NEKROMANTEION
A 20 min en voiture de Parga, voici un site très intéressant qui retrace le parcours des croyants venus rencontrer les morts. Le sanctuaire principal ainsi que les chambres datent de la fin du IVe siècle. Le Nekromanteion fut brûlé par les Romains en 167 av. J.-C. Au XVIIIe siècle, les chrétiens édifièrent sur les ruines anciennes le monastère de Saint-Jean-Baptiste.
Visite. Le Nekromanteion était un sanctuaire encerclé par un mur polygonal. On peut avoir une idée précise du parcours des pèlerins au sein du sanctuaire en se rendant à l’entrée du couloir nord. Pour cela, il faut traverser la cour centrale bordée des logis des prêtres et des chambres où étaient entreposés des trésors. Le pèlerin empruntait ce couloir nord plongé dans le noir et se faisait conduire par un prêtre dans une des chambres spéciales à gauche du couloir. Il y séjournait deux jours, pendant lesquels il devait subir l’épreuve du silence, du jeûne et de l’obscurité. Au terme de cette étape, il était purifié dans une autre chambre spéciale. Il pouvait alors emprunter le couloir est à l’entrée duquel il jetait une pierre sur le côté droit afin de conjurer le sort. Le tas de pierres illustrant cette pratique répétée est nettement visible. Le pèlerin, affaibli, écœuré et affamé par le sacrifice rituel d’un mouton auquel il devait procéder dans ce couloir, parvenait alors à l’entrée du labyrinthe. Le labyrinthe menait le pèlerin à la cour centrale qui constituait le lieu d’apparition des morts.
En dessous, un escalier descend vers une crypte à 15 arches, qui fut identifiée comme le palais d’Hadès et de Perséphone à l’époque hellénistique et comme un lieu de culte au VIIe siècle. L’explication de ces apparitions des morts au pèlerin est assez simple. Les murs entourant le sanctuaire étaient suffisamment épais (3,30 m) pour ménager un passage aux prêtres, qui pouvaient ainsi se déplacer sans être vus. Ils actionnaient alors secrètement une énorme machinerie faite de grandes roues dentées en bronze et d’une sorte de crâne humain que le pèlerin prenait pour la figure du défunt. L’état de fatigue physique et mentale du croyant, renforcée par les jeux de machinerie et les cris lancés par les prêtres tapis dans l’ombre assuraient le succès de l’entreprise. La croyance en ces apparitions se perpétuait enfin de la manière suivante : le pèlerin quittait le sanctuaire par une route différente de celle par laquelle il était venu. Il devait garder le silence sur ce qu’il avait pu voir ou entendre sous peine d’être accusé d’impiété envers les dieux. Le pire des crimes chez les Grecs…