Ancienne illustration représentant le calife Omar Ibn al-Khattab © Nastasic - iStockphoto.com.jpg
Le Coran, mosquée du roi Abdallah © Tomás Guardia Bencomo - iStockphoto.com.jpg
Église Saint-Jean-Baptiste à Madaba © Lissma - Shutterstock.com.jpg

Aux origines de l’islam

Le prophète Mohammed est né dans la ville de La Mecque en 570. Issu du clan hachémite de la tribu des Koraïchites qui domine alors La Mecque, Mohammed est un homme simple, conducteur de caravanes de chameaux, qui a traversé beaucoup de contrées. C’est sans doute au cours de ses voyages qu’il découvre les contenus de la Torah et du Nouveau Testament. Rien ne le prédestine à devenir le Rasul Allah, « l’envoyé de Dieu », lorsque, à l’âge de quarante ans, dans une caverne du mont Hira, il reçoit de l’archange Gabriel ses premières révélations : le dieu des Juifs et des Chrétiens l’a choisi comme messager auprès des populations arabes. Mohammed sort converti de cette rencontre fantastique et prêche contre les cultes idolâtres que pratique sa tribu. Il s’en prend notamment au pèlerinage païen à la Kaaba de La Mecque, que la majorité des populations arabes entreprennent. Menacé de mort par les siens, il émigre en 622 vers la ville de Yathrib. Le prophète Mohammed reçoit en deux temps la révélation du texte sacré, le Coran (qui vient de qaraa qui signifie « lire »), qu’il va dicter au jour le jour à des scribes. C’est au VIIIe siècle que le texte sera décrété complet. Le Coran est la source de la loi musulmane, la « charia », en même temps qu’il indique le sens de l’islam. De Médine, Mohammed lance le « djihad » contre La Mecque et ses idolâtres. Les premiers pèlerinages s’organisent, et la majorité des habitants de la péninsule arabique se convertit. Le prophète Mohammed meurt le 8 juin 632, à Médine, de retour d’un dernier pèlerinage à La Mecque sans avoir désigné de successeur. Il n’y a pas de calife (le « lieutenant de Dieu sur terre »), et sa disparition soudaine laisse ses proches désemparés. La tradition bédouine est alors invoquée et c’est au groupe que revient la responsabilité de la désignation du calife. 

Les premiers califes

Les quatre premiers califes sont appelés « les bien guidés » et proviennent de l’entourage familial direct du Prophète. Le premier est Abou Bakr Al-Siddiq (632-634). Ce vieillard apprécié pour ses qualités humaines va mettre en place une administration, le diwan, pour l’armée et les villes. Le deuxième calife est Omar ibn al Khattab (634-644). ll est considéré comme l’organisateur de l’Etat musulman et se fait nommer « Commandeur des croyants ». Il dirige les campagnes de conquête de la Syrie, de l’Irak, de l’Egypte et de la Perse. Il expulse les chrétiens et les Juifs d’Arabie et crée deux impôts pour les non-musulmans. Le troisième calife est Ossman Ibn Affan (644-655). Issu des milieux d’affaires de La Mecque, on lui reproche vite un népotisme sans retenue. La contestation de son gouvernement est telle qu’il doit fixer le texte coranique de manière définitive et ainsi empêcher quiconque de réclamer le califat au nom de la Révélation du livre. Le quatrième calife est Ali ibn Abi Talib (656-661). Son élection n’est pas reconnue par l’ensemble des musulmans. En 656, il est obligé de livrer la première des batailles entre musulmans à Bassorah. Il livre une autre bataille célèbre sur l’Euphrate. Muawiya et ses sunnites rencontrent alors Ali et ses chiites. Ali est dépossédé de son titre de calife, et est remplacé par Muawiya, qui fonde la lignée des Omeyyades. Le gouvernement de l’Irak est laissé à Ali. Il sera finalement assassiné en 661.

Les écoles juridiques

Les nuances de l’Islam se déclinent à travers ses écoles juridiques, nées entre le VIIIe et le IXe siècle. Quatre écoles sunnites se développent alors, sur le principe que la charia doit être interprétée : on recourt soit à la sunna (qui signifie « pratique intérieure »), aux pratiques traditionnelles antérieures, à l’analogie ou bien encore à l’istihsan (qui signifie « pratique personnelle »). Ces écoles, toutes licites, sont proposées aux fidèles qui choisissent librement celle à laquelle ils veulent adhérer. L’école hanafite naît en Irak au VIIIe siècle et privilégie le recours à l’opinion personnelle ; son créateur, Abou Hanifa, donne beaucoup de part aux circonstances comme éléments modérateurs ou aggravants. L’école malikite est aussi appelée « l’école du hadith ». Les hadiths (ou « traditions ») sont des commentaires du Coran initiés par Malilk Ibn al Abbas. Ils interprètent la théologie, le droit et font parfois office d’exégèse. Une grande partie de ces hadiths n’a pas été retenue par la théologie et la science juridique musulmanes. Cette école ne retient pas la libre opinion et son interprétation des textes ne recourt pas à l’extrapolation. Le hanbalisme est la troisième école, fondée par Mohammed ibn Hanbal. C’est l’école la plus rigoriste de l’islam. Elle prône l’épuration de la doctrine et est opposée aux innovations et à toute forme d’interprétation. Cette école donnera naissance au wahhabisme saoudien et aux autres formes du fondamentalisme islamique. La quatrième école est chafiite. Elle aussi donne une importance forte aux hadiths se rapportant directement au Prophète. Si elle devient l’adepte du consensus des savants en matière coranique, elle n’est pas pour le développement du jugement personnel. L’école chafiite est majoritaire en Jordanie.

