shutterstock_1937952685.jpg

Les catholiques des Cyclades

Les Cyclades abritent environ 12 000 catholiques, soit 10 % des 120 000 habitants. L’archipel est organisé en province ecclésiastique catholique romaine et compte trois diocèses. Le diocèse de Syros et Milos regroupe environ 6 800 fidèles, principalement à Syros, où ils représentent un quart de la population de l’île. L’archidiocèse de Naxos, Tinos, Andros et Mykonos totalise 4 000 catholiques, dont environ 3 000 à Tinos, c’est-à-dire 35 % de la population de l’île : la plus forte proportion de catholiques en Grèce. Enfin, quelque 450 personnes dépendent du diocèse de Santorin. L’Église orthodoxe est quant à elle organisée en deux métropoles (évêchés) : celle de Syros qui couvre la plus grande partie de l’archipel, avec son siège à la cathédrale Saint-Nicolas d’Ermoupoli, à Syros, et celle de Santorin, qui a aussi juridiction sur Anafi, Ios, Amorgos et les Petites Cyclades.

Communautés catholiques

Les catholiques des Cyclades vivent dans leurs propres quartiers dans les villes principales : autour de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste (1823) et du couvent des dominicaines de Fira (Santorin), près de la co-cathédrale de la Présentation-du-Christ à Naxos ou autour de la cathédrale Saint-Georges de Syros. Celle-ci fut fondée vers 1200 et reconstruite en 1834. Installée sur la colline d’Ano Syros, à Ermoupoli, elle fait face à la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas qui domine l’autre colline de la préfecture. À Tinos, les catholiques sont présents à Chora et « possèdent » plusieurs villages au sud-est de l’île, comme Loutra (35 habitants), où le couvent des ursulines (1862) accueille traditionnellement les jeunes filles de bonne famille de tout le pays. Non loin, Xinara (40 habitants) fait figure de seconde « capitale » des catholiques des Cyclades après Ermoupoli. On y trouve une église et la cathédrale Notre-Dame-du-Rosaire (1870).

Cohabitation

Les Grecs orthodoxes, largement majoritaires, vivent en bonne intelligence avec leurs compatriotes catholiques des Cyclades. À Tinos, on trouve ainsi de nombreux villages mixtes où les deux communautés possèdent chacune leur église, comme à Ktikados, Steni et Kardiani. Pour ne pas se démarquer, les catholiques de l’archipel suivent le calendrier liturgique byzantin. Ils célèbrent ainsi Pâques en même temps que tous les Grecs, alors que les Pâques catholique et orthodoxes sont souvent décalées de plusieurs semaines. Toutefois, les catholiques sont victimes de discriminations. Ils sont déconsidérés et parfois perçus comme des hérétiques, mais cependant moins que les protestants. Ils sont encore fréquemment appelés les « Francs » (Frangi), terme péjoratif qui rappelle la difficile période d’occupation latine (Frankokratia) au Moyen Âge. Mais la principale inégalité concerne les aides publiques : alors que les prêtres orthodoxes sont rémunérés comme des fonctionnaires par l'État, le clergé catholique doit se débrouiller seul et peine à susciter des vocations.

Les catholiques ailleurs en Grèce

Le pays compte environ 200 000 catholiques de rite romain. Parmi ceux-ci 50 000 sont grecs et concentrés à Athènes et dans les Cyclades. On trouve aussi des communautés à Thessalonique (4 000 personnes), dans les îles Ioniennes (3 800), en Crète (3 500), dans le Dodécanèse (1 500) et à Chios (500). Les étrangers sont quant à eux surtout présents à Athènes et originaires de Pologne et des Philippines. On compte en outre deux communautés catholiques qui reconnaissent le pape mais dont les rites sont similaires à ceux des orthodoxes (mariage des prêtres, culte des icônes…). Il y a tout d’abord près d’un millier de catholiques arméniens, essentiellement des citoyens grecs vivant à Athènes et à Thessalonique. Et environ 6 000 personnes relèvent de l'Église grecque-catholique hellène, fondée au XVe siècle : principalement des Grecs, des Ukrainiens et des Bulgares, à Athènes, en Macédoine et dans les Cyclades. Cette Église catholique de rite byzantin compte par ailleurs des fidèles en Turquie, mais aussi à Cargèse, en Corse, où des exilés grecs du Magne (Péloponnèse) se sont installés au XVIIe siècle.

Les pèlerinages de Tinos

Tinos est considérée comme la « Lourdes de la Grèce » : un important lieu de miracles et de pèlerinages chrétiens. Le 15 août s’y déroulent deux fêtes liées au culte de Marie, la mère du Christ. Depuis 1830, les orthodoxes célèbrent la Panagia Evangelistria (« Toute-Sainte-Porteuse-de-Bonnes-Nouvelles ») dans la vaste église du même nom, en haut de la ville principale. Il s’agit du plus grand pèlerinage de Grèce, attirant en temps normal environ 50 000 personnes pour la fête de la Dormition de la Mère de Dieu. La dévotion est telle que la plupart des fidèles effectuent les 800 m séparant le port de l’église sur les genoux. Les catholiques, eux, se réunissent le même jour pour la fête de l’Assomption depuis le XVIIe siècle dans l’église de la Panagia Vrisiotissa (« Toute-Sainte-des-Sources » ou « Qui-est-Apparue »), au-dessus de la plage d’Agios Romanos, à 9 km au nord-ouest de la ville principale. Les fidèles sont ici surtout des habitants de Tinos et sont nettement moins nombreux qu’au pèlerinage orthodoxe de la Panagia Evangelistria. Mais il s’agit tout de même du plus important rassemblement catholique en Grèce. Outre le fait qu’ils se déroulent le même jour dans la même île, ces deux pèlerinages trouvent aussi leurs origines dans la même croyance de la découverte d’une icône miraculeuse de la Mère de Dieu.

Les monastères orthodoxes

Dominées par les seigneurs vénitiens et le clergé catholique à partir de 1205, les Cyclades ne conservent que trois monastères orthodoxes de la période byzantine : celui de la Panagia Panachrantos (Xe siècle) à Andros, celui du Prophète-Élie (1154) à Sifnos et, le plus impressionnant, celui de la Panagia Chozoviotissa (XIe siècle) sur les falaises d’Amorgos. Mais l’archipel a renoué avec les traditions byzantines sous l’ère ottomane (1537-1832). Les sultans ont alors confié le pouvoir à l’Église grecque : tandis que l’influence de Rome déclinait, les îles se sont couvertes de monastères orthodoxes. Parmi ceux-ci, il faut noter celui de Saint-Pantaléon (XVIe siècle) à Kéa, celui de la Panagia Chrisopigi (XVIIe siècle) à Sifnos, ou encore celui de la Panagia Tourliani (1542) à Mykonos.