963

La naissance du Luxembourg

C’est vers 963 que le nom du Luxembourg apparaît pour la première fois : le comte Sigefroi acquiert de l’abbaye Saint-Maximin de Trèves, un fortin sis sur l’éperon rocheux du Bock, qui domine la vallée de l’Alzette. Ce bâtiment est appelé Lucilinburhuc (qui signifie « petit château »). Peu à peu, une agglomération s’étend autour de la forteresse, jusqu’à une ville au XIIe siècle.

La légende de Mélusine

Selon la légende, le comte Sigefroi avait épousé la fée Mélusine sous une condition particulière : celle-ci exigeait, un jour par semaine, de ne voir personne, pas même son mari. Après quelques années, la curiosité l’emportant sur la promesse, Sigefroi espionna sa belle par le trou de la serrure de sa chambre et s’aperçut qu’elle avait une queue de poisson. Réalisant qu’il avait épousé une sirène, le comte poussa un cri. Alertée, Mélusine comprit que son secret était découvert. Elle se jeta alors par la fenêtre sur les rochers du Bock et disparut dans un coup de tonnerre.

Statue Melusina de Serge Ecker, dans le quartier du Grund © ciwoa - Shutterstock.com.jpg

Du XVe au XVIIe siècle

Deux siècles, quatre royaumes

Du XIe au XIVe siècle, le comté du Luxembourg s’agrandit, au fil des mariages, héritages, achats et guerres. La dynastie des Namur-Luxembourg règne sur le territoire, qui fait partie du Saint-Empire romain germanique. Il devient un duché en 1354, afin de sceller l’union des différents comtés et marquisats rassemblés au fil du temps.

En 1437, la dynastie des Namur-Luxembourg s'éteint. Le duché passe brièvement aux mains des Habsbourg, mais, en 1443, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, conquiert la ville de Luxembourg. Le duché devient alors une province des Pays-Bas bourguignons. Il partage le même espace politique que la Belgique et les Pays-Bas.

Ce vaste territoire passe sous la domination espagnole lors de la montée sur le trône de Charles V, en 1506. Par sa position centrale en Europe, il fait l’objet de nombreuses convoitises. Débuté en 1643, le conflit franco-espagnol s’achève par le traité des Pyrénées en 1659, qui mentionne que le Luxembourg doit céder les régions autour de Thionville, Montmédy et Damvillers à la France. La paix entre les pays ne dure cependant pas. En 1684, Louis XIV conquiert le reste du Luxembourg et le duché passe alors sous le régime français. Pour peu de temps : il retourne aux Habsbourg d’Espagne en 1697 (traité de Rijswick).

Par les traités d'Utrecht en 1713 et de Rastatt en 1714, qui mettent fin à la guerre de succession d’Espagne, les Pays-Bas espagnols sont attribués la maison de Habsbourg d'Autriche. Le duché repasse dès lors sous domination autrichienne. En 1795, les troupes révolutionnaires françaises assiègent la forteresse de Luxembourg. Le territoire est alors annexé à la France, prenant le nom de « Département des Forêts ».

1814

Création du Grand-Duché

L’année 1814 est un tournant pour le Luxembourg. Les puissances du congrès de Vienne, après des partages successifs, créent le royaume des Pays-Bas, d’où sortira en 1830 l’État belge. Parallèlement, ils érigent le Luxembourg en Grand-duché, après l’avoir amputé d’une partie de son territoire au profit de la Prusse. Le Grand-Duc n’est autre que Guillaume Ier des Pays-Bas. Le pays est donc gouverné par un souverain étranger, le roi de Hollande, de la famille Orange-Nassau. Bien que nominalement indépendant, le Grand-Duché est intégré à la Confédération germanique, avec garnison prussienne dans la forteresse de Luxembourg.

Guillaume 1er, roi des Pays-Bas © Everett Collection - Shutterstock.com.jpg

1830

Au moment de la Révolution belge de 1830, la population luxembourgeoise prend fait et cause pour la Belgique, à laquelle elle a le sentiment d’appartenir depuis la domination bourguignonne. De 1830 à 1839, les Luxembourgeois participent en nombre à l’édification du nouveau royaume belge. Hormis la ville de Luxembourg, restée sous l’égide prussienne, le reste du territoire est géré par la jeune nation belge.

1839

Le traité de Londres du 19 avril 1839 va imposer le partage du territoire. Désormais, Il y aura deux Luxembourg : le Grand-Duché de Luxembourg, toujours sous la souveraineté des Orange-Nassau, et le Luxembourg belge, qui devient une province de la Belgique.

1841 – 1856

Pour survivre, le petit pays nouvellement créé n’a guère le choix. Il signe en 1841 une union douanière avec la Prusse, qui dispose toujours d’une garnison sur place. Cet accord met le pays dans l’orbite du Zollverein germanique (sorte de marché intérieur unique, doté de règles fiscales et économiques harmonisées). Il sera prorogé jusqu’à la Première Guerre mondiale. Il a constitué le salut économique du Luxembourg, en lui ouvrant des débouchés à ses produits traditionnels et à sa sidérurgie naissante.

