Histoire du Salvador d'El Salvador

L'histoire du Salvador est riche en événements et en faits qui l'ont marqué tant géographiquement que socialement. La ligne du temps s'étend de l'époque précolombienne et la culture maya si riche en connaissances à nos jours, en passant par la conquête et la colonisation espagnole, l'indépendance et la formation de la République, les tyrannies et les dictatures, la guerre civile, l’élection du premier président de gauche, la canonisation de Monseigneur Oscar Romero qui meut en martyr qui est considéré comme le saint patron des Amériques et la lutte contre les gangs.

Tout au long de son histoire, le Salvador a été confronté à de grands défis, tels que : la signature des accords de paix de Chapultepec, être devenu officiellement le premier pays à interdire les mines de métaux sur son territoire, estimant qu'il s'agit d'une activité nuisible pour l'environnement et la santé publique et l'adoption du bitcoin comme monnaie légale.

10 000 av. J.-C - 1 200 av. J.-C

Origine de la civilisation

Tout a commencé en 10 000 av. J.-C., lorsque les nomades venant de la glaciation de Wurn sont descendus sur le territoire. Dans leur recherche continuelle de gibier et dans leur activité de cueillette, ces nomades ont dû se rendre compte de la qualité de cette terre. Une végétation luxuriante, un climat agréable, de l'eau en abondance, et donc un très grand nombre d'animaux à chasser. Ces petits groupes d'hommes, composés de plusieurs familles, s'unissaient pour s'entraider et faciliter ainsi leur vie mouvementée. Les premiers habitants ont laissé des traces que l'on peut trouver dans tout le pays, comme des pointes de flèches primitives, des restes de feux de camp. Ces vestiges se trouvent en particulier dans les grottes naturelles qui abondent dans cette géographie accidentée. L'homme a peint dans les grottes ; de magnifiques exemples sont les peintures tricolores que l'on trouve dans le département de Morazán, en particulier dans la grotte de Espiritu Santo à Corinto.

Ve siècle av. J.-C.

Arrivée des Olmèques dans la région

Jusqu'à très récemment, la civilisation olmèque était presque exclusivement associée au Mexique, car c'est au Mexique que les Olmèques ont atteint leur plus grande splendeur, occupant une grande partie de la côte du golfe du Mexique. Curieusement, dans ce petit pays, on a retrouvé de nombreux vestiges de cette culture mère mésoaméricaine. Ce qui est remarquable, c'est que certains des vestiges des Olmèques au Salvador sont des plus primitifs, ce qui permet de penser que c'est peut-être sur ce sol que la première culture de la région a vu le jour. Parmi les exemples les plus remarquables, on peut citer les "Gordinflones de Apaneca", trois énormes sculptures en pierre trouvées dans la finca de Santa Leticia, où l'on a également découvert les traces d'une pyramide primitive, ce qui suggère que le site était un lieu de culte au début de la période préclassique. Un autre vestige important est la "pierre des victoires", exposée dans les ruines du Tazumal de Chalchuapa. Cette pierre représente une scène guerrière en bas-relief. En outre, dans la zone côtière de l'ouest du Salvador, on trouve de nombreuses figurines en argile qui sont typiquement olmécoïdes dans leur phase primitive.

Dans les environs de Chalchuapa se trouve également ce qui est considéré à ce jour comme la plus belle pièce d'art olmèque jamais découverte, datant non pas de la phase primitive de cette civilisation, mais de sa phase de splendeur maximale. Il s'agit d'un guerrier en pierre verte de moins d'un demi-mètre de haut, probablement arrivé au Salvador dans le cadre de l'intense trafic commercial qui caractérisait le pays à l'époque, et qui fait aujourd'hui partie d'une très importante collection privée aux États-Unis. La question est de savoir si les Olmèques étaient originaires du Salvador et, dans l'affirmative, pourquoi ils ont ensuite migré vers le Mexique. Peut-être ces anciens habitants ont-ils migré en raison d'une activité volcanique intense ?

1200 av. JC / 250 apr. JC

Mayas, Pipils et Lencas

L'influence maya se fait sentir au Salvador, comme au Guatemala, au Honduras ou à l'est du Mexique, à partir de 1200 av. J.-C. environ. Le nom du Salvador en langue nahuatl est Cuzcatlan ou Cuscatlán et signifie « Terre de trésors ». Jusqu'à la grande éruption du volcan Ilopango, les Mayas occupaient le centre et l'ouest du pays, tandis que les Lencas s'étaient installés à l'est. Joya de Cerén, dans la région Occidente, déclarée patrimoine culturel par l'UNESCO en 1993, est unique en son genre et porte le surnom de « Pompéi d'Amérique ». On peut y découvrir comment les habitants de l'époque vivaient avant l'éruption du volcan qui a emprisonné dans le temps un village sans ses habitants qui avaient pu fuir.

