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L’art autochtone

La tradition artistique la plus ancienne se rencontre dans les nombreux sites d'art rupestre de l’Ontario. Dans ces lieux rituels destinés à la communion entre les humains et les esprits, les pétroglyphes, incisions gravées, se partagent les parois avec les pictogrammes, peints sur la roche. Non loin de Peterborough se trouve le parc provincial Petroglyphs qui concentre le plus grand nombre connu de gravures rupestres autochtones au pays. On recommande également le parc provincial Lake Superior, près de Wawa, et le lac des Bois dans le nord-ouest de la province.

Les Autochtones pratiquent aussi un art traditionnel depuis des temps immémoriaux (voir dossier « Que rapporter »). Mais les artistes ont su se renouveler en employant d'autres matériaux et de nouveaux procédés artistiques, tout en continuant à puiser leur inspiration dans leur patrimoine culturel, inventant un nouveau langage dans la tradition des chamans. On assiste aujourd'hui à l'émergence d'un art amérindien d'avant-garde. On pense notamment à Benjamin Chee-Chee, d'origine ojibway, qui produisait des œuvres abstraites et géométriques, et Norval Morrisseau, artiste anishinabé à l'origine du style pictographique qui s'inspirait des légendes autochtones. Puis vient l'artiste Kent Monkman, bien connu pour ses représentations des Amérindiens dans l'art. Il traite de la relation de pouvoir entre les communautés blanche et autochtone à travers les thèmes de la conquête, de la xénophobie et de l'homophobie. Il y a aussi Christi Belcourt, artiste métisse nommée lauréate de 2014 du Prix du Conseil des arts de l'Ontario pour les arts autochtones.

Naissance de l’art ontarien

Un art inspiré des maîtres européens émerge en Ontario avec le XIXe siècle. Ces peintres répondent principalement à des commandes passées par l’Église et la bourgeoisie. Les œuvres à caractère religieux et les portraits de famille dominent leurs productions. Bien vite, le portrait connaît un succès considérable et des artistes torontois comme Georges Théodore Berthon se font un nom en tant que portraitiste officiel.

En 1842, la photographie bon marché fait son apparition au Canada, sonnant la fin de la grande époque du portrait peint. Les peintres se voient contraints de se renouveler pour faire face à la concurrence. Certains se tournent vers le paysage, composé à la gloire de l’immense territoire vierge, d’autres vers des scènes pastorales. Encouragés par les collectionneurs, des artistes se spécialisent, à l’instar de Cornelius Krieghoff qui dépeint la vie rustique des nouveaux habitants ou du paysagiste Robert Whale qui se tourne vers la peinture décorative et le paysage populaire comme The Canada Southern Railway at Niagara dont il fait plusieurs copies destinées à la vente.

La fondation de l’Académie royale des arts du Canada, réfractaire à tout changement, n’est pas étrangère à l’éclosion d’une nouvelle peinture canadienne.

Au tournant du XXe siècle

Une vague d’artistes ontariens s’expatrient en Europe. Parmi ces peintres nés en Ontario, mais ayant vécu une longue partie de leur vie en France, James Wilson Morrice est fortement marqué par les peintres européens, notamment les impressionnistes et Matisse.

Dans les premières années du XXe siècle, sept peintres paysagistes ontariens s’unissent pour fonder un art véritablement canadien. Sous l’influence de Tom Thomson, dont les paysages proposent un regard unique sur le Bouclier canadien, le Groupe des Sept se forme après sa mort prématurée survenue en 1917. Le mouvement, fondé à Toronto en 1920, regroupe Franklin Carmichael, A.Y. Jackson, Lawren Harris, Franz Johnston, Arthur Lismer, J.E.H. MacDonald et Frederick Varley, tous issus de la publicité. Ces peintres paysagistes entreprennent de redéfinir l’identité picturale du Canada en composant de vastes étendues et en privilégiant les couleurs vives. Dotés d’un sens aigu de la forme et du mouvement, ils se revendiquent du postimpressionnisme, de l’art publicitaire et de la peinture scandinave. Leur influence déterminante s’exercera sur plusieurs générations d’artistes. La Art Gallery of Ontario (AGO) possède de nombreuses toiles des Sept parmi les 95 000 pièces de sa collection qui compte également des tableaux du Tintoret, de Van Gogh ou de Picasso. Le musée propose par ailleurs une riche collection de photographies et de sculptures à la fois canadiennes et européennes.

L’après Groupe des Sept

Avec la Première Guerre mondiale, des artistes délaissent la peinture des paysages pour s'attaquer à des thèmes plus sociaux. C'est le cas notamment des tableaux de Peraskeva Clark et de Carl Schaefer, sans oublier Alex Colville qui s'engage dans l'armée canadienne dans le cadre du programme d' « artiste de guerre ». Durant ses quatre années de service en Europe, il est l'un des artistes de guerre canadiens les plus célèbres. Il peint entre autres le débarquement à Juno Beach lors de l'Opération Neptune.

