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Une tradition, presque ressuscitée, mais bien vivante !

La visibilité de la culture écossaise, telle que nous la connaissons aujourd’hui, revient de loin… En effet, ce n’est que récemment que l’histoire de l’Écosse est à nouveau enseignée. Il a fallu attendre les années 1990 que les élèves puissent découvrir davantage que des grandes lignes de l’histoire de leur pays. La culture anglaise et le passage sous silence d’épisodes susceptibles d’éveiller un sentiment national écossais étaient alors de rigueur. À partir de cette période, l’intérêt des Écossais pour leur culture a pris un nouvel essor. La politique et les institutions ont suivi, avec la naissance d’une première charte pour les arts en Écosse en 1993. Les Archives nationales d’Écosse, sises à Édimbourg, offrent à la consultation une base de documents parmi les plus riches d’Europe. Le public a ainsi accès à de très nombreuses sources historiques concernant l’Écosse et ses relations avec les nations voisines au cours de l’Histoire. L’organisme Historic Scotland a, quant à lui, été créé en 1991 pour conserver le patrimoine et restaurer les bâtiments classés. Citons aussi, dans la même démarche de préservation d’une culture ancestrale précieuse, le Scottish Natural Heritage, chargé des sites naturels, et le National Trust for Scotland qui, même s’il est privé, œuvre de manière majeure pour la valorisation des châteaux, grandes demeures et espaces naturels du pays.

Les Écossais ont une grande affection pour la culture de leur pays, ce qui les caractérise et les distingue de leurs voisins anglais. Le kilt se porte beaucoup lors des mariages, dans les soirées étudiantes et pour les fêtes de Noël ou de fin d’année. La musique celtique est également très prisée et le nombre de festivals qui lui sont consacrés est incalculable. Les événements traditionnels ponctuent l’année et sont incontournables : Highland games, mêlant démonstrations sportives, musiques et danses traditionnelles, ou Common Ridings, courses communales typiques de la région des Borders, s’étendent chaque fois sur plusieurs jours, voire une semaine. L’actualité culturelle a aussi ses événements, toujours teintés de culture locale, comme le Festival International d’Édimbourg (août) ou son TradFest (avril), le Spirit of Speyside Festival (Dufftown, fin avril/début mai), le Celtic Connection (janvier-février, Glasgow) ou le Scottish Traditional Boat Festival à Portsoy (fin juin)… Peu de pays peuvent se targuer d’une identité culturelle aussi forte que l’Écosse.

L’Écosse est restée un pays de clans

Le mot « clan » vient du gaélique clann, pour « enfant » ou « famille ». Si à ses origines les plus lointaines, le clan correspondait à une seule famille, identifiable par son nom – en témoigne le préfixe « Mac » signifiant « fils de » –, cela a ensuite évolué. Le terme « clan » désigne une famille au sens large, pas nécessairement une famille au sens de descendance génétique. Les membres d’un même clan n’appartenaient donc pas systématiquement à la même famille, mais se regroupaient sous le commandement d’un même chef. Ce système était en vigueur depuis l’époque celte et a perduré officiellement, comme système de gouvernance, jusqu’à la bataille de Culloden en 1746. C’est à cette date que le système clanique, avec ses juridictions héréditaires, mais aussi ses signes distinctifs comme les tartans, a disparu. On ne peut d’ailleurs parler de clan sans évoquer les tartans. Symbole de l’Écosse, le tartan est un tissu de laine décoré de bandes colorées se croisant perpendiculairement. Le terme tiendrait son origine du moyen français « tiretaine », désignant un drap de laine grossièrement tissé. Une autre étymologie découpe le mot en tuar pour « couleur » et tan pour « district ». À chaque clan, à chaque région, son tartan, avec ses motifs propres. Chaque clan avait aussi sa devise et un insigne végétal, qu’il portait sur une pique ou sur son bonnet. Quelques exemples ? Le clan Mackenzie a deux devises : « Je brille sans brûler » et « Aidez le roi ». Celle du clan Macdonald est « Sur la mer et dans les terres ». Le clan Scott a comme devise « J’aime ». Ils ont aussi leurs cris de guerre dont certains particulièrement cocasses, tel celui des Cameron « Fils de chiens, venez chercher la viande ! »

Les clans vivaient du travail de la terre et de l’élevage du bétail. Ce mode de subsistance était à la fois leur source de richesse et la cause de conflits territoriaux, internes et externes. Nombre de rixes, parfois sanglantes, émaillent l’histoire des clans écossais. Parmi les affrontements les plus marquants, on pourra citer celui entre les Campbell et les MacGregor, popularisé par Walter Scott dans son roman Rob Roy. Est aussi tragiquement célèbre le massacre de Glencoe, en janvier 1692.