Les Pipils ont migré du Mexique et se sont installés dans ce qui est aujourd'hui le Salvador. Le mot Pipil est d'origine nahuatl et vient de Pipiltzin, qui signifie seigneur, noble ou prince, et également dérivé de Pipiltoton, qui signifie garçon, petit homme. Ce nom a été donné aux tribus qui habitaient le Salvador, par les Tlaxcaltèques qui s'étaient alliés à Pedro de Alvarado lors de la conquête de la région. En effet, lorsqu'ils entendaient parler la langue pipil, ils avaient l'impression d'entendre un nahuatl mal prononcé, comme s'il s'agissait d'un accent d'enfant.

Des preuves archéologiques et linguistiques suggèrent que des populations situées à Durango, Zacatecas et San Luis Potosí ont migré à Veracruz entre 500 et 600 après Jésus-Christ.

Vers 800 après J.-C., certaines populations ont migré vers Soconusco, dans le sud du Mexique, et ont donné naissance aux Pipils, tandis que les populations restées sur place ont donné naissance aux Nonoalcas, deux groupes influencés par les Toltèques.

Les Lencas sont une ethnie mésoaméricaine qui possède sa propre langue. Ils occupent une partie du territoire du Salvador et du Honduras depuis l'époque précolombienne. Le site archéologique de Quelepa, au Salvador, a été habité et gouverné par des Lencas au cours des périodes préclassique et postclassique. Les guerres étaient fréquentes entre les différentes seigneuries, mais aussi avec d'autres populations comme les Pipils. L'objectif de la guerre était d'étendre le territoire ou de capturer des esclaves. À certaines périodes de l'année, les seigneuries lencas organisaient des trêves.

900 ap. JC.-1100 ap. JC.

Développement de la culture Cihuatán

Selon les recherches menées jusqu'à présent, Cihuatán a été fondée vers 900 après J.-C., dans les années qui ont suivi l'effondrement maya, un phénomène encore énigmatique qui constitue l'un des sujets les plus discutés de l'archéologie mésoaméricaine et qui a consisté en l'abandon de la plupart des colonies de la région entre 800 et 900 après J.-C. Cihuatán et ses centres satellites émergent dans le panorama de ce désastre général.

La culture de Cihuatán reflète des liens étroits avec le Mexique central. Il existe actuellement trois théories sur les habitants de Cihuatán. La première veut qu'ils soient les ancêtres des Pipils historiques qui, à l'époque de la conquête espagnole, occupaient cette région. Une autre théorie veut que la ville ait été fondée par un autre groupe mexicain et que sa destruction soit due à une autre vague d'immigrants (ancêtres des Pipils ?). La troisième proposition est qu'il s'agit d'une ethnie locale qui a subi d'importants changements dans son mode de vie vers le début du IXe siècle après J.-C. en raison de l'influence "mexicaine".

La ville de Cihuatán a été détruite par un incendie et un embrasement général. Des pointes de flèches et de lances ont été découvertes dans les décombres. Les datations au radiocarbone suggèrent que cela s'est produit vers 1100 après J.-C. Une guerre aurait-elle détruit Cihuatán ? Au moment de la conquête, Cihuatán était abandonnée depuis quatre siècles.

De 1525 à 1600

Colonisation espagnole

À l'arrivée des Espagnols, la population autochtone (Lencas, Pipils et Poqomanes), comptait environ 300 000 âmes.

Les Espagnols arrivent au Salvador en 1525, sous la conduite de Pedro de Alvarado qui affronte les Pipils à Acajutla et Tacuaxcalco. La même année, ils fondent San Salvador près de l'actuel Suchitoto. En 1540, après d'incessantes rébellions indigènes, la ville est transférée sur son site actuel. Comme dans les autres pays du Nouveau Monde, la colonisation, les maladies infectieuses véhiculées par les Espagnols et les durs traitements auxquels les natifs sont soumis provoquent une chute irrémédiable de la population autochtone.

Le Salvador est alors intégré au royaume (ou capitainerie générale) du Guatemala, le plus puissant en Amérique centrale, lui-même soumis à la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, l'actuel Mexique. Le territoire était divisé en cinq alcaldías mayores (municipalités principales) : San Salvador, San Miguel, San Vicente, Santa Ana et Sonsonate.

