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Reconnaître l’ambre

L’ambre, souvent surnommé « l’or balte », était très recherché depuis l’Antiquité. Les Grecs l’appelaient elektron et ce sont ses propriétés électrostatiques qui ont fait découvrir l’électricité. Les savants de la Renaissance n’ont fait que reprendre le vocable grec. Les Baltes font le commerce de l’ambre depuis des millénaires et Pline l’Ancien parlait de cette tribu du Nord « qui s’étonnait elle-même du prix auquel elle vendait cette matière qu'elle tenait de sa mer ». On en fait encore aujourd’hui de magnifiques bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles), des ornements de tout genre vendus dans de nombreuses boutiques ou sur les étals dans les rues. Pour savoir si l’on vous vend de l’ambre vrai ou faux (plastique ou résine), c’est facile : promenez la flamme d’un briquet sous le morceau, puis essuyez-le, il ne reste aucune trace et l’ambre refroidi très vite. Le plastique ou la résine seront marqués et resteront brûlants. C’est à Kaliningrad que les prix défient toute concurrence, récompense absolue pour les plus courageux qui auront traversé la frontière !

Petite précision, il n’y a pas d’ambre en Estonie, elle est seulement importée pour les touristes.

C’est justement avec « l’or de la Baltique » que la Lituanie veut faire parler d’elle. L’ambre a toujours été lié à la Lituanie, comme en témoigne le trésor néolithique découvert par une équipe d’archéologues allemands au cours du XIXe siècle, près du village de Juodkrante. Mais ce trésor a malheureusement disparu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ces remarquables témoignages sont exposés au musée de l’ambre de Palanga. On peut même désormais se faire masser à l’ambre !

Des larmes de déesse

Selon la légende, Juraté, déesse des sirènes, demeurait au fond de la mer Baltique dans un palais d’ambre. Un jour, elle s’aperçut qu’un pêcheur intrépide du nom de Kastysis lançait ses filets trop près de son royaume. Elle décida de se rendre auprès du mortel pour l'arrêter. Cependant, voyant sa force, sa beauté et son courage, elle tomba amoureuse de lui. Elle l’emmena vivre avec elle dans son palais au fond des mers. Mais Perkunas, le dieu du tonnerre, ayant découvert la liaison amoureuse de Juraté avec un mortel, déchaîna la tempête et la foudre sur le palais des sirènes. Celui-ci explosa en milliers de fragments qui tuèrent le pêcheur. Juraté pleura Kastysis de larmes d’ambre. Aujourd'hui, quand, après la tempête, on trouve des morceaux d’ambre sur les plages, on dit que ce seraient les larmes de Juraté et les restes de son palais.

Une belle histoire pour commencer le périple…

Kaliningrad ou le pays de l’ambre

Les neuf dixièmes des réserves mondiales d’ambre sont regroupés dans l’enclave de Kaliningrad. Au début des années 2000, le marché est estimé à 250 millions de dollars par an, mais la région en déclarait en 2002 officiellement 3,5 millions de dollars ; signe d’un trafic d’ambre important qui appauvrit l’enclave. L’ambre est acheminé en Pologne notamment.

Il n’y a qu’une carrière officielle, celle de Yantarny, mais nombreux sont les habitants à creuser dans les carrières illégales pour tenter de trouver un morceau d’ambre. Car même si c’est interdit, cela rapporte, le salaire moyen étant bas et le coût de la vie élevé.

Depuis une quinzaine d’années, Kaliningrad a appris à s’adapter pour survivre dans la région constituée de trois pays dont la politique économique et politique diffère de celle de la région russe. Car l’éclatement de l’Union soviétique a plus affecté ce territoire de 15 000 km2 que le reste de la Russie, dont il s’est retrouvé coupé. La production industrielle y a chuté de près de 50 % depuis 1991, la pêche s’est effondrée, des dizaines de milliers d’ex-militaires de cette ville de garnison, réduite à un poste avancé sans importance stratégique, ont dû se reconvertir. Beaucoup se sont recyclés dans l’économie parallèle qui fait aujourd’hui vivre 60 % des habitants.