Parallèlement, une première Constitution est  acceptée par Guillaume II pour le Luxembourg, qui entend gouverner le Grand-Duché séparément des Pays-Bas, charte qui sera révisée pour la rendre plus libérale en 1848, suite aux troubles révolutionnaires. D’autres révisions interviendront encore en 1856 et 1868.

1860

L’ère de la sidérurgie

Les gisements miniers du sud du pays sont mis en exploitation en 1860, et en 1871 l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand nouveau place le Grand-Duché au cœur d’un bassin industriel cohérent et sans barrières. Le développement de la sidérurgie constitue une source de revenus considérables, mais se fait au détriment d’autres activités, négligées. En conséquence, les Luxembourgeois de souche qui ne veulent pas travailler dans les forges sont forcés à l’émigration, tandis que les besoins de main-d’œuvre supposent d’importer un prolétariat étranger important. Si au début l’immigration italienne est constituée de travailleurs célibataires, dont la durée du séjour reste limitée, l’arrivée de familles allemandes est perçue comme un risque de prussification du Luxembourg bilingue (français-allemand).

1867

Un pays neutre

Le milieu du XIXe siècle apporte des modifications importantes au statut du pays. La Confédération germanique ayant été dissoute au profit de la formation de l’Empire allemand, le Grand-Duché reçoit le statut d’État neutre et désarmé lors du Congrès de Londres en 1867. La garnison prussienne quitte la forteresse du Luxembourg, qui doit être démantelée. Elle devient une ville ouverte. Le pays élabore une nouvelle Constitution en 1868, toujours d’actualité aujourd’hui.

1890

La maison Nassau-Weilburg

Le Grand-Duc Guillaume III décède sans héritier mâle. Suite à un arrangement interne à la famille de Nassau, c’est la maison de Nassau-Weilburg qui reprend la couronne, succédant ainsi à la maison de Orange-Nassau. Monte donc sur le trône Adolphe de Nassau. Le Luxembourg se détache ainsi de la souveraineté des Pays-Bas. Son fils, Guillaume IV, lui succède en 1905. Faute de descendance mâle, la princesse Marie-Adélaïde monte sur le trône et devient Grande-Duchesse en 1912. Ainsi naîtra la véritable dynastie naturelle du Luxembourg, opérant l’unité et faisant l’unanimité.

Parallèlement, le sentiment national s’affirme et s’amplifie avec les guerres mondiales de la première moitié du XXe siècle.

Grand Duc Adolphe © Lefteris Papaulakis - Shutterstock.com.jpg

1914-1918

La Première Guerre mondiale

En 1914, les troupes allemandes envahissent le Luxembourg. L’invasion du pays est d’abord présentée par l’Allemagne comme un moyen de gagner la France. Les institutions du Grand-Duché restent en place et la vie civile se déroule presque comme si de rien n’était. La jeune Grande-Duchesse Marie-Adélaïde donne cependant l’impression d’un trop grand accommodement avec l’occupant, dont il est évident qu’il entend à terme avaler le Luxembourg. Elle ne sera dès lors plus en mesure de conserver son trône à l’issue du conflit.

La Grande-Duchesse Charlotte 1895-1985

La Grande-Duchesse Charlotte, deuxième fille de Guillaume IV de Luxembourg, accède au trône le 15 janvier 1919, après l’abdication de sa sœur aînée Marie-Adélaïde. Septième monarque de Luxembourg, elle régna sur le pays jusque 1964. Elle fut mariée à Félix de Bourbon et donna naissance à six enfants : Jean (son successeur), Elizabeth, Marie-Adélaïde, Marie-Gabrielle, Charles, Alix. Elle est décédée le 9 juillet 1985 et repose dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg.

Dernière souveraine de la Maison de Nassau, Charlotte de Luxembourg est notamment à l’origine de la date de la fête nationale luxembourgeoise fixée le 23 juin. Historiquement, la fête nationale était célébrée à la date d’anniversaire du souverain et changeait donc à chaque règne. Puisque la Grande-Duchesse était née en hiver (23 janvier 1896), les célébrations étaient mises à mal par le climat. En 1961, la fête fut reportée de six mois et la date a été maintenue après son règne.

La grande duchesse Charlotte © Maykova Galina - Shutterstock.com.jpg

1921

Le Luxembourg entre dans l’Union économique et monétaire avec la Belgique. Après les années de crise, le niveau de vie augmente considérablement, en même temps que le sentiment d’identité nationale, conséquence de l’occupation. La figure de la Grande-Duchesse Charlotte incarne alors l’indépendance.

1940-1945

Seconde Guerre mondiale

Le Grand-Duché est envahi à nouveau le 10 mai 1940. La famille grand-ducale s’exile en Angleterre, puis aux États-Unis et au Canada. L’Allemagne nazie mène une politique d’assimilation totale, avec interdiction de la langue française, dissolution des partis, puis de l’État luxembourgeois et, enfin, introduction du service militaire.