Les clans demeurent une réalité bien tangible en Écosse. S’ils ont fortement marqué son histoire, on continue à en parler au présent. Les clans existent toujours et, plus encore, ils soulèvent un véritable engouement contemporain. Nombreux sont ceux qui, quelle que soit leur nationalité, effectuent des recherches historiques et se trouvent des origines claniques écossaises. En témoigne ce chiffre impressionnant : plus de 500 associations généalogiques et de clans ont été dénombrées dans le monde. Elles font vivre cette tradition ancestrale en organisant de grands rassemblements où sont alors célébrés le clan et, plus encore, l’âme et le patrimoine écossais.

« Vivre autrement et hors le monde actuel » : c’est possible en Écosse

Le rêve d’une vie différente, en autarcie, au plus proche de la nature et dans une démarche de spiritualité est possible en Écosse. Entre des îles où l’on vit en autarcie sans police et des communautés indépendantes, les possibilités sont concrètes. Différentes initiatives marquant une volonté d’autonomie de gestion peuvent être citées. Ainsi, l’Assynt Crofters’ Trust, au nord d’Ullapool, est un domaine possédé par des crofters (ou petits propriétaires terriens) associés, composé de 13 cantons et étendu sur 9 hectares. Il se décrit comme une communauté ayant pris son avenir en main et défendant l’Écosse rurale à laquelle il croit. Son histoire est intéressante et éclaire sur l’état d’esprit écossais. En 1989, les terres en question étaient vendues à un spéculateur suédois, sans qu’il soit question de prendre en compte l’intérêt des habitants et de l’impact social d’un tel projet. Trois ans plus tard, la société acheteuse est liquidée, toujours sans que personne ne sollicite les personnes exploitant les parcelles. Une réunion publique va alors tout changer : et si le territoire était racheté par ses habitants ? Une collecte de fonds a été lancée, un comité de pilotage instauré et une étude de faisabilité mise sur pied. Ces Highlanders allaient se battre pour reconquérir le territoire de leurs ancêtres ! La presse s’en est mêlée et le public a adhéré au projet, le soutenant par des dons. Peut-être un détour, hors la NC 500, à la recherche d’un panorama ou d’une plage de sable fin vous mènera dans ces espaces, ouverts à tous.

Citons aussi l’île d’Eigg, rachetée par ses habitants. Entre île déserte et vie alternative, le fantasme d’un retour aux sources dans une vie simple, rurale, faite d’entraide et de fraternité n’est pas loin... et il a les deux pieds dans la réalité ! Le territoire est géré par un trust, avec à sa tête 4 habitants élus pour 4 ans. Un ferry permet des liaisons régulières. Sur place, pas de police : c’est inutile… chacun a à cœur de respecter les règles. Le réseau électrique est 100 % renouvelable et autonome, et la majorité des denrées alimentaires est produite sur place. Le tourisme y est volontiers accueilli, de manière raisonnée et raisonnable, évidemment.

Quelques habitudes écossaises qui surprennent

Il est toujours amusant, et étonnant, de constater les petites et grandes différences, d’une culture à une autre. Même sans qu’il soit question de grands écarts de modes de vie, il y a des habitudes et des usages qui, en tant que Français, nous surprendront à coup sûr. Ce sont ces détails, passant inaperçus aux yeux des locaux, qui contribuent à l’expérience du voyage.

Dîner à 18 heures. N’espérez pas dîner à 20 heures, au risque de ne trouver que des restaurants porte close. Ici, on soupe vers 18 heures, voire plus tôt encore.

Un déjeuner au thé. Le thé peut tout accompagner. Il n’y a donc rien d’étrange à boire un thé avec des saucisses-frites, une tarte salée ou des sandwichs toastés au déjeuner !

Du thé plus fort que le café. Café filtre servi en cafetière, le café écossais tient plus de l’Americano allongé que du ristretto. Au contraire, le thé, longuement infusé, est fort.