La pratique de l’islam

La vie spirituelle du musulman est codifiée par des obligations quotidiennes et des pratiques liturgiques regroupées sous l’intitulé des « cinq piliers ». 

La profession de foi, ou chahada, est le premier des piliers. Tout musulman énonce une profession de foi solennelle qui reconnaît que Dieu est unique et que Mohammed est son prophète. C’est par l’énoncé clair et audible de cette formule, avec l’intention véritable d’y adhérer, que l’individu intègre la communauté musulmane. 

La prière rituelle qui scande cinq fois par jour le quotidien du croyant, est le deuxième pilier. L’aube est marquée par la prière de al fajr, l’heure médiane par celle de al zouhr, le milieu de l’après-midi par al asr, le coucher du soleil par al maghreb et la nuit par al icha. Chaque prière est précédée d’un appel aux fidèles par un muezzin. La prière doit d’effectuer en état de pureté corporelle et spirituelle ; si l’eau est utilisée pour les ablutions, le croyant peut recourir à des gestes symboliques pour se purifier. Il se tourne alors en direction de La Mecque. La prière débute par la récitation de la première sourate du Coran, appelée fatiha. Le vendredi, al zouhr est dirigée par l’imam qui prêche devant l’assemblée réunie.

La zakat, l’aumône légale, constitue le troisième pilier et est imposée aux bien-portants. C’est un moyen de venir en aide à la population indigente. Les écoles juridiques n’ont cependant pas fixé de manière claire le pourcentage de sa fortune qui devait être versé pour pouvoir être considéré comme un acte valide. L’aumône légale se pratique tous les jours, mais trouve son expression la plus grande pendant le ramadan, où il convient d’offrir à manger aux nécessiteux lors de la rupture du jeûne. 

Le jeûne appelé sawm se pratique durant le mois de ramadan et constitue le quatrième pilier. Du lever du soleil à son coucher, les croyants doivent s’abstenir de toute absorption de nourriture, de boisson, de tabac et doivent aussi demeurer chastes. Les malades, les femmes enceintes et les voyageurs en sont dispensés. Le jeûne musulman, s’il est aride durant la journée, donne lieu à de grandes festivités la nuit, car le ramadan est avant tout un mois de joie. Deux jours avant la fin du mois de ramadan, al qadar, « la nuit du destin », est l’occasion de psalmodier le texte coranique dans son intégralité. La fête qui vient conclure le mois de jeûne est l’Aïd-el-Fitr. 

Le pèlerinage à La Mecque est le cinquième pilier de l’islam, mais il n’est obligatoire que pour les musulmans qui en ont les moyens. Le grand pèlerinage, appelé hajj, doit s’effectuer entre le 8e et le 13e jour du mois dhou al hijja. Il a lieu autour de la Kaaba, un gros cube recouvert qui contient une pierre offerte par l’archange Gabriel à Agar et à son fils Ismaïl. La Kaaba est recouverte d’une kiswa, un dais de soie noir où des sourates du Coran sont brodées au fil d’or et d’argent. Le pèlerinage est purificateur et efface les fautes du pécheur. C’est le sommet de la vie spirituelle du musulman. Le petit pèlerinage, qui ne fait pas partie des cinq piliers, est appelé oumra.  

Les minorités religieuses

Les chrétiens. Le Christ a foulé le sol jordanien et c’est dans les eaux du fleuve Jourdain qu’il a été baptisé par son cousin, Jean le Baptiste. Terre d’Islam, la Jordanie est aussi intégrée au berceau du christianisme. Les chrétiens y sont donc implantés depuis deux millénaires et font partie de la société du pays. La majorité des chrétiens de Jordanie est orthodoxe et suit le rite grec. Melkites et Latins, deux Églises sui juris, constituent l’Eglise catholique. Les Melkites, aussi appelés Grecs catholiques, ont leur patriarche en Syrie. Les catholiques latins dépendent directement du Pape, à Rome. L’arrivée massive d’Irakiens a modifié le visage chrétien du pays avec les catholiques chaldéens. On recense aussi quelques protestants parmi les chrétiens de Jordanie. 

Les musulmans chiites. Quelques chiites vivent en Jordanie, principalement venus d’Irak. A la mort du calife Ali, ses partisans proclament que ce dernier a désigné son fils Hassan comme son successeur, ce que contestent les sunnites et les ismaïliens. S’ensuivent différents complots et batailles entre sunnites et chiites dont l’issue a lieu à Karbala en Irak. Les soixante-douze martyrs chiites de cette bataille y sont inhumés et la ville devient le principal lieu de pèlerinage chiite.

Les Druzes : les Druzes forment une communauté issue du chiisme, mais ne se considèrent pas comme des musulmans. Il n’y a ni liturgie ni lieux de culte dans la philosophie druze, et ils tiennent leur religion secrète. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’un petit nombre d’entre eux se déplaça depuis la Syrie et Israël vers la Jordanie. On les retrouve en petit nombre dans le nord du pays ou encore à Azraq.