Papillon monarque © LindaYolanda - iStockphoto.com.jpg
Loup de l'Est dans la parc provincial d'Algonquin © Karel Bartik - Shutterstock.com.jpg

L'Ontario méridionale

C'est la plus petite région forestière de la province, royaume de la forêt décidue (aussi appelée forêt de feuillus). Elle longe les rives des lacs Ontario et Érié et est aussi présente dans le secteur sud du lac Huron. Dominée par l'agriculture et les zones urbaines, sur près de 3 millions d'hectares, c'est dans cette région que l'on retrouve le plus d'espèces d'arbres. Des espèces que l'on retrouve généralement aux États-Unis y sont présentes (noyer noir, noyer cendré, tulipier, magnolia, nyssa sylvestre, nombreux types de chênes, caryers, sassafras, gainier rouge), auxquelles s'ajoutent d'autres de la forêt mixte.

Cette région abrite également des mammifères, oiseaux, insectes, reptiles et amphibiens plutôt rares au pays, comme le petit polatouche ou encore la couleuvre obscure. Dans les environs du parc national de la Pointe-Pelée, l'observation des oiseaux est l'activité vedette et permet de voir des centaines d'espèces telles que la paruline des ruisseaux, le héron, le butor et la sauvagine. C'est par ici aussi que passe la migration du papillon monarque, un insecte emblématique de l'Amérique du Nord. Très reconnaissable à l'orange intense de ses ailes cerclées et veinées de bandes noires à points blancs, ce papillon migrateur se déplace deux fois par an, vers le sud (hautes montagnes du Mexique) à l'automne et vers le nord (nord-est des États-Unis et Canada) au printemps. Cette migration tout à fait exceptionnelle forme des grappes de milliers d'individus qui papillonnent dans un impressionnant nuage orange. Ce phénomène migratoire est toutefois menacé de disparition, notamment en raison du déclin et de la perte d'habitat naturel, de l'éradication de l'asclépiade par les pesticides dans les zones agricoles industrielles, ainsi que des changements climatiques sur l'ensemble de la route migratoire et principalement des sites d'hivernage au Mexique.

La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Deuxième région forestière de l'Ontario, elle couvre une superficie de quelque 20 millions d'hectares, soit 20 % de la province. Elle se trouve dans le centre de l'Ontario, du Saint-Laurent au lac Huron, ainsi qu'à l'ouest du lac Supérieur le long de la frontière avec l'État du Minnesota. Sur les sols pauvres poussent le pin blanc et le chêne, alors que sur les sols riches des hautes-terres, souvent devenues agricoles, poussent des bois durs, l'érable à sucre, le hêtre à grandes feuilles, le bouleau, ainsi qu'un bois mou, la pruche. Sur les basses-terres humides poussent l'orme, le frêne, l'érable rouge et le thuya occidental. Plus on monte en altitude, plus les conifères se mélangent aux feuillus. C'est la forêt de feuillus qui, en automne, s'embrase : les feuilles prennent avant leur chute des couleurs enchanteresses. Le cerisier de Pennsylvanie, l'érable rouge, le chêne rouge, la vigne vierge, le cornouiller stolonifère et le sumac se parent d'un rouge flamboyant. Le caryer cordiforme, le bouleau, le tremble, le tilleul d'Amérique, l'orme et le mélèze choisissent un jaune d'or lumineux. Partout l'érable à sucre brille, oscillant entre le rouge le plus ardent et le jaune le plus ensoleillé. Le hêtre à grandes feuilles et le chêne à gros fruits ajoutent à cette symphonie de couleurs leurs tons dorés ou cuivrés. Cette féerie atteint son apogée durant l'été indien, ce bref réchauffement de l'automne nord-américain.

Cette région est le royaume du grand pic et de divers oiseaux migrateurs, de petits mammifères comme le rat musqué, la loutre et le castor, de grands ondulés comme le cerf de Virginie et l'original, et de redoutables prédateurs que sont le loup et l'ours noir. Ces deux derniers sont la figure de proue du parc provincial Algonquin, particulièrement le loup de l'Est, une espèce menacée pour qui le parc constitue l'un des derniers refuges où il n'est pas traqué. Et comme le hurlement du loup a toujours enfiévré l'être humain, vous pourrez entendre cette complainte bouleversante en compagnie des guides du parc en été.

La zone boréale

Pièce maîtresse des régions forestières, la taïga - aussi appelée forêt boréale - ne couvre rien de moins que la moitié de la province, du nord du lac Supérieur jusqu'aux basses-terres de la baie d'Hudson. Cette forêt est extrêmement touffue et difficilement pénétrable. Elle abrite fougères, mousses et herbes, ainsi que des plantes à baies comme la clintonie boréale, grande plante aux baies bleu vif, le quatre-temps aux baies rouges, dont les quatre feuilles rougissent en automne, la pimbina aux baies rouges et le thé des bois ou anisette, dont les petites baies blanches brillent au milieu d'épais tapis de mousse. On voit aussi dans le sous-bois de nombreux arbustes, souvent très broussailleux : framboisier, kalmias, rhododendron, bouleau nain. Des champignons poussent sur le sol et sur les arbres. Ces derniers sont presque uniquement des conifères : l'épinette noire, l'épinette blanche, le pin gris, le thuya occidental, l'odorant sapin baumier, le mélèze laricin qui vit souvent en solitaire en marge de la grande forêt de sapins et d'épinettes et dont les aiguilles deviennent jaune d'or en automne. On retrouve aussi quelques espèces à feuilles caduques comme le peuplier et le bouleau à papier. Cette forêt est souvent ravagée par les feux de forêt, mais s'y étant bien adaptée, cette perturbation naturelle permet à certaines de ses espèces végétales, telles que le pin gris et l'épinette noire, de se régénérer.

La taïga est le territoire de nombreux animaux. Un habitant caractéristique en est l'orignal, reconnaissable à ses larges andouillers, tout comme le caribou, un autre cervidé. L'ours noir, le loup et le lynx du Canada habitent également la forêt boréale, sans oublier les petits mammifères (martre d'Amérique, lièvre, renard roux, porc-épic) et une myriade d'oiseaux.

Aux frontières de la baie d'Hudson

Région la plus septentrionale de l'Ontario, les Basses-terres de la baie d'Hudson représentent l'une des plus vastes étendues de terres humides au monde. Elle est composée de tourbières, de forêt à croissance lente (mélèzes laricins et épinettes noires en avant-plan, accompagnés de quelques rares feuillus tels que le bouleau blanc, le bouleau glanduleux et le saule) et de milliers de lacs et d'étangs. C'est l'habitat de l'oie des neiges, du lagopède, de la bernache du Canada, de canards de mer, du lièvre arctique, du renard arctique, du caribou des bois et de l'ours blanc. Ce dernier s'observe d'ailleurs de près au Canadian Polar Bear Habitat à Cochrane dans le Nord ontarien.