Guide de voyage Louxor

Louxor est la ville pour laquelle le mot « mythe » aurait pu être inventé tant son évocation suscite des passions chez les amoureux de l'Egypte. Louxor a été raconté mille fois lors des « voyages en Egypte » entrepris par ses antiques visiteurs comme l'empereur Hadrien, venu écouter le chant de Memnon ; les explorateurs occidentaux du Moyen Age et de la Renaissance, amateurs d'ésotérisme et de poudre de momie ; les savants de Bonaparte et les créateurs de l'égyptologie moderne, les inventeurs de tombes et les pilleurs de tombeaux ; les touristes de plus en plus nombreux piqués par l'égyptomanie. Thèbes, Louxor... Tellement de mythes.C'est à la faveur des souverains de la XIe dynastie, instaurée par Antef Ier au XXIIe siècle, que la ville de Louxor dont cette dynastie était originaire, capitale du 4e nome de Haute-Egypte appelé ouaset (c'est-à-dire le sceptre), prend de l'importance. Le roi Montouhotep II parachève la réunification des deux pays entre 2030 et 2020, après une trentaine d'années de guerre. C'est le début du Moyen Empire. Le pays est alors restructuré, organisé administrativement et Louxor développe son influence, qui disparaît pour quelques temps lors de la séparation du pays avec les XVe et XVIe dynasties Hyksos (1650-1540) que Kamosis, lui aussi originaire de Louxor, battra.Le Nouvel Empire, qui débute avec la XVIIIe dynastie, reste à Louxor, capitale, d'où, des actions vers la Nubie sont menées. C'est la période des constructions d'Aménophis Ier, des Thoutmosis, d'Hatchepsout, qui sont de grands bâtisseurs de Louxor. Aménophis IV, lorsqu'il développe son nouveau culte et prend le nom d'Akhenaton, quitte Louxor pour Amarna, mais son fils, Touthankhamon règne sur Thèbes. Les Ramessides, dès la XIXe dynastie demeurent à Louxor qu'ils rendent encore plus grandiose sous Séti Ier et Ramsès II, de même que durant la XXe dynastie sous Ramsès III. Avec la XXIe dynastie, Louxor perd son statut de capitale au profit de Tanis, en Basse-Egypte, vers 1069.A la lecture du panthéon égyptien et des temples qui furent érigés pour ses dieux, on comprend que jamais, dans l'histoire du pays, durant l'antiquité, plus grande ville que Louxor n'a existé. Pharaon y gère la réunification de l'Egypte, le développement de son administration, y demeure durant les heures sombres, et y génère une nouvelle religion, alliant le mythe cosmogonique de Rê aux grands dieux du Nil avec la triade éléphantine, mais en créant sa propre triade thébaine dominée par Amon, un dieu plutôt obscur jusqu'ici. Rien n'est alors suffisamment beau pour le culte des dieux qui donne sa puissance à Pharaon, et les temples, obélisques montent de plus en plus haut, vers Horus, « Rê à son zénith ». Plus modestement, les palais royaux sont faits de terre, et les tombeaux raffinés se cachent au milieu du sable.Le mythe de Louxor investit le visiteur lorsque l'évocation des dieux prend sa place dans le rythme quotidien de celui qui n'était venu que pour voir des pierres assemblées en pylones ou en colonnes. A la manière de Pharaon, successeur d'Osiris, on ne pense plus au soleil mais à Rê lorsqu'il se couche sur la montagne thébaine, ni plus à un bélier broutant paisiblement de l'herbe mais à Amon le Sage, ni plus à une vache somnolant sous un sycomore mais à Hathor veillant, ni plus à un chien sauvage au milieu d'un cimetière mais à Anubis à la belle prestance, ni plus au Nil aux allures calmes mais à Hâpy qui en gère le débit. C'est la magie de Louxor, car ce n'est qu'ici que le panthéon égyptien prend corps, avec force, et qu'il laisse son empreinte au visiteur.A côté des temples et des tombes royales, emprunts de majesté, le visiteur sera aussi attendri par la visite des tombes des vallées des Nobles et des Artisans, d’un style plus libre laissant paraître des détails de la vie quotidienne. Car il ne reste rien ou presque des édifices destinés aux vivants, même ceux du puissant Pharaon ou de ses prêtres. Les arts et les techniques nécessaires à la réalisation des ouvrages merveilleux qui ont résisté au temps étaient destinés à honorer les âmes et les dieux. Aux mortels la brique crue, à Amon et aux dieux la pierre calcaire et surtout le granite rose d’Assouan. La connaissance que l’on a de la vie de l’époque vient des fresques et des objets trouvés dans les tombes.Aux alentours, il faut s’attarder un peu dans la campagne verdoyante : palmiers aux branches ployées sous le poids des dattes, petits canaux boueux irriguant les champs de canne à sucre, ânes pelés transportant des sacs de fourrage… Le décor est semble-t-il le même aujourd’hui que celui dans lequel évoluait quotidiennement ce peuple de paysans. Le quotidien de Louxor, pour le visiteur, est d’éloigner les « marchands du temple » qui risquent, par leur insistance à tout vendre et tout proposer, de gâcher la quiétude que vous y êtes venu chercher. Tout reste bon enfant, mais les racoleurs de devantures, les conducteurs de calèches, les chauffeurs de taxi, les felouquiers et les gamins risquent de mettre votre patience à rude épreuve. Le mieux est de répondre d’un sourire las et de ne pas commencer une discussion qui n’en finit plus.