Le territoire salvadorien étant dépourvu de richesses minérales importantes, l'agriculture est la base de l'activité économique. Entre 1550 et 1600, les deux principales activités étaient la culture du cacao, principalement dans la région d'Izalco, et l'extraction de la résine du balsamier dans la région côtière.

Pendant la période coloniale, il y eut un processus de métissage entre les Autochtones, les Noirs et les Espagnols.

Plusieurs incursions de pirates sont à signaler : la première fut celle de Francis Drake, d'abord début avril 1579 dans le golfe de Fonseca, puis en 1586 dans le port d'Acajutla, la deuxième fut celle de l'Anglais Thomas Cavendish, qui jeta l'ancre dans le golfe de Fonseca en juillet 1587. Enfin, la troisième incursion fut dirigée par Edward Davis, Thomas Eatan et William Dampier, dans le golfe de Fonseca en juillet 1684, qui provoqua le dépeuplement du golfe.

XVIIIe siècle

À partir du XVIIIe siècle, la culture du cacao décline et est remplacée par celle de la jiquilite, plante qui sert de base à la production de la teinture indigo (couleur bleue), utilisé pour teindre les textiles. De fait, l’indigo devient le principal produit exporté du royaume du Guatemala. Cette nouvelle richesse entraîne l’émergence d’une classe aisée de créoles (descendants d’Espagnols nés aux Amériques) qui, peu à peu, à l’écoute des nouvelles de l’Europe, des révolutions et de l’invasion de l’Espagne par Napoléon, décident de prendre eux-mêmes leur destin en main. En outre, les guerres incessantes en Europe entraînent une baisse considérable du commerce transatlan­tique, dès 1793 : l’exportation d’indigo n’est plus aussi florissante. En 1811, les créoles, menés par le père José Matías Delgado, se révoltent contre l’autorité en place et obtiennent quelques concessions, même si les forces armées royales matent la rébellion dans le sang.

1821

Indépendance face à l'Espagne

Sans nouvelle révolte à mener, le Salvador obtient son indépendance le 15 septembre 1821, comme les autres pays d'Amérique centrale. Ce jour-là, les représentants des provinces d'Amérique Centrale, entre autres le Nicaragua, le Honduras et le Salvador, signent un acte par lequel la capitainerie du Guatemala déclare son indépendance et choisit de rejoindre l'Empire mexicain naissant. Cependant, les créoles salvadoriens ne désirent nullement se voir soumis à de nouvelles autorités, le Mexique d'Iturbide ou le Guatemala voisin. Une guerre civile (la première) en résulte. L'armée du Salvador, conduite par Manuel José de Arce, défait les Guatémaltèques, mais une offensive guatémaltèco-mexicaine en 1823 a raison du territoire… pour quelques semaines seulement, puisque le gouvernement d'Iturbide est renversé au Mexique, ce qui entraîne la fin de son éphémère empire.

1823-1841

République Fédérale d'Amérique Centrale

Après la chute d'Iturbe et de son empire, le 1er janvier 1823, l’Amérique centrale se déclare indépendante du Mexique et forme une Fédération des Provinces-Unies. L'année suivante, le pays naissant devient la République Fédérale d'Amérique centrale, qui regroupe cinq pays et leur reconnaît une importante souve­raineté nationale. Cela ne suffit pas à apaiser les rivalités des puissants, qui s’opposent entre libéraux (limitation du rôle de l’Église, capita­lisme) et conservateurs (structure politique traditionnelle, règne des latifundistes et de l’Église). Cette rivalité influera sur le destin de l’Amérique centrale tout au long du XIXe siècle.

Arce, un libéral, devient le premier président d’Amé­rique centrale en 1825, après une élection très contestée. Il doit composer avec les conserva­teurs et l’Église du Guatemala, dont le rôle est toujours primordial dans la vie politique locale. Une autre guerre civile (la deuxième) s’ensuit, entre 1827 et 1829. Les libéraux l’emportent et Francisco Morazán, du Honduras, devient le nouveau président de la Fédération, dont la capitale est déplacée à Sonsonate en 1834, puis à San Salvador en 1835. Cependant, la politique de colonisation territoriale des libéraux ne plaît pas beaucoup aux indigènes, spoliés injustement de leurs terres. En 1833, les Pipils se révoltent ; ils sont vaincus par Morazán mais une insurrection paysanne éclate alors au Guatemala, menée par Rafael Carrera. Celui-ci défait Morazán à Guatemala en mars 1840… entraînant la fin de la Fédération, moribonde depuis 1838. Logiquement, face à cette instabilité, les provinces d'Amérique Centrale commencent à déclarer leur indépendance. Le Salvador la proclame le 2 février 1841. Quelques jours plus tard, il publie la première constitution en tant qu'État souverain et indépendant.

