300 000 ans avant notre ère

Les différentes fouilles archéologiques le prouvent : la Principauté était déjà habitée au temps de la Préhistoire, il y a plus de 300 000 ans. Des ossements d’animaux, qui ont servi de nourriture aux Hommes préhistoriques qui s’y étaient établis, ont été retrouvés dans une caverne de l’actuel Jardin Exotique. Le Musée d’Anthropologie de Monaco expose quelques trouvailles, qui attestent de la présence de l’Homme en Principauté et sur la Côte d’Azur, où la douceur du climat semblait déjà être attractive.

Vie siècle av. J.-C.

Si vous vous demandiez d’où Monaco tient son nom, sachez qu’il trouve ses origines dans le terme grec « Monoïkos », qui signifie « vivre seul ». Il s’agit du nom de la première peuplade installée sur le Rocher, au VIe siècle avant J.-C. Ce peuple sédentaire était constitué de Ligures, et avait émigré de Gênes, en Italie. Adorateur du demi-dieu Hercule, il fut chassé par les Romains en 122 avant J.-C.

Ve – XIIIe siècle

Cette domination ne dura qu’un temps. En 476, l’Empire romain d’Occident s’effondre et les Sarrasins et autres tribus barbares germaniques en profitent pour ravager le territoire. Pratiquement dépeuplé, Monaco doit attendre l’an 972 pour voir les Sarrasins expulsés par le Comte de Provence. Au XIe siècle, les Ligures sont de retour en terre monégasque. La ville de Gênes se voit octroyer la souveraineté de Monaco par l’empereur romain. 104 ans plus tard, les Gibelins, partisans de l’Empereur, commencent à construire une forteresse sur le Rocher de Monaco, endroit stratégique pour contrer leurs ennemis, les Guelfes, partisans du Pape.

Mais les Gibelins auraient dû se méfier. Dans la nuit du 8 au 9 janvier 1297, un moine franciscain se présente avec un compagnon aux portes de la forteresse. Les soldats ne voient pas la supercherie et découvrent avec stupeur que le moine est armé. C’est François Grimaldi, un Guelfe, qui profite de la confusion générale pour faire entrer ses soldats et s’emparer de l’édifice. De ce jour, François Grimaldi est surnommé Malizia, le rusé, et les armes de Monaco représentent deux franciscains armés d’une épée.

La victoire est de courte durée. Quatre ans seulement après avoir mené l’assaut, François Grimaldi et son cousin, Rainier Ier, sont contraints de quitter la forteresse, que les Gibelins viennent de reprendre. Les Guelfes obtiennent l’amnistie et Monaco repasse sous la tutelle de Gênes. François étant resté sans enfants, ce sont donc les descendants de Rainier Ier qui forment l’actuelle dynastie Grimaldi.

Statue de François Grimaldi à Monaco © Shevchenko Andrey - shutterstock.com.jpg

XIVe – XVIe siècle

Le fils de Rainier, Charles Ier, reprend le combat pour le Rocher. Luttant à nouveau contre Gênes, il finit par occuper la ville en 1331, mais ne sera reconnu Seigneur de Monaco qu’onze ans plus tard. Il meurt au combat en 1357, après un nouvel assaut des Gibelins pour récupérer le Rocher. Impuissants, les Grimaldi capitulent. L’occupation génoise dure trente-huit ans. Les trois petits-fils de Charles, Ambroise, Antoine et Jean Ier, parviennent à récupérer le Rocher et deviennent coseigneurs en 1407. Roquebrune, Menton et Monaco forment alors un seul et même territoire. Mais rien n’est encore gagné : Gênes continue de batailler pour reconquérir les terres. Après la mort de Jean Ier, sa petite-fille, Claudine, doit faire perdurer le nom des Grimaldi, alors qu’elle n’a que six ans. Une solution est toute trouvée : l’enfant sera mariée à son cousin, Lambert Grimaldi, Seigneur de Menton, âgé de 45 ans. A seulement 14 ans, Claudine l’épouse et Lambert obtient, en 1489, la reconnaissance de l’indépendance de Monaco par le Roi de France. Après une dernière tentative en 1509, Gênes renonce définitivement à Monaco.

XVIe – XVIIe siècle

Parmi les quatorze enfants issus de l’union entre Claudine et Lambert, trois en particulier ont marqué l’Histoire des Grimaldi : Jean II, Lucien et Augustin. Jean II entreprend des travaux de grande ampleur au sein du Palais. Mais il ne se doute pas que dans l’ombre, son cadet Lucien nourrit une réelle jalousie et convoite son trône. Jean est assassiné par son frère dans la nuit du 10 octobre 1505. Lucien ne sera jamais condamné pour cet acte mais connaîtra le même sort : il meurt assassiné par son neveu en 1523, Barthélémy Doria, membre d’une puissante famille génoise, ennemie des Grimaldi.

