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Au cœur de la formation du Rift africain

Il y a 40 millions d’années, d’immenses quantités de lave se répandent au travers de la croûte terrestre non pas sous forme d’éruption mais en un écoulement continu de plusieurs millions d’années. S’opère alors la formation d’une couche de 2 à 4 km d’épaisseur sur une surface de 700 000 km2. Une deuxième ère géologique s’amorce par la fragilisation de cette couche en entraînant la formation de cassures qui provoquent elles-mêmes des affaissements, dont la grande vallée du Rift africain s’étendant de l’Éthiopie au Mozambique à travers la Tanzanie et le Kenya est symptomatique. Dans le même temps, la pression engendrée par cet effondrement massif provoque la remontée de masses volcaniques considérables le long de ces failles. En Éthiopie, ces plissements donnent naissance à deux systèmes montagneux de part et d’autre de cette fissure nord-est/sud-ouest, étagés depuis une altitude moyenne de 2 000 m au niveau du pourtour des basses terres, jusqu’à plus de 4 000 m aux sommets. L’importante activité volcanique, avivée par ces bouleversements tectoniques, et l’érosion provoquée par un intense ruissellement et la formation d’un réseau de cours d’eau finissent de façonner ce paysage caractéristique des hauts plateaux séparés par des vallées encaissées. Cette topographie accidentée isolant les régions les unes des autres explique en partie le fort taux d’espèces endémiques observé dans la faune et la flore éthiopiennes.

Les hautes terres montagneuses, une constante éthiopienne

Elles couvrent 58 % de la superficie du pays et occupent les régions de Wolo, du Godjam et de Gondar au nord, dominées par le massif du Simien et son sommet, le Ras Dashen, culminant à 4 550 m. Résultat d’une intense activité volcanique il y a quelque 40 millions d’années, ce chaos a été façonné par l’érosion au cours des siècles en un invraisemblable relief escarpé, constitué de pics, d’étroites vallées et de plateaux tabulaires surplombant des gorges vertigineuses plongeant de 1 500 m.
Au centre, l’immense plateau du Choa est le fief de la plus haute capitale du continent, Addis-Abeba. Elle est bordée au sud par les hautes terres de l’Arsi et coupée du massif du Balé par le cours du fleuve Wabe Shebelle. Situé à 400 km au sud-ouest d’Addis-Abeba, le parc national des montagnes de Balé, qui couvre une superficie de 2 470 km2, possède le second sommet le plus élevé d’Éthiopie : le Mont Batu, qui culmine à 4 307 m.

Le Nil Bleu, fleuve puissant

L’une des deux sources du Nil, le deuxième plus grand fleuve du monde, prend sa source au lac Tana, dans les hauts plateaux d’Éthiopie. Le Nil est appelé « bleu », car sa couleur est plus foncée que celle du Nil Blanc qui provient du lac Victoria. Ne manquez pas d’aller voir les chutes du Nil Bleu près de Bahar Dar, notamment après la saison des pluies quand l’eau est abondante. Les hauts plateaux éthiopiens, véritable château d’eau de l’Afrique, apportent 60 % des eaux du Nil et jusqu’à 75 % durant la saison des pluies. Depuis l’époque des pharaons jusqu’à aujourd’hui, les eaux du Nil Bleu ont toujours joué un rôle vital en Égypte, raison pour laquelle le projet de construction du barrage de la Renaissance, en Éthiopie, est décrié par le Soudan et l’Égypte en aval du fleuve. Néanmoins, les deux pays ayant largement profité du fleuve dans le passé, une solution à long terme est envisageable après d’âpres négociations. Les plateaux basaltiques éthiopiens sont entaillés par les longues vallées fluviales et les gorges profondes des importants cours d’eau qu’ils drainent. Outre le Nil Bleu et ses affluents, on peut citer le Tekélé au nord, l’Awash vers l’est et les rivières Baro, Gojeb et Omo à l’ouest et au sud.

Le lac Tana et les lacs de cratère 

Le lac Tana est d’ailleurs une véritable mer intérieure, la plus vaste étendue d’eau en Éthiopie qui couvre 3 500 km et compte 37 îles, dont certaines abritent des églises et monastères du XIVe siècle. Également irriguées par un chapelet de sept grands lacs d’altitude le long de la vallée du Rift au sud d’Addis-Abeba et par des lacs de cratères, les hautes terres concentrent l’essentiel des terres arables entre 1 000 et 2 500 m, sur lesquelles vivent les populations sédentaires du pays. On peut citer les principaux lacs où les citadins d’Addis-Abeba viennent se détendre en famille et profiter d’activités nautiques le week-end ou d’observation des animaux. Le lac Ziway n’est qu’à 160 km d’Addis-Abeba et le lac de Langano à 215 km. Il jouxte le parc national des lacs Abijata et Shalla, qui concentrent d’impressionnantes populations de flamants roses et de pélicans. En raison de la très bonne qualité de la route, il est même possible d’atteindre le lac d’Awasa (273 km), dont les berges sont un véritable havre de paix.

Les basses terres, des zones désertiques

À l’ouest, là où les hauts plateaux déclinent graduellement, un climat plus humide autorise une activité agricole le long de la frontière soudanaise, notamment dans la région marécageuse de Gambela. La vallée de l’Omo au sud-ouest en fait partie, et on sent tout de suite la chaleur s’abattre en arrivant dans ces basses altitudes. La sécheresse actuelle qui sévit ardemment depuis près de cinq ans dans la vallée est très inquiétante pour les tribus pastorales qui y vivent.
L’est du pays est couvert par les immenses plaines désertiques du Somali et de l’Ogaden, et par le désert du Danakil au nord-est. Ces régions désolées sont le territoire de tribus nomades afar vivant de l’élevage ou de l’exploitation du sel arraché aux plaines caniculaires de la dépression de Dallol, une curiosité géologique parmi les plus spectaculaires de la planète, pour ses paysages martiens et son environnement désertique hostile. Ce point chaud est situé à 136,8 m au-dessous du niveau de la mer, à la frontière de l'Érythrée, sur un plateau minéral créé par un point chaud volcanique, considéré comme le plus chaud de la planète. Une palette de minéraux multicolores crée le paysage. Des petites fontaines naturelles d’acide sulfurique s’échappent des formations rocheuses sécrétées par le sol. Elles ressemblent à des œuvres d’art saturées de couleurs : blanc, jaune, vert émeraude, rouge, marron… dues à la présence de sulfures, de sels, de fers et de nombreux minéraux oxydés.