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Danses et musiques traditionnelles

La musique au Monténégro est un véritable carrefour où se croisent influences turques, slaves, tziganes et autrichiennes ainsi qu’un très fort air de famille avec le voisin serbe – surtout en termes de mélodies et d’instruments. Une des singularités locales les plus frappantes est l’amour que porte le pays aux chants épiques. Généralement interprétés avec pas mal de coffre, ces chants content ou récitent les grandes batailles historiques, faits d’armes glorieux ou les héros mythiques du pays en vers décasyllabiques. Véritable ciment de la nation, ces chansons ont toujours eu un immense impact sur la population et ont joué un rôle primordial dans la préservation d’une identité commune.Traditionnellement, ces chants sont accompagnés du gusle, l’instrument national (c’est d’ailleurs pourquoi les chanteurs sont appelés guslar). Cette vielle à une corde à la technique de jeu rudimentaire et au son très mélancolique, est présent dans quasiment tous les pays des Balkans. Lors de la création de la Yougoslavie, il fut souvent évoqué dans les discours politiques comme élément rassembleur des Slaves du Sud pour construire une identité commune à tous les habitants de la région. Au Monténégro, comme en Bosnie-Herzégovine et en Serbie, le gusle est l’instrument fédérateur de tous les romantismes nationaux.

L’un des guslar les plus doués et les plus illustres fut Petar Perunović (1880-1952), resté célèbre pour s’être rendu, au début de la Première Guerre mondiale, aux États-Unis afin de motiver le patriotisme de ses compatriotes émigrés. Autre grand nom du gusle, Branko Perović est considéré comme un des innovateurs de l’instrument – et de la musique folklorique locale – proposant une lecture plus personnelle de la tradition. Si on cherche la star de l’instrument, il faut se diriger vers Milomir Miljanić, surnommé Miljan, autre grand joueur de gusle (peut-être le meilleur) devenu chanteur de variété – aux accents très patriotiques. Enfin, n’oublions pas de mentionner deux grands maitres de l’instrument que sont Bosko Vujačić et Đorđije Koprivica.

La musique traditionnelle est très présente au Monténégro. On la joue à la moindre occasion et certains événements lui sont dédiés comme le festival international de Musique méditerranéenne à Budva, qui voit les meilleurs groupes folkloriques du pays rivaliser dans un concours haut en couleur. Elle vient également fleurir de nombreux événements, comme la fête de l’Huile d’olive à Bar, grande célébration de l’olive avec défilés en costumes traditionnels, groupes folkloriques et dégustations.

La musique classique

Étant donnée la taille du pays, on ne trouve pas au Monténégro une histoire de la musique classique très fournie. Cela dit, quelques compositeurs l’ont tout de même balisée comme Jovan Ivanišević (1860-1889) qui, en s’appuyant sur des instruments et des airs traditionnels, s’est installé comme le premier compositeur notable. Ce n’est qu’au siècle suivant que les premiers conservatoires ouvrent dans le pays (à Cetinje et Podgorica). Raison, sans doute, pour laquelle c’est à l’étranger que la plupart des grands compositeurs de l’époque se forment comme Redžo Mulić (1923-1982) et Ilija Lakešić (1908-1973) à Belgrade ou Ivan Brkanović en Croatie (1906-1987). Peu connus hors du pays, ils sont joués ici par le seul ensemble considérable du pays : le Montenegrin Symphony Orchestra. Fondé en 2007, ce jeune ensemble centralisant la vie musicale classique locale est aujourd’hui sous la direction du chef russe Grigory Krasko. Il se produit au Montenegrin Music Center – possiblement la plus grande scène du pays pour le répertoire classique. Cela dit, ce n’est pas la seule puisque le Grad Teatar de Budva ainsi que la forteresse de Kanli Kula en programme ntponctuellement.

Malgré l’absence de tradition dans le domaine, le Monténégro peut se targuer aujourd’hui d’avoir quelques musiciens de réputation internationale comme le Montenegrin Guitar Duo (formé par les virtuoses de la guitare Goran Krivokapić et Danijel Cerović), Miloš Karadaglić, grand guitariste (encore un) ayant signé quelques sorties très remarquées chez Deutsche Grammophon, Ratimir Martinović, pianiste épatant et couvert de prix (notamment le premier prix du Concours Chopin) ainsi que la violoniste Nastasja Vojinović.

Les musiques actuelles

Déjà̀ présent partout en Yougoslavie, le rock s’est développé avec sa dislocation durant les années 1990. C’est à cette époque qu’apparaissent des icônes locales du rock comme Perper, groupe pionnier qui a pavé la voie à de nombreux autres comme les succès actuels Autogeni Trening et Highway. Plus récemment, le Monténégro a, à l’instar du reste du monde, couvé une scène hip-hop dans les années 2000 porté par l’excentrique Rambo Amadeus et le groupe mythique Monteniggers. Un genre qui ne connaît pas la crise et continue de porter de gros succès locaux comme Who See, duo de Kotor.

Niveau chanson, l’époque de la folk tendre voix-guitare des années 1970-1980 incarnée par Miladin Šobić paraît bien loin. Aujourd’hui, les vedettes de la variété proposent une musique très grand public, hyperproduite et un brin superficielle dont les stars Boban Rajović, Sergej Ćetković (très populaire dans les pays d'ex-Yougoslavie), Knez (qui a représenté le pays pour l’Eurovision) ou encore Nina Petković (issue de la version locale de « Star Academy ») sont quelques-uns des représentants.   

Une longue liste d’artistes que l’on croisera peut-être dans des rendez-vous comme le festival de Musique de Budva, aussi appelé Sea Dance Festival, le plus important festival de musique au sud de l’Adriatique. Durant plusieurs jours, les meilleurs artistes de la chanson, locaux ou européens, s’y produisent. On y a notamment vu Goran Bregović ou Boney M. Avec moins de têtes d’affiche mais une programmation très pop et rock, citons également le Bedem Fest à Nikšić se tenant généralement début août, dans la forteresse médiévale.

La danse

Connue sous le nom d’oro, la danse traditionnelle du pays est autant un rassemblement et un jeu qu’une danse au sens strict du terme. Elle consiste en un rassemblement de jeunes femmes et de jeunes hommes qui forment un cercle puis commencent à chanter tandis qu’une ou deux personnes, généralement un couple, dansent au milieu. Parfois, les hommes grimpent sur les épaules de leurs camarades, formant ainsi un deuxième cercle au-dessus du premier. Traditionnellement, aucun instrument n’accompagne cette danse, contrairement au kolo, autre danse du folklore traditionnel monténégrin. Présente surtout dans les régions à dominante serbe, cette danse voit de jeunes hommes se tenir par les bras, cercle, demi-cercle ou spirale, tourner et virevolter, tandis que les jeunes filles chantent en avançant à pas cadencés. Le tout est accompagné par un orchestre d’instruments à vent, à cordes et de percussions. Dernière danse, courante – surtout dans le nord-est du pays –, le ćoček musulman est maintenant intégré au patrimoine culturel monténégrin. Au son de mélopées langoureuses, les hommes toisent des femmes avançant au son trépidant du tambourin.

Quiconque voudra se délecter des danses folkloriques se rendra dans des manifestions traditionnelles comme la fête des Myrtilles à la mi-juillet, consacrée donc au produit phare de la région et accompagnée de concerts et danses, ou la nuit de la Pêche à Ulcinj où les danses folkloriques viennent ponctuer les dégustations de poisson et de vin.