1841-1871

Premières années républicaines

Les premières décennies de l'indépendance du Salvador sont caractérisées par une forte instabilité due à la rivalité entre les libéraux, qui recherchaient la libéralisation du commerce, la laïcité et l'union centraméricaine, et les conservateurs, qui cherchaient à maintenir un grand nombre d'institutions coloniales.

Le Salvador est théoriquement indépendant, mais Carrera le gouverne depuis le Guatemala jusqu’en 1856, quand le pays se déclare enfin république souveraine. En 1856 et 1857, l’armée salvado­rienne rejoint celles du Honduras et du Nicaragua pour chasser l’inopportun William Walker, ressou­dant pour un temps des liens distendus entre les républiques d’Amérique centrale. William Walker, aventurier et flibustier américain, tenta de conquérir plusieurs pays d’Amérique centrale, de la Basse-Californie mexicaine au Nicaragua. Il fut même président de ce dernier de 1856 à 1857. Le commandant en chef qui défit Walker, Gerardo Barrios, devient président du Salvador en 1858 et engage de profondes réformes écono­miques, encourageant pour la première fois la production du café. Le Salvador se convertit alors en plus grand exportateur mondial de bálsamo (baume ou arbre balsamique, utilisé pour les produits chimiques et médicinaux). L’Église doit se soumettre à l’État. Mais le conservateur Carrera (toujours en place au Guatemala) n’apprécie pas et lance une offensive contre Barrios, qu’il bat en 1863, avant d’installer Francisco Dueñas à la présidence du Salvador.

1871-1931

La République du café

Les élections qui suivirent furent cependant favorables aux libéraux, qui gouvernèrent le pays de 1871 à 1944. La société salvadorienne est alors en plein changement. La culture du café devient prédominante, remplaçant celle de l'indigo (en chute libre depuis l'invention de procédés chimiques dans les années 1850) et provoquant, une fois de plus, une fracture irrévocable entre des riches puissants et une écrasante majorité de pauvres paysans. Cette République du café voit en effet les gouvernements libéraux voter des lois permettant à certaines oligarchies de s'emparer de vastes étendues de terres face au boom du café.

Le Salvador devient vraiment indépendant de tout contrôle guatémaltèque en 1885. Le changement dans le pays est tel, grâce aux revenus du café, à la construction de routes, de ports et de toutes sortes d'infrastructures, que le Salvador est considéré au début du XXe siècle comme le pays le plus avancé de la région. Cette image masque cependant des réalités beaucoup plus dramatiques. L'extension des terres exploitées pour la culture du café se fait au prix d'une spoliation des petits paysans et des autochtones. La nourriture n'est plus produite en quantité suffisante et le prix des biens de première nécessité augmente ; parallèlement, la croissance démographique prend une ampleur sans précédent. L'élite du café, dénommée « les quatorze familles », fait la pluie et le beau temps dans le pays jusqu'à la Première Guerre mondiale. Cette situation devient intolérable pour le peuple et les intellectuels entrent en scène ; en 1930, Alberto Masferrer fonde le Parti des travailleurs (PT) et réclame une prise de conscience de l'élite en place. Agustín Farabundo Martí, pour sa part, engage une lutte beaucoup plus radicale : il fonde des cellules du Parti communiste. La dépression qui suit le krach boursier de 1929 conduit le candidat du PT, Arturo Araujo, à la présidence en 1930. Cependant, le gouvernement n'est pas soutenu par les potentats économiques et l'armée règle l'affaire en renversant Araujo le 2 décembre 1931.

1931

Premier gouvernement militaire

Aussitôt, Martí déclenche une « guérilla » rurale ; ses troupes manient… la machette. Le nouveau président Hernández Martínez envoie l’armée mettre fin une nouvelle fois à cette insolente insoumission : entre 10 000 et 30 000 Salvadoriens sont exécutés ! La culture autochtone, encore vivace, est pratiquement annihilée en 1932 ; les survivants sont contraints d’adopter les coutumes des métis. On connaît ce sombre épisode sous le nom de la Matanza (le massacre). L’élite, terrifiée, se replie davantage sur elle-même et le pays plonge dans une semi-dictature où l’armée tient les rôles majeurs de la politique. Toute dissidence est supprimée.