Des enfants en laisse ! Il n’est ni rare ni choquant de voir un enfant avec harnais et laisse. Dans la rue et en supermarché, ce pourrait presque être monnaie courante.

Attention, personnes âgées. Le Code de la route britannique annonce la traversée possible de personnes âgées, de même qu’en France sont signalées les zones fréquentées par les enfants.

Les chiens : oui ; les enfants : non. Il n’est pas rare, à l’entrée de pubs ou de restaurants, de lire des panneaux indiquant que les chiens sont les bienvenus, mais pas les enfants.

Des calories indiquées partout. Sur les cartes des restaurants de chaînes, mais aussi chez les indépendants, sur tous les aliments, nombre de calories et nutriscore sont présents.

La courtoisie au volant. Les conducteurs se laissent passer, se remercient, laissent les distances de sécurité nécessaire, ne klaxonnent pas… Quel bonheur !

La politesse, partout ! Partout, la bonne éducation est de mise. On se salue, on se remercie, on propose de l’aide, on sourit. Tout va bien dans le meilleur des mondes !

Des bancs commémoratifs invitent à la pause

Il est de tradition, au Royaume-Uni et en Écosse, de faire installer un banc avec une plaque commémorative pour une personne aimée. Vous trouverez ces « bancs du souvenir » partout : dans les jardins, dans les villes, dans les parcs des châteaux, mais aussi dans les plus beaux paysages, en hauteur de superbes panoramas. Ils sont dédiés à une personne défunte, rappellent son souvenir et ô combien elle appréciait cet endroit. Parfois, ces bancs évoquent un couple, parfois ils invitent à lire quelques vers, et toujours, ils parlent d’amour et de vie. Faire une pause sur un de ces bancs invite à une pensée émue et tendre pour cette personne disparue, qui n’est plus tout à fait une inconnue, tout autant qu’au respect de la beauté et de la quiétude des lieux.

L’Écosse est relativement proche des us européens

Pour les sujets de santé, d’éducation et d’intégration, le système écossais reste relativement proche de ce que nous connaissons en France – gratuité des services publics, remboursement des soins et médicaments… –, et plus largement dans les pays occidentaux. La responsabilité de la santé a été dévolue à l’Écosse en 1999 et elle a su relever le défi qui s’imposait : réformer son National Health Service (NHS). Il est centré sur les structures publiques aidées et laisse peu de place au secteur privé. Les politiques de santé œuvrent en faveur d’un service public de qualité (même s’il est critiqué pour son manque de moyens et d’importants délais d’attente pour obtenir un rendez-vous médical) et mettent l’action sur la prévention des conduites et comportements individuels à risque. C’est notamment pour faire baisser la consommation d’alcool que des préconisations sont visibles partout et que les taxes ont augmenté. Le sujet de l’alimentation et de la pratique sportive est aussi au cœur de ces politiques.

Le système d’éducation se divise en deux secteurs : le primaire et le secondaire. Comme en France, écoles publiques et privées coexistent. Pour le reste, les usages diffèrent. Les écoliers ont des journées et des cours plus courts : ils sortent de classe aux alentours de 15 h 30, et la durée des sessions d’enseignement ne dépasse pas 50 min. L’uniforme est préconisé, dans l’idée de gommer les différences sociales et les notes sont, pour les plus jeunes, mesurées en pourcentage des acquis, puis avec les fameuses lettres (A à F). Comme en France, les élèves peuvent sortir du système scolaire à 16 ans ou passer le « Higher Grade » qui, selon leurs résultats, leur permettra l’accès à l’université.

Le rôle social et d’éducation citoyenne de l’école est très prégnant, comme en témoigne, par exemple, l’introduction en 2018 d’un enseignement sur les droits de la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexués), ceci afin de lutter contre l’homophobie et la transphobie. Les Écossais sont tolérants et ouverts envers l’homosexualité, mais des progrès restent à faire, selon les régions et lieux. De petites communautés gays se développent et sont actives à Édimbourg, et plus encore à Glasgow.

Enfin, en ce qui concerne l’égalité des sexes, des progrès restent à faire dans tout le Royaume-Uni, avec des écarts de salaire hommes-femmes, mais aussi peu de femmes aux postes à responsabilité (1/20 des dirigeants des entreprises cotées en bourse au RU sont des femmes), dans les conseils d’administration des entreprises et dans les instances gouvernementales (elles sont seulement 34 % des parlementaires).