures, textuelles et scéniques. Le lieu met aussi un point d’honneur à valoriser la contribution des femmes à l’aventure du théâtre. Aussi, la ville accueille chaque printemps un événement particulièrement intéressant, le Festival St-Ambroise Fringe de Montréal, festival international d’expression libre mêlant théâtre, danse et musique.

Etant donné la quantité d’humoristes canadiens ayant fait carrière en France, on mesure sans mal la place qu’entretient l’humour au Québec. Bons vivants devant l’Eternel, les Québécois apprécient particulièrement l’humour, à tel point qu’une École nationale de l’humour fut fondée à Montréal en 1988. L’école a depuis diplômé plus de 400 auteurs et humoristes dont plusieurs grands noms contemporains de l’humour québécois comme Jean-Marc Parent, Lise Dion, Laurent Paquin, Jean-Michel Anctil, Martin Matte, Guillaume Wagner, François Bellefeuille ou Philippe Laprise. Sans surprise, Montréal, qui est d’ailleurs le lieu de naissance du plus grand rendez-vous dédié à l’humour au monde, le célèbre festival Juste pour Rire, regorge de lieux dédiés à l’humour. Le plus en vue en ville ? Sans doute, le Bordel Comédie Club, ancienne maison close (d’où le nom) reconvertie en scène à l’américaine où chaque soir cinq artistes se suivent à un rythme endiablé. Pour des talents confirmés, on se dirigera plutôt vers la Salle André-Mathieu, aussi diffuseur majeur des arts de la scène dans le pays ou le Théâtre St-Denis, non seulement un des plus beaux mais aussi un des théâtres les plus populaires en ville avec la part belle faite aux humoristes. Autrement, pour le stand-up ou l’impro, le Club Soda demeure une scène incontournable. Ce dernier est d’ailleurs le lieu de représentation de la Ligue Nationale d’Improvisation, institution locale vieille de 40 ans d’une discipline élevée au rang d’art par les Québécois.

Enfin, impossible d’aborder les arts de la scène à Montréal sans mentionner le cirque : capitale canadienne (voire américaine) du genre, la réputation de Montréal dans ce domaine n’est plus à faire. La ville compte un festival entièrement dédié aux arts du cirque (Montréal Complètement Cirque en juillet), une école professionnelle (l’Ecole nationale de cirque), le TOHU, une cité des arts du cirque, ainsi que bien entendu le siège du très prestigieux Cirque du Soleil. Dans son sillage, la ville jouit aussi de nombreuses troupes professionnelles (Cirque Éloize, Les 7 Doigts de la Main...) qui raviront les amateurs de la discipline.