1944

En 1944, un mouvement estudiantin et ouvrier renverse Martínez, mais l’armée continue à tenir les rênes du pouvoir ; les syndicats peuvent toutefois se former. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’économie salvadorienne se diversifie enfin. Une classe moyenne se constitue et se développe, mais les classes défavorisées sont de plus en plus laissées de côté. En effet, les produits de l’agriculture sont majoritairement destinés à l’exportation et les microcultures locales de subsistance ne suffisent pas à nourrir une population en pleine croissance.

1893-1977

José Arturo Castellanos

José Castellanos, officier militaire et diplomate, est un personnage emblématique de l'histoire du Salvador. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il était consul général du Salvador à Genève, on estime qu'au total entre 35 et 50 000 vies ont été sauvées grâce à lui, en délivrant clandestinement à des Juifs de toute l'Europe des certificats de nationalité salvadorienne.

En 1938, il est affecté au consulat salvadorien à Hambourg. Face à la situation désespérée des Juifs en Allemagne à la fin des années 1930, il demande à ses supérieurs l'autorisation de délivrer des visas permettant aux Juifs de quitter l'Allemagne. Il reçoit l'ordre écrit de ne pas délivrer de tels visas. Le 2 janvier 1939, il envoie une lettre au ministre des Affaires étrangères du Salvador, décrivant la situation critique des Juifs et essayant de le persuader de changer sa politique, mais en vain. En 1941, Castellanos devient consul du Salvador à Genève. Au cours de cette période, Castellanos décide de s'écarter de ses instructions. Son consulat fournit des certificats de citoyenneté à des milliers de Juifs de l'Europe occupée afin de les protéger de la déportation. Cette opération de sauvetage a été menée conjointement par Castellanos et George Mandel, un homme d'affaires juif hongrois. En mai 1944, le gouvernement du Salvador change et le nouveau président s'aligne sur d'autres pays occidentaux enclins à sauver les Juifs. Castellanos reçoit dès lors le soutien de son pays pour son activité de sauvetage. L'exploit du diplomate salvadorien est resté inconnu pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu'une valise contenant plus de 1 000 certificats de nationalité salvadorienne soit découverte à Genève en 2005. Le 3 mai 2010, Yad Vashem a reconnu José Arturo Castellanos comme Juste parmi les Nations.

1961

En 1961, le pays intègre le Marché commun centraméricain (MCCA), favorisant l’exportation des produits nationaux. Des investissements étrangers donnent un petit coup de fouet aux structures traditionnelles en place. À cette époque, le Parti libéral, qui a plus ou moins géré la politique depuis les années 1860, sombre dans l’oubli. Le Parti de la révolution unifi­catrice démocratique (PRUD) est au pouvoir jusqu’en 1961, avant d’être remplacé par un parti aux idées très semblables, le Parti de la coalition nationale (PCN). Dirigé par le général Julio Rivera, ce parti gouverne le pays jusqu’en 1979.

1964

En 1964, José Napoleón Duarte, du Parti démocrate chrétien (PDC), est élu maire de San Salvador. Cet homme va peu à peu s’affirmer comme une figure essentielle de la vie politique salvadorienne.

1969

Guerre du football

En 1969 éclate la fameuse « guerre du football » avec le Honduras ; le conflit s’est en effet déclenché à la suite des matchs préliminaires de qualification pour la Coupe du monde, mais le sport n’était qu’un prétexte pour régler le différend concernant quelque 300 000 Salvadoriens vivant illéga­lement sur le territoire hondurien et fuyant un pays qui ne les reconnaît pas. Quand le Honduras vote une loi agraire qui chasse la plupart des Salvadoriens de leur terre d’accueil et les oblige à rentrer au bercail, les relations diplomatiques sont rompues. Le 14 juillet, des troupes salva­doriennes envahissent le pays voisin, pénétrant d’au moins 120 kilomètres à l’intérieur des terres catrachas. Le Honduras réplique en bombardant les ports et les dépôts de carburant du Salvador. Rapidement, l’Organisation des États d’Amérique (OEA) négocie un cessez-le-feu et les troupes salvadoriennes se replient le 3 août. Un traité de paix ne sera signé qu’en 1980, mais seule la décision de la Cour internationale de justice en 1992, délimitant une bonne fois pour toutes les frontières des deux pays, met un terme aux rancoeurs et aux disputes… à la plupart, tout du moins, puisque le véritable règlement n’inter­viendra qu’en 1999. Le retour de ces paysans salvadoriens dans un pays en pleine crise sociale et humanitaire est un (nouveau) coup dur pour l’économie. Le gouvernement est de plus en plus critiqué.

