Lituanie

Le pionnier de l’image animée Ladislas Starewitch, Russe d’origine lituanienne, tourne dans les années 1910 une douzaine de films, la plupart en utilisant des marionnettes, mais aussi des animaux et insectes morts (!). Engagé comme directeur du musée d’Histoire naturelle de Kaunas, il produit pour l’institution des documentaires en animation. The Cameraman’s Revenge (1912) raconte une histoire d’infidélité et de jalousie entre insectes. Le film, réalisé en stop motion, est un véritable bijou !

Dans la période contemporaine, Šarūnas Bartas a su se faire un nom. En 1995, The Corridor dépeint les problèmes de vie des gens de Vilnius. C’est un magnifique exemple de narration fragmentée, sans dialogue, portée par la comédienne russe Yekaterina Golubeva. Avec son film Frost en 2017, présenté à Cannes, il s’offre l’actrice Vanessa Paradis dans le rôle d’une reporter en zone de guerre au Donbass, en Ukraine, sur fond de conflit armé.

Estonie

L’Estonie produit très peu de films. Cependant, deux réalisateurs estoniens, tous deux nés en 1946, se démarquent dans leurs domaines. Priit Pärn, cartoonist et réalisateur de dessins animés, a été récompensé à de nombreuses reprises pour ses créations telles que Triangle (1982), Breakfast on the Grass (1987), Hotel E (1992) et Night of the Carrots (1998). Mark Soosaar, quant à lui, traverse l’Europe avec son film documentaire Le Père, le fils et le saint Toroum, à propos d’un père et son fils appartenant au peuple khanty de Sibérie occidentale.

En 2014, le public européen a pu découvrir Crosswind : la Croisée des vents du jeune prodige Martti Helde. Ce très beau film en noir et blanc raconte la vie d’une déportée estonienne en Sibérie. En 2023, le documentaire The Smoke Sauna Sisterhood de Anna Hints, auréolé de multiples prix dont un au Festival de Sundance, raconte des morceaux de vie de femmes dans l'intimité d'un sauna.

Lettonie

C’est à Rīga que naît l’un des réalisateurs et théoriciens du cinéma les plus connus : Sergueï Eisenstein. Considéré comme le « père du montage », ce monument du septième art a réalisé Le Cuirassé Potemkine en 1925 qui est, de l’avis de beaucoup, le plus grand film de propagande de tous les temps.

Depuis la chute de l’URSS, l’un des films les plus vus s’appelle Defenders of Riga (2007) par Aigars Grauba. Il retrace le combat de l'armée lettone pour l’indépendance du pays en 1919. Les scènes en extérieur ont été tournées à Cinevilla, à Tukums, où a été construit pour l’occasion le premier backlot de Lettonie (la zone en extérieur d’un studio destinée à accueillir des décors permanents).

Films et séries tournés dans les pays baltes

Un des films de la saga horrifique Hannibal, Hannibal Lecter : les origines du mal (2007), avec Gaspard Ulliel, se déroule en Lituanie. Cependant cette partie fut en réalité tournée en studio à Prague, ce qui n’ôte pas la sulfureuse réputation de la Lituanie.

Les pays baltes ont récemment mis en place des avantages fiscaux attractifs pour les productions internationales, dont ont bénéficié Tenet, sorti en 2020 et tourné à Tallinn, de Christopher Nolan, ou encore la série HBO Chernobyl de Craig Mazin. Celle-ci a été tournée en Lituanie : la ville de Pripyat est figurée par des rues de Fabijoniškės à Vilnius, tandis que l’ancienne centrale d’Ignalina sert de réplique à celle de Tchernobyl. Quant à la prison de Lukiškės, elle figure dans la saison 4 de Stranger Things des frères Duffer.

La centrale électrique de Tallinn à elle servi de décor au Stalker (1979) de l'éminent réalisateur russe Andreï Tarkovski. Également tourné à Tallinn, un film produit par le groupe d'humoristes suédois Killinggänget, Screwed in Tallinn (1999), dépeint la rencontre entre des touristes et des habitants baltes. Ce docu-menteur, faux documentaire, suit un groupe de Suédois en voyage à Tallinn, mus par l’espoir de rencontrer des femmes estoniennes célibataires.