Béziers-église st Jacques-automne-2019@Karinegregoire (2).jpg
Béziers-pont vieux-été-2021@Karinegregoire.jpg
façade ouest et entrée de la basilique St Aphrodise © MBP.jpg
Beziers-Allees Paul Riquet-vue de la grande roue-été-2019@karineGregoire (10).jpg
MER-SERIGNAN-CIGALIERE-07.jpg

L'art roman et gothique

Le témoin le plus ancien est la basilique Saint-Aphrodise, l'une des plus vénérables églises de Béziers. Elle serait construite sur la grotte où Saint-Aphrodise vint s'enterrer après avoir été décapité par les Romains ; de toute vraisemblance l'édifice fut bâti sur une ancienne nécropole paléochrétienne. L'édifice du VIIIe siècle a considérablement été remanié du XIIe au XIVe siècle. Ouverte ponctuellement, on peut observer l'austère façade occidentale depuis le parvis créé pour la mise en valeur du bâtiment. A quelques centaines de mètres du rempart médiéval se tient l'église Saint-Jacques. Cité dès le IXe siècle, c'est un beau témoignage du second art roman méditerranéen. Ce qui fascine ici, c'est le bel équilibre dont fait preuve l'abside pentagonale et le remarquable raffinement des chapiteaux d'inspiration wisigothique. Occupant une position dominante sur l'Orb, l'église offre une belle vue sur la cathédrale Saint-Nazaire. Caractéristique de l'architecture romane, le Pont-Vieux résiste aux vicissitudes de l'Orb depuis 1134, voire même avant car son embase remonte à l'époque romaine. Ses arches trapues ancrent solidement leur structure de pierre dans le fleuve : jusqu'au milieu du XIXe siècle, il était le seul passage au-dessus de l'Orb, sur le chemin allant de Marseille à Toulouse. Telle la proue d'un navire, la silhouette massive de la cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse affiche ses siècles d'histoire. La cathédrale actuelle trouve ses origines dans les murs de l’ancienne église érigée par Maître Gervais au XIIème siècle. Une corniche marque le passage entre les époques : elle présente une frise en métopes et triglyphes, héritage de l'Antiquité. L'émergence de sculptures se fait à l'époque romane : elles viennent embellir les pierres brutes et austères de l'édifice. Six chapiteaux historiés ont été épargnés du terrible incendie de 1209 qui causa la destruction de l'édifice roman. Ce qui est intéressant dans l'architecture de la cathédrale, c'est le mélange subtil entre les styles: les bâtisseurs de l'époque ont en effet conservé le travail de leurs pairs en intégrant le savoir-faire gothique. Après son incendie, la cathédrale connaîtra une longue reconstruction jusqu'au XVe siècle. Plus forteresse que « dentelle de pierre », la cathédrale Saint-Nazaire est surmontée d'une imposante tour carrée de 48 mètres de haut, couronnée d'un gracieux campanile en fer. Sa façade ouest est ornée d'une impressionnante rosace sous laquelle se tient le portail d'entrée. Il est à constater que faute de moyens suffisants, le cloître de St Nazaire n'a jamais été terminé : il manque un grand nombre de chapiteaux sur les colonnades côté jardin. La collégiale Notre-Dame de Grâce à Sérignan est aussi l'un des plus beaux exemples de l'art gothique dans le Biterrois. A l'instar de la cathédrale, son architecture est une succession de styles, témoins de l'histoire des lieux et de la région.

Les habitats nés de la vigne

Apparues au XIXe siècle avec l'expansion de la vigne, les maisons vigneronnes ont participé à l'agrandissement des villages du Biterrois. Ces maisons servaient à la fois de lieu de travail et d'habitation. Elles possèdent des tailles différentes selon la richesse des propriétaires. En règle générale, on accédait à la cave depuis un trappon installé sur le trottoir pour les maisons de ville. Un cellier ou un chai pouvait occuper le rez-de-chaussée, reléguant l'habitation au premier étage. Parfois, il y avait un deuxième étage, appelé le galetas (grenier), pour entreposer le foin. On remarque la présence d'une fenêtre dotée d'une poulie extérieure sur la façade. L'essor de la viticulture, et l'arrivée du chemin de fer, a conduit à l'essor économique de la région, et à la fortune des négociants biterrois. Les immeubles des allées Paul Riquet, au riche style haussmannien, sont autant de témoignages de cette glorieuse réussite. On admire encore les magnifiques hôtels particuliers ornés de sculptures et de somptueux balcons en ferronnerie, habillement travaillés. Bien souvent l'œuvre des meilleurs architectes de l'époque, ces maisons affichent un luxe volontairement ostentatoire, soulignant la prospérité de Béziers. Cette démonstration de richesse se reconnaît aussi dans les châteaux pinardiers. Avec cette envie de démesure sont élevés des châteaux au cœur de la plaine agricole. Affichant les caprices des propriétaires et l'imagination débordante des architectes, ces châteaux arborent une singularité architecturale où tous les styles se côtoient dans une joyeuse dissonance. Les normes sont bousculées, et ce sont des ensembles décoratifs à l'identité forte que l'on croise au détour des chemins.

L'architecture moderne et ses signatures

L'architecture urbaine biterroise se montre novatrice et de beaux bâtiments soulignent ces évolutions modernes. Il s'agit pour les architectes contemporains d'inscrire dans la modernité une architecture issue d'un héritage culturel méditerranéen. Conçue et réalisée par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, la médiathèque André Malraux à Béziers donne à la ville un lieu culturel ouvert à tous. L'ancrage de ce bâtiment face à la maison natale de Jean Moulin fait de la médiathèque un élément fédérateur dans l'espace urbain. Constitué de monolithes de pierre et de verre, l'architecture offre fluidité et perspective autour du patio central ouvert vers l'extérieur. A Sérignan, c’est l’architecte Nicolas Guillot qui, en étroite collaboration avec le sculpteur et plasticien Daniel Buren, a conçu le bâtiment de la Cigalière. Lieu de créations artistiques, la salle et son architecture contemporaine aux façades vitrées prennent place au cœur du Rayonnant : une œuvre colossale qui déploie en éventail 170 pylônes en métal ouvrant le regard vers l'horizon. La nuit, l'œuvre prend vie avec les colonnes qui s'éclairent et se fondent harmonieusement dans l'ancien jardin méditerranéen doté d’arbres remarquables. L'architecture moderne peut surprendre par sa conception et l'originalité de ses lignes. C'est le cas notamment pour Le Ruban à Béziers, où l'immeuble ainsi nommé, présente des bandes verticales en béton préfabriqué blanches et en dégradé de gris. Des œuvres contemporaines soulignant la créativité des architectes dans l'emploi novateur de matériaux d'aujourd'hui.