1972

Lors des élections de 1972, le candidat Duarte, dont la popularité augmente chaque jour, l’emporte selon toute apparence, mais le colonel Arturo Molina (candidat du gouvernement) est déclaré vainqueur ! Duarte est arrêté puis exilé. La répression militaire fait la chronique quotidienne du Salvador pendant les sept années qui vont suivre. Des groupes paramilitaires (formés en escadrons, comme le terrible Orden) assassinent de nombreux activistes, prêtres et opposants. À la même époque, des groupes de guérilléros se forment pour lutter contre l’oppression.

1979-1992

La guerre civile

La répression et l'inégalité sociale seront les causes du déclenchement d'une guerre civile sanglante, au cours de laquelle une coalition de révolutionnaires de gauche prend les armes face à un gouvernement ploutocrate. La révolution victorieuse des sandinistes au Nicaragua, en 1979, donne des idées aux groupes révolutionnaires du Salvador. Les militaires sentent d'ailleurs venir le coup et renversent le gouvernement en place en octobre de la même année. Plus conciliants que dans bon nombre de pays latino-américains, ils acceptent des partisans de gauche pour participer à une junte collective. Orden est dissout, mais d'autres escadrons se forment, poursuivant leur politique d'extermination et de torture. Moyennant quoi, la plupart des civils membres de la junte démissionnent, indignés. En janvier 1980, le PDC accepte de collaborer avec les militaires pour former une nouvelle junte, dirigée par Duarte qui revient d'exil. Duarte essaie tant bien que mal de colmater les brèches de l'économie salvadorienne. Mais les militaires, dans l'ombre, ne jouent pas le jeu. En 1980, l'archevêque de San Salvador, Óscar Arnulfo Romero, est assassiné en plein service religieux, ainsi que plusieurs membres du PDC et trois religieuses catholiques (après avoir été violées). Plus tard, cinq membres de la garde nationale du Salvador ont été convaincus du massacre. La guérilla de Farabundo Martí déclare alors la guerre au gouvernement. Les kidnappings, le sabotage, les assassinats deviennent le quotidien du Salvador. Peu à peu, la guérilla en vient à contrôler certaines régions du pays et demande des rançons pour la libération des latifundistes. Les paramilitaires répliquent. La population civile est la première à en souffrir. Un nouveau parti politique voit alors le jour : l'Arena, organisé par Roberto d'Aubuisson qui, soit dit en passant, était accusé d'avoir pris part à l'assassinat de l'archevêque Romero. Les élections de 1982 (auxquelles les partis de gauche refusent de participer) sont remportées par le parti d'Aubuisson, qui devient le chef de la Convention constitutionnelle salvadorienne, laquelle promulgue une nouvelle Constitution en 1983 : le gouvernement revient enfin aux civils. Duarte est élu président en 1984 mais ne parvient pas à mettre un terme à la guerre civile. En 1987, il signe toutefois le plan Arias engageant enfin un processus de paix au Salvador. En 1988, dans un pays complètement défiguré, l'Arena remporte les élections présidentielles. Les accords de Chapultepec sont signés en 1992 entre le Front de libération national Farabundo Martí (FMLN) et le gouvernement, sous l'égide des Nations unies. La garde nationale est abolie, tandis que les groupes de guérilléros sont dissous.

Le bilan du conflit fait froid dans le dos : au moins 75 000 morts et des milliers de blessés, déplacés, sans passé ni avenir. Des massacres abominables de civils, comme celui du village d'El Mozote, dans le nord-est du pays, en 1981. Des centaines de milliers d'autres ont fui le pays vers les États-Unis. Une « Commission de la vérité » des Nations unies a enquêté sur les massacres perpétrés et a rendu son rapport le 15 mars 1993, recommandant que les coupables soient jugés et punis. Toutefois, l'Assemblée législative a décidé l'amnistie pour tous les criminels de guerre, dont des officiers militaires accusés d'avoir assassiné six prêtres jésuites à l'université d'Amérique centrale en 1989. Des coupes franches ont tout de même été effectuées dans l'administration et l'armée, et une nouvelle Cour suprême a vu le jour en 1994.

1917-1980

Óscar Romero

Óscar Arnulfo Romero y Galdámez était l’archevêque catholique de San Salvador. Il meurt assassiné le 24 mars 1980 pour avoir été le défenseur des droits de l’homme et particulièrement des paysans et des pauvres de son diocèse et de son pays. Considéré comme le saint patron officieux des Amériques et de San Salvador, il a été béatifié en 2015 par le pape François.