Après la Seconde Guerre mondiale, la peinture est dominée par le groupe des automatistes (Riopelle), puis par celui des plasticiens qui lance le mouvement de l'art abstrait. Ce dernier prend son envol au Québec avec des peintres comme Riopelle et Borduas et attirera Lawren Harris et le Groupe des Onze (Painters Eleven, actifs entre 1954 et 1960). Un des membres éminents de ce groupe, John Hamilton Bush dit « Jack Bush », fut considéré comme un représentant canadien majeur de l'expressionnisme abstrait et du Colorfield Painting.

L’art photographique

La photographie a sa place dans le panorama artistique canadien depuis ses balbutiements. Elle s’affirme en tant que moyen d’expression artistique dans la seconde moitié du XXe siècle comme en atteste la riche collection du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa.

Le photographe ontarien Evergon, né en 1946, se démarque par ses autoportraits et ses œuvres photographiques visuellement proches de la peinture traditionnelle européenne et son usage du photocollage. Le photographe urbain Jeff Thomas (né en 1956) traite pour sa part de la question de l’identité en explorant les histoires locales d’un point de vue indigène. Suzy Lake (née en 1947) imagine des œuvres féministes et conceptuelles qui combinent photographie, performance, vidéo, dessin et gravure.

La réputation de la photographie canadienne doit beaucoup à Edward Burtynsky. Né en 1955, il est le fondateur du Toronto Image Works, un laboratoire et centre de photographie argentique et digitale. Écologiste révolté, Burtynsky explore l'impact de la civilisation sur l'environnement et déclare essayer « d'accéder à une résonance universelle à travers mon travail ». Ses œuvres font partie des collections permanentes des grands musées du monde entier.

L'art public

Que ce soit à Ottawa ou à Toronto, l'art et la rue font bon ménage. Dans la capitale canadienne, murales, sculptures, miniatures et graffitis abondent dans tout le centre-ville, notamment le long du canal Rideau jalonné d'œuvres peintes. Tout près du Centre national des arts, la sculpture d'un violon stylisé a été offerte par le Mexique. Dans le quartier historique du Marché By, les fresques se déploient notamment sur les murs de la rue Dalhousie. À l'angle de la rue George, une baleine et un chasseur sont nés de la collaboration entre l'École d'art d'Ottawa et de jeunes artistes inuits. Au détour des rues, une myriade d'animaux mythiques se partagent l'espace avec d'étonnantes sculptures urbaines, dont 14 chats de gouttière en bronze disséminés autour du parking de la rue Murray. Puis juste derrière le Musée des beaux-arts, la pointe Nepean à la vue panoramique saisissante abrite des sculptures urbaines.
Toronto n'est pas en reste, loin de là. La création du sculpteur écossais Henry Moore, érigée au cœur du Nathan Phillips Square et intitulée The Archer, ouvre la voie à l'art public en 1966. Il faut aussi mentionner le Distillery Historic District qui regorge d'installations artistiques dans ses nombreuses rues piétonnes, ou encore la soixantaine de bernaches grandeur nature suspendues dans le Eaton Centre, une œuvre signée Michael Snow. Mais ce qui attire les friands d'art urbain à Toronto est sans conteste le street art. Il a officiellement sa place dans les rues de la ville depuis la création du programme StART qui soutient spécifiquement l'art dans les espaces publics. Kensington Market, le quartier bohème où il fait bon chiner, en est un bon exemple. Entre ses friperies, ses boutiques d'artisanat et ses commerces bio, c'est un véritable musée à ciel ouvert, dont l'allée Orbital Arts, entièrement recouverte de graffitis. Un peu plus loin, au sud de Queen Street entre Spadina Avenue et Portland Street, se trouve Rush Lane, aussi connue sous le nom de Graffiti Alley. Symbole du programme StART, cette ruelle d'un kilomètre est devenue le terrain de jeu privilégié d'artistes locaux et internationaux. D'immenses fresques colorées pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur s'enchevêtrent les unes dans les autres. Les rues adjacentes cachent elles aussi leurs trésors graphiques. Autres bonnes adresses du street art : Ossington Laneway, Underpass Park (sous les ponts routiers du secteur de West Don Lands).

Bien entendu, l'art public ne se limite pas à ces deux grandes villes. On n'a qu'à penser à la trentaine de fresques murales qui ornent le centre-ville de Midland ou encore à l'impressionnante sculpture Time de Kosso Eloul dans le Breakwater Park de Kingston.

L'art contemporain

Pour découvrir les artistes contemporains ontariens, qu'ils soient bien établis ou de la relève, rendez-vous à la Galerie d'art d'Ottawa et au Musée des beaux-arts du Canada, tous deux dans la capitale, ou encore au Museum of Contemporary Art Toronto (MOCA), à la Art Gallery of Ontario (AGO) et à The Power Plant du côté de Toronto. La Art Gallery of Hamilton, à deux pas du Grand Toronto, et le MacLaren Art Centre à Barrie sont aussi d'excellentes adresses, tout comme la Thunder Bay Art Gallery qui se voue à l'art contemporain autochtone.