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Une double particularité au sein de l’Union européenne

Malte et Gozo abritent plus de 518 000 personnes selon les statistiques publiées à la fin 2022. C’est  la plus forte augmentation de population au sein de l’Union européenne (+ 9,8 % entre 2019 et 2023). Cette augmentation n’est pas due à la progression de la natalité car le taux de natalité maltais est en baisse : 1, 23 aujourd’hui contre 1,43 il y a 10 ans et 9,2 naissances pour 1 000 habitants dans l’archipel contre 9, 7 dans l’Union européenne, mais elle traduit surtout la progression de l’immigration économique et plus marginalement le nombre de touristes qui s’y installent. Une personne sur 7 vivant à Malte est un étranger, soit le double de la moyenne européenne (14 % à Malte contre 7,8 % dans l’UE – source Eurostat). L’autre particularité de Malte au sein de l’Union européenne, c’est sa densité. Bien qu’il s’agisse du plus petit État de l’Union européenne, c’est aussi le plus densément peuplé, avec 1 641 habitants au km2 et une densité qui atteint 4 550 habitants au km2 dans les zones urbaines qui accueillent près de 95 % des habitants de Malte. D’où ce sentiment de « grande banlieue » en progression perpétuelle autour de La Valette mais aussi dans toute la partie nord-est de l’île en allant jusqu’au centre (Attard, Birkirkara, Qormi). Les projections dans le futur soulignent une progression de ces deux données. On estime que d’ici 2030 l’archipel maltais pourrait atteindre une population de 835 000 habitants, avec une densité urbaine de 6 700 personnes par km2, au point de devenir une cité-État à l’image de Hong Kong. Par ailleurs, l’archipel maltais observe d’autres tendances, identiques celles-là au reste de l’Union européenne. L’âge moyen des femmes maltaises au premier bébé est passé de plus de 28 ans à plus de 30 ans. Et on y vit plus longtemps, jusqu’à plus de 82 ans en moyenne (près de trois ans gagnés en 10 ans). En revanche, l’immigration a changé une autre donnée : plus nombreuses que les hommes jusqu’en 2008, les femmes sont désormais dépassées depuis 2014.

Diaspora et immigration

Exiguïté de l’île et densité de la population s’accompagnant de ressources limitées et d’une agriculture insuffisante vont provoquer une immigration qui s’est accélérée au XIXe siècle pour atteindre son apogée dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale. On estime qu’entre 1948 et 1967, c’est 30 % de la population maltaise qui émigre. Au XIXe siècle, la plupart des migrations se font vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, en particulier vers l’Égypte, l’Algérie et la Tunisie, car le Maghreb français a alors besoin de main-d’œuvre. Après la décolonisation, la plupart des émigrés maltais ne peuvent plus, pour des raisons économiques, retourner dans leur pays où la situation est toujours difficile. Quelques-uns rejoignent la France et plus particulièrement Marseille, se mêlant aux Pieds-Noirs. D’autres suivent les nouvelles vagues de migrations maltaises vers l’Australie, les États-Unis, l’Angleterre et le Canada. On peut ainsi trouver des associations maltaises, des radios maltaises, des clubs de football maltais ou des bouteilles de Kinnie au fin fond de l’Australie. Aujourd’hui, l’émigration est en très forte baisse et orientée presque exclusivement vers l’Angleterre. Mais la proportion de Maltais vivant à l’étranger est excédentaire. Les Maltais émigrés à l’autre bout du monde reviennent de temps en temps en vacances ou définitivement. Leurs enfants ne parlent parfois pas maltais. Ce sont eux que l’on rencontre, nombreux, aux cours de maltais proposés par le gouvernement. Aujourd’hui, Malte est aussi devenue une terre d’immigration. La plupart des étrangers résidant sur l’île sont des expatriés et des retraités britanniques, attirés par le soleil, et demeurant principalement à Sliema et dans les banlieues modernes. D’autres petits groupes comme les Italiens, les Français et les Libanais s’y sont aussi intégrés au fil des années. Depuis la fin du XXe siècle, Malte est aussi devenue un pays de transit sur les routes migratoires entre l’Afrique et l’Europe. Et avec l’intégration dans l’espace Schengen, les migrants irréguliers sont soumis à une politique de détention obligatoire et maintenus dans plusieurs camps gérés par l’AFM (forces armées maltaises). Leurs conditions de détention ont été dénoncées par plusieurs ONG et pointées du doigt par la Cour européenne des droits de l’Homme en juillet 2010. Il existe à La Valette une petite communauté juive et, à Birgu, l’ancien ghetto juif rappelle la présence ancestrale de cette religion à Malte. La communauté indienne (Commonwealth oblige) est assez active dans le domaine commercial. Vous remarquerez la présence de certains noms indiens sur les enseignes des boutiques de Republic Street. La communauté asiatique, chinoise principalement, est également présente et les restaurants chinois se multiplient dans les zones touristiques. La communauté musulmane (3 000 personnes) est surtout constituée de Libyens, les relations commerciales étant très développées entre les deux pays malgré les nouvelles restrictions dues à l’entrée de Malte dans l’Union européenne. La seule mosquée de Malte se situe à Paola.

Une langue sémitique unique

Le maltais est une langue afro-asiatique appartenant à la famille des langues sémitiques. C’est la langue nationale de Malte et elle fait partie des deux langues officielles de l’île, avec l’anglais depuis 1934. Année qui marque aussi l’officialisation de son alphabet, de son orthographe et de sa grammaire. C’est la seule langue sémitique qui soit transcrite au moyen de l’alphabet latin, enrichi de diacritiques comme le point suscrit et la barre inscrite (les accents). On considère que son origine est l’arabe sicilien et qu’il est particulièrement proche de l’arabe tunisien, du fait des liens historiques entre les deux pays. Aujourd’hui, on estime à 500 000 le nombre de personnes parlant le maltais, dont 400 000 à Malte. S’ils parlent maltais entre eux, la plupart des Maltais sont bilingues et l’anglais sera votre langue de communication la plus fréquente même s’ils sont un certain nombre à parler le français. Comme ce malti est une composante de l’identité maltaise, certains reprochent aux médias locaux de privilégier l’anglais et aspirent à des mesures radicales qui viendraient protéger ce patrimoine.