Sa vie publique démarre, en 1966, avec sa nomination comme secrétaire de la conférence épiscopale du Salvador. Il devient archevêque de San Salvador en 1977. Considéré comme conservateur, sa nomination est d’abord bien accueillie par l’oligarchie salvadorienne. Le clergé plus progressiste redoute son opposition aux engagements vis-à-vis des plus pauvres. Mais le 12 mars 1977, l’assassinat d’un ami et prêtre de son diocèse, Rutilio Grande, avec deux compagnons de voyage par un escadron de la mort (soutien du pouvoir en place) va tout changer dans sa façon de voir la politique et l’Église. Dès lors, il demande une enquête (qui n’aura jamais lieu) et refuse de participer à tout acte officiel. Désormais il ne craint plus de dénoncer ouvertement la pauvreté, l’injustice sociale, les assassinats et les actes de torture. Quand, en 1979, une junte gouvernementale prend le pouvoir, Óscar Romero dénonce l’aide militaire apportée au nouveau régime par les États-Unis. Les actions de Mgr Romero gagnent en notoriété. En visite en Europe, il rencontre le pape Jean- Paul II et lui fait part de la situation de son pays où le gouvernement use régulièrement de la torture et de l’assassinat. Sa dénonciation des crimes, enlèvements et assassinats menés quotidiennement par l’armée salvadorienne et les escadrons de la mort le font passer pour un dangereux agitateur aux yeux du pouvoir en place. Le 23 mars 1980, il prononce un sermon dans la basilique du Sacré-Coeur de San Salvador, qui signera son arrêt de mort. Mgr Romero lance en effet un appel directement aux soldats face aux exactions de l’armée afin qu’ils cessent la répression. Le lendemain, alors qu’il célèbre la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence, un coup de fusil atteint l’archevêque en pleine poitrine. Ses funérailles sont suivies par 350 000 personnes à San Salvador dont 300 prêtres et 31 évêques du monde entier. Alors que la messe commence, une bombe éclate et des coups de feu provoquent un début de panique parmi la foule. La messe de funérailles ne pouvant se terminer, le corps de Mgr Romero est enterré à la hâte dans une tombe située dans le transept droit de la basilique du Sacré-Coeur. L’assassin de Mgr Romero ne fut officiellement jamais retrouvé.

L’héritage politique et spirituel d’Óscar Romero fait l’objet d’analyses divergentes. Jugé tantôt agitateur, tantôt martyr, la question de sa mémoire crée souvent des polémiques entre les partis de gauche et de droite qui, pour les premiers, le voient comme un martyr et un héros de la nation, pour les seconds comme un agitateur et un conspirateur. Pour autant, le 24 mars 2010, lors du trentième anniversaire de la mort d’Óscar Romero, l’ancien président Mauricio Funes a présenté au nom de l’État des excuses officielles pour ce meurtre. Qualifié par le Vatican de « prophète de l’espérance », les papes Benoît XVI puis François encouragent le procès en béatification d’Óscar Romero, qui a finalement lieu en 2015. Le pape Jean-Paul II, qui l’avait rencontré quelques années avant son assassinat, lui a décerné le titre de « serviteur de Dieu ».

Années 1990

Lors des élections de mars 1994, le FMLN (reconnu officiellement en décembre 1992) et d’autres partis de gauche forment une coalition. Cependant, le candidat d’Arena, Calderón Sol, jouit d’une certaine popularité en raison des accords de paix définis par son prédécesseur et d’une certaine amélioration économique. Sol remporte l’élection avec pas moins de 68 % des voix. Les chiffres officiels sont avantageux pour le Salvador dans les années 1990, mais la réalité du terrain vient les infirmer. La malnutrition s’étend. Les problèmes économiques récurrents dans le pays depuis l’indépendance subsistent.

Années 2000

Les politiques néolibérales en vigueur dans le pays modifient le paysage économique : « dollarisation » depuis le 1er janvier 2001, investissements étrangers de plus en plus importants, politique néolibérale à tout vent. C’est alors qu’un terrible tremblement de terre bouleverse la côte du Salvador en janvier et février 2001, causant la mort de près d’un millier de personnes.

L’accent a également été mis sur la sécurité, un problème récurrent dans ce pays soumis à la violence des gangs maras. La loi Mano dura (« main ferme ») a été mise en place afin de lutter contre la criminalité. Selon les informations officielles, la criminalité a fortement chuté en 2003… même si les petits crimes restent légion. L’année suivante, la loi Super mano dura est votée, mise en place et obtient les mêmes résultats. En 2004, le candidat de l’Arena, Antonio Saca, remporte une victoire facile sur le candidat du FMLN, Schafik Handal. Saca est un riche homme d’affaires qui est bien décidé à poursuivre la politique économique ultralibérale de son prédécesseur : il recherche les États-Unis comme alliés.

