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Archéologie

Aux portes de Séville, le site archéologique de Itálica concentre les vestiges de la première cité romaine d’Espagne. Fondée en 206 avant notre ère, elle demeure en partie dissimulée sous le village de Santiponce. Les fouilles archéologiques ont révélé de splendides mosaïques qui ornaient les patios des demeures. Parmi celles-ci, au sein de la Casa del Planetario, une mosaïque représente les dieux des sept jours de la semaine. On y voit Neptune mener un fabuleux cortège de centaures et d’animaux terrestres. La Maison des Oiseaux tient son nom de ses mosaïques sur le thème des animaux célestes. Les bustes, sculptures et autres vestiges du site ont rejoint les collections du Musée archéologique de Séville. Ce splendide bâtiment, situé sur la Plaza de América, a été construit en 1929 à l’occasion de l'Exposition ibéro-américaine.

D’autres mosaïques romaines sont conservées à l'Antiquarium, perché sous le Metropol Parasol. Plus modeste, il regroupe des objets retrouvés lors de la construction d’un parking, qui nous offrent des témoignages du passé wisigoth et islamique de Séville.

A Itálica, sont nés deux empereurs qui ont marqué l’histoire de l’Empire romain : Trajan et Hadrien.

Par la suite, la longue présence musulmane, entre 711 à 1248, laisse à Séville des traces essentiellement visibles en architecture. Cependant, la faïence dite « mudéjar » s’inscrit dans le prolongement de l’art décoratif produit par les musulmans d’Espagne, caractérisé par le raffinement de ses motifs.

La sculpture romane

Ce n'est que dans le premier quart du XIe siècle qu'apparaissent les premiers essais décoratifs de façades. Les scènes construites autour de figures humaines ont pour fonction d'embellir les édifices mais aussi d’éduquer le peuple. Durant le XIIe siècle, les monuments funéraires tiennent une place importante dans la création romane. Les tombeaux, inspirés des sarcophages, sont ornés délicatement par les artisans qui sculptent les façades et les chapiteaux.

L'art roman est souvent un reflet fidèle de la vie politique, sociale et religieuse de son époque. On peut voir notamment une superbe collection de sculptures romanes dans l'enceinte de la Casa de Pilatos. Mais l'art gothique venu de Chartres et Saint-Denis avance à grands pas, aux XIIe et XIIIe siècles, dans la construction des cathédrales (Burgos, Tolède...).

L’édification de la cathédrale et Giralda de Séville, qui remplace la mosquée, débute en 1401. En 1432, l’élaboration du chœur établit Séville comme un centre important de la sculpture. En 1467, Lorenzo Mercadante de Bretaña intervient dans les sculptures des portails. Il influencera par la suite un grand nombre d'artistes. Au tournant du XVIe siècle, l'influence italienne prédomine, et les styles, puisés dans l'art mudéjar ou hispano-mauresque et le gothique tardif, donnent naissance à un style éclectique.

Le style baroque

Le baroque espagnol émerge au début du règne de Philippe III, en 1599, pour s'achever en 1752, date de la fondation de la Real Academia de San Fernando. Les influences italiennes perdurent, cependant la présence d'un roi d'origine française (Philippe V) oriente le regard vers la production artistique française. Néanmoins, les apports étrangers influencent moins la sculpture que la peinture. La sculpture de style baroque se concentre sur les statuaires en bois et résulte de cinq écoles : Valladolid, Grenade, Séville, Murcie et Catalogne.

Surnommé le Dieu du Bois, Juan Martinez Montañez naît à Alcala la Real en 1598 et meurt à Séville en 1649. Son style se caractérise par le réalisme, l'équilibre et la sérénité de ses compositions. On peut admirer l'une de ses statues sur la Plaza San Salvador, face à l'église. Dans la cathédrale, signalons son Christ de la Clémence, ainsi que le tabernacle de saint Jean-Baptiste visible au couvent de Santa María del Socorro et saint Bruno, au musée de Séville. Il est considéré comme le fondateur de l'école sévillane de sculpture baroque.

Elève de Montañez, Juan de Mesa voit le jour à Cordoue en 1583 et s’éteint à Séville en 1627. Il développe un goût pour l'interprétation dramatique, voire tragique de ses personnages. Il est considéré comme l'auteur de la Vierge de la Macarena, l'un des pasos de Séville pendant la Semaine sainte, et du Christ de l'amour de l'église del Salvador.

Pedro Roldán est un autre sculpteur d'exception du XVIIe siècle, qui appartient lui aussi à l'école sévillane baroque. Il est aussi peintre et architecte. Après des études à Grenade auprès de son maître Alonso de Mena, il se rend à Séville où il exécute diverses œuvres, dont certaines sont encore visibles dans l'Hospital de la Santa Caridad.

Fille de Pedro Roldán, Luisa Roldán (1652-1706) est la première femme à être reconnue en tant que sculptrice. Elle épouse l’artiste sévillan Duque Cornejo, qui a notamment œuvré dans l'église San Luis.

Peinture sévillane

La peinture sévillane est soumise à diverses influences, tant flamandes qu'italiennes ou françaises. Elle connaît un âge d’or entre les XVIe et XVIIe siècles. Parmi les artistes ayant grandement contribué à la renommée de la peinture espagnole, il faut citer Velásquez, Murillo et Zurbarán. Les grands maîtres sévillans sont concentrés au Musée des Beaux-Arts de Séville, établi dans un splendide monastère. Sur la place, l’entrée est signalée par une statue en bronze de Murillo.

