Denis fut découverte en 1773 par le commandant de la flûte royale L’Étoile, qui s’était aventurée au large de Praslin. Dans son journal de bord, Denis de Trobiant soulignait la générosité de cette terre : « La côte nous a paru fertile en corail d’un beau rouge. Elle est fort poissonneuse et l’île généralement couverte de tortues de terre et de mer, de vaches marines et d’oiseaux dont plusieurs espèces inconnues à ceux de nous qui avons fait des campagnes rares. Ces oiseaux étaient si peu accoutumés à voir des hommes que nous en avons pris une très grande quantité dans les arbres et que nous en avons tué autant que nous en avons voulu avec des bâtons. » Aussitôt découverte, aussitôt annexée ! M. de Trobriant planta donc là le mât symbolique portant le pavillon aux armes du roi et enterra, dit-on, une bouteille dans le sable comme autre marque de souveraineté. Ce fut aussi lui qui lui donna pour nom… son prénom ! Plus tard d’ailleurs, il immortalisera cette fois son nom, en baptisant îles Trobriand celles aujourd’hui également connues sous le nom d’îles Kiriwina, au large de l’actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée.L’empire des cocotiers. D’abord française, ensuite anglaise, Denis fut d’abord, quel que soit le drapeau en berne, l’empire des cocotiers, n’étant guère habitée que par les travailleurs nécessaires à la récolte des noix : quelque quatre-vingt mille par mois à la belle époque du coprah, devenu une matière première d’exportation majeure pour les Seychelles dans les années 1850. La puissante famille Temooljee exploita entre autres cette cocoteraie de 1930 à 1949. La Seychelles Coconut Estate lui succéda, jusqu’à ce que la chute des cours mondiaux du coprah sonne le glas de cette culture et, du même coup, de l’exploitation de ce fief du coco. Denis redevint ainsi une île sauvage, plus ou moins oubliée, puisque ancrée à 95 km au nord de Mahé, à proximité du tombant où s’arrête le fameux banc des Seychelles. Cette île présente une forme en boomerang, de quelque 1 800 m dans sa plus grande longueur et 1 300 m dans sa plus grande largeur. Sur cette île de carte postale, un industriel français de la pâte à papier, Pierre Burkhardt, jeta son dévolu en 1976, conquis par ces 157 ha de vert voguant dans le bleu. Ce fut ainsi que Denis devint bientôt un éden à la mode. Peu après la construction de la piste d’atterrissage, les premiers hôtes arrivèrent là pour y fêter Noël 1977. Le bouche-à-oreille fonctionna… Aux douze pavillons aux toits de palmes s’ajoutèrent bientôt douze autres, le Tout-Paris s’étant vite fait un devoir de séjourner chez Jean Minchelli (au Château de Feuilles, à Praslin) et chez ce généreux Tonton Pierre qui avait l’invitation facile. De Romy Schneider à Pierre Perret et de Yannick Noah à Eddy Mitchell en passant par Jean-Michel Jarre et Catherine Deneuve, nombre de célébrités foulèrent dans les années 1980 ces autres Champs-Élysées. Un enchanteur « ailleurs » que les patrons de Mason’s Travel ont racheté en 1996 à Tonton Pierre. Heureuse succession ! Deux ans de travaux auront été nécessaires pour que tous les anciens bungalows soient remplacés par de beaux « cottages » recouverts de pin. La Denis de l’intérieur est aussi propice à d’exquises balades, trois chemins la traversant du nord au sud, reliés entre eux par quelques allées, celle d’Église Chinois étant la plus majestueuse avec ses filaos deux fois centenaires et ses énormes badamiers, dont les feuilles suivent les quatre saisons (fait rare dans la végétation tropicale) : une allée de conte de fées ! De la Muraille Bon Dieu à Bilimbi et de Bois Blanc à Pointe l’Est, en passant par la Vanille d’Olivia et l’antique cimetière, on doit prendre le temps de s’égarer (jamais longtemps !) dans cette nature protectrice aux multiples tonalités de vert. Au-delà de la piste, seule cicatrice de cette sylve tropicale, on tombe sur ce qu’il est convenu d’appeler le Vieux Village, où