Centrale hydroélectrique à Saint-Alban. (c) Gabalex-iStockphoto.com.jpg
Piège à homards au bord du Saint-Laurent. (c) MichelGuenette - iStockphoto.com.jpg

L’abondance des richesses naturelles

C’est l’abondance de ses ressources naturelles qui fait la force de l’économie québécoise. Le Québec dispose de vastes forêts, d’industries extractives, de terres agricoles riches, d’innombrables plans d’eau et, surtout, d’un énorme potentiel hydroélectrique.

Concernant l’industrie forestière, le Québec est responsable du tiers de la production de pâte à papier au Canada et en exporte une grande partie aux États-Unis, son plus grand partenaire commercial. Il y a près d’une quinzaine d’années, ce secteur a toutefois connu plusieurs difficultés et des usines ont dû fermer, mettant ainsi à la porte des milliers de travailleurs dans la province. Certaines, comme AbitibiBowater devenue Produits forestiers Résolu, ont procédé à des restructurations bénéfiques leur permettant d’assurer leur pérennité.

Principalement concentrés sur les rives nord et sud du Saint-Laurent, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage se portent aussi plutôt bien au Québec. La production laitière arrive en tête, mais ces régions agricoles produisent également porcs, bovins, volailles, céréales (maïs, orge, blé, avoine…), cultures maraîchère et fruitière (bleuets, pommes, fraises, framboises…). La pêche commerciale, quant à elle, se pratique essentiellement dans les régions maritimes du Québec (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Îles de la Madeleine et Côte-Nord) où abondent la morue, le flétan, le hareng, le maquereau, le doré, l’esturgeon, le saumon, la truite et les crustacés et mollusques (crabe, homard, crevette, pétoncle…).

Le sous-sol du Québec renferme également de nombreux minéraux métalliques : or, argent, fer, cuivre, zinc, plomb, nickel et lithium (ce dernier est important pour le développement de la filière de la batterie). Sa part au niveau de la production canadienne devrait augmenter au cours des prochaines années grâce au Plan Nord du gouvernement provincial. Visant l’immense territoire quasi vierge au nord du 49e parallèle, ce projet de développement s’articule autour de son potentiel minier, énergétique, social, culturel et touristique.

Enfin, on ne peut passer sous silence l’hydroélectricité, principale ressource du Québec. Elle fournit l’énergie nécessaire à l’industrie du bois, à la pétrochimie et à l’électrométallurgie. Le plus récent projet d’Hydro-Québec (société d’État gérant le réseau hydroélectrique et son développement), La Romaine, s’est échelonné de 2009 à 2022 (avec quelques travaux de finition au complexe Romaine-4 qui furent complétés en 2023). Composé de quatre centrales alimentées par des réservoirs, ce complexe offre une production annuelle moyenne de 8 TWh.

Créneaux et pôles d’excellence

Devenus de véritables images de marque à l’échelle planétaire pour les régions du Québec, les créneaux et pôles d’excellence ACCORD leur permettent de rayonner grâce au développement des technologies de pointe et des centres de recherche tout en bénéficiant d’une main-d’œuvre formée et qualifiée. Dans les régions de Montréal et Laval, des grappes industrielles regroupent des secteurs d’expertise bien précis.

L’industrie des systèmes électroniques, l’optique-photonique et le transport terrestre font partie des pôles d’excellence, alors que des secteurs comme les ressources, sciences et technologies marines dans le Bas-Saint-Laurent, l’AgroBoréal au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les bio-industries environnementales en Estrie ou encore le tourisme de villégiature quatre saisons dans les Laurentides sont des créneaux régionaux. Certaines régions du Québec ont aussi développé des compétences spécialisées dont la renommée dépasse les frontières de la province : l’extraction de minerais précieux en Abitibi ; les jeux vidéo, le multimédia, l’aérospatiale et la production cinématographique à Montréal ; l’aluminium au Saguenay, etc. Le Québec bénéficie d’autres secteurs d’excellence tels que la recherche et l’innovation, l’énergie, le design industriel ou la construction.

À savoir également que la province est un lieu propice pour les entreprises en démarrage (startups), ces dernières bénéficiant de tout un réseau via les ateliers de fabrication technologique (fab labs), les incubateurs et les accélérateurs d'entreprises, et les espaces de travail collaboratifs (coworking).

Une destination touristique prisée

Le tourisme semble être de retour au beau fixe au Québec depuis la réouverture des frontières. Même pendant la pandémie, plusieurs régions ont connu des saisons touristiques exceptionnelles, voire records, avec des taux d’occupation inégalés grâce au marché domestique. En temps normal, les trois régions touristiques les plus visitées au Québec sont, dans l’ordre, Montréal, la région de Québec et les Laurentides, mais des régions plus éloignées, comme la Gaspésie et la Côte-Nord, ont également le vent en poupe. En excluant les États-Unis, la France est le plus grand marché outre-mer du Québec.

Pour rassembler les acteurs de l’industrie tout en assurant le déploiement de campagnes de promotion, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec a été créée en 2016 et vise à faire de la province une destination touristique de niveau mondial. À savoir qu'en 2022, plus de 23 000 entreprises œuvraient dans les secteurs associés au tourisme (hôtellerie, restauration, transport, etc.) pour un total d’environ 355 000 emplois. Le nombre de visiteurs, qui englobe à la fois les touristes et excursionnistes locaux et internationaux, se chiffrait à 56,9 millions (dont 6,1 millions de touristes hors Québec). Quant aux dépenses touristiques (incluant les Québécois), elles étaient de l'ordre de 12,8 milliards de dollars.

