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Pétra, décor mystérieux

La réputation de ce site touristique prestigieux précède sans doute ses nombreuses apparitions à l’écran, mais il n’en reste pas moins que Pétra a dû bénéficier de l’aura offerte par le cinéma pour gagner en renommée, et ce dès le début du siècle. En 1938, le réalisateur et documentariste américain Hans Nieter, plus connu pour son film Sept ans d’aventures au Tibet (1959), se rend sur le site pour capturer l’essence de la cité. Ni le cinéaste ni son film ne feront date, mais déjà l’on sent cet attrait du cinéma pour cette ville majestueuse. En 1977, c’est dans la fresque épique Sinbad et l'œil du tigre qu’apparaissent à nouveau les ruines. À la fin des années 1980, la façade majestueuse d’Al-Khazneh devient l’entrée derrière laquelle se cache le Graal, dans Indiana Jones et la dernière croisade (1989). Empruntez le Siq sur les pas d’Harrison Ford et Sean Connery pour déboucher sur le tombeau, dernière étape de la quête du père et du fils réunis. Une des scènes mythiques de la saga, avec l’un de ses plus beaux décors magnifié par la musique de John Williams. De quoi inspirer de nombreuses autres productions hollywoodiennes, à commencer par Le Retour de la momie (2001) qui utilisera également le Siq comme décor. Ou encore Transformers 2 : La Revanche, où le Monastère (ad-Deir) deviendra le sanctuaire des robots extraterrestres tandis que les déserts environnants feront office d’Egypte, faute d’avoir pu tourner sur place. Achevez votre visite de la cité par le Théâtre ou le grand temple nabatéen, où Nicole Kidman s’est promenée sous les traits de Gertrude Bell, exploratrice britannique héroïne de Reine du désert de Werner Herzog (2015). Un quartier de Pétra qui avait précédemment accueilli le tournage de l’atypique Ragada (2010), un western musical bollywoodien. Pour les férus de documentaires, la cité est enfin lieu de contemplation dans Samsara (2011), une odyssée visuelle planétaire en 70 mm, et fait également l’objet d’un épisode de Des Racines et des Ailes, ainsi que, pour les plus jeunes, de C’est pas sorcier!

De Wadi Rum à Hollywood

Décor de légende, la zone protégée de Wadi Rum incarne l’essence du désert moyen-oriental sur grand écran depuis Lawrence d’Arabie (1962), œuvre historique de David Lean couronnée de 7 Oscars. Un film dont la musique inoubliable de Maurice Jarre a défini la plupart des représentations du désert au cinéma. Arpentant ces grandes étendues, Peter O’Toole y incarne T. E. Lawrence dit Lawrence d’Arabie, officier et écrivain anglais qui fédéra les tribus bédouines pendant la Première Guerre mondiale. Vous passez d’ailleurs probablement par la source de Lawrence lors de votre visite, un filet d’eau s’écoulant des djebels, ces montagnes décrites comme « dignes des dieux » par l’écrivain.

Parce que ce désert rouge où la vie se dissimule dans les ombres est facile d’accès pour les tournages, tout en étant suffisamment isolé pour convenir à des décors d’outre-monde, le Wadi Rum a servi de substitut pour de nombreuses planètes extraterrestres dans les années 2000 et 2010. Brian de Palma y réalise Mission to Mars (2000), tandis qu’on y retrouve Val Kilmer et Carrie-Ann Moss (Trinity dans la trilogie Matrix) dans le film Planète rouge (2000). En 2012, Ridley Scott y tourne Prometheus, nouvel opus de sa saga Alien, avant de revenir à Wadi Rum avec Matt Damon pour Seul sur Mars (2015). Un film salué pour ses ambiances, qui doivent beaucoup à ce cadre impressionnant. Wadi Rum a également prêté ses traits à la planète Jedha dans Star Wars : Rogue One (2016) où l’on aperçoit l’arche de Djebel Kharaz, ainsi que tout récemment à la planète Arrakis dans la formidable adaptation de Dune (2021), par Denis Villeneuve. Parcourir le Wadi Rum, c’est donc voyager aux côtés de Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Josh Brolin ou Zendaya, rien que ça. Il existe de nombreuses visites guidées du désert tournant autour du cinéma, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de l’accueil du parc.

Un pays de cinéma en devenir

Si les productions jordaniennes du XXe siècle se comptent sur les doigts de la main, la politique en matière de cinéma s’est grandement améliorée depuis l’accession au trône du roi Abdallah II et la fondation en 2003 de la Commission royale du film. Aujourd’hui, c’est à travers cette institution que passent toutes les demandes de tournage internationaux, et celle-ci veille également à mettre en avant le patrimoine géologique et culturel jordanien auprès des producteurs, essentiellement américains. Ainsi, la Jordanie est devenue pays de substitution pour de nombreux films se déroulant dans des zones de conflit ou difficiles d’accès pour les équipes de cinéma. Deux exemples notoires, Démineurs (2008) et Zero Dark Thirty (2012) de la réalisatrice américain Kathryn Bigelow, tournés tous deux dans les rues de la capitale Amman qui fait tour à tour figure de Bagdad ou d’Islamabad.

Avec de nombreux projets accompagnés voire lancés par des structures locales, la Jordanie est aujourd’hui un vrai pays de cinéma. En marge de l’organe étatique et malgré un contrôle fort de la production et des initiatives locales, un festival du court-métrage jordanien s’est tenu entre 2004 et 2011. Il a été remplacé aujourd’hui par un festival international de cinéma qui se tient chaque été depuis 2019 à Amman, mettant en avant la diversité des productions nationales mais aussi du monde arabe et international.

Grâce à un éventail de structures et des formations de plus en plus poussées, dont la Red Sea Institute of Cinematic Arts forme le fer de lance, la Jordanie a reçu sa première nomination aux Oscars en 2016. Un succès atteint avec Theeb (2014) de Naji Habu Nowar, récit émouvant autant que captivant de la Première Guerre mondiale vue à hauteur d’enfant bédouin.

Aujourd’hui, c’est par le streaming que la Jordanie tire son épingle du jeu, avec deux projets produits par Netflix et disponibles dans le monde entier. D’une part, Alrawabi School for Girls (2021), une série créée par Tima Shomali et Shirin Kamal se déroulant à Amman et narrant la révolte de jeunes filles face à des agresseurs externes à l’école. De l’autre, Jinn (2019), une série d’épouvante pour adolescents mettant en scène un voyage scolaire dans les ruines de Pétra, encore aujourd’hui lieu de tous les possibles et de tous les fantasmes.