Parc national Forillon © Vladone - iStockphoto.com.jpg
Lac Caribou dans le Parc national de la Mauricie. © pierre leclerc - shutterstockcom.jpg

Des atouts naturels à protéger

Le Canada, troisième surface boisée de la planète, regorge d’espaces naturels. Nombre d’entre eux se trouvent au Québec. Au 31 mars 2023, la province comptait 272 338 km² d’aires protégées, soit 253 344 km2 en milieu continental (16,75 % du territoire) et 18 992 km2 en milieux marin et côtier (12,22 % du territoire). Ces aires protégées sont réparties en près de 5 000 sites de différentes formes : réserves écologiques, parcs marins, parcs nationaux et réserves de biodiversité notamment. Parmi les plus remarquables, citons le parc national Forillon (244,8 km²), le parc national de la Mauricie (536,7 km²), la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan (100 km²), le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (1 245 km²), la réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure (1,8 km²) ou encore la réserve de biodiversité de la Moraine-d'Harricana (364 km²).

La vertèbre naturelle du Québec est le Saint-Laurent, à la fois fleuve, estuaire et golfe, reliant les Grands Lacs à l’océan Atlantique. Il fait partie du système hydrographique Saint-Laurent–Grands Lacs, une des plus importantes voies de navigation commerciale au monde. Ce système se classe même au 17e rang mondial pour sa longueur, soit 3 260 km du lac Supérieur jusqu’au détroit de Cabot. Cet écosystème a été fragilisé par les activités agricoles et industrielles à proximité du fleuve, ainsi que les rejets d’hydrocarbure liés à la circulation maritime. Mais son état s’est amélioré à partir des années 2000. Certains sites des îles de Montréal et d’Orléans sont aujourd’hui propres à la baignade, tandis que d’autres secteurs, surtout près des zones urbaines, demeurent fortement pollués. Les préoccupations concernant la présence de métaux lourds (mercure, cadmium, plomb, zinc, cuivre) ont laissé place à celles concernant de nouveaux produits comme les PBDE (produits chimiques à base de brome). De plus, à cause des dérèglements climatiques, les eaux du Saint-Laurent s’appauvrissent en oxygène et se réchauffent. Parmi les nombreuses espèces impactées par ces différentes menaces, la situation des bélugas est particulièrement inquiétante. Il en reste 1 850 selon l'estimation moyenne de 2023, contre 10 000 individus au début du XXe siècle. À partir de 2017, le gouvernement fédéral a limité la vitesse du transport maritime pour les protéger. Une des raisons qui peut expliquer cette hécatombe est notamment la réduction de leurs stocks de nourriture, à commencer par les harengs.

Le Québec, leader en bio

Le Canada est le 5e plus grand exportateur de produits agroalimentaires et de fruits de mer au monde : il assure environ 75 % de la production mondiale de sirop d’érable, et est leader dans des produits tels que les légumineuses et l’avoine. L’agriculture y est essentiellement intensive. L'emploi des OGM est autorisé et le Canada fait d’ailleurs partie des grands producteurs mondiaux de maïs et soja OGM. Toutefois, il y a une prise de conscience sur les effets des pesticides et l’intérêt du bio. Sur ce sujet, le Québec est en avance par rapport aux autres provinces. On compte plus de 3 000 entreprises agricoles bio réparties sur 98 400 hectares. La province a donc dépassé son objectif de 98 000 hectares d’ici 2025. Par ailleurs, en août 2021, la Ville de Montréal a annoncé qu’elle interdisait la vente et l'usage de 36 pesticides sur son territoire, dont le controversé glyphosate. Une première au Canada ! Inspirera-t-elle d’autres municipalités, voire le gouvernement ?

Les Autochtones, premiers défenseurs de l’environnement

Selon les données du dernier recensement de Statistiques Canada (2021), 2,3 % de la population québécoise est d’origine autochtone. Les Autochtones du Québec comptent onze nations, divisées en trois grandes familles linguistiques : les Algonquins de la forêt boréale, les Iroquois de la plaine du Saint-Laurent et les Inuit du Nunavik. Bien qu’ayant été victimes d’une acculturation forcée et violente, certains ont réussi à maintenir une partie de leurs traditions. Une soixantaine de communautés autochtones sont dispersées sur l’ensemble du territoire du Québec, certaines comptant moins de 200 habitants, d’autres plus de 5 000. Le Canada a par ailleurs été le premier signataire de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, stipulant que les communautés autochtones « ont un rôle à jouer dans la gestion de l’environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles ». Mais ce n’est qu’à partir des années 2000, après plusieurs jugements, que cette consultation devient plus systématique. La considération du gouvernement à l’égard des Autochtones tend à évoluer. Ceux-ci s’organisent pour faire entendre leur voix. Leur lien avec la nature ainsi que leurs savoirs commencent doucement (enfin) à être pris au sérieux. La Loi sur l'évaluation d'impact adoptée en 2019, qui réforme le système d’évaluation de l’impact environnemental des grands projets d’énergie et de transport, inclut d'ailleurs une prise en compte du « savoir autochtone » plus claire.