Enjeux politiques et sociaux

Au cours de la dernière décennie, plusieurs enjeux politiques et sociaux ont fait couler beaucoup d’encre dans la province, à commencer par le Printemps érable en 2012, alimenté par le mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité et la crise sociale qui s’en est suivie, ce qui a déclenché des élections générales l’automne suivant. Le Parti libéral du Québec est ainsi remplacé par le Parti québécois, toutefois minoritaire, mais qui remplit plusieurs de ses promesses dès les premiers jours de son mandat : remplacement de la hausse drastique des frais de scolarité par une indexation sur le coût de la vie, annonce de la fermeture définitive de la centrale nucléaire Gentilly, abrogation en majeure partie de la fameuse Loi 12 jugée répressive (obligation de dispenser l’enseignement et interdiction de l’entraver, encadrement strict du droit de manifester, amendes…), etc. Les députés libéraux et caquistes (parti Coalition Avenir Québec) se sont alors associés pour faire tomber le nouveau gouvernement, notamment suite au projet de loi sur la Charte des valeurs québécoises déposé en novembre 2013. Cette charte affirmait les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes, sans oublier l’encadrement des demandes d’accommodements raisonnables (compromis faits par une société par rapport aux exigences – surtout religieuses – des minorités culturelles qui la composent). Un projet décrié de part et d’autre, divisant le peuple sur la question de la religion au Québec. Il n’est finalement pas adopté et des élections générales sont déclenchées pour un scrutin le 7 avril 2014. Le Parti québécois perd la moitié de ses sièges, dont celui de la chef du parti, portant ainsi les Libéraux de Philippe Couillard au pouvoir.

Tout fraîchement élu, le Parti libéral du Québec décide alors que l’austérité sera le mot d’ordre de son gouvernement. Bien entendu, ces mesures n’ont jamais été annoncées lors de la campagne électorale du parti et elles touchent surtout les femmes, les jeunes, les plus défavorisés et les régions. Malgré les avertissements du FMI, sans oublier que le Québec fait partie des provinces canadiennes les moins endettées, le gouvernement se lance dans des coupes sans précédent. De plus, l’appui au développement gazier et pétrolier au Québec, avec des projets de règlements permettant les forages en milieux hydrique et terrestre à proximité de secteurs habités, d’écoles, d’aires protégées et de parcs nationaux, ne contribue pas à la popularité du gouvernement libéral de Philippe Couillard. Ainsi, le résultat des élections d’octobre 2018 a sonné le changement de cap. De « nouveaux » partis se sont distingués, portant au pouvoir la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault (parti fondé en 2011), tandis que le parti Québec Solidaire (QS), fondé en 2006 et représenté par les porte-parole Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, a également fait une belle percée. Le gouvernement majoritaire de François Legault met ainsi un terme à un demi-siècle d’alternance entre le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti Québécois (PQ) qui ont essuyé une sévère défaite. L'exploit s'est renouvelé en octobre 2022 alors que la CAQ a remporté 90 des 125 sièges de l'Assemblée Nationale lors des élections générales. Sa gestion de la pandémie mais également de l'économie a clairement joué en sa faveur. Le gouvernement québécois fait toutefois face à de nombreux enjeux, notamment environnementaux. La campagne électorale de 2018 a accordé peu de place dans les débats à la question de l’environnement, laissant un goût amer aux groupes et citoyens mobilisés par ces enjeux. On a d'ailleurs pu observer plusieurs initiatives émanant de la société civile, comme le Sommet Énergie (événement annuel), mais aussi des grandes marches, telles que « La Planète s’invite au Parlement » en 2018 ou « La marche pour le climat » en 2019 avec en tête de cortège Greta Thunberg. Cela dit, le gouvernement caquiste semble changer son fusil d'épaule depuis peu, accordant davantage d'importance à la protection de l'environnement, au développement durable et à la transition énergétique. Il faut dire que ces sujets étaient à l'avant-plan de la campagne de 2022, l'électorat étant de plus en plus sensibilisé à cet enjeu majeur.

Autres sujets chauds : la laïcité et l’immigration. Dès les premiers mois de son mandat en 2018, le gouvernement caquiste a remis la laïcité de l’État au goût du jour avec une nouvelle loi adoptée juste avant la relâche estivale. Du même coup, il en a profité pour réformer le système d’immigration afin de l’arrimer davantage aux besoins économiques de la province qui vit actuellement une importante pénurie de main-d’œuvre. Malgré la grogne populaire, la majorité des Québécois se montrent favorables à l’adoption des deux nouvelles lois. Il faut aussi surveiller d’autres enjeux qui touchent le Québec, notamment le déclin du français, mais aussi – comme presque partout ailleurs – les nouvelles technologiques (intelligence artificielle, big data, cryptomonnaies, etc.), l’antiféminisme, la discrimination systémique, les paradis fiscaux, la réforme du mode de scrutin, les fake news, la transformation des villes…