En 1942, une grande grève de protestation contre les occupants éclate à Wiltz, qui sera réprimée dans le sang. La résistance s’organise, tandis que les jeunes réfractaires au service militaire tentent de se cacher. 2 850 d’entre eux seront néanmoins tués sur le front de l’est. Près de 4 000 Luxembourgeois sont envoyés en camps de concentration, 800 n’en reviendront pas. Un tiers des juifs luxembourgeois disparaît.

À partir de 1943, la Grande-Duchesse Charlotte s’installe définitivement à Londres avec le gouvernement luxembourgeois et s’adresse régulièrement à ses compatriotes sur les ondes de la BBC. Très populaire, elle devient le symbole de la résistance du pays.

En 1944, après la libération du Luxembourg par les troupes américaines, l’Allemagne riposte et l’offensive Von Rundstedt (première offensive allemande de la bataille des Ardennes) occasionne de très grandes destructions dans l’Oesling et dans la région d’Echternach.

Au terme de la bataille des Ardennes, le Grand-Duché de Luxembourg retrouve entièrement son indépendance. La Grande-Duchesse Charlotte revient de son exil.

1948 - 1949

Au lendemain de la guerre, le 17 mars 1948, le traité de Bruxelles est signé pour cinquante ans entre la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Joseph Bech en est le signataire pour le Luxembourg. Un an plus tard, le Luxembourg quitte sa neutralité – jusque-là rarement respectée, puisque le pays fut envahi à deux reprises en l’espace de trente ans – et intègre l’Otan.

1994 – 1995

En 1994, la capitale est inscrite au patrimoine culturel mondial de l’Unesco. L’année suivante, Luxembourg est pour la première fois  « Capitale européenne de la Culture ». Jacques Santer abandonne ses fonctions de Premier ministre pour devenir président de la Commission européenne pour 5 ans. Il est remplacé par Jean-Claude Juncker, qui exercera à son tour cette prestigieuse fonction de 2014 à 2019.

2000

Henri de Luxembourg devient Grand-Duc souverain du pays après l’abdication de son père, le Grand-Duc Jean.

2009

Légalisation de l’euthanasie

Suite à un projet de loi sur l’euthanasie, le Grand-Duc Henri menace, en raison de ses valeurs chrétiennes, de ne pas sanctionner la loi. Le Parlement modifie alors la Constitution et réduit les compétences du souverain, qui ne peut plus désormais que promulguer les lois, sans disposer de droit de veto. Le 17 mars 2009, la loi entre en application. Le Luxembourg rejoint dans ce domaine la Belgique et les Pays-Bas, les deux autres seuls pays européens à autoriser l’euthanasie active.

2011

L’égalité entre hommes et femmes est introduite en matière de succession au trône. Ce nouvel ordre successoral s’applique pour la première fois à la descendance du Grand-Duc Henri.

Depuis 2016

Le Brexit et le Luxembourg

Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quitte officiellement l'Union européenne. Un retrait qui inquiétait le Luxembourg quant à sa position financière. Le Grand Duché a finalement réussi à ressortir gagnant de ce changement puisque, depuis 2016, près de 80 entreprises britanniques ont décidé de relocaliser leur activité au Luxembourg, au vu de l’attractivité du secteur financier luxembourgeois et sa stabilité économique et politique. Le secteur financier a ainsi vu en 2021 une importante hausse d’emplois.

2020

La pandémie de Covid-19

Le Grand-Duché de Luxembourg n’a pas été épargné par la pandémie de Covid-19. Dès 2020, le gouvernement a pris une série de mesures et recommandations afin d’endiguer la propagation du virus : confinement, annulation des manifestations et événements, port du masque, quarantaine, gestes barrières, etc.

En 2021, le pays a mis au point une stratégie de vaccination et créé le certificat CovidCheck (l’équivalent du pass sanitaire français). Les exploitants des restaurants, bars et cafés peuvent opter pour le régime CovidCheck ou non (contrairement à la France, où c'est obligatoire).

Depuis le 1er octobre 2022, les voyageurs peuvent à nouveau se déplacer vers le Grand-Duché de Luxembourg pour tout type de voyage, indépendamment de leur statut vaccinal (un passeport valide et un visa restent obligatoires pour toute personne vivant en dehors de l'Union européenne ou de l'espace Schengen).

Depuis 2022

La guerre en Ukraine

Le 24 février 2022, la Russie lance une offensive militaire en Ukraine. Cette invasion, sanctionnée par l’Union européenne, a des impacts sur plusieurs entreprises luxembourgeoises. ArcelorMittal, qui a son siège social au Grand-Duché, voit ainsi diminuer ses activités en Ukraine. Le géant de la sidérurgie employait 26.000 personnes sur place et y a plusieurs hauts fourneaux.

Comme toute l'Europe, le Luxembourg doit surtout faire face à l’inflation provoquée par ce conflit, notamment de l'énergie (qu'il importe à 90%). Le Grand Duché rencontre également des difficultés d’approvisionnement, qui provoquent des retards importants dans de nombreuses activités.