Cascade dans parc national de Kanchanaburi © Casper1774Studio - iStockphoto.com.jpg

Un environnement naturel exceptionnel à protéger

La Thaïlande compte 127 parcs nationaux répartis sur l’ensemble du pays, ainsi que des parcs marins. Ces espaces naturels de toute beauté abritent une faune et une flore extrêmement riches et pour s’en rendre compte, il convient de décrire quelques-uns des plus beaux parcs nationaux du pays. Le parc national de Doi Suthep-Pui, qui se situe dans la province de Chiang Mai, regorge de sentiers de randonnée. On y observe près de 2 000 espèces de plantes et de fougères, 50 espèces de mammifères et 300 espèces d’oiseaux. Dans le parc national de Phu Kradong, l’un des plus beaux du pays, il est agréable de partir en randonnée et de prendre de la hauteur à plus de 1 200 m d’altitude pour bénéficier des panoramas époustouflants sur les forêts abondantes, y compris de conifères, et les reliefs qui se dessinent à l’horizon. On y observe aussi de nombreuses chutes d’eau et en ce qui concerne la faune, des chacals, des singes et même des tigres y ont élu domicile. Une telle biodiversité qualifie aussi parfaitement le parc national de Khao Sok. Ici, la jungle se mêle à la mer, qui est le terrain des bateaux des autochtones et des touristes venus profiter de la beauté des lieux. Parmi les parcs marins les plus incroyables, on trouve celui de Moo Kho. Il constitue un archipel de 42 îles qui s’étendent sur plus de 102 km2. Les excursions proposent souvent de naviguer d’île en île et comprennent des instants de baignades et de plongées sous-marines dans ses eaux turquoise et limpides. À l’est de Bangkok, le parc national de Khao Yai s’étend sur 2 200 m². Dans les forêts et les montagnes vivent une multitude d’animaux : éléphants sauvages, macaques, ainsi que des espèces se faisant de plus en plus rares comme les tigres, les sambas et les panthères noires. À l’ouest de la capitale thaïlandaise cette fois, le parc national d’Erawan est le terrain privilégié des sportifs et accueille les plus belles chutes d’eau du pays : les chutes d’Erawan. Le tourisme ainsi que le comportement irresponsable de bon nombre d’hommes menacent les splendeurs naturelles et la richesse de la faune, évoqués ci-dessus, et la création de parcs nationaux est une réponse insuffisante pour préserver cet environnement varié. S’il est estimé que les autorités thaïlandaises ont encore fort à faire pour la protection de leurs exceptionnelles contrées, certaines mesures ont vu le jour, comme l’annonce assez récente par le ministère des Parcs nationaux thaïlandais de fermer temporairement le tourisme dans les parcs nationaux pendant la saison des pluies. Ces fermetures, qui vont de mai à septembre ou octobre en fonction des régions, ont pour objectif de restaurer la nature dans les zones protégées, en plus de contribuer à la sécurité des visiteurs, puisque les conditions sont souvent pluvieuses et orageuses en cette saison.

De nombreux problèmes environnementaux au défi

Le pays fait face à divers problèmes environnementaux depuis de longues années. À commencer par la déforestation : en 1961, le territoire était recouvert à 53 % par des jungles et des forêts, en 1998, elles ne représentent plus que 25 %. Les causes sont multiples : il y a en premier lieu l’urbanisation et le développement des grandes industries, mais il faut aussi mentionner le défrichage des espaces boisés pour l’exploitation agricole (cannes à sucre, rizières…) ou bien encore la culture traditionnelle sur brûlis. En moyenne, le pays perd 5 000 km² de zones forestières par an ! Si le rythme continue ainsi, la Thaïlande pourrait perdre encore un tiers de ses forêts tropicales au cours des vingt prochaines années. La sensibilisation autour de ce fléau est assez récente pour le pays. En 2012, le roi de la Thaïlande est intervenu pour demander des sanctions envers les fonctionnaires victimes de corruption et qui préfèrent fermer les yeux sur la déforestation, le tout suite à un rapport de la Banque mondiale sur l’exploitation illégale des forêts.