2009-2019

Le FMLN au pouvoir

Le 15 mars 2009, le candidat du FMLN Mauricio Funes est élu président du Salvador avec 51 % des voix, mettant ainsi fin à vingt ans d’hégémonie d’Arena. Après avoir visité la tombe de l’archevêque Óscar Romero, assassiné en 1980, il prend ses fonctions en juin 2009. Funes est accompagné de Salvador Sánchez Cerén, vice-président et dernier leader de la guérilla parmi les membres du FMLN. Lors de son discours d’investiture, il annonce le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, rompues depuis 1959. Funes est le premier candidat de son parti à l’élection présidentielle à ne pas avoir participé à la guerre civile. Grâce à une alliance avec le parti Gana, le FMLN arrive à disposer d'une faible majorité au Parlement. Toutefois, cette forte polarisation et cette majorité très juste engendrent d’énorme litiges lors des votes. De très nombreux prêts destinés à des secteurs comme la santé ou l’éducation sont en attente forcée face au blocus d’Arena dont les voix sont indispensables pour leur ratification. Le 1er juin 2014, l’ancien vice-président Salvador Sánchez Cerén prend ses fonctions de président de la République.Il est le premier ancien militant guérilléro à devenir président du Salvador, deux décennies après la fin de la guerre civile. Dès le début de son mandat, il doit faire face à des problèmes sanitaires : la dengue mais aussi le chikungunya sont notamment apparus dans la région d’Ayu­tuxtepeque. L’eau potable est un des chevaux de bataille du nouveau gouvernement qui va investir 400 millions de dollars en cinq ans pour permettre à la population d’y accéder.

1er juin 2019

L’élection de Nayib Bukele à la présidence du Salvador a été un tournant historique pour le pays, car il a rompu avec le système du bipartisme existant depuis la fin de la guerre civile en 1992.

Bukele est un jeune homme d’affaires, ancien maire de la capitale San Salvador, il est devenu le symbole du renouveau politique, promettant de prendre un tournant radical dans la gestion du pays à une population lasse de la pauvreté et de la violence qui lui a valu l’un des taux d’homicides les plus élevés au monde.

Depuis qu’il a pris ses fonctions, Bukele a été sévèrement critiqué pour certaines de ses décisions, en particulier par les organisations internationales et les organismes de défense des droits de l’homme. Ses affrontements publics avec l’assemblée nationale et la Cour suprême et ses mesures drastiques face à la pandémie de coronavirus ont conduit certains à l’accuser d’autoritarisme et de vouloir accumuler tous les pouvoirs au point de mettre en danger la jeune et fragile démocratie.

Malgré les critiques, Bukele bénéficie du soutien massif et majoritaire de la population salvadorienne selon les sondages. Sa lutte musclée contre les gangs jouit d'une grande popularité. Il a fait remplacer tous les juges de la Cour suprême en y nommant des juges acquis à sa cause. Cette dernière l'autorise à briguer un second mandat en 2024, ce que la constitution du pays ne permet pas et interdit, à l'unique condition qu’il quitte ses fonctions de président avant la fin de son premier mandat, ce qu'il fait le 30 novembre 2023.

Nayib Bukele remporte les élections présidentielles de 2024 dès le premier tour avec plus de 84 % des voix.

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Découvrez El Salvador

Quand on rêve de vacances en Amérique centrale, on pense au Guatemala et au Costa Rica mais rarement au Salvador. Et pourtant…

Le pays ne mérite pas d'être ignoré, car c'est le concentré du sous-continent. Le « Petit Poucet » de l'Amérique latine est réduit dans ses dimensions mais grand dans ce qu'il a à offrir. Hors de la sphère touristique, c'est un pays coloré et attachant. C'est ainsi qu'il garantit aux amateurs d'authenticité la possibilité de s'imprégner d'une culture originale. Venez prendre le pouls de sa population très accueillante et vivre des expériences inoubliables à son contact.

Après avoir réussi la transition démocratique au sortir de la guerre civile en 1992, après avoir commencé à résoudre le problème de la violence des gangs, le pays s'ouvre lentement au tourisme. Apprivoisez et choisissez ce pays, il est là pour vous accueillir en toute simplicité. Cela est suffisamment rare pour ne pas s'en priver.

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