Velázquez, né en 1599, est le peintre du siècle d'or par excellence. Célèbre pour ses portraits de la cour du roi Philippe IV, il développe un style très personnel, qui s'inscrit résolument dans le courant baroque. Ses deux voyages en Italie ont un effet décisif sur l'évolution de son œuvre. Son art a atteint son sommet en 1656 avec la réalisation de Les Ménines. Son influence artistique est considérable dès le XVIIe siècle.

Francisco Zurbarán (1598-1664) a joué un grand rôle à Séville dans la mesure où il a peint plus de vingt toiles pour le couvent dominicain de San Pablo et Real (l'actuelle église de la Magdalena). On peut toujours y admirer à loisir l'Apparition de la Vierge au moine de Soriano. Quant aux figures de Saint-Grégoire, Saint-Ambroise et Saint-Jérôme, elles se trouvent au Musée des Beaux-Arts. Dès 1629, de retour à Séville après un séjour en Estrémadure, il devient l'artiste, l'interprète et l'artisan des puissants ordres monastiques de la ville : jésuites, franciscains... C'est grâce à l'appui de son compère Vélasquez qu'il part séjourner à Madrid et y effectue les dix toiles représentant les travaux d'Hercule. Il a aussi peint des portraits comme celui de Sainte Dorothée, exposé au Musée des Beaux-Arts. Il meurt à Madrid en 1664 alors qu'il se trouve dans une situation financière difficile, isolé du cercle des peintres de l'époque.

Bartolomé Esteban Murillo (né à Séville en 1618, mort à Cadix en 1682). Il suit une formation artistique dans l'atelier de Juan del Castillo. Sa première commande comprend onze toiles destinées au petit cloître des franciscains à Séville. En 1655, lors d'un voyage à Madrid, il étudie la collection royale et c'est à partir de ce moment-là qu'il structure ses tableaux de manière plus sophistiquée. La plupart de ses œuvres s'inscrivent dans une thématique religieuse. En 1660, il fonde l'Académie des Beaux-Arts. A Séville, on peut encore admirer dans la cathédrale sa Vision de Saint-Antoine, et au Musée des Beaux-Arts, La Colossale (dite l'Immaculée Conception) dont le dynamisme renouvelle les codes du genre. On pourra aussi visiter la Maison de Murillo, sa dernière demeure. 

Autres représentants de l’âge d’or, la famille Herrera, père et fils.  Francisco Herrera l'Ancien (né à Séville en 1585, mort à Madrid en 1657) est peintre et graveur. Les gravures flamandes du XVIe siècle influencent son œuvre, comme en atteste sa toile de l'Apothéose de saint Herménégilde (Musée des Beaux-Arts). Francisco Herrera le Jeune naît à Séville en 1622 et meurt à Madrid en 1685. Formé par son père, il le quitte rapidement pour séjourner à Rome jusqu'en 1655. Il rentre alors au pays pour prendre la fonction de directeur de l'Académie de Séville et premier artiste à la cour de Charles II. Dans la cathédrale de Séville, on peut notamment admirer L'Adoration du Très Saint Sacrement (1656).

Moins populaire, Juan Valdés Leal compte pourtant parmi les génies de la peinture espagnole du XVIIe siècle. Né à Séville en 1622 et mort en 1690, c’est une âme tourmentée au style souvent macabre. Les impressionnantes allégories funèbres de l'Hospital de la Caridad de Séville (1672) en sont la preuve. On peut admirer In Ictu Oculi, à gauche de la porte d'entrée en entrant dans la chapelle de l’Hospital de la Santa Caridad, et à droite Finis gloriae mundi représentant une crypte où cohabitent chouette, chauve-souris et cadavres. Les deux tableaux, truffés de symboles, sont une commande de Don Miguel de Mañara, sur laquelle il a collaboré avec Murillo.

Séville actuelle

La tradition des grands maîtres se renouvelle au XXe siècle avec Luis Gordillo. Né à Séville en 1934, ce peintre étudie le droit avant de se tourner vers les Beaux-Arts. A la fin des années 1950, il s’immerge au cœur de l’avant-garde parisienne. La décennie suivante, il propose une interprétation du Pop Art axée sur la répétition. Dès les années 1980, il se tourne vers l’art abstrait et élabore un style post-moderne imprégné de psychologie. Plus récemment, il combine les possibilités de la photographie et du numérique à la peinture.

Reconnu comme l'une des principales figures de l'art abstrait espagnol, il est présent dans les principaux musées d'art contemporain du monde. A Séville, on le retrouve dans l’une des institutions les plus insolites de la ville, le Monastère de Cartuja - Centre d’Art Contemporain. Sur l’île de Cartuja, cet ancien monastère abrite une collection d’art contemporain ouverte à tous les formats de la création. Sont exposés des artistes phares (Joan Miró, Eduardo Chillida et Antonio Saura), et parmi les Andalous : Bacarisas, Mateos, ou encore Carmen Laffón.

Peu d’art urbain à voir à Séville. Quelques fresques et collages Calle Castellar, dans le quartier alternatif d’Alameda ; d’autres se révèlent parfois au gré des balades. La création préfère se nicher dans des lieux historiques comme la fondation FOCUS, qui héberge un département d’art contemporain au cœur du bâtiment de l’Hospital de los Venerables. Un mix des plus heureux !