Autre problème, en ville, et tout particulièrement dans la capitale Bangkok, la pollution de l’air est critique. Dans une mégalopole qui compte près de 12 millions d’habitants et où circulent 10 millions de voitures dans toute l’agglomération, dont un grand nombre de diesels, le niveau de particules fines nocives pour la santé est alarmant, et lors de certains pics de pollution, les autorités n’hésitent plus à fermer les écoles. La mauvaise qualité de l’air est aussi la conséquence de l’utilisation du charbon dans les centrales autour de la ville et de la présence de nombreux chantiers de construction. Scientifiques et écologiques interpellent les pouvoirs publics sur la nécessité d’un meilleur encadrement des chantiers et sur le développement des transports en commun.

L’eau, au cœur de différents enjeux

Le golfe thaïlandais a été pendant de nombreuses années victime de surpêche, avec l’ignorance des zones réglementées et la pêche au chalut effectuée par des navires pirates. Au total, ce sont des espèces entières de poissons qui ont été décimées, menaçant très sérieusement l’écosystème marin. Si l’Europe est le premier importateur de poissons au monde, c’est aussi l’Union européenne qui a dénoncé ce phénomène désastreux en menaçant d’interdire les importations thaïlandaises. Après avoir travaillé main dans la main avec les autorités du pays, il en est ressorti plusieurs mesures, avec pour objectifs d’améliorer la gestion de la flotte, de faire suivre les bateaux par satellite et d’intercepter les navires suspects. La mer, qui fait le bonheur de nombreux touristes étrangers venus profiter des plages paradisiaques et des températures clémentes dans le sud de la Thaïlande, abrite aussi plus de 70 espèces de coraux, extrêmement menacés par le tourisme de masse, la pêche et le réchauffement climatique, comme c’est le cas à Phuket. Pour empêcher les coraux des mers thaïlandaises de s’éteindre, le département des sciences de la mer de la faculté des sciences de l’université de Chulalongkorn a proposé un projet de congélation des spermatozoïdes de coraux en vue d’une future insémination artificielle pour assurer leur survie. Comment également ne pas parler de l’île de Koh Phi Phi Leh, rendue célèbre par le célèbre film La Plage, avec Leonardo DiCaprio. Depuis la sortie du film, la plage paradisiaque de Maya Bay a accueilli jusqu’à 5 000 visiteurs par jour, avec pour effet une érosion sévère des coraux, en raison de la pollution des moteurs des bateaux affrétés par les nombreux tour-opérateurs de la région. Heureusement, le site est à présent fermé au public jusqu’en 2021 et le département des parcs nationaux a annoncé qu’à sa réouverture, le nombre de visiteurs sera limité et les bateaux interdits de stationnement.

La mer, l’eau, est très certainement le plus grand problème environnemental de la Thaïlande. Dans le nord-est du pays, les situations de sécheresse sont très régulières. En 2002, la région centrale du pays est celle qui disposait de la plus faible réserve d’eau par habitant en Asie, et un tiers de cette eau était considéré comme impropre à la consommation, à cause des déchets domestiques et industriels qui sont rejetés dans les cours d’eau. Sur les côtes, il faut aussi relever des effets désastreux du tourisme de masse et des habitudes des habitants sur le nombre de plastique et de déchets que l’on retrouve dans la mer. La Thaïlande est le sixième plus gros contributeur mondial à la pollution des océans. Pour lutter contre cette pollution, les autorités ont annoncé des mesures visant à investir dans des usines de retraitement des eaux usées, à renforcer la législation autour des normes environnementales et même ont affirmé une fin du sac à usage unique d’ici à 2022. Il est cependant pour le moment trop tôt pour savoir si ces mesures suffiront à éradiquer cette importante menace qui pèse sur le territoire.