Kaliningrad possède l’unique mine d’extraction d’ambre à ciel ouvert, qui fournit 80 % de la production mondiale, avec 300 tonnes par an. Elle se trouve à Yantarny, sur le littoral de la Baltique. Ses réserves sont évaluées à 450 000 tonnes, donc non épuisables pour les cent cinquante ans à venir. On peut visiter la mine sur demande.

L’enclave est également riche en ressources pétrolières. Ces dernières sont estimées à 275 millions de tonnes. La principale entreprise de la région est Lukoil-Kaliningradmorneft qui extrait chaque année de l’ordre de 700 000 à 750 000 tonnes de brut, exportées ensuite sur le territoire de la Fédération de Russie.

La route de l’ambre : notre itinéraire thématique

La route de l’ambre nous conduit tout au long des côtes de la Lettonie jusqu’à la frontière russe sur l'istheme de Courlande. Avant la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'itinéraire complet passait par Kaliningrad et Gdańsk en Pologne, qui était une escale intéressante pour commencer ou terminer le parcours.

Jour 1 : Rīga.

Visite de la vieille ville et des nombreux magasins d’ambre disséminés un peu partout.

Jours 2 et 3 : les côtes lettones.

Arrêtez-vous sur les plages entre Roja et Kolka : c’est l’un des meilleurs endroits pour ramasser de l’ambre rejeté par la Baltique (cherchez des paillettes d’ambre translucides et brillantes).

Autre point intéressant pour une halte en bord de mer : Ventspils.

Continuez jusqu’à Liepāja pour y passer la nuit.

Jours 4 et 5 : les côtes lituaniennes.

De Liepāja, rejoindre Klaipėda. Descendre par les côtes, faire une escale à Palanga pour visiter le musée de l’Ambre. Il ne faut pas hésiter à profiter et à se balader sur les plages en quête d’un morceau d’ambre, surtout si vous visitez le coin en novembre. En effet, après les tempêtes de l’automne, la mer « recrache » des morceaux d’ambre.

À 12 km de Klaipėda, sur la route pour Palanga, dans le parc régional Pajūrio. Il paraît que la plus grande quantité d’ambre peut être trouvée au bord de la mer à proximité du village de Karklė. Aujourd’hui, il y a ici environ trente filets pour la pêche de l’ambre.

Ensuite, direction l’isthme de Courlande et son village de Juodkrante. À l’extrémité nord du village se trouve le golfe de l’Ambre où, en 1854-1855, furent découvertes 2 250 t d’ambre. Il faut considérer que, pendant les années 1860 à 1890, la moyenne de production d’ambre était de 75 000 t par an. En 1882, on y trouva également des objets en ambre de l’époque préhistorique.

On peut poursuivre jusqu'à Nida, à la frontière avec Kaliningrad, et ses fameuses dunes. On y trouve aussi un chouette musée de l'ambre.

De retour à Klaipėda, on peut poursuivre la visite par un musée, celui d’histoire de la Petite Lituanie sur Didžioji Vandens 2 (www.mlimuziejus.lt), ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Ce charmant petit musée offre un regard original sur l’histoire de la région. Il présente tous types d’objets : trouvailles archéologiques, vieilles photos de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, exemples d’habits traditionnels, pièces, journaux et surtout des objets en ambre datant des Ve et VIe siècles. On y voit notamment des colliers qui servaient non seulement comme parures, mais aussi comme monnaies.

Jours 6 (facultatif) : Vilnius.

À Vilnius, on découvre la galerie-musée de l’Ambre. Ce magasin expose des pièces exceptionnelles d’ambre de toutes les couleurs. Au sous-sol, un « mini-musée » met en scène le processus de l’élaboration de l’ambre dans un décor magnifique. On peut aussi en acheter au studio de lin et d’ambre qui dispose d’un grand choix de bijoux et autres bibelots faits d’ambre.