Guide de voyage Mossaka

Mossaka est avant tout un carrefour fluvial. La Sangha qui charrie ses bateaux chargés de bois en provenance d’Ouesso, de République centrafricaine ou du Cameroun, se jette ici dans les eaux du fleuve Congo. Il y a aussi la Likouala qui arrose Owando et la Likouala-aux-Herbes qui irrigue les marécages de la grande forêt. On croise ici les convois de bois flotté qui seront redistribués vers leur destination finale, les piroguiers, majoritairement de villages alentour et du Congo-Kinshasa, venus vendre leurs marchandises. Les Ouest-Africains sont bien implantés dans cette plaque tournante et leurs échoppes animent le marché proche du port. La ville s’est construite et continue à grignoter sur leur fleuve, par dragage et terrassement, pour empêcher les crues catastrophiques comme celle de 1982 qui l’a littéralement noyée. Cette ville, accrochée au fleuve, parfois surnommée « Venise du Nord », produit une bonne partie du moukalou, un poisson fumé dont raffolent les Congolais. Mossaka, c’est l’essence du Congo fluvial, une cité enclavée seulement accessible par voie d’eau, pas de routes mais des pistes sableuses, encore moins d’aérodrome. Pour quitter la ville entourée de marécages, vous devrez emprunter une pirogue pour retourner sur Oyo ou remonter la Likouala-Mossaka puis la rivière Kouyou, qui vous mènera en deux jours à Owando. Du port, on voit jusqu’à la tombée de la nuit les pirogues, souvent barrées par des femmes, faire des allers-retours entre leurs villages et le débarcadère, et d’autres, plus grandes, transporter marchandises et voyageurs jusqu’à des localités inaccessibles autrement. Les échoppes qui vendent du poisson fumé et grillades se trouvent autour du marché près du port. Pas de restaurants en tant que tels, mais vous pouvez toujours commander l’après-midi pour le soir dans les parcelles où les mamans s’activent autour de grandes gamelles en aluminium. Pas d’éclairage public, on se croise à la lumière des torches et des lampes à pétrole. Le soir, les groupes électrogènes des boutiques du marché, quelques nganda, des jeunes buvant les dosettes de whisky, un rétroprojecteur installé dans la rue au centre-ville autour duquel s’agglutinent la population les soirs de match sont l’essence de la vie nocturne de la cité. Mossaka est une ville des confins fluviaux, c’est son charme. Cependant, grâce à la politique de décentralisation, de nombreux bâtiments sont sortis de terre ses dernières années : nouveau marché, nouvelle mairie, nouvelle sous-préfecture, nouveau stade...