Les conséquences du changement climatique sur la Thaïlande

Si les effets du changement climatique touchent l’ensemble des régions du monde, la Thaïlande doit se préparer à affronter d’importants facteurs qui ont par ailleurs déjà commencé : d’une part, de fortes sécheresses, et d’autre part, d’importantes précipitations durant la saison des pluies, provoquant de graves inondations. Bangkok a d’ailleurs déjà été victime de graves inondations en 2011 et certains experts pensent qu’une partie de la ville pourrait être sous les eaux en 2050. La faute à un développement trop important de la ville et à la construction de nombreux hauts immeubles qui contribuent à son engloutissement dans le sol et bien entendu, et également à la montée des eaux dans le golfe de Thaïlande. La capitale du pays n’est pas la seule à souffrir du dérèglement climatique puisque dans les autres régions, il pénalise les écosystèmes et des activités économiques essentielles telles que l’agriculture, la pêche et le tourisme.

Une population pas assez concernée par l’écologie

Les habitants de la Thaïlande n’ont pas encore vraiment pris conscience des dangers du réchauffement climatique pour leur territoire. Ils ne sont pas suffisamment informés et ne changent donc pas leurs comportements en conséquence. Ils font même partie des pires pollueurs des océans dans le monde. Ils utilisent en effet en moyenne huit sacs plastiques par jour, dont la plus grande partie finit dans la mer. Le gouvernement prend bien quelques mesures pour conscientiser la population, comme des programmes de vulgarisation sur les avantages de la préservation la forêt ou l’interdiction de certaines zones maritimes au tourisme de masse pour laisser la biodiversité se reconstituer. Mais il est certain que le sursaut écologique dans le pays n’a pas eu lieu et il apparaît essentiel que les autorités mettent en place des campagnes de prévention et de sensibilisation afin que les jeunes générations grandissent en ayant conscience des dangers du dérèglement climatique. Si le gouvernement doit prendre la mesure de la gravité de la situation, peut-être que des figures comme Lilly, une jeune Thaïlandaise de 12 ans et qui s’inspire du combat de Greta Thunberg, pourra contribuer à éveiller les consciences et à changer les mentalités. À l’heure actuelle, elle a déjà convaincu plusieurs grands groupes de distribution à ne plus donner de sac plastique à usage unique une fois par semaine. Une démarche encourageante.

L’écotourisme, une solution ?

L’écotourisme est une forme de voyage dans de grands espaces naturels, dans des villes et des habitudes qui ont pour objectif de participer à la préservation de l’environnement et au respect des populations. Aujourd’hui, des agences proposent des circuits organisés qui mettent en avant l’écotourisme. En proposant par exemple une randonnée dans un parc national, dont les frais d’entrée contribuent à la préservation du parc ; en utilisant des moyens de transports non polluants pour parcourir les eaux du site de Khao Lak ou bien encore en passant une journée chez l’habitant pour partager les scènes de vie du quotidien et en apprendre plus sur les savoir-faire. S’il est évident que le gouvernement thaïlandais est un acteur incontournable à la prise de conscience de la population en matière d’écologie, c’est aussi aux touristes eux-mêmes de changer leurs habitudes de voyage et de contribuer à un tourisme vert. Il est ainsi conseillé de prendre le train pour se déplacer d’une région à une autre, et non la voiture. Il faut éviter les douches à rallonge et gérer ses déchets lorsque l’on mange. On se nourrit pour pas grand-chose en Thaïlande, il faut donc préférer un bon plat dans un petit restaurant plutôt que d’aller chercher un sandwich emballé dans une grande enseigne. Il est évident que le pays du sourire va continuer à être la terre d’accueil de nombreux touristes en quête de dépaysement, de paysages éblouissants et d’un climat favorable. Alors à chacun de contribuer à l’essor d’un tourisme écoresponsable pour préserver ces richesses inestimables aussi longtemps que possible.