vit la majorité de la centaine d'habitants de l’île, gérée par les Mason, qui viennent régulièrement se ressourcer dans leur grande maison, voisine du gros banyan et du potager. Juste à côté, le vieux calorifère abandonné doit être remis en service afin de produire de l’huile de coco. À quelques pas, place à l’élevage, fort concluant, les Mason souhaitant faire de Denis une île autosuffisante… et exportatrice : ferme biologique (légumes, fruits, viande), mais aussi panneaux solaires (depuis 2018), pour un développement vert et durable. Dévolu aux travailleurs de l’île, le Vieux Village a aussi sa station de désalinisation, sa boutique et quelques « antiquités », du hangar à coprah (de 1896) au célèbre vieux phare à charpente métallique, dernier spécimen de sa génération. Le phare est fort utile pour les bateaux qui croisent au large dans l’obscurité. On est là sur la route la plus classique pour Mahé par le nord et l’est, ce phare rappelant l’existence de rives dangereuses qui causèrent jadis la perte de maints bateaux. Classé monument national, il est aujourd’hui l’un des plus vieux de l’archipel et reste accessible au promeneur prêt à affronter ses 104 marches. Une cure tropicale de bien-vivre. À Denis, c'est la belle vie pour les dix mille sternes qui dorment sur l’île et pour le paille-en-queue qui y a fait son retour. Deux oiseaux endémiques, le petit merle des îles et le toc-toc, y ont même été réintroduits. Et toujours des moustiques, en fin d’après-midi surtout. Il vaut mieux alors s’asseoir dans les sièges en bois plantés dans le sable, à pointe Ouest, juste au-delà du bar, pour s’y griser du « bye, bye » du soleil. La scène a beau tenir du cliché, c’est tout de même autrement plus beau qu’un crépuscule sur le périphérique… qui plus est avec un cocktail à portée de bouche. Il ne reste alors que deux heures à peine pour profiter de son chalet avant le dîner sous la haute et imposante paillote du restaurant, à la gloire bien sûr des poissons de l’aquarium voisin. Le chef se montre assez convaincant, autour de beaux produits, du cru ou importés. Le midi, place à un plaisant buffet, aussi diversifié que raffiné, et avec tant de bons desserts créoles que la sieste s’impose. Le samedi, depuis longue date, c’est buffet créole, avec cochon de lait grillé. Voici donc une île parfaite pour une cure de bien-vivre tropical dans une ambiance décontractée. On est là entre gens de bonne compagnie, d’un chic tout juste suggéré, pour se ressourcer dans une nature à l’état pur, avec la mer dans tous ses éclats… C’est d’ailleurs le moment ou jamais d’explorer le monde du silence. Un masque et des palmes suffisent pour vagabonder à fleur de corail (à 30 m du rivage), mais puisque l’occasion se présente, pourquoi ne pas s’initier à une découverte plus profonde, le centre de plongée offrant un large éventail d’excursions sous-marines, en limite du plateau des Seychelles (dont Denis n’est qu’une émergence). À 20 minutes de bateau, les fonds plongent en effet de 40 m à plus de 2 000 m ! Plus de quinze spots attendent donc les plongeurs de tous niveaux : House Reef, Aquarium Reef, White Bank, Boulders, Coral Garden ou Bat Fish, pour ne citer qu’eux, sont la promesse de souvenirs hauts en couleur et de frissons autour notamment des raies manta, tortues, requins gris et requins-tigres, nombreux dans le coin. Une aubaine aussi que ce tombant pour les amateurs de pêche au gros : barracudas, wahoos, dorades et autres bonites pullulent dans ce coin d’océan propice aux coups d’éclat. Pêche ou plongée, planche à voile ou canoë, tennis ou billard, bain de mer ou bain de soleil, balade en forêt ou jogging autour de l’île, il y a toujours là de quoi se faire plaisir, le plus grand luxe étant peut-être de ne rien faire !

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Plage de Denis. Gerard Larose - Office du tourisme des Seychelles
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