Augustin devient Seigneur de Monaco. Le roi de France refusant de faire arrêter l’assassin de son frère, Augustin doit changer de stratégie… et d’allié ! Il se tourne vers Charles Quint, qui mobilise 700 soldats et les met à disposition du Seigneur de Monaco. Mais il en profite également pour placer le Rocher, le port et le territoire monégasque sous protectorat espagnol. Les Grimaldi, qui se sont tant battus pour leur indépendance, se voient désormais dépossédés de leur autorité.

Plus d’un siècle plus tard, les sujets monégasques s’unissent et déclarent que Monaco appartient aux Grimaldi. Ils se mobilisent et refusent d’un bloc l’annexion par la république de Gênes et l’alliance avec le Roi de France.

1641

Honoré II devient Seigneur de Monaco en 1612. C’est à cette date que le Palais, les maisons et le port constituent « une Principauté ». Le Prince apparaît pour la première fois sur les pièces de monnaie. Mais Monaco est toujours sous protectorat, aussi Honoré II se donne-t-il pour mission de mettre fin à la domination espagnole. Et quel meilleur allié contre l’Espagne que la France ?

Honoré II entreprend des négociations secrètes avec le Cardinal Richelieu, alors au service de Louis XIII. Le Cardinal est enchanté, car il y voit une très belle opportunité pour affaiblir les Espagnols. Le Prince de Monaco et le Roi de France signent le Traité de Péronne en 1641, qui stipule que le Roi accorde sa protection à Monaco et se porte garant de ses biens et de ses privilèges. Fort de cet accord, Honoré II chasse les désormais envahisseurs espagnols. Les relations entre le Royaume et la Principauté sont considérablement renforcées : le petit-fils d’Honoré est baptisé Louis Ier. Monaco bénéficie de la protection du royaume le plus puissant d’Europe. Les Princes se succèdent, entreprennent des travaux d’ampleur, avant que cette ère prospère ne prenne fin brutalement en 1792, sous Honoré III.

1793

Monaco n’échappe pas à la colère qui secoue la France en cette fin du XVIIIe siècle. En 1793, la Principauté est intégrée au territoire français sous le nom de Fort Hercule. Honoré III est déchu de son titre, ses richesses sont dispersées, pillées ou vendues. Après 59 ans de règne, il est jugé coupable de haute-trahison par les révolutionnaires et condamné à la prison à vie. Sa belle-fille, Marie-Thérèse de Choiseul, est condamnée à mort. Prétendant d’abord être enceinte pour retarder l’échéance, elle est tout de même guillotinée à seulement 27 ans. La légende raconte qu’avant de monter à l’échafaud, elle se serait entaillé la main avec un bout de verre, pour mettre un peu de rouge sur ses joues, afin de ne pas montrer le moindre signe de trouble à ses bourreaux.

XIXe siècle

Il faudra attendre 1814 pour que le fils aîné d’Honoré III, Honoré IV, bénéficie de la restauration Princière, grâce au Traité de Paris. Mais un an plus tard, le Traité de Vienne annule celui de Paris et place Monaco sous la protection du roi de Sardaigne. Le second fils d’Honoré IV, Florestan Ier, monte sur le trône. Sous son règne, Monaco s’étend sur 24km2, grâce à Roquebrune et Menton. Mais ces deux communes se déclarent « villes libres » en 1848 et Monaco perd 80% de ses terres ! Le fils de Florestan, Charles III, lui succède en 1856 et parvient à rétablir l’indépendance monégasque en 1861.

1863

Charles III doit faire face à un défi de taille : avec la perte de Menton et de ses agrumes, Monaco n’a plus de ressources économiques. La solution va venir d’un couple, tout droit arrivé d’Allemagne : François et Marie Blanc.

François voit en Monaco une opportunité en or. Il connaît le potentiel que représentent les jeux d’argent, interdits en France.

Charles III s’allie donc à François Blanc, qui lance la construction d’un casino dans un décor marin et ensoleillé, à destination des touristes. Ne voulant pas prendre le risque de voir sa population ruinée par les jeux, Charles III les interdit aux Monégasques, loi encore en vigueur aujourd’hui. Mais pour les touristes, pas de restrictions et la Société des Bains de Mer voit le jour en 1863. Le couple Blanc entreprend des travaux de grande ampleur : il reprend le chantier de l’Hôtel de Paris, et fait construire le Café Divan, connu aujourd’hui sous le nom de Café de Paris. La Principauté assiste à la naissance du somptueux Opéra de Monte-Carlo, construit par Charles Garnier, inauguré en grandes pompes avec la célèbre actrice Sarah Bernhardt. Ce nouveau quartier huppé est baptisé « Mont-Charles » : Monte-Carlo.

Une nouvelle ère commence alors pour la Principauté, devenue extrêmement attractive. Les touristes et les souverains étrangers veulent tous venir sur le Rocher. Charles III initie la création de l’hymne national monégasque et du drapeau rouge et blanc, couleurs des armes des Grimaldi. Il laisse derrière lui une Principauté considérablement redressée et un fils : Albert Ier.