Une nouvelle génération de militants écolos

L’un des gros faux pas de Trudeau selon les environnementalistes est d’avoir nationalisé le pipeline Trans Mountain, pour continuer à exploiter les sables bitumineux de la province de l’Alberta, un des pétroles les plus polluants du monde. Peu importe ses efforts pour réduire les émissions du pays, cette politique pro-pétrole reste en travers de la gorge de tous ceux qui ont une sensibilité écolo. Le Québec, de ce côté, s’en sort un peu mieux. La province a non seulement réussi à faire annuler un projet d’oléoduc, Énergie-Est, qui devait permettre d’acheminer le pétrole de l’Ouest canadien vers la côte Atlantique, mais elle a aussi annoncé, en 2021, qu'elle mettait un terme à tous les projets d'exploration pétrolière et gazière sur son territoire. Il faut dire que les citoyens sont de plus en plus sensibles à ces sujets. Au Québec, plus de 300 municipalités, représentant près de 74 % de la population, ont déclaré « l’urgence climatique », s’engageant ainsi à accélérer leur transition écologique. Au printemps 2019, 150 000 étudiants québécois ont manifesté pour réclamer des actions pour le climat, dans la foulée de l’appel lancé par la militante suédoise Greta Thunberg. Parmi les associations à suivre pour s’informer et/ou s’engager sur ces sujets, Équiterre fait partie des plus influentes, avec environ 130 000 sympathisants et 25 000 membres. La Fondation David Suzuki, association pancanadienne incontournable, aide à la préservation de la biodiversité et des droits des populations autochtones. Enfin, une association qu’on ne présente plus, Greenpeace Canada, est également bien implantée.

Des transports collectifs à améliorer

Les émissions par habitant au Canada sont quatre fois plus importantes qu’en France. Cela est dû à l’exploitation d’hydrocarbure, mais aussi aux transports, responsables du quart des émissions du pays. Pour traverser les grandes distances du Québec, la voiture reste malheureusement le moyen le plus efficace, car les bus et les trains sont trop peu fréquents et ne desservent pas toutes les localités de la province. Toutefois, tant au niveau fédéral qu’à l’échelle de la province, des investissements sont faits pour améliorer les infrastructures et les transports en commun. Ainsi, le Réseau express métropolitain (REM), un nouveau mode de transport de type métro léger, verra le jour dans le Grand Montréal d'ici à 2027 (une phase 2 dans l'est de la ville est en cours de discussion). La mairesse de Montréal se démène de son côté pour qu’aboutisse le projet d’une nouvelle ligne de métro, « la ligne rose », mais il est pour l'instant sur la glace. Un projet de tramway est également au programme dans la ville de Québec et le tout devrait être complété en 2029. Par ailleurs, les Canadiens bénéficient désormais d’aide à l’achat de véhicules électriques.

Les parcs nationaux : des espaces sauvages et harmonieux

Les parcs nationaux sont établis et gérés en vertu des mêmes standards que les parcs nationaux implantés partout dans le monde. Ils doivent ainsi répondre à deux grands objectifs : la protection permanente de milieux naturels et l’accessibilité du public à des fins éducatives et de pratique d’activités de plein air. Les 24 parcs nationaux du Québec sont gérés par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), 3 autres sont gérés par Parcs Canada et 4 par Parcs Nunavik. Ils offrent tous une multitude d’activités déclinées le long des quatre saisons ainsi que de l'hébergement dans la plupart des cas (camping, prêt-à-camper, refuges, chalets...).

Un des plus prisés est le parc national Forillon, principal attrait de Gaspé. Il a été conçu sur le thème de l’harmonie entre l’Homme, la terre et la mer en 1970. Outre la configuration de son paysage constitué de falaises abruptes, de plages de galets et de grottes, il offre le très grand attrait de sa faune et de sa flore. Le lynx, le castor, l’orignal, le renard roux et l’ours y vivent en harmonie avec la nature. On y observe d’importantes colonies d’oiseaux de mer ainsi que différentes espèces de phoques et de baleines dont le rorqual à bosse, le petit rorqual et le dauphin à flanc blanc. Également dans la péninsule gaspésienne se trouve le parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé. Il abrite un refuge d’oiseaux migrateurs et accueille près de 185 000 animaux, dont les petits pingouins, les mouettes tridactyles, les guillemots marmettes, les macareux moines et la colonie de fous de Bassan la plus accessible au monde. À côté de la ville de Québec se trouve le parc national de la Jacques-Cartier, constitué d’un plateau fracturé par des vallées aux versants abrupts, couvert de conifères et de lacs. Sur la Côte-Nord, la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan est, elle, constituée d’une trentaine d’îles calcaires et de plus de mille îles et îlots granitiques. C’est la plus grande concentration de monolithes d’érosion au monde. À côté de Montréal, le mont Saint-Hilaire est une réserve de biosphère de l’UNESCO. Son propriétaire, l’Université McGill, s’est engagé à préserver la montagne et effectuer des recherches. Des sentiers de randonnée permettent de gagner certains sommets du mont. C’est aussi un lieu idéal pour la pratique du ski de fond et de la raquette en hiver. Enfin, pour les adeptes de la démesure, la Station Uapishka est à ne pas manquer. Créée conjointement par le Conseil des Innus de Pessamit et la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka, cette station œuvre sur trois volets : la recherche scientifique, l’hébergement et l’écotourisme. Elle sert de camp de base pour la randonnée dans les monts Groulx, découvrir la culture innue, observer les étoiles, les aurores boréales et les perséides en saison, visiter le cratère Manicouagan, pratiquer la pêche ou encore à la motoneige.