Casino de Monte Carlo © clu - iStockphoto.com.jpg

1911

Albert Ier est fasciné par le monde marin et par les origines de l’Homme. Il fait construire le Musée Océanographique, le Musée d’Anthropologie préhistorique et le Jardin Exotique. En tout, Albert Ier mène 28 expéditions scientifiques. Monaco devient l’endroit de référence pour la science et la recherche.

Mais en parallèle, la Principauté est devenue si attractive qu’en cinquante ans, la population est passée de 1 000 à 20 000 habitants, dont seulement 7% sont nationaux. Le peuple se soulève en 1910, furieux de voir le pays appartenir majoritairement aux résidents fortunés. Le Prince accepte de renoncer aux pleins pouvoirs et de faire de Monaco une monarchie constitutionnelle. Le Conseil national et la Constitution monégasque naissent en 1911.

1914 – 1918

L’Europe est secouée par la guerre. Monaco déclare sa neutralité et le Prince fonde l’Institut International de la Paix, ancêtre de l’ONU. Son fils Louis rejoint les troupes françaises. En 1918, la France et Monaco signent secrètement le Traité de Paris : la France doit assurer à la Principauté la garantie et la protection de son indépendance et de sa citoyenneté. En contrepartie, Monaco s’engage à toujours agir en conformité avec les intérêts politique, militaire, naval et économique de la France. En 1922, Louis II succède à son père, à l’âge de 52 ans. Non marié, il n’a qu’une fille illégitime : Charlotte. Louis II la reconnaît officiellement et Charlotte épouse le Comte Pierre de Polignac. De leur union, naîtront une fille, Antoinette, puis un garçon : Rainier.

Avril 1956

Conformément à la loi salique, Rainier monte sur le trône le 19 novembre 1949, sous le nom de Rainier III. Face à la population toujours croissante, Rainier III entreprend de très grands travaux en Principauté dans les années 1960, et agrandit le territoire de 20% grâce à des extensions sur la mer.

Au début des années 1950, Rainier III rencontre la magnifique actrice américaine : Grace Kelly, alors en tournage à Cannes. Le coup de foudre est immédiat et le mariage est célébré en avril 1956, avec Alfred Hitchcock en personne pour témoin de la mariée. Un mariage filmé et suivi par le monde entier (30 millions de téléspectateurs).

De cette union naissent la Princesse Caroline, le Prince Albert et la Princesse Stéphanie. Ce mariage heureux contribue à l’attractivité de la Principauté, qui ne cesse de se développer. Évènements culturels et artistiques fleurissent, sous l’impulsion du Couple Princier, comme le Printemps des Arts ou le Festival de Télévision de Monte-Carlo. Rainier III promulgue une nouvelle Constitution, où il proclame la Souveraineté et l’indépendance de l’État monégasque. Mais les autorités françaises ne voient pas d’un très bon œil cette attractivité croissante, notamment en raison des grands avantages fiscaux accordés par la Principauté aux entreprises, salariés et résidents français en territoire monégasque. Pour apaiser les tensions, Rainier III décrète que seuls les Monégasques continueront de bénéficier de leurs avantages. Les nouveaux ressortissants français, eux, doivent y renoncer.

20 ans plus tard, la Principauté est frappée d’une terrible nouvelle : la Princesse Grace tant aimée décède brutalement dans un accident de voiture.

Rainier III © Chris Lawrence Travel - shutterstock.com.jpg

Années 2000

Le Prince Rainier III meurt en 2005, quelques années après avoir initié son dernier grand projet de construction : une immense digue flottante de 352 mètres qui sera le futur quartier Mareterra, prévu pour 2025. L’actuel Prince Albert II continue son œuvre.

Très engagé dans la préservation des océans et de l’environnement, il mène de nombreuses campagnes d’action et de sensibilisation à travers le monde, par le biais de sa Fondation, pour alerter sur les conséquences du réchauffement climatique. Il est d’ailleurs aujourd’hui le seul chef d’État en fonction à s’être rendu sur les deux pôles. En 2000, il rencontre la nageuse Charlène de Wittstock. Le mariage, très médiatisé, est célébré en juillet 2011. Les jumeaux princiers, le Prince héréditaire Jacques et la Princesse Gabriella, naissent en 2014.

De son côté, la Princesse Caroline de Hanovre, a créé l’association « Jeune, j’écoute » : un service téléphonique pour jeunes en détresse. Elle est également présidente du conseil d’administration et du conseil littéraire de la Fondation Prince-Pierre-de-Monaco.

La Princesse Stéphanie lutte activement contre le VIH, grâce à sa fondation Fight Aids Monaco.

Le Prince Albert II de Monaco baptise un appareil de recherche océanique de Geomar au nom de son arrière-grand-père (Kiel, septembre 2021) © penofoto - shutterstock.com.jpg